Sur la carte, Zanzibar ne ressemblait à rien. Un bout de terre à peine visible, parasite traînant au large des côtes d'une Afrique colossale. C'est pourtant pour cette île qu'elle avait décidé de tout lâcher : son boulot, sa famille, ses potes, sa routine, la vie bien comme il faut qu'on avait souhaitée pour elle et qui l'éteignait. Elle allait se tirer au soleil, se construire une carrière digne de ce nom, sans patron sur le dos pour lui rappeler que le haut de la pyramide, c'est pour les bonshommes. Là-bas, son corps aussi prendrait sa revanche. Son corps poli de jolie jeune femme de la classe moyenne pourrait s'en donner à coeur joie. Elle était prête à boire, à fumer, à danser sur la plage, à suer contre les garçons et à baiser jusqu'à plus soif.
Ce roman raconte une île tropicale d'une beauté franche et sale, théâtre de rencontres exaltées entre des jeunes Européennes qui ont tout plaqué pour tenter leur chance loin de chez elles et des
beach boys ambitieux, décidés à saisir les opportunités laissées par un tourisme écrasant. Il nous parle, sans détours, de ces têtes brûlées d'aujourd'hui, de leur désir forcené de réussir.
Longtemps absents de la scène chorégraphique contemporaine, les danseurs africains semblent bien avoir, depuis une vingtaine d'années, le vent en poupe. Ils sont désormais les invités des festivals et des théâtres internationaux les plus prestigieux, et leurs pièces sont saluées tant par le public que par la critique. C'est que, disent les commentateurs, la mondialisation culturelle est passée par là. Mais qu'est-ce au juste, que cette mondialisation ? L'auteure, sociologue et anthropologue, a mené une enquête de terrain de plusieurs années dans l'univers de la danse contemporaine africaine. À partir d'un travail d'archives, d'observations ethnographiques et du recueil de nombreux témoignages d'artistes et de professionnels de la culture, son livre retrace l'émergence de cette esthétique chorégraphique sur le continent africain. Il documente en particulier le parcours de jeunes danseurs, depuis les quartiers populaires de Bamako et de Ouagadougou jusqu'aux planches des grandes scènes parisiennes. Ce faisant, la mondialisation culturelle cesse d'apparaître comme un phénomène vague et irrépressible : elle devient une réalité concrète, une expérience pratique, dont on saisit tour à tour les ressorts politiques, artistiques ou migratoires. L'apparition d'une forme « contemporaine » de danse en Afrique repose sur la formation de réseaux institutionnels connectés à l'Europe, sur la construction opportune d'intérêts esthétiques pour le continent noir, sur l'appropriation par les danseurs africains d'un rapport nouveau à l'art et, finalement, sur la formation de subjectivités inédites de danseurs et de chorégraphes qui en viennent à incarner, entre « ici » et « là-bas », l'art africain internationalisé.