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André Gide
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"- Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J'en suis averti. Je n'ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges - tout naïvement je veux le croire - est un de ceux qui s'en servent et les mettent en circulation. Ils sont quelques-uns, de l'âge de votre neveu, qui se prêtent à ce honteux trafic. Je ne mets pas en doute qu'on abuse de leur innocence et que ces enfants sans discernement ne jouent le rôle de dupes entre les mains de quelques coupables aînés."
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Les nourritures terrestres ; les nouvelles nourritures
André Gide
- Gallimard
- Folio
- 6 July 2012
- 9782072442339
"Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur. Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. Je ne souhaite pas d'autre repos que celui du sommeil de la mort. J'ai peur que tout désir, toute énergie que je n'aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J'espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespéré."
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« Combien heureux les hommes, s'ils pouvaient ignorer le mal ! »
Un pasteur du Jura suisse relate dans son journal intime sa rencontre inattendue avec Gertrude, une jeune fille aveugle laissée orpheline. Après l'avoir recueillie, il l'éduque dans la religion protestante en se donnant pour but de préserver à tout prix son innocence. Sauvage au premier abord, Gertrude se révèle pure et sensible : le pasteur en tombe amoureux, tout comme son fils...
La Symphonie pastorale (1919) est autant le récit d'une éducation impossible que du déni d'un homme face à ses pulsions intimes. Dans cette variation ironique sur le mythe de l'enfant sauvage, Gide donne à voir, non sans cruauté, toute l'ambiguïté morale qui se loge dans les bonnes intentions. -
"Je ne me persuade point qu'une société puisse se passer de tribunaux et de juges ; mais à quel point la justice humaine est chose douteuse et précaire, c'est ce que, durant douze jours, j'ai pu sentir jusqu'à l'angoisse."
Après avoir assistés durant plusieurs semaines à différents procès, André Gide nous offre avec ce recueil de notes une réflexion sur la justice et la difficulté qu'il existe souvent à différencier le bien du mal dans un contexte où le système a tendance à favoriser malgré tout les apparences. -
"- Eh bien ! voilà, commença Valentine après qu'Arnica se fut assise : Le pape...
- Non ! Ne me dites pas ! fit aussitôt Mme Fleurissoire, étendant la main devant elle ; puis, poussant un faible cri, elle retomba en arrière, les yeux clos.
- Ma pauvre amie ! ma pauvre chère amie, disait la comtesse...
Enfin Arnica ouvrit un oeil et murmura tristement :
- Il est mort ?
Alors Valentine, se penchant vers elle, lui glissa dans l'oreille :
- Emprisonné." -
Michel, jeune intellectuel élevé dans un milieu très puritain, est devenu le prisonnier d'innombrables contraintes morales. Gravement malade, il ne recouvre la santé qu'au cours d'un voyage en Afrique du Nord où il est pris d'un goût très vif pour la vie et les plaisirs qu'elle procure en contemplant de jeunes garçons pleins de santé. Revenant plus tard avec sa femme sur cette terre africaine qui stimule sa sensualité, il se libère de tout conformisme et éprouve un plaisir pervers à devenir l'ami et le protecteur d'un jeune arabe, Moktir. Constatant que Moktir est un petit voleur manquant de tout sens moral, il s'applique à développer chez lui ce qu'il considère comme sa force et son indépendance. S'apercevant aussi que le climat africain est pernicieux pour la santé de sa femme, il ne fait rien pour la sauver et la laisse mourir, se libérant ainsi de l'affection et de la fidélité. Certaines pages de "L'Immoraliste" sont parcourues par un véritable souffle lyrique, d'autres recomposent, avec plus de raffinement, la matière même des "Nourritures terrestres", tournant parfois à la satire, mais affirmant toujours la pureté classique du style d'André Gide.
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Rares sont les écrivains qui, parallèlement au roman qu'ils écrivent, tiennent un journal de leur travail et le publient de leur vivant. C'est le cas d'André Gide avec son célèbre roman de l'adolescence perverse, Les faux-monnayeurs.
