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David Le Breton
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L'art du vélo
David Le Breton
- Éditions Payot
- Anthropologie (Petite Bibliothèque Payot
- 15 May 2024
- 9782228936323
Une anthropologie sensible de ce vélo qui, comme la marche, nous donne tant le sentiment d'être vivant·es. L'espace, en France, semble entièrement colonisé par la voiture. Semble ? Oui, car une curieuse machine fait de la résistance : le vélo. Devenu un emblème de l'écologie politique, il appelle (sauf en compétition) à la lenteur, à la nonchalance, à ne pas traverser le monde mais à en faire partie. Fidèle à son approche humaine, érudite, malicieuse, David Le Breton nous montre le vélo et le cycliste sous une lumière sensible et dans tous ses aspects culturels, techniques, touristiques, sociétaux ou sportifs.
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David Le Breton revient ici au corps, mieux, à la peau et à son apparence, à son toucher.
Il essaie de comprendre le rôle que jouent les cicatrices, ces traces permanentes d'existence passée qui ne sont pas toutes lisibles mais d'une certaine façon contaminent le sentiment d'identité tout entier, qui marquent à jamais le corps sur sa superficie des « avants » et des « après ».
Même si elles remplacent parfois le non-souvenir, sa permanence, sa rugosité sur notre frontière physique qui sépare le dedans du dehors, les cicatrices nous interdisent d'échapper à notre propre histoire physique. Elles rappellent un ancien corps à corps avec le monde et parfois même avec la société quand elle n'est pas provocation volontaire, voire anagramme du désir pour le plus positif, flétrissure pour le pire.
Un texte important sur un sujet qui concerne tout le monde. -
La fin de la conversation ? La parole dans une société spectrale
David Le Breton
- Métailié
- 19 July 2024
- 9791022614276
Le smartphone à la main, accaparé par une communication orale, la rédaction ou la lecture d'un texto, d'un téléchargement, ou d'une recherche sur le web, les écouteurs aux oreilles, coupé de son environnement et plongé dans un univers intérieur sous contrôle, l'individu hypermoderne ne perçoit que de manière accessoire son environnement physique et humain.
La société numérique n'est pas dans la même dimension que la sociabilité concrète, avec des hommes ou des femmes en présence mutuelle qui se parlent et s'écoutent, attentifs les uns aux autres. Elle morcelle le lien social, détruit les anciennes solidarités au profit de celles, abstraites, des réseaux sociaux ou de correspondants physiquement absents. Paradoxalement certains la voient comme une source de reliance alors que jamais l'isolement des individus n'a connu une telle ampleur. Jamais le mal de vivre des adolescents et des personnes âgées n'a atteint un tel niveau.
La dissociation est désormais une donnée banale du quotidien, surtout pour les adolescents, puisqu'elle se donne techniquement avec aisance et libère un imaginaire de compensation face aux frustrations banales. Elle est aussi un outil de lutte contre l'ennui, même de quelques minutes d'attente, et une échappée belle hors des contraintes du lien social. -
Huit ans après Marcher et vingt ans après Éloge de la marche, dans ce livre - ludique, intelligent et stimulant -, l'auteur revient sur le plaisir et la signification de la marche, et nous en révèle les vertus thérapeutiques face aux fatigues de l'âme dans un monde technologique.
La marche connaît un succès planétaire en décalage avec les pratiques de sédentarité ou de sport en salle, tapis de course... prédominant dans nos sociétés.
Cette passion contemporaine mêle des significations multiples pour le même marcheur : volonté de retrouver le monde par corps, de rompre avec une vie trop routinière, de peupler les heures de découvertes, suspendre les tracas du jour, désir de renouvellement, d'aventure, de rencontre.
Une marche sollicite toujours au moins trois dimensions du temps : on la rêve d'abord, on l'accomplit, et ensuite on s'en souvient, on la raconte. Même terminée, elle se prolonge dans la mémoire et dans les récits que l'on en fait : elle vit en nous et est partagée avec les autres.
