Une presqu'île qui s'avance sur l'Océan, on y devine le Médoc venteux et ensoleillé de tous les derniers livres d'Éric Holder. L'intérieur de la presqu'île est boisé. Dans une grange au milieu de la végétation épaisse, Antoine a installé sa bouquinerie. L'endroit est quasi introuvable, et, sans l'intervention d'une mystérieuse madame Wong, le libraire crèverait de faim.
Antoine paraît heureux dans sa tanière. Il caresse ses spécimens, les habille de papier cristal, nourrit ses chats, s'interroge sur un voleur qui lui chaparde des livres, toujours du même auteur. C'est alors que déboule la blonde Lorraine, une conteuse professionnelle qui tourne de ville en ville. Antoine est vieux, aime se coucher à heure fixe : la belle n'a pas sommeil.
Ce sera donc l'histoire d'une idylle saisonnière, mais de celles qui laissent sous la peau des échardes cuisantes. Qui a dit que la campagne était un endroit tranquille ?
Dans une langue merveilleusement ouvragée, Holder décrit un monde à la fois populaire et marginal, profondément singulier, qu'il connaît comme personne. Le sien.
Éric Holder est passé maître dans l'art du roman bref, brillant et ciselé. Après La Baïne, Bella Ciao et La Saison des Bijoux, il installe pour la quatrième fois son chevalet et sa palette dans ce Sud-Ouest où il vit.
Antonio est maçon, il mène une vie tranquille en compagnie de sa femme Anne-Marie et de leur fils Kevin. Un jour, il va chercher Kevin à l'école et rencontre l'institutrice, mademoiselle Chambon. Entre eux, peu de mots, mais ils sont de ces êtres qui se reconnaissent sans se parler. Quelque temps après, elle lui demande de venir remplacer une fenêtre chez elle... Magnifique roman d'amour, tragique et dérisoire réalité de la vie : il est toujours trop tôt, ou trop tard, et l'on passe à côté de l'essentiel.
Le drame, c'est d'en être conscient.
" Faire une saison ", c'est l'idée que Jeanne et Bruno se sont mise en tête : quitter les monts du Lyonnais pour aller planter parasols et tréteaux au grand vent de l'Atlantique, sur la place du village balnéaire de Carri, à la lisière des dunes. Marchands ambulants, ils forment une petite tribu que complètent Alexis, onze ans, et Virgile, soixante et un. On les appellera en toute simplicité les Bijoux, ils disposeront d'une poignée de mètres carrés au soleil et seront adoubés par des confrères nommés Nanou Primeurs, Fromage ou Château-Migraine le bougnat. Et puis il y a Forgeaud, le boss du marché, protecteur incontournable et despote au passé obscur, Forgeaud qui, frappé par la beauté de Jeanne, en perd le souffle et se promet de la posséder avant la fin de l'été.
Plus que jamais dans son élément, Éric Holder s'empare de cette saison mouvementée au goût de sel, prétexte à un exercice virtuose de portraitiste, à des scènes et tableaux qui réservent un régal de lecture. Mais surtout, cette chronique délicate et amoureuse rend hommage à une société, à la fois marginale et populaire, dont la littérature parle rarement.
Éric Holder est l'auteur d'une dizaine de romans, dont L'Homme de chevet (Flammarion, 1995) et Mademoiselle Chambon (Flammarion, 1996). Il vit actuellement en Médoc, qui constituait déjà le décor littéraire de La Baïne (Seuil, 2007) et de Bella Ciao (Seuil, 2009).
Myléna en avait assez. Je n'ai pas attendu qu'elle me largue, c'est moi qui suis parti. Au bord de l'océan, pour en finir. Quand j'ai repris pied sur le rivage, j'étais dessoûlé, nu comme une bête et ne possédais plus rien. Passé un rideau de pin, on voyait des vignes. J'y ai trouvé un emploi d'ouvrier agricole. Franck ne m'a pas épargné, avec lui on ne prend guère de gants. Les mains deviennent comme des pelotes d'aiguilles. J'ai continué à boire. J'ai appris cependant à travailler sans relever la tête. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Oui, s'il y a un espoir au bout. Le mien était de regarder mes enfants en face. Et de reconquérir ma belle.
Eric Holder vit actuellement en Médoc. Il est passé maître dans l'art du roman bref, brillant et ciselé. On se souvient notamment de Mademoiselle Chambon,L'Homme de chevet, LaCorrespondante, et, dernier en date, La Baïne.
« Quand il vint prendre son service, l'infirmière lui montra leur chambre. Il y avait un lit et un matelas par terre. Pour ce soir, dit-elle, je resterai avec vous. Faites bien attention à ce que je vous apprendrai. D'abord, il faudra vous débrouiller seul. Elle ajouta : j'ai compté, vous êtes la trente et unième personne que je forme. D'habitude, ce sont des étudiantes. C'est une curieuse idée, d'avoir pris un homme. »
Muriel est tétraplégique. Toute minute qui passe est pour elle une torture. Une souffrance que rien ne peut endormir sauf peut-être l'amour. N'est-ce pas là justement le miracle ? Cet homme qui la touche, la transforme. En se liant à lui, elle fuit la tyrannie du mal. En épousant ses peines, il l'arrache à son sort. Laconique et percutant, ce roman nous renvoie à la difficulté d'exister. Solitude de l'un, blessure de l'autre. Même dans un monde désenchanté, l'être fait son chemin.