Le Journal des faux-monnayeurs est le long dialogue de Gide avec ses personnages au fur et à mesure de leur création. C'est ainsi qu'il se familiarise avec l'atmosphère trouble dans laquelle évoluent ses héros : Édouard qui tient son journal, Olivier Molinier, Bernard Profitendieu... Tout au long, Gide apprend à vivre avec eux et il dépasse parfois le cadre du roman proprement dit. Ce Journal, qui est aussi son "cahier d'études", permet de mieux sentir le mécanisme créateur, l'intelligence critique, l'ironie du grand romancier. -
"Le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; et non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que l'on appelle : péché, hésitais-je encore ? Non ; j'eusse été trop déçu si l'aventure eût dû se terminer par le triomphe de ma vertu - que déjà j'avais prise en dédain, en horreur. Non ; c'est bien la curiosité qui me faisait attendre..."
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"« La porte était close. Le verrou n'opposait toutefois qu'une résistance assez faible et que d'un coup d'épaule j'allais briser... À cet instant j'entendis un bruit de pas ; je me dissimulai dans le retrait du mur.
Je ne pus voir qui sortait du jardin ; mais j'entendis, je sentis que c'était Alissa. Elle fit trois pas en avant, appela faiblement :
- Est-ce toi Jérôme ?...
Mon coeur, qui battait violemment, s'arrêta, et, comme de ma gorge serrée ne pouvait sortir une parole, elle répéta plus fort :
- Jérôme ! Est-ce toi?
À l'entendre ainsi m'appeler, l'émotion qui m'étreignit fut si vive qu'elle me fit tomber à genoux. »
André Gide (1869-1951), Prix Nobel, est notamment l'auteur de : Les Nourritures terrestres, La Symphonie pastorale, Les Caves du Vatican, Les Faux-Monnayeurs, Si le grain ne meurt, L'Immoraliste, Feuillets d'automne, d'essais critiques sous le titre de Prétextes et Nouveaux prétextes et du célèbre Journal.
" -
Paludes, ou la semaine au jour le jour d'un littérateur en mal de voyage. Dans le microcosme étrangement fidèle que nous restitue le récit d'André Gide, domine la figure de Tityre, berger de tous les temps, habitant des marécages où fourmille une vie insolite. Mais quel est au juste ce Tityre, qui se nourrit de vers de vase, faute de pêches plus consistantes ? Richard, peut-être, l'orphelin besogneux par nécessité et pauvre par vertu, dévoué jusqu'à épouser une femme "par dignité, sans amour". Ou, plus simplement, le narrateur - cet amoureux - fou du changement qui, le coeur en fête, part en voyage avec Angèle mais ne va pas plus loin que Montmorency. Puisque, quelle que soit la direction choisie, l'individu revient toujours sur soi-même.
"Recommencer ma vie ? s'interrogeait Gide dans son Journal. Je tâcherais tout de même d'y mettre un peu plus d'aventure."
Sous le couvert d'un dilettantisme savant, d'une fantaisie contrôlée avec art, voici le journal d'un homme qui dirigeait ses journées avec une enchantement mesuré et le sens aigu de la cadence. Faussement négligent, le ton ne manque en effet ni d'harmonie ni d'humour. Au besoin, l'auteur se livre à une satire décapante des gens de lettres, du philosophe au bel esprit. -
André Gide a passé près de un an (de juillet 1926 à mai 1927) dans les possessions françaises de l'Afrique équatoriale.
La description des conditions de vie des Noirs le long du Congo et au Tchad forme un véritable réquisitoire contre l'administration coloniale et a fait sensation.
Grâce à ces remarques sociologiques et ethnologiques, nous sommes, au-delà de l'aspect purement politique, en présence d'un des grands livres de voyage de notre littérature. -
Retour de l'U.R.S.S. ; retouches à mon "retour de l'U.R.S.S."
