Claude Mauriac
-
André Breton et les surréalistes ont changé notre vision du monde. Voici les annales de leurs victoires et de leurs défaites. La Révolution, L'Au-delà, Le Réel, Le Surréel, L'Amour : en cinq chapitres denses, rigoureux et documentés, Claude Mauriac se penche sur l'oeuvre et la vie de Breton. Il analyse le surréalisme dans ses rapports à l'esthétique, à la politique, à la religion, à la vie comme cryptogramme. L'histoire de la littérature, de Sade à Rimbaud, de Benjamin Constant à Lautréamont, s'en trouve rétrospectivement éclairée. Textes en main, cet essai intransigeant rend justice à un considérable, ainsi qu'à l'école littéraire la plus importante depuis le romantisme où brillèrent, aussi, Aragon, Eluard et Desnos.
-
A la fin du mois d'août 1944, Claude Mauriac travaille auprès du général de Gaulle. Il est son secrétaire particulier et le reste jusqu'en septembre 1948. Il demeure encore, les cinq années suivantes, proche de lui. C'est le journal de ces rencontres que voici. On découvre un de Gaulle peu connu dont, avec le recul, bien des déclarations et des réactions apparaissent prophétiques. Le de Gaulle des premières années à Paris, alors que la guerre n'est pas achevée, celui de la Libération, puis de la victoire. Mais aussi l'affrontement presque aussitôt commencé avec les partis politiques, l'abandon du pouvoir et la longue traversée du désert qui suit, à Marly, à Colombey, puis à Paris, avec la tentative avortée du R.P.F. Peu nombreux sont, dans son entourage, les témoins de cette époque. Aucun, sans doute, n'a su si bien regarder et écouter de Gaulle que Claude Mauriac.
-
Travaillez quand vous avez encore la lumière
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 10 April 1996
- 9782246526599
Ce tome IV du "Temps accompli" succédant au "Temps immobile" est divisé en trois parties dont la première, {Journal de l'été 1940}, est un témoignage sur la France et les Français à la veille de la catastrophe qui va s'abattre sur eux et les réduire en esclavage quatre ans durant. Claude Mauriac, en 1940, a un peu moins de trente ans. La seconde est intitulée : {Cinquante-deux ans plus tard}. Ce qui veut dire que Claude Mauriac est octogénaire ; le grand âge s'est abattu sur Claude qui, impitoyable et pathétique, en raconte l'horreur. La troisième et dernière partie : {Oui, mais alors que faites-vous du lac Tibériade ?} est, on l'aura compris, une manoeuvre de diversion. Un homme réduit, par la mort proche, à l'essentiel, s'interroge.
-
Quand on s'appelle Claude Mauriac, qu'on est le fils de François, qu'on a connu de près Gide, Malraux, Cocteau... et tout ce qui compte depuis un demi-siècle dans la vie des Lettres en France ; quand on tient son journal depuis l'adolescence et qu'on y a noté chacune des rencontres avec ces grands hommes : il suffirait, semble-t-il, de publier telle quelle la suite de ces pages pour offrir au lecteur un livre passionnant.
Pourtant, le Temps immobile est beaucoup plus qu'un irremplaçable témoignage. L'aspect documentaire est relégué au second plan par l'ambition, pour la première fois conçue et réalisée, de fabriquer avec les pièces d'un journal intime ce que Joyce réussit à faire avec les morceaux traditionnels du récit, ce qu'Eisenstein et les cinéastes réalisent avec les plans photographiés : un montage. Le montage ! Parole magique qui sert à indiquer ici une méthode destinée à trouver dans la masse des faits vécus et enregistrés, des rapprochements imprévus, des coïncidences inopinées et merveilleuses, qui les arrachent à leur précarité et composent avec les bouts envolés du temps une oeuvre d'art capable de les sauver de l'oubli.
C'est ainsi que Claude Mauriac tantôt groupe à la suite les souvenirs relatifs à un des personnages qu'il a connus, même si ces souvenirs s'échelonnent sur plusieurs années ; tantôt rassemble, sous le même jour du même mois, des pages écrites à des années d'intervalle, si lointaines quelquefois l'une de l'autre que trente ans, quarante ans les séparent. Le résultat est extraordinaire...
