"Nous pourrions aller à l'ambassade", suggéra Malko au marchand d'armes, alors qu'ils débouchaient dans la rue. Mark Littlefield n'eut pas le temps de répondre: Un Noir athlétique venait de les dépasser. Malko le vit se retourner et arracher de sa ceinture un gros pistolet automatique. Le bras tendu, sans hésitation, il ouvrit le feu sur les deux hommes...
Tirant un gros pistolet de sa ceinture, le policier noir tendit le bras, visant soigneusement. Malko se souvint de ce qu'avait dit Jim Dexter. C'était un tireur d'élite. Le rétroviseur lui renvoya l'image du pistolet braqué sur lui. Une détonation claqua et il se dit qu'il allait mourir.
L'hôtesse fonça vers l'avant, laissant Malko devant la porte des toilettes. L'odeur de brûlé était toujours aussi forte. Soudain, une évidence s'imposa à lui. L'inconnu, enfermé dans le stoilettes, se préparait à commettre un attentat. Il ignorait comment, mais sa conviction était absolue : cet attentat était dirigé contre lui. Malko regarda la porte, se disant qu'il n'était qu'à quelques secondes de l'éternité. Il n'y a jamais de survivants quand un avion explose en plein vol.
L'inconnue avançait d'une démarche un peu raide, les traits figés. Malko remarqua l'épaisseur inhabituelle de sa taille et eut une telle poussée d'adrénaline qu'il crut que ses artères allaient exploser. Il avait devant lui une kamikaze. La main droite de la femme était enfouie dans son vêtement, comme si elle se tenait le ventre. Elle était maintenant très proche et il savait qu'au moement où elle actionnerait sa charge, tout être vivant serait déchiqueté dans un rayon de plusieurs mètres. Le cerveau paralysé, il n'arrivait pas à quitter des yeux la Mort qui venait droit sur lui.
Trois hommes, puis un quatrième surgirent de l'Al Bustan. L'un plongea vers le parking pour prendre Malko à revers. Les quatre autres foncèrent, tirant de toutes leurs armes, le forçant à rentrer à l'intérieur de l'hôtel. Il recula, les cinq tueurs sur ses talons. Il n'avait pas assez d'avance pour les semer. Cette fois, c'était l'hallali. Une rafale de projectiles pulvérisa la porte qu'il venait de franchir.
"Je ne suis pas Israélien", protesta Malko. Trop furieux pour avoir totalement peur. Cela ressemblait à une mauvaise pièce de théâtre. Agenouillé au bord de la tombe creusée pour lui, il entendit la voix glacée de haine de Rachida. "Tant pis pour vous, il vaut mieux prier avant de mourir." Il sentit le canon du Desert Eagle appuyer sur sa nuque et entendi le "clic" sec du chien extérieur armé par la jeune Palestinienne. Cette fois, ce n'était plus du théâtre, il était à une fraction de seconde de l'éternité.
Le prêtre se retourna d'un bloc. Malko vit un visage brutal, des yeux très enfonçés à l'expression glaciale, un nez épaté. Il leva à nouveau son bréviaire et Malko aperçut une ouverture ronde dans la tranche du livre dissimulant le canon d'une arme cachée à l'intérieur du bréviaire. Il vit l'index du prêtre enfoncé à l'intérieur du bréviaire se crisper. Il allait lui tirer une balle dans la tête. A cette distance, même une balle petit calibre faisait des dégâts irréparables dans un cerveau humain... Tétanisé, il se dit qu'il allait mourir.
Malko sentit ses vertèbres cervicales craquer sous la pression du Coréen en train de peser sur sa nuque. Il eut beau se raidir, millimètre par millimètre, le tueur accentuait sa pesée, cherchant à lui détacher la tête du corps. Il allait mourir dans ce sous-sol désert et malodorant.
Malko se pencha, ouvrit la portière et poussa le corps du chauffeur dehors. Ce dernier bascula sur le trottoir. Au moment où Malko se glissait au volant, un des occupants du pick-up adverse surgit, le syeux injectés de sang, un pistolet automatique glock au poing. Secouant ses dreadlocks, il braqua son arme sur Malko, à cinquante centimètres et jeta : "I kill the fuckin'mon !" Grimaçant de haine, il appuya sur la détente du glock.
L'homme s'arrêta près du banc où se trouvait Malko. Il désigna quelque chose à sa compagne avec sa canne. Soudain, il pivota et la braqua sur Malko. Le soleil couchant accrocha le reflet de métal d'une pointe d'acier. Qui allait le transpercer.
La lanceuse de couteaux tournait le dos à son compère et se trouvait face à Malko. Il se demanda si elle allait jeter ses poignards par-dessus son épaule. Soudain le songles de Guluth s'enfoncèrent dans son bras. La lanceuse masquée venait de prendre dans sa ceinture un de ses poignards. Elle le saisit par la pointe et, d'un élan de tout son corps, comme un lanceur de javelot, le lança en direction de Malko.
