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Brigitte Haentjens
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Les morceaux de glace contre la paroi. Le chuintement des lèvres suçant la paille, aspirant le rhum comme l'eau d'un rince-bouche sur le fauteuil du dentiste. Ta tête inclinée au-dessus du verre, happée par l'alcool. L'odeur des feuilles de menthe par-dessus celle, tenace, de la crème solaire écran total. Le chapeau de paille glissait sur ton crâne, tu le repoussais négligemment du poing, en cow-boy désenchanté. Le geste était posé, lent, mais suscitait en moi colère et froideur, crissement de verre brisé.
Ils sont en vacances au Mexique. L'alcool coule comme une source infatigable. Elle regarde l'homme qui l'accompagne, imbibé du matin au soir dans une torpeur nonchalante. Son corps nécrosé, sa clairvoyance embuée par l'alcool.
Elle se souvient de celui qu'il a été, de l'aura qui avait jadis été la sienne, de la fascination qu'elle éprouvait pour lui. Elle se souvient du brillant intellectuel toujours entouré d'une cour nombreuse, de leurs discussions infinies baignées dans la fumée des gitanes. Elle se souvient de leur rêve de changer le monde en étudiant puis en enseignant à Vincennes, des conférences de Lacan ou de Pasolini.
Elle souvient de la répression qui a succédé à l'euphorie de Mai 68. Elle se souvient des bouteilles vides retrouvées sous le lit, des humiliations, de la honte. Elle se souvient des ecchymoses qu'elle n'arrivait plus à cacher sur son propre corps.
Dans une prose tranchante comme un scalpel, Brigitte Haentjens consigne ici la chronique du naufrage d'un homme, d'un couple, de toute une génération. -
Figure marquante du théâtre québécois et canadien, Brigitte Haentjens publie un deuxième ouvrage solo, un livre visuellement et formellement intrigant. La mise en page découpe comme de la poésie un texte qui se lit pourtant comme de la prose. Une série de photos d'Angelo Barsetti accompagne le texte. Le récit est réduit à l'essentiel : un regard en surface qui fait ressentir un désarroi en profondeur.
Une femme, photographe à Paris, est atterrée par la mort accidentelle de son jeune frère. Comme pour ne plus être consciente de cette perte, elle entreprend de se perdre elle-même. Elle se noie dans l'alcool, se livre à des inconnus, se lie avec un homme d'affaires allemand en une relation sexuelle intense mais dégradante. L'absence de son frère est une ombre qui la suit, l'enveloppe, la vide puis l'habite.
« Récit troué » : c'est le genre que donne l'auteure à ce portrait dénudé, qui s'interdit l'introspection, s'en tient à la surface des actes et des êtres. Son tour de force : faire sentir une intense présence au coeur d'une intense absence. -
Un jour je te dirai tout
Brigitte Haentjens
- Editions Boréal
- Romans et récits
- 3 October 2017
- 9782764645185
« Finalement, Olav plante franchement ses yeux dans ceux d'Élisa. Un silence électrique, fervent, entre eux.
Il murmure, prononçant exagérément chaque syllabe :
- Il faut que je te dise, je suis fou. J'ai toujours su que ma tête était fêlée.
Tout jeune déjà. C'est dans la famille. Le sang slave, ou germanique, ou juif...
Élisa hésite sur le sens de la phrase, un instant suspendue au bref pincement de coeur qu'elle a suscité. Elle prend parti pour la légèreté, levant au ciel des yeux sceptiques avec une petite moue comique :
- Oui, je vois ça...
Il insiste :
- Je te jure, fou à lier !
Elle se tait.
Il sourit et ses yeux se teintent de violet dans la lumière voilée. Le serpent à son poignet rentre vivement la langue.»
Dans ce roman bref, percutant, Brigitte Haentjens explore les états limites de la sexualité, du désir. Elle creuse en profondeur les liens qui unissent la création, l'amour, la mort. -
Strip
Catherine Caron, Sylvie Trudel, Brigitte Haentjens
- Éditions Prise de parole
- Théâtre
- 18 December 2012
- 9782894236918
Une tranche de vie, une fresque sociale où trois effeuilleuses, ces femmes qu'on regarde, mais qu'on n'écoute jamais, prennent enfin la parole. Un regard sur notre comportement dans la vie publique et l'intimité, sur les désirs et les frustrations face aux rêves inpsirés par le bombardement d'images publicitaires des médias.
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24 images. No. 182, Mai-Juillet 2017
Andre Roy, Gerard Grugeau, Brigitte Haentjens, Marcus Borja, Ralph Elawani, Ariel Esteban Cayer, Apolline Caron-Ottavi
- 24/30 I/S
- 2 June 2017
- 9782924348253
En ouverture de ce numéro estival, Benoît Dequen affirme qu'« il est plus important que jamais d'abattre les murs, de décloisonner la cinéphilie, mais aussi la nature des voix qui s'expriment sur et autour du cinéma. » C'est pourquoi 24 images ouvre ses pages d'été au théâtre. Se détournant de la compilation de films tirés de texte dramatique, ce numéro s'intéresse au passage de l'écran à la scène et aux démarches singulières d'hommes et de femmes de théâtre passionnés et inspirés par le 7e art. Le décloisonnement créatif est également mis de l'avant avec un hommage à Seijun, un survol personnel de Ralph Elawani sur le cinéma et la contre-culture à Montréal, un dernier salut à l'acteur Tomás Milián, aussi à l'aise dans la série B que chez Antonioni, et une tragédie théâtrale en 4 chants sur l'histoire de l'art vidéo.
