About

« Je n'ai conspiré dans ma vie qu'aux époques où j'avais la majorité de la France pour complice et où je cherchais avec elle le salut de la patrie. » C'est en ce trait que Talleyrand résume l'état d'esprit d'où proviennent les hauts paradoxes de son action et la prodigieuse longévité de sa présence au pouvoir. Né à Paris en 1754 dans l'une des plus anciennes familles de la noblesse française, Talleyrand meurt en 1838 à 84 ans. Il est le seul homme à avoir occupé des fonctions majeures et toujours plus prestigieuses au sein de tous les gouvernements qui, de la Couronne de France à la Monarchie de Juillet en passant par la Constituante et l'Empire, se sont confusément succédé. Lui seul sut dominer les événements de cette période si bouleversée de l'Histoire. Ses ennemis n'y virent qu'un traître accélérant les destitutions afin d'en faire son miel : qu'il ait été aussi ambitieux que ceux qui lui firent le reproche de les frustrer de leurs ambitions ne saurait guère suffire à éclairer une si exceptionnelle destinée. « Je n'ai jamais donné un conseil pervers à un gouvernement ou à un prince, mais je ne m'écroule pas avec eux », confiait le prince de Talleyrand, bien décidé à « ne pas se mêler de choses qu'il désapprouverait », car « un gouvernement qu'on soutient est un gouvernement qui tombe... ».
Que ce soit vis-à-vis du Directoire et en faveur de Bonaparte, ou vis-à-vis de Napoléon et en faveur de Louis XVIII, Talleyrand n'a jamais abandonné quiconque qui ne se fût d'abord abandonné lui-même. Lorsque tout s'effondre en un flot de catastrophes suscitées par les idéologies, alors, en prince d'Ancien Régime et en magnifique lecteur de Saint-Simon, Talleyrand se fait une règle de demeurer altier et froid afin que dans l'émotion se découvre un point de stabilité qui fasse souvenir de la France. Pour tenir contre l'idéologie cette position universelle, Talleyrand dresse un mur autour de sa vie intérieure, qu'il cultive en silence, car « la vie intérieure seule peut remplacer toutes les chimères ». Et de son pas boiteux, cet homme affligé d'un pied-bot marche droit son chemin dans un monde branlant. Énigmatique et franc, son sens prophétique édifia les traités internationaux qui donneront à l'Europe du XXe siècle le socle de sa possible pacification et de sa défense collective contre les totalitarismes. On le jugea sur les apparences : l'évêque apostat, l'aristocrate opportuniste, le politique dépravé... Il y a bien plus à comprendre en cette figure qu'ont admirée Lamartine, Balzac et Goethe. Et il y a tant à apprendre de cet homme qui, concentrant comme Tocqueville la réalité d'un millénaire de Royauté, parvint à lire le sens de son temps et à trouver les remèdes qu'exigeait l'éruption de chaque nouvelle maladie.


  • Authors

    Georges Lacour-Gayet

  • Publisher

    Les Belles Lettres éditions

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Publication date

    17/06/2024

  • EAN

    9782251920085

  • Availablity

    Available

  • Nombre de pages

    970 Pages

  • Copy

    Authorized

  • Print

    Authorized

  • Poids

    11 253 Ko

  • Diffuseur

    Belles Lettres

  • Entrepôt

    Eden Livres

  • Support principal

    ebook (ePub)

  • Version ePub

    3.0

Modes de lecture

Images décrites par la voix de synthèse (descriptions courtes) Le livre contient des images nécessaires à la compréhension pour lesquelles une alternative courte sera vocalisée (Alt text).

Navigation

Référence à la pagination du livre imprimé Le livre peut être utilisé en complément de sa version imprimée, la pagination de référence étant préservée.
Navigation logique entre les chapitres La structure du livre sera correctement interprétée par les dispositifs de lecture.
Navigation logique La voix de synthèse lira les éléments dans un ordre logique déterminé par l'éditeur ou l'auteur.
Table des matières adaptable Un sommaire est présent dans le contenu du livre, ce qui permet de l'utiliser avec un affichage adapté.

Georges Lacour-Gayet

Georges Lacour-Gayet est un historien français. Professeur dans différents lycées de province et de Paris, il enseigne à l'École supérieure de la marine et est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1911. De 1919 à 1929 il est professeur d'histoire à l'École polytechnique.

empty