Le temps immobile, le temps retrouvé. Une grande oeuvre, qui fera date dans l'histoire des techniques littéraires et, plus profondément, poursuit le même but qui hante tous les artistes : assurer la victoire de l'esprit sur la mort. -
Temps immobileT02 : Les Espaces imaginaires
Claude Mauriac
- Grasset
- essai français
- 25 March 1975
- 9782246020097
Poursuivant l'entreprise commencée avec le premier volume du Temps immobile, Claude Mauriac publie aujourd'hui la suite de son journal. La suite ? Pas tout à fait, puisque celui-ci n'est pas publié par son auteur à l'état brut, dans l'ordre chronologique : il sert de matériau à une oeuvre composée selon les techniques les plus savantes du montage.
Quarante ans de notations quotidiennes ont en effet persuadé Claude Mauriac que le temps n'existe pas, que les différences entre un " avant " et un " après " sont illusoires, que la vie d'un homme se construit par de fulgurants raccourcis entre des événements, des rencontres, des aventures qui lui sont arrivés à des années d'intervalle.
Et quelles rencontres, quelles aventures, dans son cas à lui ! Si personne ne sera étonné de voir quelle place François Mauriac tient dans les souvenirs de son fils, d'autres figures non moins illustres surprendront à chaque page le lecteur. Georges Pompidou, par exemple, dont Claude Mauriac était depuis longtemps le familier, bien avant leur cohabitation dans le même immeuble du quai de Béthune, bien avant Matignon et l'Élysée. Le récit de mai 68 et de la disparition du général de Gaulle, entendu de la bouche même de Pompidou, au cours d'un dîner, constitue un des hauts lieux de ce livre. À moins qu'on ne préfère le passage où Claude Mauriac raconte comment, ayant participé à une manifestation interdite pour la défense des travailleurs immigrés, il fut arrêté par la police et enfermé à Beaujon en compagnie de Jean Genet et de Michel Foucault.
Témoin exceptionnel de son époque, acteur passionné et lucide de presque un demi-siècle d'histoire française, Claude Mauriac nous offre bien plus qu'une somme d'instants privilégiés : une tentative pour saisir dans l'actualité, dans le temps, les coïncidences et les répétitions cycliques qui nous entrouvrent l'éternité. -
Temps immobile Tome 3 ; et comme l'espérance est violente
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature Française
- 17 February 1976
- 9782246031291
Quarante-cinq ans et plus d'un journal quasi quotidien ; la chance d'abord donnée, puis moins imméritée, de certaines rencontres ; une vocation de témoin attentif à son temps, mais aussi au Temps, à ses pièges, ses vertiges, ses catastrophes, ses dons... Tel est le Temps immobile de Claude Mauriac, où pour la première fois depuis qu'il y a des hommes et qui écrivent leur journal, un auteur se sert de pages datées pour faire avec elles, sans y rien changer, et par simple montage, autre chose que ce qu'elles étaient. oeuvre à jamais ouverte, inachevable, que l'on peut aborder n'importe où, puisque l'auteur y poursuit, de volume en volume, la même impossible mise au point.
Le Temps immobile 3 surprendra moins le lecteur et lui semblera d'une lecture plus facile : la chronologie y est respectée, à quelques dérapages près qui rendent sensibles des recommencements inattendus. Quatre hommes sont au centre de ce livre : François Mauriac, Charles de Gaulle, André Malraux, Michel Foucault. Et un témoin, Claude Mauriac, qui se trouve être là, bien souvent, lorsque se produit dans le secret, l'un de ces événements qui symbolisent une époque, ou le glissement d'un temps à un autre. -
L'alittérature contemporaine ; Artaud, Bataille, Beckett, Kafka, Leïris, Michaux, Miller, Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, etc.
