Quelque chose se détache du port

About

Quelque chose se détache du port se déplace à travers les expériences, souvenirs et obsessions du narrateur et les transforme en quelque chose comme une méthode, comme un système de survie, de défense et d'invention. Ce parcours prend diverses formes : aphorismes autistes, récits éclair et disjoints, spéculation allusive, littéralisme, lyrisme saboté où le je s'égare. Ces poèmes sont de fait l'énonciation troublée d'un trouble - de vie, de langage, de pensée.



L'écriture s'occupe donc ici de sens comme on s'occupe d'un problème : on ne le règle pas toujours. Elle délivre du sens en le détachant de son objet, et l'en détachant elle le cache. Du sens rusé au point de se piéger lui-même, de se désorienter, et le lecteur avec. Il est donc souhaitable pour arriver à ses fins de lire comme on déjoue des leurres, en ne prenant pas des vessies pour des lanternes (mais pour des vaisseaux). Esquives et stratégies obliques meuvent ce livre, qui font entrevoir en passant les choses qui défilent, du coin de l'oeil. Ce langage, plus cacheté que secret, plus codé que mystérieux, plus machiné qu'inspiré, n'est pas celui de la quête de soi. C'est celui d'une enquête sur ce qu'écrire déplace pour faire aller mieux. On s'en doute, cet art mineur échappe aux sirènes antagonistes de la révélation et du silence poétiques. Traduction d'une langue par elle-même hors d'elle-même, le narrateur va par glissements, par vagues analogiques, par dérives hors de soi, hors du pathos et des maux, mû par le démon de la dérobade et du rébus. Ce qui veut dire : pas de grande prose; pas de bonne poésie. Plutôt, quelques notes maniaques en vue d'une petite santé, comme détachables d'un carnet d'ordonnances : salades, pharmacopée, mots de passe, avec pour instruments principaux le rasoir du barbier, le bureau du douanier, les clés du concierge, le bateau du chef. Et l'écriture, cheval de Troie auto-immune.



Alain Farah adresse aux lecteurs une lettre de joyeux malaise carabiné, dont ce livre est le timbré porteur, cinq ans après sa parution initiale en 2004. S'il est malaisé d'en accuser réception, même pour l'auteur aujourd'hui qui s'en ouvre en préface, on saura quoi et qui accuser - et lui aussi, semble-t-il, qui n'en pense pas moins.


Categories : Littérature > Poésie


  • Authors

    Alain Farah

  • Publisher

    Le Quartanier

  • Distributeur

    ePagine

  • Publication date

    06/03/2012

  • EAN

    9782896980185

  • Availablity

    Available

  • Nombre de pages

    88 Pages

  • Copy

    Authorized

  • Print

    Authorized

  • Poids

    225 Ko

  • Entrepôt

    Entrepot Numérique

  • Support principal

    ebook (ePub)

  • Version ePub

    2.0.1

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Alain Farah

Alain Farah est né à Montréal en 1979. Il publie en 2004 au Quartanier un livre de poésie, Quelque chose se détache du port
(finaliste prix Émile-Nelligan). Pendant des études doctorales à l'École normale supérieure (Lyon), il publie Matamore no 29 (Le
Quartanier) premier roman remarqué qui sera publié deux ans plus tard à Paris (Léo Scheer) et se méritera des critiques
élogieuses dans Le Monde et Libération. En 2013, Farah fait paraître deux livres : un essai, Le gala des incomparables (Classiques
Garnier) de même que Pourquoi Bologne (Le Quartanier). Depuis 2011, il a réalisé plus de 75 chroniques à l'émission littéraire
Plus on est de fous, plus on lit ! à Radio-Canada. Professeur agrégé à l'Université McGill, Alain Farah enseigne la littérature
contemporaine et la création.

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