"Le lecteur chemine à l'aise, ravi de retrouver parfois, au détour d'une phrase, les sensations, les impressions, les réflexions fugaces qu'il a pu expérimenter lui-même." - Zibeline -
« Marcher de nos jours, et surtout de nos jours, ce n'est pas revenir aux temps néolithiques, mais bien plutôt être prophète », écrivait Jacques Lacarrière.
Revisitant une réflexion menée il y a une dizaine d'années, David Le Breton constate que le statut de marcheur a beaucoup changé. Aujourd'hui la marche s'impose comme une activité de loisir.
L'imaginaire contemporain se réfère plutôt à l'idée de disponibilité et à la nécessité pratique d'entretenir son corps.
L'auteur refonde ici son récit dans les témoignages et les philosophies de la marche, il redit avec bonheur que marcher est avant tout un long voyage à ciel ouvert dans le plein vent du monde et dans la disponibilité à ce qui advient, que tout chemin est enfoui en soi avant de se décliner sous nos pas et que la marche ouvre à chaque fois à une expérience et à une transformation heureuse de soi. -
La sociologie du corps est un chapitre de la sociologie plus particulièrement attaché à la saisie de la corporéité humaine comme phénomène social et culturel, matière de symbole, objet de représentations et d'imaginaires. Elle rappelle que les actions qui tissent la trame de la vie quotidienne, des plus futiles ou des moins saisis-sables à celles qui se déroulent sur la scène publique, impliquent l'entremise du corps. De quelle manière cette sociologie de l'enracinement physique de l'acteur dans son environnement propose-t-elle une élucidation des logiques sociales et cultu-relles ?
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À travers les visages des siècles dans la peinture et les écrits philosophiques, David Le Breton mène l'histoire du visage, ce lieu central de notre communication, de l'invention du visage avec le miroir et la photographie à sa signification sociale.
Il explore son ambivalence dans le face à face, le dévisager et le mauvais oeil. Ses paradoxes avec la ressemblance, la beauté et la laideur, le voilé, dévoilé et enfin ces dernières années le masque.
Il nous conduit à la réflexion ultime que l'un des caractères de la violence symbolique mise en place par le racisme consiste d'abord en la négation chez l'autre de son visage.
Une réflexion remise à jour par l'usage des masques des deux dernières années et les troubles qui en ont résulté. Un parcours fascinant. -
David Le Breton poursuit son anthropologie du corps de façon plus affinée, plus littéraire aussi au regard de ses précédents ouvrages, il ouvre des voies de réflexion au lecteur. Ici pas d'interviews, que du vécu et des citations d'écrivains, de cinéastes ou des peintures qui décrivent sur le vif des sourires, des centaines de sourires plus ou moins célèbres où se voilent des significations contradictoires.
Le sourire se devine, il gagne les yeux, transforme le visage et nous introduit l'un à l'autre avec toute la subtilité polysémique d'une humanité qui s'y reconnaît. Le sourire est bien un effleurement de l'âme, il dit la subtilité de la présence au monde, à l'autre et à soi. Les savants peuvent bien constater que le sourire est la réaction la plus faible du visage à toute excitation légère et faciale, les poètes comme Paul Valéry y voient « le premier luxe de l'être. Ce n'est plus le besoin qui pleure et qui crie. C'est l'ouverture de l'inutile besoin de communiquer pour autre chose que l'apaisement d'une soif ».
Oui, le sourire est un adoucisseur de contact quand il n'est pas convenu, de circonstance, narquois, exaspérant ou, bêtement, pour donner le change. C'est aussi une ritualité parfois régie par une subtile hiérarchie sociale qui permet à l'individu de communiquer autrement, sans mot, de tout son corps.