Claude Mauriac
- Albin Michel
- 1 September 2012
- 9782226260840
« L’allitérature est en train de succéder à la littérature. Les auteurs de la nouvelle école n'en écrivent pas moins. Ils ont leur théoriciens. Nathalie Sarraute (... ), Roland Barthes (... ). Parmi les représentants les plus significatifs de l'allitérature, il faut citer Samuel Beckett, auteur de romans qui, en leur point ultime de réussite, deviennent proprement illisibles. Et, dans un ton plus intellectuel et systématique, l'écrivain du Voyeur, Alain Robbe-Grillet autour duquel une meute de jeunes confrères assis en rond commence à montrer les dents. »
-
Hommes et idées d'aujourd'hui (1)
Claude Mauriac
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- 25 March 2020
- 9782307049890
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
-
Qui n'a senti, en certaines occasions, affleurer l'invisible ? Cette expérience d'une réalité autre, sinon surnaturelle, la plupart des oeuvres en témoignent, depuis qu'il y a des hommes et qu'ils créent. Aventure, à ce niveau-là, plus sensible que spirituelle. Incertaine. Aussitôt effacée que décelée. Indécise, fluide, évanescente, au point que celui qui l'a pourtant vécue et qui ne dispose pas des secours et recours de la foi, en douterait s'il n'en avait, au moment même, tenu registre. Telles sont les notations de Claude Mauriac : captées dans son journal, parmi beaucoup d'autres de nature différente ; relativement rares, comme les événements fugitifs dont elles rendent compte, de loin en loin, mais d'une façon continue depuis 1936. Ce sont ces pages de journal, où a été piégé l'invisible à l'état de trace, que l'on trouvera ici. Réunies non pas dans leur ordre chronologique, mais selon les subtiles orchestrations familières aux lecteurs du Temps immobile. Infiltrations de l'invisible dont parlait Gabriel Marcel. Roger Gilbert-Lecomte disait, en 1928, dans Le Grand Jeu : Ce sont ces instants éternels que nous cherchons partout. Ce que Claude Mauriac, en une page de son journal, appelait, il y a plus de cinquante ans déjà, l'éternité parfois. Il n'a pas trouvé mieux pour définir, aujourd'hui encore, dans son titre, l'objet de son énigmatique, merveilleuse, et pas tout à fait illusoire, recherche.
-
Claude Mauriac rencontre André Gide en 1937. C'est, entre eux, le début d'une complicité singulière, tant littéraire que politique. Face au « contemporain capital », ce tout jeune homme en est le premier étonné.
André Gide accepte l'invitation à Malagar de François Mauriac qui, en ces heures graves de l'été 1939, donne lieu à des pages émouvantes sur les relations de ces trois hommes dont beaucoup de préoccupations sont voisines.
Marcel Jouhandeau, Paul Claudel, Jean Cocteau, Roger Martin du Gard et bien d'autres sont présents dans ce journal. Entretenue durant la guerre et le début de l'Occupation par leur correspondance, l'amitié d'André Gide et de Claude Mauriac s'estompe peu à peu. Lorsqu'ils se revoient après la Libération, le charme est rompu.
Tant d'années écoulées ont permis à l'auteur des Conversations avec André Gide de rétablir toutes les coupures qu'il avait cru devoir faire dans son journal de 1951. Cette nouvelle édition, notablement augmentée, réservera quelques surprises. Elle s'achève sur un entretien avec André Malraux qui salue ce portrait d'une de nos plus grands écrivains : « Vous avez su voir les expressions et les faire voir. Votre témoignage est le plus vivant de tous ; il est (j'ai assez connu Gide pour l'affirmer) le plus ressemblant. Vous mettez la couleur. Vous faites participer le lecteur à votre admiration. »
Écrivain et journaliste, Claude Mauriac est l'auteur de romans dont, chez Albin Michel, Le Dîner en ville et La marquise sortit à cinq heures, et d'essais critiques, entre autres, chez le même éditeur, L'alittérature contemporaine. De son journal qu'il tient depuis l'adolescence, il a créé une oeuvre aussi particulière qu'impressionnante, Le Temps immobile, véritable monument littéraire, dont les Conversations avec André Gide furent la première pierre. -
Le temps accompli Tome 2 ; 1938, histoire de ne pas oublier
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 15 January 1992
- 9782246456698
Dans ce volume - le second du "Temps accompli" - Claude Mauriac a choisi de se pencher, exclusivement, sur son Journal de l'année 1938. Pourquoi l'année 1938 ? Précisément, parce qu'il s'agit "de ne pas oublier" comment la France, les intellectuels et le monde ont vécu les derniers instants de l'avant-guerre, et parce que l'avant-guerre d'alors ressemble singulièrement à la période que nous vivons aujourd'hui. Imminence des dangers, querelle de nationalismes, arrogance allemande, xénophobie française - tout cela, à l'évidence, appartient aussi bien à l'année 1938 qu'à notre temps. D'où le charme, l'utilité de ce journal qui, d'heure en heure, raconte "ce qui se passait". On voit les gouvernements aux prises avec une économie en panne, les écrivains aux prises avec leurs ambitions, etc.
