Les deux Guerres mondiales du XXe siècle sont le coeur de ce livre. Le grand basculement de l'été 1914, les horreurs des tranchées, l'occupation d'une partie du pays et le "front de l'arrière" font comprendre le processus qui conduit à un conflit inédit par son ampleur et sa brutalité : une guerre totale. Sans doute, en 1918, la France émerge, victorieuse, mais "malade de la guerre" : profondément affectées, jusque dans leurs structures, l'économie et la démographie ne peuvent être "réparées", reconstruites ou "reconstituées" aussi rapidement qu'un pont, une route ou un bâtiment. Cette "reconstitution" progressive de la France se fait à des rythmes différenciés : rapide et efficace dans le cas des infrastructures, plus lente, incomplète et entravée par la crise dans le domaine économique et financier et, enfin, très partielle seulement et à peine entamée dans le domaine démographique, malgré la mise en place de politiques publiques spécifiques. Le monde rural entame sa lente mutation, le monde ouvrier augmente en nombre et se déchire sur les questions syndicalo-politiques, pendant que les classes moyennes, en expansion numérique, se fractionnent et se diversifient.
La démobilisation culturelle et le retour à la mobilisation politique se déroulent dans une atmosphère de tensions et de modernisations artistiques, entre cultures des masses et culture de masse. Une attention particulière est portée aux relations internationales, aux traités, à l'esprit de revanche, en même temps qu'aux efforts des pacifistes, à la SDN, à Briand... Alors que la France abandonne en partie à regret une politique de puissance en Europe, le terrain colonial devient bientôt le seul où cette politique impérieuse peut pleinement s'exprimer, notamment en 1931 à travers une impressionnante exposition coloniale. Avant que tout ne bascule, de nouveau, dans des crises multiples, financières, économiques et politiques, pour aboutir à la catastrophe de mai-juin 1940 et, avec elle, à la mise à mort des principes républicains...
Pour restituer ce "passé qui ne passe pas", Nicolas Beaupré a su trouver la bonne distance, entre passion et parti pris, pour nous faire comprendre et partager les enjeux d'une des périodes les plus dramatiques et controversées de l'histoire de France.
Nicolas Beaupré est professeur d'histoire contemporaine à l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (Villeurbanne).