Quand Alice ramène Daniella, Taillandier remarque à peine l'adolescente égarée que sa femme a recueillie. Artiste connu qui depuis sept ans a cessé de peindre, Taillandier, ce jour-là, ne pense qu'à une chose : il aura bientôt soixante-deux ans, et il a choisi de disparaître.
Il achète un fusil et organise un dernier anniversaire. Daniella, de son côté, relance obstinément sa mère qui la rejette. Ils se croisent, le temps de quelques trajets au village, de plusieurs parties d'échecs. Puis, le moment est venu pour chacun de partir. L'une fait du stop en direction de la Normandie, l'autre a loué une voiture et roule vers une ferme isolée en Ardenne.
La gamine perdue et l'homme au bout du rouleau feront un bout de chemin ensemble. d'hôtel en hôtel, leur voyage les mènera en Bretagne, dans le refuge d'une maison de location. Insolents, innocents, ils vont relever le défi que cette rencontre leur propose. Entre eux s'installe un ordre secret et, avec lui, l'espoir d'un apaisement.
« La porte était restée ouverte. À présent, le muet tournait en rond au centre de la cabane. Il avait tout appris au jeune homme, [...] cette suite d'histoires qui toutes avaient en commun de foirer au moment de leur apothéose, pour mieux précipiter leur auteur dans une noirceur sans fond. »
Ari, jeune étudiant en histoire, doit séjourner à Chirac pour rédiger une plaquette sur la commune, qui n'est paisible qu'en apparence... Car la ville et ses habitants ont des secrets, il paraîtrait même qu'un trésor serait enterré quelque part. Et que vient faire ce commissaire marseillais par ici ? Dans ce pays de granit, où la nature comme les êtres restent sauvages, il rencontre des personnages bien énigmatiques et des paysages vivants comme des hommes et des femmes qui s'aiment. Avec humour et poésie, Éric Holder distille des moments de grâce dans cette intrigue teintée d'érotisme, où chaque vie a une face cachée...
« Tout en elle était imprégné d'une sorte de lassitude bienveillante, ce repli mêlé de douceur qu'on voit à celles qui ont vécu. » À l'occasion de l'enterrement de son ami Claude, Éric, écrivain, se souvient de leur amitié, et des confidences que ce dernier lui a livrées sur sa vie. Jeune médecin bordelais brisé par ses années de guerre en Algérie, Claude a fait la rencontre d'une mystérieuse famille hongroise qui a bouleversé sa destinée, Viktor et ses deux filles, Véra et Ibolya. Pour Véra, qu'il a aimée passionnément, il a quitté femme et enfant. Dans une langue musicale, Éric Holder tisse un récit aux fascinants pouvoirs qui explore les fêlures d'êtres profondément attachants.
Le narrateur, qui pourrait être le romancier lui-même, reçoit en avril 1996 une première lettre de Geneviève Bassano, postée depuis Châteauroux. La calligraphie en est fine et régulière, "posée comme des notes de musique sur une partition".
La correspondante habite une grande maison, elle a deux enfants, un mari qui voyage pour ses affaires. Le ton de sa lettre traduit à la fois la déférence et l'ironie. L'écrivain est intrigué, alors qu'il reçoit souvent des lettres d'admiratrices, d'étudiantes. Il lui répond aussitôt. Il se surprend ensuite à attendre le facteur, en ayant l'impression que Geneviève débarque chez lui, qui a aussi une femme et deux enfants.
Elle l'invite à signer ses livres à la bibliothèque où elle a ses entrées. Il accepte et part, la musette remplie de ses papiers, d'un stylo, d'un canif, d'un bout de corde.
Ainsi commence, comme souvent dans les romans d'Eric Holder, une relation intense. Les êtres se brûlent, échangent leurs excès. Tout y frôle le goût de l'absolu et de la perte.
Raphaël Palomb est un modeste employé de bureau. Chaque jour qui passe le voit se rendre à son travail. Il semble qu'il n'ait pas d'autre activité, si l'on excepte un peu de lecture et de jardinage en compagnie de son père. « Il semble », car, chaque nuit, en réalité, le transforme en ambassadeur, en explorateur, en voyou. C'est que Raphaël est doué d'une faculté extraordinaire : il a appris à se diriger dans ses songes.
Un beau soir, arrive ce qui devait arriver : il rencontre la femme de sa vie. Pardon : la femme de ses rêves. Elle est folâtre. Il est têtu. Raphaël, pour les affronter, ne devra compter que sur sa seule tendresse opiniâtre.
Le narrateur c'est Maurice, quarante-deux ans, accordéoniste, un peu errant et revenu de pas mal de choses. A la terrasse d'un café, il rencontre Dino, trente ans à peine, guitariste connu et singulier. Entre eux et grâce à l'évidence de la musique, se noue une étrange relation fondée sur le souvenir de Reine, une jeune fille qu'ils ont aimée tous les deux, Dino veut la retrouver, Maurice sait que c'est impossible... Celui qui sait prend barre sur l'autre tout en faisant comme s'il ne savait pas... Quête d'un passé enfui, poursuite désemparée d'un amour à jamais éteint ou vengeance douce amère... ? On n'en aura pas le coeur net, seule persiste, lancinante, cette brusquerie tendre d'une histoire étrange rythmée par la musique.