-
Le temps accompli Tome 3 ; le pont du secret
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 1 April 1993
- 9782246476597
Il s'agit donc de la suite du Temps accompli qui, on le sait, complète et boucle l'édifice du Temps immobile. Dans ce volume, Claude Mauriac revient sur certains épisodes de sa vie : de ses engagements "libanais" à sa déception d'homme de gauche, de ses conversations avec Cocteau à une évocation de Drieu la Rochelle, de Malagar à l'Ile Saint-Louis. Choses vues ou entrevues, vécues ou rêvées. Avec ce volume Claude Mauriac apporte à son entreprise de diariste les dernières touches de mémoire.
-
Et si nos morts ne nous avaient pas tout à fait quittés ? Si nous pouvions, vivants, les retrouver vivants ? Les trois mille pages du Temps immobile et les cent cinquante de ce roman, {Le Bouddha s'est mis à trembler}, ont été composées pendant les mêmes années et nous disent le même secret. L'auteur a vécu ce que découvrent ici ses personnages et qu'il nous propose d'expérimenter nous-mêmes. La fêlure dans la tasse de thé est un chemin qui mène au pays des morts. Ce vers d'Auden, cité par Julien Green, illumine brièvement les mêmes ténèbres. A ceci près qu'il s'agit plutôt pour les héros de ce roman, comme pour nous, de nous retrouver à mi-chemin, morts et vivants, hors de l'espace et du temps. Expérience de l'impossible, de l'indicible. Roman d'amour, roman fantastique, roman initiatique, dont Claude Mauriac reconnaît qu'il lui a échappé et qu'il en demeure le premier étonné. Claude Mauriac n'avait pas publié de roman depuis l'Oubli, en 1966.
-
En apparence, il s'agit d'une conversation entre un sage et son fervent disciple. Au café, dans l'autobus, au fond des bois comme au coin du feu, rue du Dragon, dans son salon tranquille, le vieil homme livre au plus jeune sa connaissance du monde et des idées, à la lumière contrastée de Proust, de Gombrowicz, de Diderot, de Clavel, d'Héraclite, festival de culture et d'agilité intellectuelle. Mais cette passionnante rêverie de deux esprits complices autour d'un guignolet-kirsch ne débouche pas, comme on le croirait, sur un essai de métaphysique. Chargé d'histoire et d'espérance, le présent y fait irruption avec fracas, l'autobiographie tente à son tour quelques pointes, et bientôt le fantastique s'engouffre dans la brèche. De quelle planète inconnue émet cette "Radio Nuit" qui vient soudain fasciner l'auteur et ses personnages ? De l'au-delà, du hasard ? Creusant profond l'étrange autant que la méditation, semblable à lui-même et cependant si différent, ce Claude Mauriac inédit révèle un aspect mystérieux de son talent, porté jusqu'au vertige par une gravité nouvelle et des rêves insoupçonnables.