André Gide
- Gallimard
- Folio
- 24 July 2012
- 9782072408922
"Ah ! Que n'étais-je venu simplement en touriste ! ou en naturaliste ravi de découvrir là-bas quantité de plantes nouvelles, de reconnaître sur les hauts plateaux la scabieuse du Caucase de mon jardin... Mais ce n'est point là ce que je suis venu chercher en U.R.S.S. Ce qui m'y importe c'est l'homme, les hommes, et ce qu'on en peut faire, et ce qu'on en a fait. La forêt qui m'y attire, affreusement touffue et où je me perds, c'est celle des questions sociales. En U.R.S.S. elles vous sollicitent, et vous pressent, et vous oppressent de toutes parts."
Lors de son voyage en U.R.S.S., André Gide découvre, derrière le faux enthousiasme collectif, une entreprise constante de désindividualisation. Retour de l'U.R.S.S., publié en 1936, puis l'année suivante les Retouches firent sensation. Les deux livres restent un témoignage capital. -
André Gide a écrit, au cours de sa vie, des milliers de lettres adressées à plus de deux mille correspondants. Peu avant sa mort, il a déclaré : 'Je faisais métier de mon amitié. C'est un métier fatigant qui requiert des soins assidus. Je m'y usais. J'écrivais peu à chacun, mais j'écrivais à beaucoup.' Par ses lettres, Gide rassemble autour de lui la diversité de l'humaine condition, dont il s'efforce de tirer le meilleur. De Pierre Louÿs à Camus, en passant par Aragon, Breton, Giono, Léon Blum, Rilke, Colette, Proust ou Cocteau, cette correspondance est le reflet idéal de plus de soixante ans d'histoire littéraire.
Prix Nobel de Littérature -
Voyage au Congo : suivi de le retour du Tchad
André Gide
- Éditions Payot
- Sciences humaines Payot
- 9 February 2022
- 9782228930079
Pendant près d'un an, de juillet 1926 à mai 1927, André Gide parcourut en compagnie de Marc Allégret l'Afrique-Équatoriale française, depuis l'embouchure du Congo jusqu'au lac Tchad. Il en ramena ce fameux journal de voyage dans lequel l'auteur des "Faux- monnayeurs" dénonçait la violence de la puissance coloniale à l'égard des Noirs, en particulier dans le chantier tristement célèbre de la ligne « Congo-Océan » qui fit 17 000 morts parmi les ouvriers. La parution de "Voyage au Congo" provoqua de très vives réactions de la droite française ; quelques semaines plus tard, le grand reporter Albert Londres partait enquêter dans les pas de Gide...
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"Le Journal d'André Gide peut être considéré comme la pièce maîtresse de l'écrivain. Texte original, transgressif à plus d'un titre par rapport à la morale courante - les tabous de la sexualité, les idées reçues, les lieux communs, les idéologies, la religion - à la fois sérieux et drôle, grave et léger, rapide et lent - il reste d'une ampleur et d'une amplitude insoupçonnées. Cette anthologie, qui se réclame de l'art de la réduction cher aux compositeurs, a pour but de rendre l'une et l'autre, quintessenciées."
Peter Schnyder. -
Corydon, dont l'édition originale date de 1911, se présente d'abord comme un essai de clarification "franc sans paraître cynique et naturel avec simplicité" sur le sujet de l'uranisme.
S'appuyant sur Montaigne et Pascal, prenant comme prétexte le livre de Léon Blum, Du mariage, Gide souligne le rôle civilisateur de la pédérastie : "La décadence d'Athènes commença lorsque les Grecs cessèrent de fréquenter les gymnases." Néanmoins, il se défend de prononcer son apologie : se laisse tenter qui le veut bien.