Cette anthropologie de l'énigmatique touche bien sûr aux conventions et aux interactions sociales, elle touche aussi à notre spiritualité vraie et naïve qui nous fait exister autant que résister au monde et communiquer de soi à l'autre. -
La petite bédéthèque des savoirs Tome 21 : l'adolescence
David Le Breton
- Lombard
- 23 March 2018
- 9782803673247
Mal-être, conduites à risque, contrôle de son apparence, addictions, troubles alimentaires, difficultés affectives ou sociales, rites de la virilité et de l'entre-soi... L'adolescence se révèle pour certains une épreuve difficile. Vécue avec exubérance ou discrétion, elle reste un passage obligé, même si elle est ressentie de façon différente par chaque nouvelle génération. Le sociologue et anthropologue David Le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg, revient sur ce qui caractérise l'adolescence dans notre société en perpétuel changement.
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Toute existence est une permanente prise de risque, reflet de nos fragilités physiques et psychologiques. Mais nos sociétés technologiques semblent générer de nouveaux types de risques et des inquiétudes croissantes parmi les populations. De ce constat est née, dans les années 1980, une sociologie du risque explorant ces zones de fractures de confiance et de fragilité. Une autre approche sociologique est venue l'enrichir en s'intéressant aux conduites à risques individuelles et à leurs significations. En s'appuyant sur l'analyse de nombreux exemples concrets, cet ouvrage dresse un panorama des recherches menées et des savoirs constitués ces dernières années autour de la notion de risque, qui est désormais une question sociale autant que politique, économique, juridique ou encore éthique.
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Disparaître de soi ; une tentation contemporaine
David Le Breton
- Métailié
- 12 February 2015
- 9791022603003
Nos existences parfois nous pèsent.
Même pour un temps, nous aimerions prendre congé des nécessités qui leur sont liées. Se donner en quelque sorte des vacances de soi pour reprendre son souffle. Si nos conditions d'existence sont sans doute meilleures que celles de nos ancêtres, elles ne dédouanent pas de l'essentiel qui consiste à donner une signification et une valeur à son existence, à se sentir relié aux autres, à éprouver le sentiment d'avoir sa place au sein du lien social.
L'individualisation du sens, en libérant des traditions ou des valeurs communes, dégage de toute autorité. Chacun devient son propre maître et n'a de compte à rendre qu'à lui-même.
Le morcellement du lien social isole chaque individu et le renvoie à lui-même, à sa liberté, à la jouissance de son autonomie ou, à l'inverse, à son sentiment d'insuffisance, à son échec personnel.
L'individu qui ne dispose pas de solides ressources intérieures pour s'ajuster et investir les événements de significations et de valeurs, qui manque d'une confiance suffisante en lui, se sent d'autant plus vulnérable et doit se soutenir par lui-même à défaut de sa communauté. -
Qui n'a jamais ri de sa vie ?
Même sans le vouloir cette turbulence passagère qui affecte tous les hommes et les femmes est avec les larmes la preuve intangible que nous sommes bien reliés affectivement entre nous sur des modes très particuliers.
David Le Breton, continuant son anthropologie du corps, s'attaque ici aux "corps de rire' qui se déploient souvent à nos dépens, mais il montre qu'ils sont parfaitement inscrits dans des moments de l'histoire et de nos histoires personnelles et qu'ils forment des parenthèses nécessaires dans nos quotidiens devenus lourds et difficiles.
C'est "par le rire que le monde redevient un endroit voué au jeu, une enceinte sacrée, et non pas un lieu de travail', nous assure le poète Octavio Paz, et c'est bien ce que David Le Breton nous montre dans sa magistrale démonstration où rien de ce qui touche au rire n'est ignoré.
De nos sociabilités multiples et rieuses en passant par la police du rire, l'ironie, la dérision, les rires d'Orient, l'humour, les folklores obscènes et même les sms, tout nous amuse ou tout peut être tourné en dérision.
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Tenir ; douleur chronique et réinvention de soi
David Le Breton
- Métailié
- 23 February 2017
- 9791022605571
La douleur chronique déchire toute l'existence, elle épuise celui qui la ressent autant que son entourage; le premier parce qu'il a du mal à l'exprimer, le second parce qu'il a du mal à comprendre, fût-il médecin.
