Aujourd'hui, des signes graphiques de toutes sortes dessinent dans les partitions de nouveaux « profils » (densités, enveloppes, fluctuations d'énergie...). Ces traductions analogiques du sonore se situent aux deux extrêmes de l'évolution de la notation musicale, laquelle s'est échelonnée sur plus de dix siècles au service non seulement de la transmission des oeuvres, mais aussi de leur élaboration et de leur complexification. Dans ce dossier thématique sur la notation, compositeurs, interprètes et musicologues partagent leurs réflexions à partir de leur propre espace de recherche. Des entrevues avec Lorraine Vaillancourt, Véronique Lacroix et Walter Boudreau, dans lesquelles les chefs d'orchestre nous dévoilent la nature particulière du lien qu'ils entretiennent avec la notation, viennent clore le dossier.
Ce n'est pas par hasard si le compositeur John Zorn a choisi de nommer Tzadik, la maison de disques qu'il a fondée à New York en 1995 et qui arbore comme emblème la 18e lettre de l'alphabet hébraïque: . Zorn est un ascète qui a fait le choix de consacrer son temps et son énergie à composer et jouer sa musique mais aussi à défendre celle d'autres artistes qui, comme lui, tendent à déplacer les frontières entre les genres musicaux pour privilégier l'hybridation et le métissage culturel. Indépendante, éclectique et radicale, Tzadik soutient ainsi tout un pan de la création musicale généralement délaissé par les majors car jugé trop expérimental ou tout simplement pas assez rentable. Au fil des années, la maison de disques est devenue culte, fédérant autour d'elle une communauté de musiciens et mélomanes avides de nouvelles expériences sonores.
« Instrumentarium baroque : Précédence et créativité », numéro automnal de la revue Circuit, s'intéresse à l'enjeu de la créativité et à la précédence, comprise non comme projet vaguement réactionnaire de restauration et de refus de l'avenir, mais comme rappel que les oeuvres n'apparaissent pas ex nihilo d'un génial créateur ne devant rien à personne, qu'il y a du collectif dans l'histoire et le savoir. Ainsi, la violoncelliste Elinor Frey fait découvrir un projet de six commandes d'oeuvres pour divers types de violoncelles baroques et Laurent Feneyrou convie à une plongée dans les oeuvres faisant appel à des instruments (incluant la voix) baroques de Brice Pauset. Adèle Gornet signe une étude fouillée d'une oeuvre pour clavecin de Gérard Pesson : Le Tombeau de Rameau, puis François-Xavier Féron, aborde la confrontation d'instruments baroques et « modernes » dans une même partition. Enfin, Evis Sammoutis relate un projet de « recherche-création » où les manuscrits anciens, les archets baroques, le violon et les nouvelles technologies se rencontrent.
La revue Circuit présente un dossier dédié aux orgues à bouche, instruments en bambou tenus entre les mains dans lesquels le joueur expire ou inspire en obstruant les trous percés dans chaque tuyau. On le retrouve principalement dans la musique asiatique traditionnelle et les musiques de création contemporaine. Dirigé par François-Xavier Féron et Liao Lin-Ni, le dossier est divisé en deux parties, la première est consacrée au sheng, orgue à bouche chinois, alors que la seconde s'attarde sur le sho, son homologue japonais. Origine et histoire des instruments, fonctionnement acoustique, entretiens avec le compositeur Toshio Hosokawa et l'interprète WU Wei, dimension spirituelle et répertoire contemporain sont quelques-uns des thèmes de ce dossier qui vise à faire mieux connaître cette famille d'instruments fascinante, mais méconnue en Occident.