Une lueur aveuglante se refléta dans le rétroviseur de Malko. La Land-Rover avait mis pleins phares et se rapprochait. Un soldat était debout à l'arrière, derrière le long canon d'une mitrailleuse lourde, les yeux protégés par des lunettes de motocycliste, le bas du visage recouvert d'un foulard. La princesse Chewayé poussa un hurlement : "Ce sont eux ! Les tueurs du sergent Tacho !".
Dans un fracas infernal, un camion-citerne surgit d'une rue transversale, pulvérisant tout sur son passage. En quelques secondes, Malko aperçut le visage du chauffeur, puis l'énorme mufle d'acier qui fonçait sur lui. Il allait être réduit en bouillie.
Swetlana se pencha sur lui, sa bouche effleura la sienne. "Maintenant, ne bouge plus, salaud !" dit-elle d'une voix douce. Il sursauta sous la brûlure d'une lame posée sur sa gorge. Elle lui avait appliqué un rasoir sur le larynx, tenu d'une main ferme. Au même moment, il sentit les longs doigts de sa soeur s'emparer de sa virilité et le même horrible contact métallique à la base de sa verge. Vladimir Sevchenko avait "retourné" les jumelles ! C'était hélas trop tard pour se lamenter. Au moindre mouvement, il était égorgé et châtré... Il n'eut pas le temps de se poser de question. Svetlana murmurait à son oreille : " Sois très gentil. Tu ne sais pas à quel point j'ai envie de voir ton sang jaillir. Comme un porc."
Margrit tourna la tête. D'un bond, Malko était déjà sur le lit. Il vit le bras se lever, une courte flamme et la détonation claqua dans ses oreilles. Il avait sous-estimé les réflexes de Margrit van Deyssel. Sa première balle le rata, mais déjà, elle appuyait de nouveau sur la détente. Il allait recevoir le second projectile en plein visage.
Le Noir se rapprochait à grandes enjambées, balançant la machette avec laquelle il avait décapité Elvira. "Viens ici, gringo !" hurla-t-il, un mauvais sourire aux lèvres. Malko se retourna, bien décidé à se faire tuer sur place. Cela valait mieux que de subir le même sort que Yaacob Netamayu.
Malko sentit que le conducteur du fourgon braquait à gauche pour le pousser vers le ravin bordant l'autoroute. Il eut beau tourner son volant vers la droite de toutes ses forces, le fourgon était plus lourd que sa petite Kia. Le ravin se rapprochait inexorablement. Sa roue avant gauche rencontra le vide et la Kia bascula dans le ravin. Elle se renversa et dévala la pente raide, roulant comme un tonneau. La tête de Malko heurta le pavillon et il perdit connaissance. Sa dernière pensée fut, sentant une odeur d'essence, qu'il allait brûler vif.
" Ne bouge pas !" fit soudain Nelia. Malko suivit son regard. A ses pieds, surle plancher de la voiture, deux minces rubans noirs longs d'une soixantaine de centimètres commençaient doucement à s'animer. " Ce sont des cobras, souffla Nelia d'une voix blanche. Ne fais pas de bruit, ne bouge surtout pas. Sinon, ils vont attaquer...
Le "bûcheron" se planta en face de Malko et, avec une lenteur théâtrale, sortit de sa botte un long poignard, une sorte de couteau de boucher dont il fit tourner la lame devant le visage de Malko. - Je vais te couper les couilles moi-même, sale Tcheknik ! lança-t-il d'une voix avinée... pendant que l'assistance hurlait son approbation.
Tonton Beretta appuya sur la détente de son M16 visant le soldat. Il n'y eut qu'un petit bruit sec. Le chargeur était vide ! Instinctivement, Malko banda les muscles de son dos comme si cela avait été une protection suffisante pour arrêter une rafale de fusil d'assaut tirée à cinquante mètres...
Malko se demanda combien de temps You-Yi allait résister à la torture. Sa vie dépendait de la réponse. S'i ne prenait pas le train pour Mandalay ce soir, il ne quitterait jamais a Birmanie.
Malko jeta un coup d'oeil derrière lui : deux hommes étaient sortis de la Cherokee, des Uzis à la main, et avançaient vers lui. Il sauta à terre juste au moment où la mitrailleuse du "pick-up" pivotait dans sa direction. Il était pris entre deux feux. Ses yeux tombèrent sur un panneau gisant sur le sol, annonçant "Avenue des palmiers". Il allait mourir tout près du but. La culasse de la mitrailleuse claqua et il sortit son browning en un geste futile de défense. Pour, au moins, mourir les armes à la main.
Malko venait de s'installer à une table lorsque la femme en tchador se leva. Il croisa dans la glace un regard noir et farouche, la vit se diriger vers la porte puis, soudain, plonger la main dans son sac. Elle en ressortit un poignard à la lame effilée de quarante centimètres ! Elle se rua en avant pour le lui planter dans le dos.
Malko se laissa tomber à terre. La route lui semba tout à coup horriblement loin. Jamais il n'aurait pensé tomber dans un tel guet-apens... Il vit soudain des branches bouger non loin de lui et distingua dans la végétation, le rond noir d'un pistolet braqué sur lui.