-
Temps immobile Tome 4 ; la terrasse de Malagar
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 8 February 1977
- 9782246043591
La vie familiale, la vie de travail de François Mauriac à Malagar, d'année en année aux mêmes saisons, depuis que son fils Claude est en âge de regarder, d'écouter, de noter. Malagar donc, de 1927 à aujourd'hui où François Mauriac reste vivant et présent. A cette terrasse, devant cet horizon de vignes et de forêts, quelques générations de la même famille ont rêvé, espéré, aimé, souffert. De cette vallée de la Garonne montèrent en 1914 les tocsins de la guerre, en 1940 le chant cruel des vainqueurs. La Terrasse de Malagar, ce n'est pas seulement une propriété familiale et ses enfances heureuses, ses adolescences songeuses, des existences qui passent. C'est aussi l'horizon d'une vie qu'une fois de plus Claude Mauriac découvre. Comme de la terrasse de Malagar une jumelle isolerait tel ou tel fragment du paysage immense, des premiers vignobles à la ligne forestière des Landes, des parcelles de temps, conservées vivantes dans un journal depuis cinquante années continué, sont arrachées au passé, rapprochées et rendues à leur actualité. Le Temps immobile ne doit pas être réduit à l'anecdote ni au montage, encore moins à la littérature. Ancré dans la durée, Malagar, ici, ne dérive plus. Et les Mauriac n'ont plus d'âge, du père de François aux enfants de Claude.
-
Temps immobile Tome 5 ; aimer De Gaulle
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 10 January 1978
- 9782246056096
Dès la fin du mois d'août 1944, Claude Mauriac travaille auprès du général de Gaulle. Il est son secrétaire particulier et le reste jusqu'en septembre 1948. Il demeure encore, les cinq années suivantes, non loin de lui.
C'est le journal de ces rencontres que voici. Publié une première fois en 1970, sous le titre {Un autre de Gaulle}, il prend désormais sa place dans la série du Temps immobile pour lequel il a été réorchestré, complété, et dont il marque le sommet et le couronnement.
On sera heureux de retrouver Claude Mauriac dans l'ombre du plus grand de ses grands hommes. Et d'y découvrir un de Gaulle peu connu dont, avec le recul, bien des déclarations et des réactions apparaissent prophétiques.
Le de Gaulle des premières années à Paris, alors que la guerre n'est pas achevée, celui de la Libération, puis de la victoire. Mais aussi l'affrontement presque aussitôt commencé avec les partis, l'abandon du pouvoir et la longue traversée du désert qui suivit, à Marly, à Colombey, puis à Paris, avec la tenta- -
Le roman a de plus en plus tendance à devenir un art de précision. L'action de celui-ci est datée. C'est dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 ao-t 1966 que Nicolas enquête dans des régions lointaines de sa vie.
Une rencontre avec une dame qui assure le connaître et même l'avoir connu intimement, n'éveille en lui aucun souvenir et l'incite à tenter de retrouver quelques détails essentiels de son passé dont les moins douteux subsistent en lui à l'état de trace.
Il finit, au terme d'une nuit de recherche, par en redécouvrir certains. Mais il oublie de nouveau aussitôt ce dont il vient, en un éclair, de se rappeler.
Le lecteur, après avoir assisté à ses tentatives pour se remémorer ce qui le fuit, après avoir cru ses efforts récompensés, a le spectacle de l'évanouissement des images que Nicolas ne peut retenir, dont il ne sait bientôt plus rien, pas même qu'il les a, un moment, retrouvées.
Ainsi voyons-nous les obscurs mécanismes de l'oubli au travail : l'oubli dans sa victoire, sa fugitive défaite, puis son règne total et définitif.
Mais il nous est possible d'immobiliser ce que Nicolas laisse fuir. Aucune énigme, ici, qui ne puisse être résolue, pour peu que nous lisions avec soin. L'auteur donne toutes les clefs, celles du moins qui lui sont connues. Mais il n'explique rien, chacune des allusions, des images, pouvant être élucidées par un lecteur attentif.
L'oubli est un roman policier où c'est le souvenir qui est pourchassé. Où c'est le lecteur qui est le détective. Un roman policier intellectuel, satisfaisant pour l'esprit qui s'y distrait dans l'exercice même de sa vigilance. -
Alittérature, ce mot créé il y a onze ans par Claude Mauriac est, depuis, passé dans le langage courant de la critique littéraire.
C'est aux écrivains d'avant-garde, d'Antonin Artaud à Georges Bataille et de Nathalie Sarraute à Alain Robbe-Grillet, que l'auteur de l'alittérature contemporaine consacrait en 1958 ses analyses. Il notait alors :
" L'alittérature (c'est-à-dire la littérature délivrée des facilités qui ont donné à ce mot un sens péjoratif) est un pôle jamais atteint, mais c'est dans sa direction que vont, depuis qu'il y a des hommes et qui écrivent, les auteurs honnêtes. Aussi l'histoire de la littérature et celle de l'alittérature sont-elles parallèles. "
D'où ce nouvel essai, De la littérature à l'alittérature, où Claude Mauriac étudie des écrivains d'autrefois, littérateurs par excellence et alittératures en puissance, de Froissart à Flaubert.
