Pierre Bouchardon (1870-1950) "Dans la rue du quai de la Mayenne, à Laval, au numéro 5, vivait, en 1893, une marchande de fleurs, Marie Fromentin, veuve Bourdais. Son magasin s'ouvrait sur le quai par une porte munie d'un timbre et d'une sonnette électrique communiquant avec une cuisine en sous-sol. Après avoir traversé la boutique, on rencontrait une première chambre, où couchait la bouquetière et dont la fenêtre prenait jour sur la cage d'un escalier. On suivait ensuite un corridor qui conduisait à une seconde chambre meublée d'un lit et donnant accès à une cour commune à tous les habitants de la maison. De cette cour, on pouvait gagner la rue du Val-de-Mayenne par une longue allée que fermait une porte. Les époux Gustave Travers, auxquels appartenait l'immeuble, en occupaient une partie et ils louaient le reste, tant à la veuve Bourdais qu'au chapelier Pierre-Joseph Dehareng et au coiffeur Germain. Née le 9 septembre 1823, la veuve Bourdais - « la mère Bourdais », comme on disait à Laval - approchait alors de soixante-dix ans. Elle portait lorgnon et perruque. Dévote au point d'assister tous les matins à la messe de cinq heures à l'Immaculée-Conception, elle était peu bienveillante de nature et tenait sur autrui des propos acerbes. De réputation équivoque, elle passait pour posséder quelque argent et ne s'en défendait pas. C'était, de sa part, grave imprudence que de laisser courir ce bruit, car ni son âge ni sa solitude ne lui permettaient de se défendre contre des malfaiteurs." Affaire criminelle. En 1893, l'abbé Bruneau est accusé d'avoir assassiné son supérieur, l'abbé Fricot, pour le voler. Mais est-ce son seul forfait ? Coupable ou innocent ?