Or beaucoup connaissent certains états où la douleur est toute, ou presque toute la maladie, où elle est si hallucinante que la symptomologie devient secondaire.
C'est à cet endroit, cette limite, que le sociologue du corps explore, consulte, interroge autant ceux et celles qui vivent cette douleur inexpliquée et inexplicable que ceux, les soignants, qui dans notre société de diagnostics scientifiques et de soins cherchent et essayent de juguler nos souffrances physiques. Notre médecine a, depuis peu, pris la douleur en considération et l'on conçoit mal désormais que l'étude de la douleur chronique puisse se faire sans prendre d'abord en compte la subjectivité intime de ceux qui la vivent.
Des progrès sont réalisés mais il est temps, dit David Le Breton, que l'on développe une médecine de la douleur centrée sur l'expérience intime des personnes afin de les aider, sinon à guérir, au moins à accomplir une "réinvention de soi', autrement dit une réorganisation radicale de l'existence avec et autour de cette douleur chronique à tous les niveaux de son quotidien dans le but de reconquérir au moins une estime de soi dont on sait aujourd'hui qu'elle participe grandement à la capacité de résistance.
Le "souffrant chronique" souvent inintelligible pour la médecine ébranle l'existence de tous, mais l'examen des itinéraires personnels montre étrangement qu'elle protège aussi certains patients d'autres souffrances plus redoutables encore ! -
David Le Breton, poursuivant son anthropologie du corps, montre comment le recours au corps marque la défaillance de la parole et de la pensée.
Ces êtres qui se coupent, s'entaillent, se blessent volontairement et secrètement dont il parle ici tentent en réalité de porter le langage à un autre niveau, de transcender l'impasse relationnelle dans laquelle ils se trouvent. Ils s'entament le corps comme s'ils posaient des limites aux souffrances extérieures, ils font cela pour se sentir plus vivants. Leur peau est devenue surface d'inscription de leur mal-être et de leur refus. Ils changent leur corps à défaut de changer le monde.
À cette étrange auto-chirurgie du sens chez les adolescents, qu'il faut lire comme la recherche d'une redéfinition de soi, David Le Breton ajoute une réflexion sur les atteintes corporelles délibérées en situation carcérale, marquages indélébiles qu'il faut lire comme l'expression d'une résistance à l'humiliation et à l'enfermement, ainsi que sur les artistes de "body art" qui, à travers leurs performances sanguinolentes et douloureuses, essayent d'ébranler le miroir social.
Avec cet ouvrage très fort, parfois à la limite de l'insoutenable, l'anthropologue du corps montre que la recherche de la fabrique du sacré à usage personnel, la sollicitation de l'autre au-delà du social sont la manifestation du désir éperdu d'exister, serait-ce aux limites de la condition humaine. -
Les transformations corporelles s'imposent à l'adolescent. Elles soulèvent la question du regard des autres sur le jeune homme ou la jeune fille qu'il devient, l'ouverture au désir et à la génitalité. Son corps échappe à son contrôle, de même le statut qu'il acquiert au sein du social.
Les transformations corporelles s'imposent à l'adolescent. Elles soulèvent la question du regard des autres sur le jeune homme ou la jeune fille qu'il devient, l'ouverture au désir et à la génitalité. Son corps échappe à son contrôle, de même le statut qu'il acquiert au sein du social.
En jouant de son apparence, le jeune fait de sa peau un outil d'expérimentation de soi, d'exploration et de recherche identitaire.
Mais aussi, le corps se fait projection du mal-être de l'adolescent quand ses repères manquent et que s'affaiblit la solidité du monde des adultes... -
Comment peut-on survivre lorsqu'on a été prénommé Hannibal par un père historien ?
