Henri de Régnier (1864-1936) serait un écrivain presque oublié aujourd'hui si Bernard Quiriny ne lui avait, en 2013, consacré un essai qui donne envie de retourner vers son oeuvre. En particulier vers ce singulier recueil de trois nouvelles dont deux se déroulent à Venise. Elles sont pleines d'une rêverie dont l'objet est presque indéterminé. Elles mettent en scène des collectionneurs, des antiquaires, des érudits dans le décor de maisons anciennes chargées d'un passé mystérieux.
« Je n'aime pas la bonté des autres : elle est une borne à mon égoïsme. » Henri de Régnier
« Je crois en fait que les extrêmes se touchent, et que les êtres les plus tristes, souvent, sont aussi les plus drôles. Poussez la tristesse à fond, elle se tourne en humour ; grattez l'humour, la tristesse est en-dessous. Régnier est ainsi : triste et drôle à la fois, avec un humour à froid, très british, ainsi qu'un vieux fond de truculence rabelaisienne, qui confine ici ou là au comique troupier. » Bernard Quiriny
Écrivain influencé par le Parnasse et le Symbolisme, journaliste littéraire et académicien cultivé et raffiné, voire quelque peu maniéré, Henri de Régnier (1864-1936) offre ici sa prose à une petite ville de Bourgogne du sud, Paray-le-Monial. Dans un récit quelque peu nostalgique et mélancolique parsemé des souvenirs de sa famille, il raconte l'histoire et la géographie de ce lieu inspiré fondé avant l'an mille par les moines de l'Ordre de Cluny puis devenu au fil des siècles "cité du Sacré-Coeur" et haut lieu de pélerinage catholique. Avec son sens du passé alliant culture classique et rêve romantique, il traverse les siècles, racontant la fondation du monastère au sommet du "Val d'Or", l'expansion du "Paredum monial" sur les bords de la Bourbince, la construction de ce chef-d'oeuvre d'architecture romane qu'est la basilique, la canonisation de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, inspiratrice du culte du Sacré-Coeur de Jésus, la généalogie de la noblesse régionale, les guerres de religion, les destructions de la Révolution et autres faits historiques marquants de la petite cité du pays charolais. - "C'est là que je reviens souvent en pensée, au soir de ma vie, vers les chers disparus dont la mémoire se mêle aux souvenirs de mes lointaines années. De là je domine la tranquille petite ville de France à laquelle m'attachent tant de liens de famille, la petite ville que je vois groupée sur les rives de sa Bourbince, avec ses rues, ses places, ses maisons, ses jardins, autour de sa vénérable basilique Clunysienne, le Paray-le-Monial de ma jeunesse, le Paray-le-Monial des "Jours Heureux" et des "Vacances d'un jeune homme sage", à qui j'offre ici ces images de son passé." - Henri de Régnier.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Henry de Régnier annonce dans les premières lignes de son ouvrage, l'intention qui le guidait :
"De ce petit livre le titre est encore ce qui m'y plaît le plus comme pouvant en devenir l'excuse au besoin. Sinon, que chaque lecteur bienveillant approprie à ses songes ce dont ils s'accommoderont et j'aurai eu, par surcroît, le plaisir de m'être conté quelques-uns des miens ; aussi, aurais-je voulu pour frontispice à ces pages tels emblèmes significatifs. Un peintre de mes amis les eût dessinés ; il y aurait figuré par exemple un miroir ou une conque ou une gourde curieusement ornementée. Il l'aurait représentée en étain, car j'aime ce métal qui a un aspect de très vieil argent humble, éraillé et intime, un argent un peu mat comme si l'approche d'un souille le ternissait ou si son éclat se tempérait de la moiteur d'avoir été longtemps tenu par une main tiède.
"L'allégorie sans doute eût été plus claire par une conque. La mer en dépose de charmantes sur le sable des plages, parmi les algues doucereuses, un peu d'eau et des coquilles. Une nacre çà et là à vif sous leur écorce en irise les luxueuses plaies et leur forme est d'une malice si mystérieuse qu'on s'attend y entendre chanter à son oreille les Sirènes. L'écho indéfini de la mer y murmure seul et ce n'est en lui que le flux de notre sang qui y imite le cri intérieur de nos destinées.
"Mais un miroir vaudrait mieux certes..."
Ainsi, avec des précieux et des images alambiquées, il dresse les portraits incertains d'une mémoire infidèle entre amours perdus, regrets survenus et mélancolie.
L'Entrevue expose en parallèle l'entrée d'Henri de Régnier dans un monde étranger, à savoir Venise et le palais Altinengo, où il va habiter et son entrée dans une dimension étrangère, celle du fantastique. Vont se croiser dans ce palais délabré les regards du narrateur et du propriétaire qui l'a précédé un siècle auparavant.
BnF collection ebooks - "Quand on te remettra cette lettre, je serai déjà loin ; j'aurai marché toute la nuit sous les étoiles ; j'aurai marché toute la nuit vers mon Destin. J'avais cru pourtant que je ne quitterais jamais nos beaux jardins, ô Hermas. Nous nous y promenions ensemble ; c'est là où j'ai rencontré Hertulie ; c'est là où tu lui apprendras mon départ."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Un sourire distendait des lèvres minces et serrées, tirait des joues ridées, relevait in menton de galoche, bridait des yeux malins, élargissait les narines d'un nez narquois, répandait un air de finesse sur toute la figure abritée d'une longue perruque à boucles, au haut d'un corps maigre qui, des deux mains, s'appuyait à une canne et dont les pieds reposaient sur un socle de pierre. Penché en avant, accablé d'ans et de gloire, le Voltaire de bronze semblait, ironiquement, recevoir l'hommage de la postérité comme il avait accepté l'encens idolâtre de son siècle.