Aussi, dans ces pages qui ne visent pas à l'audace mais à l'honnête examen d'un état de fait qui dure depuis la plus haute antiquité, André Gide aura-t-il combattu pour que l'homosexualité ne fasse pas de l'homme un "contrebandier" de la cité, réprouvé aux yeux du monde comme un rebut de la morale. Et par-dessus tout, transperce une joie de vivre et d'assumer son individualité telle qu'elle est. À l'image de ces quatre dialogues avec Corydon, le médecin des âmes, Gide aura enfin démontré la prééminence des rapports sans équivoque entre les êtres. -
Retour de l'URSS suivi de : retouches à mon "retour de l'URSS"
André Gide
- Éditions Payot
- Sciences humaines Payot
- 5 January 2022
- 9782228929967
Livre des grandes désillusions, "Retour de l'URSS" est aussi la marque du courage politique et de l'engagement intellectuel. Invité en grande pompe en 1936 à Moscou, André Gide, jusque-là "compagnon de route" enthousiaste du communisme, se rend compte sur place, alors qu'il cherche à parcourir librement le pays, que la réalité soviétique ne correspond pas aux croyances occidentales. Il publie à son retour ce récit dévastateur qui rencontre aussitôt un énorme succès dans l'opinion française et internationale, et lui vaut la haine du PCF. Gide répondra en 1937 aux critiques et injures dans un second texte, "Retouches à mon Retour de l'URSS", que l'on trouvera également ici.
Texte intégral -
Le 22 mai 1901, le procureur général de Poitiers apprend par une lettre anonyme que Mlle Mélanie Bastian, cinquante-deux ans, est enfermée depuis vingt-cinq ans chez sa mère, veuve de l'ancien doyen de la faculté des lettres, dans une chambre sordide, parmi les ordures. Comment cette affaire, où la culpabilité de Mme Bastian et de son fils semble évidente, put-elle aboutir à l'acquittement des inculpés ?
André Gide démonte magistralement le dossier de cette affaire devenue légendaire. Et il conclut : "Ne jugez pas." -
Hommage à Oscar Wilde
André Gide
- Éditions Rivages
- Littérature Rivages
- 16 February 2022
- 9782743655617
Ce livre nous montre un Gide intimiste, louangeur, revenant en trois parties sur ses rencontres avec Oscar Wilde, à Paris, à Blida en Algérie, en 1895, et à Berneval, près de Dieppe (en 1897, au moment où Wilde sort de prison, et où il s'est réfugié, sous le nom de Sébastien Melmoth). Ce sont là, selon le mot de Gide, des « pages d'affection, d'admiration et de respectueuse pitié ».
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"Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres."
Ce Thésée, vieux et sage, calme enfin devant son destin, n'est-ce pas un peu André Gide, arrivé à l'heure du bilan ? Thésée a été audacieux, aventureux pour le bien des hommes. Il a échappé aux pièges du Labyrinthe. Il a fondé Athènes, capitale de l'esprit. Et surtout, il est toujours demeuré clairvoyant. -
De l'influence en littérature
André Gide
- Editions Allia
- LA TRES PETITE COLLECTION
- 12 May 2019
- 9791030412024
Son intention, André Gide l'affirme sans ambages dès le début de cette conférence : "faire l'apologie de l'influence". Il dénonce en effet la fausse originalité de ceux qui cherchent à se distinguer, qui se privent volontairement d'influences par crainte de perdre une personnalité qu'au fond ils ne possèdent pas. Or, un texte peut d'après lui pénétrer son lecteur et révéler une part de lui-même dont il n'avait pas conscience. Ce que l'artiste emprunte aux autres peut devenir source d'une nouvelle oeuvre personnelle. Et Gide ne manque pas d'étayer son propos d'éminents exemples : ainsi est-ce Pouchkine qui insuffla à Gogol l'idée de son chef-d'oeuvre, Les Âmes mortes. Pour Gide, seuls les grands hommes ne craignent pas de se laisser influencer comme, en retour, l'imité a besoin de ses imitateurs pour devenir un grand homme. Au fond, Gide anticipe ici sur le problème de la création littéraire posé plus tard dans Les Faux-Monnayeurs.