Vaincu dès le départ, notre héros, lui aussi historien, n'a jamais été à la hauteur des rêves de son géniteur. Chassé de l'université, il a sombré dans l'alcoolisme et la lamentation paranoïaque. À la mort de son père, il hérite de trois boîtes au contenu hétéroclite.
Au milieu des journaux intimes et des souvenirs de l'enfance se cache le début d'un plan machiavélique qui va pousser Aníbal vers des personnages excentriques et d'anciennes amours.
Névrosé, plein de ressentiment, entraîné vers des aventures inattendues, Aníbal découvre la duplicité des tours que joue parfois la génétique. Il se retrouve alors plus proche de son père qu'il ne l'a jamais été de son vivant. Sa colère cède la place à l'empathie tandis que tout nous donne à penser que ce que nous haïssons le plus est peut-être la vision de ce que nous n'arriverons pas à être.
Un roman original où un sens du comique exceptionnel se déploie dans des plans et des rythmes variés, une littérature rare. Un plaisir de lecture absolument délectable.
« Un héritage piégé donne naissance à un grand roman qui se développe entre la vérité maquillée qu'on adore et la vérité sans éclat qui retient les ombres. Deux territoires, un même paysage : éblouissant, vraiment, messieurs les lecteurs. » - La Nueva España -
Les conduites à risques à l'adolescence
David Le Breton
- Fabert
- Temps d'arrêt. Lecture
- 25 May 2015
- 9782849223598
Les conduites à risque sont des manières ambivalentes de lancer un appel aux plus proches, à ceux qui comptent. Elles témoignent de la résistance active du jeune et de ses tentatives de se remettre au monde. En dépit des souffrances qu'elles entraînent, elles possèdent un versant positif, elles favorisent la prise d'autonomie du jeune, la recherche de ses marques, elles sont un moyen de se construire une identité. Elles n'en sont pas moins douloureuses dans leurs conséquences à travers les blessures ou les morts qu'elles entraînent. Mais la souffrance est en amont, perpétuée par une conjonction complexe entre une société, une structure familiale, une histoire de vie. Ces épreuves que les jeunes s'infligent répondent à cette nécessité intérieure de s'arracher à soi-même et de renaître meilleur. Ce sont des rites intimes, privés, autoréférentiels, insus, détachés de toute croyance et tournant le dos à une société qui cherche à les prévenir.
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Le théâtre du monde ; lectures de Jean Duvignaud
David Le Breton
- Les Presses de l'Université Laval (PUL)
- 7 February 2017
- 9782763713557
Jean Duvignaud est un sociologue qui a profondément marqué le champ de la sociologie des imaginaires sociaux. Ses travaux sur le théâtre, l'anomie, le don, la fête, le rire continuent à nourrir la réflexion. Toute son oeuvre est dominée par les figures sociales du don, de la gratuité, de l'improductif, du prix des choses sans prix. Toujours, il s'agit de l'élégance de vivre dans le don du rien, mais d'un rien qui fait toute la valeur de l'existence individuelle et collective. Le sentiment aigu que les meilleures choses de l'existence sont éphémères, jamais cumulées, toujours perdues, mais que dans ces moments culmine le goût de vivre, un enchantement qui ne vaut que de se perdre. Des ouvrages comme La sociologie du Théâtre, Le don du rien, Chebika, L'anomie, hérésie et subversion, Fêtes et civilisations, Rire et après et tant d'autres sont devenus des classiques. Personnage multiple : écrivain, dramaturge, grand voyageur, inlassable fondateur de revues (Arguments, Cause commune, Internationale de l'imaginaire, entre autres). Il est président de la Maison des Cultures du monde à Paris et dirige la revue Internationale de l'imaginaire.
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Il y a la forêt du flâneur, du fugitif, celle de l'indien, la forêt du chasseur, du garde-chasse ou du braconnier, celle des amoureux, des ornithologues, la forêt aussi des animaux ou de l'arbre, celle du jour et de la nuit. Mille forêts dans la même, mille vérités d'un même mystère qui se dérobe et ne se donne jamais qu'en fragments.
