Au XIXe siècle, la France s’est lancée dans la colonisation de pays entiers en Afrique et en Asie. Quelles ont été les motivations et les méthodes de cette politique ? Comment les sociétés dominées ont-elles été bouleversées, et quel développement économique et social ont-elles connu ? La décolonisation est-elle achevée aujourd’hui ? Un Empire bon marché propose de nouvelles réponses à ces questions controversées.Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’ouvrage décrit ainsi avec une grande précision les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances. En s'attachant à l’évolution des sociétés colonisées et à leur devenir, Denis Cogneau fournit une contribution majeure et un nouvel éclairage sur l’impérialisme, d’hier à aujourd’hui.
En Afrique, au sud du Sahara, les différentes strates de l'histoire longue se sont accumulées pour faire de cette région celle où les inégalités de ressources et de conditions d'existence sont les plus élevées du monde. Dans les deux dernières décennies, la faillite des institutions extractives héritées de la colonisation, puis la vague de démocratisation ont contraint les nations africaines à affronter ces inégalités. La fragmentation de l'espace et le dualisme des sociétés ont conduit à une ethnicisation clientéliste du jeu politique et aux conflits que l'on observe aujourd'hui.
Étudiant l'histoire de la construction de ces inégalités et plusieurs exemples contemporains, Denis Cogneau souligne le poids de l'héritage inégalitaire, tout en montrant qu'il ne constitue pas une fatalité.