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Retour de l'URSS ; retouches à mon retour de l'URSS
André Gide
- Arthaud
- Classiques
- 19 January 2022
- 9782081515376
Lors de son périple en U.R.S.S., du 16 juin au 24 août 1936, André Gide observe, interroge et relate. Comme celle de ses compagnons, sa désillusion est presque immédiate. Il dénonce le culte de la personnalité dont s'entoure Staline, la répression féroce qui frappe tous les « dissidents », notamment les homosexuels. Il voit la misère, les privations qu'endure ce peuple qu'il admire. Le tout est exprimé avec une soigneuse modération, sans nier les réussites objectives du régime. En dépit de ces précautions, Retour de l'U.R.S.S. va, dès sa parution, fin 1936, déchaîner un torrent de réactions, scandalisées et haineuses. Il y répondra, de façon objective et documentée, dans Retouches à mon « Retour de l'U.R.S.S. » (juin 1937), qui enfoncera le clou, et marquera sa rupture définitive avec le communisme.
Relire la « littérature engagée » du prix Nobel 1947 apparaît aujourd'hui - quand d'aucuns comparent l'époque actuelle et sa montée des dictatures et des fanatismes, à une nouvelle avant-guerre - comme légitime et nécessaire. -
"J'ai passé avec Chopin plus d'heures que je n'en ai passé avec aucun auteur", confiait André Gide à une jeune pianiste en janvier 1951. Pianiste lui-même, et fin musicologue, l'écrivain avait à coeur de restituer Chopin à ses contemporains, tant il sentait que l'interprétation qu'en donnaient certains virtuoses de son temps en voilait les accents singuliers et contrevenait à son chant le plus intime. Il fallait revenir aux oeuvres, à leurs "intentions". C'est comme critique qu'il choisit de faire part de sa "lecture" de Chopin, en proposant un fructueux rapprochement entre le compositeur des Scherzos et le poète des Fleurs du Mal. Gide se souvenait de ses années de jeunesse, où Baudelaire et Chopin étaient tenus l'un et l'autre pour infréquentables, et leurs oeuvres pour également "malsaines". Mais qu'avaient-elles vraiment en commun qui pût laisser craindre un tel ravissement des esprits ? N'était-ce pas à leur égale perfection que l'on devait ce "secret d'émerveillement auquel l'âme aventureuse s'expose sur des chemins non tracés d'avance" ? Il s'agissait dès lors que les interprètes ne vinssent pas gâter, par trop d'assurance, la "révélation" Chopin, cette pure disponibilité à l'inouï que recèle l'écriture.
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Le voyage au Congo ; le retour du Tchad et de Dindiki
André Gide
- Arthaud
- Classiques
- 19 January 2022
- 9782081515338
Voyage au Congo, et Le Retour du Tchad qui lui fait suite, se présente comme un « carnet de route » du 21 juillet 1925 au 14 mai 1926. Outre l'enchantement procuré par ce voyage avec Marc Allégret - Gide herborise, naturalise, papillonne -, l'écrivain dépeint la misère des villages, les maladies, dénonce le sort des prisonniers ou des enfants, les exactions de certains colons blancs et l'emprise des grandes compagnies coloniales. En dépit de la modération de son ton et du sérieux de ses observations, le texte déclenche de violentes polémiques dans la presse et à la Chambre des députés. Gide répond fermement et se revendique en tant que « voyageur libre ».
D'une façon prophétique, il dépasse le cadre du témoignage personnel pour célébrer une « science naissante et bourgeonnante : l'ethnologie ». Il en fut l'un des précurseurs. Libre, d'une honnêteté impeccable, moderne.
Dindiki, brève évocation d'un petit animal offert à Gide durant son périple, est un texte peu connu, d'une grande sensibilité.