Tout comme il y a un paysage, un son, une saveur, un parfum, un contact, une caresse, pour déplier le sentiment de la présence et aviver une conscience de soi. David Le Breton explore les sens, tous nos sens, comme pensée du monde. Cette fois l'anthropologue se laisse immerger dans le monde afin d'être dedans et non devant. Il nous montre que l'individu ne prend conscience de soi qu'à travers le sentir, qu'il éprouve son existence par des résonances sensorielles et perceptives.
Ainsi tout homme chemine dans un univers sensoriel lié à ce que sa culture et son histoire personnelle ont fait de son éducation, chaque société dessinant une "organisation sensorielle" qui lui est propre.
Percevoir les couleurs est un apprentissage autant que d'entendre ou de voir. Toucher, palper, sentir dans l'étreinte ou la souffrance, c'est faire affleurer la peau et la pensée dans la concrétude des choses, c'est aussi se sentir, goûter et parfois même être dégoûté.
L'auteur se fait explorateur des sens et n'omet rien de nos attirances et de nos rejets. Proposant que l'on réfléchisse désormais au "Je sens donc je suis", il rappelle que la condition humaine avant d'être spirituelle est bel et bien corporelle.
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Le corps abîmé, ou le corps mis en abîme, est un corps difficile à recon-naître pour sien, une chair altérée qui mène à une existence diminuée. L'humain n'a pas d'autre horizon que son corps. Un corps abîmé touche l'ensemble des dimensions de l'existence. L'altération est ponctuelle ou durable, voire définitive. Elle est donnée à la naissance ou le fait de la maladie ou d'un accident. Elle est tolérable ou destructrice selon les circonstances.
Parler de «corps abîmés» amène à souligner cette dualité constante' sur laquelle se construisent la normalité et l'exception corporelle. C'est aussi mettre en valeur le moment de contraction du corps, et donc de la présence au monde, provoquée par des amputations, des maladies, des états de paralysie ou de handicap moteur sévère, des violences physiques ou par des violences physiquement ressenties, tels les rapports entre les genres, les expériences d'attaques au corps propre ou les épreuves sportives, ou encore le mal de vivre adolescent. Cette contraction qui abîme le corps a une valeur à la fois positive et négative, elle est norme et contre-norme, elle est moment destructeur et moment créateur en même temps.
Cet ouvrage se propose de décliner ces différentes formes de la relation au corps abîmé avec des contributions de disciplines différentes et dans un contexte international. -
Les écrans contre la parole ? Une conversation menée par Martin Legros et Karim Rissouli
Najat Vallaud-Belkacem, David Le Breton, Julie Neveux, Martin Legros, Karim Rissouli
- Philo Editions
- 19 September 2024
- 9782487699014
Les écrans ont pris possession de notre vie. Première cible de ce nouveau « mal du siècle », les plus jeunes, face auxquels les parents ne savent plus quelle stratégie adopter. Mais est-il possible de s'approprier ces nouveaux modes de communication plutôt que d'espérer une improbable déconnexion ? C'est le sens du débat entre l'essayiste et ancienne ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, qui propose de rationner l'usage d'Internet, le sociologue David Le Breton, qui nous invite à nous déconnecter pour sauver la conversation et la linguiste Julie Neveux, qui veut donner ses chances à la parole numérique. Ils n'ont pas le même usage des écrans, ils ne préconisent pas les mêmes remèdes. Mais leur échange permet d'y voir plus clair sur cette transformation sans précédent.
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à corps perdu...
David Le Breton, François L'Yvonnet, Benjamin Pichery
- Amphora
- 8 June 2023
- 9782757609736
Le sportif de haut niveau est-il cet « extrême contemporain » condamné à voir disparaître son propre corps par épuisement à vouloir être à la hauteur des performances et des innovations techniques ? L'homme sensible doit-il céder et s'hybrider à la machine, à l'inerte, pour satisfaire aux performances physiques attendues sur les stades, charge à l'exosquelette de battre les successeurs d'Usain Bolt ?
