L'année 1943 s'achève. Elle aura vu se réaliser le grand dessein de Jean Moulin : l'unité de la Résistance. Dès les premiers mois de 1944, les résistants partagent avec ceux qu'ils combattent une certitude : l'année qui commence sera décisive. Cette certitude va désormais orienter tous les efforts déployés par les « organisateurs ». Au COMIDAC, que préside de Gaulle, répond le COMAC, issu du CNR ; au « Planning maquis » du BCRA, l'articulation du Service National Maquis - et à la création de l'état-major de Koenig, l'organisation des Forces Françaises de l'Intérieur. Dans la même perspective, se développent les grandes manoeuvres des politiques... À Alger, l'élimination définitive de Giraud et la participation sans condition des communistes au CFLN assurent au général de Gaulle la maîtrise absolue de ce qui peut maintenant devenir le Gouvernement Provisoire de la République Française. Mais en France, dans le même temps, les communistes réussissent à conquérir les principaux centres de décision de la Résistance intérieure. Parallèlement, se poursuit la désignation des hommes qui seront appelés, le moment venu, à mettre en place les structures administratives nouvelles. C'est sur la veillée d'armes des responsables civils et militaires de la Résistance, attendant les « phrases d'alerte » annonçant le débarquement, que s'achève cet avant-dernier tome de l'Histoire de la Résistance en France. Les huit mois que ce livre évoque avant que le rideau se lève sur le dernier acte ont coûté beaucoup « de sueur, de sang et de larmes ». Les massacres d'Ascq, de Habère-Hullin, des Crottes, le sac de Brantôme, les pendaisons de Nîmes, la destruction de l'Université de Strasbourg ont apporté autant de nouvelles preuves de la barbarie nazie. Des Glières à la révolte d'Eysses, de la bataille de Grenoble aux Pâques rouges du Jura, des combattants ont lutté les armes à la main jusqu'au sacrifice suprême tandis que d'autres, absorbant le poison, se jetant dans le vide, subissant la torture ou marchant vers le supplice, ont délibérément choisi le silence et la mort. Mais la Résistance, au cours de ces huit mois, a aussi marqué bien des points en multipliant attentats et sabotages, en harcelant l'ennemi et en châtiant les traitres, en brisant les barreaux des prisons, en défilant drapeaux en tête dans les rues d'Oyonnax ou de Montmelard ou encore, avec la diffusion à Lyon d'un faux Nouvelliste, en mettant les rieurs de son côté.