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Spirale. No. 247, Hiver 2014
Brigitte Haentjens, Rose Marie Arbour, Maite Snauwaert, Guylaine Massoutre, Martine Delvaux, Julien Lefort-Favreau, Juli
- Spirale magazine culturel inc.
- Spirale
- 21 February 2014
- 9782924359044
DOSSIER - Féministes ? Féministes !
sous la direction de Martine Delvaux
Peut-on être féministe aujourd'hui ? De quelle façon peut-on endosser, agir, interroger cette prise de position ? Quels sont les enjeux qui sous-tendent à la fois sa remise en question et son assertion ? Devant la re-montée des féminismes militants ici et ailleurs, le dossier «Féministes ? Féministes !», sous la direction de Martine Delvaux, souhaite figurer le passage de l'interrogation - peut-on, doit-on encore être féministe aujourd'hui ? -, à l'affirmation de cet engagement en tant que citoyennes, artistes et intellectuelles...
PORTFOLIO - Rose-Marie E. Goulet -
Spirale. No. 248, Printemps 2014
Brigitte Haentjens, Sylvie Lacerte, Laurier Lacroix, Gilles Lapointe, Guylaine Massoutre, Daoud Najm, Martine Delvaux, E
- Spirale magazine culturel inc.
- Spirale
- 1 May 2014
- 9782924359051
Du sida, que penser aujourd'hui ? À quels enjeux sommes-nous encore confrontés alors que l'éradication du virus du VIH est loin d'être chose accomplie ? Comment répondre des morts, témoigner des disparus à l'heure où le sida est, pour beaucoup, une relique du passé ? Plus d'une génération du sida se manifeste dans ce dossier et c'est à l'aune de ce pluriel générationnel que les collaborateurs et collaboratrices ici réunis tentent de penser le sida.
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Spirale. No. 249, Été 2014
Brigitte Haentjens, Gilles Lapointe, Alice Michaud-Lapointe, Gilbert David, Daniel Laforest, Maite Snauwaert, Bertrand R
- Spirale magazine culturel inc.
- Spirale
- 28 August 2014
- 9782924359068
Que traduit-on quand on traduit la littérature du Canada anglais en français? Peut-on continuer à parler sans rire de deux solitudes, de grands espaces, de nature sauvage, ou de mésentente sur le bilinguisme officiel comme étant des conditions suffisantes pour résumer des oeuvres qui circulent et résonnent aujourd'hui en dépit de ces poncifs? Sous la direction de Daniel Laforest et Maïté Snauwaert, ce dossier rassemble des points de vue et des lectures qui appellent à une transformation nécessaire des discours critiques sur la littérature au Canada. Hors dossier, une chronique signée Brigitte Haentjens, un entretien avec Marie-Hélène Falcon et un portfolio consacré à l'artiste multidisciplinaire Patrick Beaulieu, entre autres.
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Hawkesbury Blues suivi de Nickel
Jean Marc Dalpe, Brigitte Haentjens
- Éditions Prise de parole
- Vivat
- 19 September 2023
- 9782897444006
«Hawkesbury Blues» est un théâtre blues pour une ville dure comme le reflet acier des lampadaires dans le chrome des chars «bebelles cache-misère». Un théâtre blues pour une femme blues, Louise, qu'on suit de quatorze à trente-quatre ans, prise à la gorge et au ventre entre son mari, ses quarts de travail aux machines à coudre d'Amoco Fabrics et les luttes de sa communauté, dans les années 1980, pour une vie plus juste.
Situé dans un Sudbury multiethnique en pleine crise des années 1930, «Nickel» met en lumière les conflits qui surgissent lorsque des mineurs de l'INCO, enchaînés à un mode de vie où la mort occupe un rôle de premier plan, tentent de fonder un syndicat. Sur un fond de drames sociaux et intimes, l'amour et la camaraderie parviendront-ils à insuffler un peu d'espoir dans un quotidien dur, sans issue?
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Ce nouvel ouvrage de la collection Vivat réunit, en réédition, deux pièces phares de la modernité théâtrale franco-ontarienne. Ancrées dans la mouvance du théâtre social, militant, elles mettent en scène des gens ordinaires, leurs misères et leurs joies, mais surtout leur détermination à améliorer leurs conditions de vie et de travail. -
Une femme d'âge mûr, mariée à un homme attentif et prévenant, mère de deux grands enfants. Une artiste dont le travail est reconnu. Une femme comblée ?
Un jour, elle s'embrase à la vue d'un jeune homme au teint basané que son fils lui présente. Un instant suffit pour ébranler des années de certitude. Malgré la honte et la culpabilité qui l'accablent, elle multiplie les occasions de revoir cet homme à peine plus vieux que son fils.
Dans un combat incessant contre l'impossible et l'interdit, la femme se bute à la force déraisonnable de « l'espoir qu'il soulève contre toutes les évidences ». -
Un grand amour est mort. Plus rien ne subsiste, sauf l'omniprésence douloureuse de l'absence. Comment recomposer le corps éclaté ? Où retrouver la sérénité ? La peine est si profonde que tout réconfort semble futile.
Pourtant, à force d'apprivoiser la douleur à chaque tournant du quotidien, on renoue avec la vie. On apprend à subir le souvenir d'un amour qui aurait dû être autre chose qu'un espoir déçu.
Extrait
je ne pourrais pas écrire sur la peine d'amour
elle est trop fulgurante
c'est l'après qui dure
l'écho du cri en dedans qui déchire tout
les nuits et les jours pour retrouver le corps éparpillé et
tous les lambeaux dispersés par l'éclatement
il faut seulement marcher à quatre pattes
c'est à peu près la seule position endurable quand on a mal au
ventre