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L'homme douloureux
Guy Simonnet, Bernard Laurent, David Le Breton
- Odile Jacob
- 7 November 2018
- 9782738145895
Il y a autant de douleurs que d'individus qui souffrent. Issu des regards croisés de trois spécialistes - un neurobiologiste, un médecin de la douleur et un anthropologue -, ce livre montre que la douleur ne s'élabore pas dans un cerveau amnésique, mais au sein d'un système nerveux façonné par le passé singulier et les expériences de chacun. Voilà pourquoi, sans négliger les progrès considérables de la biomédecine et des neurosciences, il est urgent de remettre le patient au coeur du phénomène douloureux. Ce qui implique de se focaliser sur son histoire individuelle et, donc, sur sa vulnérabilité particulière à la douleur, laquelle relève autant de questions existentielles que de questions biologiques. Une analyse complète et originale du phénomène douloureux en même temps qu'un questionnement salutaire sur le rôle possiblement délétère de certains médicaments. Guy Simonnet est professeur émérite à l'université de Bordeaux. Membre de l'Institut de neurosciences cognitives et intégratives d'Aquitaine du CNRS, il est à l'origine du concept d'hypersensibilité durable à la douleur, observée après l'analgésie induite par la morphine et ses dérivés. Ce regard nouveau sur la prise en charge de l'homme douloureux, qui tient compte de son histoire individuelle, l'a conduit à proposer des stratégies thérapeutiques innovantes, dont une thérapie nutritionnelle. Bernard Laurent est professeur de neurologie à l'université de Saint-Étienne, membre de l'équipe Inserm NeuroPain, qui étudie les réponses cérébrales à la douleur chez l'homme. Il a consacré sa carrière médicale à la prise en charge de la douleur chronique et des troubles de la mémoire. Membre correspondant de l'Académie de médecine, il a été successivement président des Sociétés françaises de la douleur, de neuropsychologie et de neurologie. David Le Breton est professeur de sociologie à l'université de Strasbourg. Membre de l'Institut universitaire de France et de l'Institut des études avancées de l'université de Strasbourg (USIAS), il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'anthropologie de la douleur.
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Les jeunes au volant
David Le Breton, Collectif
- Eres
- Questions de société
- 27 April 2022
- 9782749272092
Une première partie de l'ouvrage repose sur une vaste enquête financée par la Fondation Vinci Autoroutes sous l'égide de Bernadette Moreau, effectuée sous la direction de David Le Breton. Il s'agit d'une enquête qualitative, la première d'une telle ampleur autour de conducteurs/conductrices entre 18 et 25 ans afin de comprendre leur relation à la voiture, à la transmission, aux manières de conduire, leur perception des risques routiers, leur usage au volant des technologies de l'information et de la communication, leur évaluation des campagnes de prévention. Ils sont également interrogés sur leurs propres préconisations en matière de sécurité routière. L'enquête s'appuie sur plus de 150 entretiens semi-directifs dans lesquels les jeunes racontent des histoires, évoquent leurs représentations, leurs raisons d'agir, leurs valeurs, leurs soucis quand ils sont sur la route, leur rapport aux technologies dans l'habitacle, leur perception des piétons et des cyclistes, les mobilités partagées, le covoiturage, l'écologie... La question du « pourquoi » est donc au coeur des entretiens. Nous avons également distingué une population spécifique de jeunes Parisiens, ou de la banlieue proche, titulaires d'un permis de conduire, et d'autres qui ne l'ont pas, en considérant que dans la mégalopole parisienne le rapport à la voiture est différent de ce qui se joue dans les autres grandes villes ou dans le monde rural. Cette première partie s'appuie en permanence sur les propos des jeunes conducteurs.
Dans une seconde partie, des spécialistes de la sécurité routière ou de l'adolescence s'expriment sur différents points de la conduite routière des jeunes générations.