Ainsi sont décelées les sources de l'alittérature contemporaine. Claude Mauriac doit non seulement à ses travaux critiques mais à ses propres recherches romanesques de pouvoir lire d'un regard neuf les chefs-d'oeuvre de la littérature française. Si nous nous trouvons peu dépaysés, ce n'est point parce que ces auteurs, de Retz à Cyrano de Bergerac, de Le Sage à Diderot, de Nodier à Hugo, sont tellement célèbres que nous croyions ne plus rien avoir à en apprendre. C'est au contraire parce que ce que nous prenions aujourd'hui, dans la littérature la plus avancée, pour des découvertes, est plutôt la forme actuelle d'une recherche d'âge en âge et d'auteur en auteur poursuivie. Si bien que nous trouvons, avant la lettre, du Samuel Beckett chez Paul Scarron et du Nathalie Sarraute chez Marivaux.
La littérature pure en pure alittérature tend à se fondre à chaque époque dans les oeuvres qui, au lieu de répéter celles qui les ont précédées, essayent des formes nouvelles. Claude Mauriac s'engage dans des chemins anciens, où nous sommes en pays de connaissance pour, soudain, partir avec nous en reconnaissance. Les bonheurs de la culture et les joies de l'exploration s'allient subtilement. À l'alacrité de l'auteur répond, du même élan et dans la même joie, celle du lecteur. -
« F. - Toute une vie, tous les deux.1905. - Valse de l'époque dans le lointain.
F. est vêtue d'une robe rose.
H. - Toute une longue vie, nous deux, sans se quitter. Ça n'en finit pas, la vie.
F. - Ça n'en finit pas, le bonheur. Il me semble qu'hier encore, je veux dire : il y a très peu de temps, j'étais une petite fille. Et me voici fiancée... » -
Claude Mauriac tient son Journal depuis plus de quarante ans. De ces milliers de pages, il avait seulement publié jusqu'ici celles qui concernaient André Gide. Il nous en présente aujourd'hui de nouveaux extraits relatifs à l'amitié souvent contrariée qui les unit, Jean Cocteau et lui.
C'est donc Jean Cocteau que nous rencontrerons, entendrons. Un Jean Cocteau aussi brillant que l'on pouvait attendre mais qui ne ressemble pas à sa légende : plus sensible, plus sincère, plus attachant aussi que l'on croyait.
Autour de lui, le Paris de l'immédiate avant-guerre, de la drôle de guerre, fugitivement de l'Occupation, enfin de l'après-guerre. Mais ce ne serait rien ; ce n'est rien pour l'auteur qui nous propose avec Une amitié contrariée le premier chapitre d'une oeuvre à laquelle il travaille depuis cinq ans et dont les matériaux, considérables, sont ceux de son Journal. Cette oeuvre, dont voici publiée l'une des parties achevées, est intitulée le Temps immobile.
Avec de petits blocs de temps, souvent éloignés les uns des autres et que rapprochent une logique interne (l'unité des thèmes, des êtres, des lieux) ou l'apparente déraison de motivations secrètes, Claude Mauriac ne recompose pas sa vie, il compose une oeuvre dont le temps est le sujet.
Il s'agit de la première utilisation dans la littérature de la technique du montage d'actualités anciennes. Temps mêlés. Vie où il ne se passe rien mais où passe le temps. Durée immobilisée et vaincue.
Jean Cocteau n'e-t-il pas été poète et célèbre que ce livre, qui ne ressemble à aucun autre, n'e-t rien perdu de son intérêt. Jean Cocteau cesse d'y être l'auteur de son oeuvre pour devenir l'un des personnages de celle de Claude Mauriac. -
Ce volume regroupe les pièces composées pour le théâtre par Claude Mauriac : La conversation, Ici, maintenant, Le cirque, Les Parisiens du dimanche, et Le hun.
