La langue française et son enseignement, sont le produit d'une longue élaboration dans les divers lieux institutionnels et, à toutes les époques, l'activité de réflexion - sur le langage et les langues - s'est trouvée au coeur de l'enseignement.
Afin d'aider à évaluer les enjeux de l'enseignement de la langue française, cet ouvrage propose - dans la première partie - une mise en perspective historique de l'institution de l'enseignement du français, en tant que discipline autonome, fondement même de l'institution scolaire moderne. Le recours à l'histoire permet de mieux appréhender les origines de cet enseignement au double domaine : le français comme langue, et le français comme texte.
Dans la seconde partie de l'ouvrage, l'histoire est à nouveau sollicitée, pour mieux comprendre la construction d'objets grammaticaux, présentés aujourd'hui comme allant de soi. Notre souci est de susciter une approche dynamique - et sans complexe - des savoirs de référence, nécessairement en amont des pratiques d'enseignement. Nous nous sommes imposé d'aborder les techniques actuelles de l'enseignement de la langue française, où domine la notion de communication, à partir des nouvelles propositions des textes officiels - relayées par les manuels - et qui découpent le savoir à enseigner en discours, texte, phrase, mot - autant d'objets, à partir desquels on peut s'interroger sur ce qui est en jeu, sur ce qui se joue sur le plan des théories de la langue, et sur celui de leur mise en oeuvre institutionnelle dans l'acte d'enseigner le français à l'école, aujourd'hui.
C'est à partir de leurs expériences d'enseignants dans les premier et second degrés et, maintenant, d'enseignants-chercheurs (IUFM, université, CNRS) que les auteurs (Bernard Bosredon, André Collinot, Jean-Marie Fournier, Francine Mazière, Christian Puech et Dan Savatovsky), ont rédigé cet ouvrage coordonné par André Collinot et Francine Mazière.
Le dictionnaire fait figure d'autorité : il dirait le droit des usages langagiers dans le commerce des mots au sein d'une société établie. Tel mot doit ou peut se prendre dans telle ou telle acception pour signifier telle chose dans telle circonstance. Tel mot doit s'écrire et se dire selon telle règle d'usage quelle que soit la circonstance. Le dictionnaire serait-il donc « un prêt à parler » ? Pour tenter de répondre, nous avons construit une lecture du dictionnaire selon la problématique d'une analyse du discours engagée sur les pistes ouvertes par M. Foucault et M. Pêcheux. Aussi avons-nous donné aux premiers dictionnaires monolingues du français un statut d'événement. Événement discursif parce que, dès leur apparition, ils ont été l'instrument d'une politique de la langue. Événement linguistique, parce qu'ils ont constitué le « corps » de la langue et, par là, contribué à la formation d'une conscience linguistique des sujets parlants. Nous avons donc ouvert les dictionnaires comme lieu d'expérimentations d'une écriture du sens. Écriture qui se voudrait réglée par une théorie voilée du lexique mais qui se règle autrement dans la diversité des pratiques discursives mises en oeuvre dans le texte des articles. Aujourd'hui, consulter le dictionnaire revient à se frayer des « chemins de traverse » dans un réseau d'énoncés de définition, d'exemples et de domaines d'usage dont les effets de sens échappent à une maîtrise absolue du sens.