François Laroque invite le lecteur à goûter sans modération les divers bonheurs que les textes du dramaturge le plus joué dans le monde peuvent apporter au théâtre, au cinéma ou à l'opéra.
Grâce à son génie de la poésie et du théâtre, Shakespeare, simple fils de gantier, se sera bâti un monument pour l'éternité. Alors, où trouver les raisons d'un succès qui, loin de se démentir, s'est désormais élargi aux dimensions du monde ? Dans sa passion, sans l'ombre d'un doute. Passion de la poésie et théâtre de la passion. Avec Shakespeare nous gravissons jusqu'au vertige le grand escalier de l'histoire. Avec Shakespeare, le sublime n'est jamais loin dans ces moments pleins de bruit et de fureur où se succèdent et s'entremêlent l'horreur, le pathétique et le rire. Richard III, Hamlet, Macbeth, Falstaff, Cléopâtre n'ont pas fini de nous fasciner, ni la musique de sa langue de nous enchanter...
Si d'aucuns semblent persuadés que Shakespeare n'était pas Shakespeare mais Sir Francis Bacon, le comte d'Oxford, ou la reine Élisabeth Ière, libre à eux de continuer à chercher les clés du mystère. Mais nous ne nous détournerons pas ici de l'essentiel. Loin de ces débats d'arrière-garde, l'amoureux comme l'enseignant passionné que je suis de son théâtre et de ses poèmes s'est principalement efforcé au gré de ce vagabondage festif de faire partager son plaisir grâce à la saveur unique que peut procurer une oeuvre qui, quatre siècles plus tard, n'a décidément pas pris la moindre ride.
Cet ouvrage est le fruit de travaux interdisciplinaires où les auteurs apportent un éclairage original sur ces questions complémentaires que sont à la Renaissance l'Histoire et le Secret, la Mémoire et la Dissimulation, également abordées à partir de leur face visible ou cachée, l'ostentation, le silence ou l'oubli. L'entrelacs de ces diverses notions permet d'interroger l'histoire politique et idéologique, l'organisation de l'activité économique, le domaine de l'esthétique mais aussi l'imaginaire et la production littéraire et dramatique des années 1580-1640. De Shakespeare à Hobbes, de l'art des emblèmes aux Masques de Cour, en passant par l'analyse des stratégies de pouvoir ou encore par le questionnement de la démarche critique connue sous le nom de "New Historicism", école de pensée venue d'une Californie à l'écoute des sciences sociales françaises, ces études souhaitent contribuer au décloisonnement des disciplines et interroger un champ de savoir principalement axé sur l'Angleterre et ses relations avec l'Europe, au cours de la période allant de la Renaissance aux débuts de l'ère baroque.
Cet ouvrage couvre plus de quatre siècles d'histoire de la littérature anglaise, depuis les prédécesseurs de Shakespeare, jusqu'à Salman Rushdie. Il prend en compte le cadre - historique et idéologique - par rapport auquel il s'efforce de situer les auteurs et les genres, au sein de trois grandes divisions chronologiques : la Renaissance et la première moitié du XVIIe siècle (François Laroque), la Restauration, le XVIIIe siècle et le Romantisme (Alain Morvan), l'ère victorienne et le XXe siècle (Frédéric Regard).
Les auteurs ont voulu rester attentifs aux impératifs pédagogiques, et proposer des synthèses claires, qui respectent les périodicités reconnues, les grands courants et les noms les plus célèbres, sans pour autant oublier les nombreux écrivains à découvrir ou à redécouvrir.
À travers l'utilisation de données de civilisation, de renseignements biographiques et bibliographiques, de citations décisives et d'analyses visant à dégager les enjeux des grands systèmes d'écriture, ils ont cherché à éclairer le grand public, et à fournir à l'étudiant les repères fondamentaux, qui lui permettront d'aborder examens et concours avec rigueur et efficacité.
DU VIVANT DE SHAKESPEARE, et longtemps après son décès, de nombreux témoignages évoquent l'acteur, l'entrepreneur de théâtre, l'écrivain, parfois avec envie, le plus souvent avec amitié et admiration. Aucun n'émet le moindre doute quant à la paternité de ses oeuvres. C'est seulement deux siècles et demi plus tard que commence l'ère du soupçon.
Par un étrange renversement de perspective, « gentle Shakespeare » est devenu aujourd'hui « le médiocre homme de Stratford », vil spéculateur, illettré, usurpateur d'une oeuvre qu'il aurait été bien incapable d'écrire. Et de nouvelles voix dissidentes se font entendre pour proclamer, à la suite de Delia Bacon, Edward Looney ou Abel Lefranc, que le dramaturge connu sous le nom de Shakespeare serait en réalité John Florio, fils d'un immigré, auteur de manuels de langue italienne, d'un dictionnaire anglo-italien, mais aussi et surtout traducteur des Essais de Montaigne.
Le présent ouvrage apporte la réponse de spécialistes français, anglais et américains face à un point de vue qui leur semble gravement méconnaître les réalités historiques caractérisant l'écriture et la condition théâtrales à l'époque élisabéthaine.
Dominique Goy-Blanquet est professeur d'université. Son dernier livre est intitulé Côté cour, côté justice : Shakespeare et l'invention du droit (Classiques Garnier, 2016).
François Laroque est professeur d'université. Il vient de publier un Dictionnaire amoureux de Shakespeare (Plon, 2016).
Auteurs: Roger Chartier, James Shapiro, François Laroque, Daniel Bougnoux, Christophe Camard, Jonathan Frances, Lois Potter, Jacques Darras, Gisèle Venet, Dominique Goy-Blanquet, Henri Suhamy, Paul Edmonson et Stanley Wells, Richard Wilson.