-
Est-on plus neuf parce qu'on vient de vous transplanter le coeur d'un autre ? Rachel, à peine remise de son opération, aurait plutôt le sentiment que sa jeunesse vient de la quitter à jamais, d'autant que Jérôme, après treize ans de bonheur, lui avoue son amour pour Marie-Ange. Tout serait fini pour elle, soudain, si elle ne rencontrait un jeune homme, et l'émerveillement de vivre encore une fois une passion, brève, chaste, avec ce Matthieu à la peau sombre. Jérôme, le temps rompu, Matthieu, le temps retrouvé : peu à peu s'établit l'étrange équilibre de cette algèbre amoureuse, tandis que les mois, les années passent sur ces quelques semaines de crise. Avec un art très sûr de l'esquive et de l'allusion, comme s'il s'agissait d'instants saisis au vif, de notations quotidiennes, impressionnistes, fugitives, Claude Mauriac réussit à capter le frémissement de l'éphémère dans cette belle méditation romanesque, où la fantaisie et l'imaginaire disent gravement l'amour, ses variations, ses surprises, à travers le temps immobile de nos vies.
-
Temps immobile Tome 6 ; rires des pères dans les yeux d'enfants
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 14 January 1981
- 9782246254591
Singulière et fascinante aventure que celle-ci. Né dans le sérail et "diariste" dès l'enfance, Claude Mauriac prend sa vie en notes depuis un demi-siècle : tout ce qui a compté dans les lettres, la pensée, la politique aura défilé sous ses yeux. Le témoignage est unique : ces milliers de pages sont le reflet d'une époque, saisi par l'Observateur idéal. Mais on ne vit pas impunément avec son "journal" il finit par vous habiter à son tour. Y revenant sans cesse, le relisant avec une curiosité panique, l'auteur est devenu le serviteur de son oeuvre, cédant à la tentation proustienne de retenir le temps, de l'immobiliser, avec des méthodes empruntées à Joyce, et même au Nouveau Roman. Tel un géologue, il pratique les coupes de terrain, il sonde la durée, rapprochant par de subites concordances des événements très éloignés les uns des autres, mais qui semblent se répondre et se compléter par-delà les années. A la poursuite de quelques thèmes essentiels, c'est un perpétuel va-et-vient de 1930 à nos jours, film de montage dont la savante composition égare et captive à la fois. Voici le Piranèse du journal intime... Et Claude Mauriac gagne le pari de cette immense entreprise poursuivie avec l'acharnement passionné des créateurs : il y est devenu son propre personnage, plus vrai que le vrai. Hors du temps.
-
Temps immobile Tome 7 ; signes, rencontres et rendez-vous
Claude Mauriac
- Grasset
- Littérature
- 12 January 1983
- 9782246284598
"Il n'y a pas de rencontres, il n'y a que des rendez-vous." Cette formule de Raymond Abellio illustre si bien la recherche, le principe même du Temps immobile que Claude Mauriac lui emprunte le titre de son septième tome, où l'on retrouve, traqués sur un demi-siècle, ces signes et ces correspondances, qui révèlent entre les événements ou les êtres tant de liens mystérieux jusque-là jamais décelés. Des Croix-de-Feu au Bateau pour le Vietnam, du Front populaire à la Marche de la survie au Cambodge, de François Mauriac élu sous la Coupole à François Mitterrand seul au Panthéon, le Journal de ce témoin privilégié, qui rêvait jadis d'être historien, se répond sans cesse à lui-même, à travers les années, fourmillant de personnages, de faits, de sensations. Sous le regard complice (malgré eux) de Claudel, de Léautaud, de Green, des frères Goncourt ou de Jules Renard, l'extraordinaire entreprise de Claude Mauriac, cet effort d'une vie entière, cette "cathédrale pathétique", comme l'a dit un lecteur, continue de se bâtir devant nous. Sans précédent ni semblable. Et derrière tant de visages entrevus ou scrutés avec soin, intimes, célèbres, inconnus, celui de l'architecte se profile aussi, d'une honnêteté, d'une discrétion presque sans exemple dans notre littérature, où son nom, désormais, s'inscrit à son tour, et à sa vraie mesure.