A JOSÉ-MARIA DE HEREDIA. J'ai conduit le cheval à travers les marais,
Dit-il ; l'automne avec les feuilles des forêts
Avait jonché la route et comblé les fontaines ;
Les durs sabots craquaient sur la coque des faînes,
Et je tenais la bride en marchant près de lui,
Et je ne voyais plus les arbres dans la nuit,
Et la route était longue à travers le bois noir.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
- André ! Mme de Vrancourt...Tandis que Pierre de Claircy saluait, l'automobile les dépassait. Son frère André s'était penché en portant la main à son chapeau ; mais il n'acheva pas le geste commencé. L'auto des Vrancourt ne montrait déjà plus que son panneau d'arrière et sa lanterne basse filant à ras de terre, devant la victoria distancée, qui continuait à rouler doucement dans l'avenue des Champs-Élysées, au trot de son vieux cheval.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
C'est après-demain le 1er janvier, et j'ai eu hier trente-trois ans.J'aurais laissé passer inaperçu ce double événement sans la visite que m'a faite, ce matin, mon ami Pompeo Neroli, natif de Sienne et relieur de son état. Oui, sans la venue inopinée de Pompeo Neroli, j'oubliais que l'année nouvelle est sur le point de commencer et que, pour la trente-quatrième, fois, je vais assister à son cours, à moins que le ciel ne m'interrompe en cette occupation, ce qui, en somme, me serait assez indifférent, bien que j'aime la vie, à ma façon.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
M. de Séguirann'a qu'un souci, dans son château près d'Aix en Provence : avoir une descendance. Les madames de Séguiran sont vertueuses ; la première incapable de fournir l'héritier tant souhaité laisse un veuf éploré. Mais le plus cruel est son frère qui soupçonne M. de Séguiran d'être incapable de procréer !
Avec humour et beaucoup d'allusions fines, Henri de Régnier plante des personnages hauts en couleurs dans des situations rocambolesques. Avec son style précieux et précis, il amuse et émeut jusqu'à la dernière scène !
Écrivain fin de siècle, admiré de Proust, poète, romancier, essayiste, vénitien de coeur, Henri de Régnier nous livre ici deux nouvelles sur la cité des Doges : L'entrevue et Le Café Quadri, fondées l'une et l'autre sur une ville organique où l'architecture scelle le destin de ses habitants.
BnF collection ebooks - "Sire Guillaume, allant en marchandise, Laissa sa femme enceinte de six mois, Simple, jeunette et d'assez bonne guise, Nommée Alix, du pays champenois. Compère André l'allait voir quelquefois : A quel dessein, besoin n'est de le dire, Et Dieu le sait. C'était un maître sire : Il ne tendait guère en vain ses filets ; Ce n'était pas autrement sa coutume."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Extrait : "Une détonation brève et sourde, et qui semble si proche qu'on dirait l'explosion d'un pneu dans la rue de Rivoli. Les vieux messieurs qui lisent le journal sur les bancs des Tuileries relèvent à peine la tête ; les enfants continuent leurs jeux. Une seconde, une troisième, puis deux autres encore. Cette fois, un petit garçon laisse tomber sa balle, et montrant du doigt la cime des marronniers, crie : « Un aéroplane ! »"
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
o Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
o Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
BnF collection ebooks - "Une détonation brève et sourde, et qui semble si proche qu'on dirait l'explosion d'un pneu dans la rue de Rivoli. Les vieux messieurs qui lisent le journal sur les bancs des Tuileries relèvent à peine la tête ; les enfants continuent leurs jeux. Une seconde, une troisième, puis deux autres encore. Cette fois, un petit garçon laisse tomber sa balle, et montrant du doigt la cime des marronniers, crie : « Un aéroplane ! »"BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Voici enfin publiée intégralement - les seules lettres de Régnier l'avaient été il y a vingt-cinq ans - l'importante correspondance d'André Gide avec celui qui fut d'abord pour lui un poète admiré (son aîné de cinq ans) et un ami très proche avec lequel il fit son premier vrai voyage (à travers la Bretagne, en 1892). Pendant plus de dix ans, leurs lettres font revivre toute cette fin-de-siècle littéraire riche et bouillonnante de productions originales. Pierre Louÿs et le milieu Heredia (Régnier et Louÿs furent les gendres du poète des Trophées), Paul Valéry, Froncis Jammes... sont parmi les acteurs de cette chronique. Mais Gide, en 1900, eut le bon goût de ne guère aimer le roman un peu trop « polisson » de Régnier, La Double Maîtresse : blessé, le susceptible auteur ne devait jamais lui pardonner cette critique, et se déroba toujours à une réconciliation, que Gide souhaitait pourtant. Leurs relations s'espacèrent, dans une progressive glaciation ; un dernier échange épistolaire en 1911 ne fut suivi, de la part de Régnier, que par des témoignages d'hostilité rancunière vis-à-vis de son ancien ami, devenu à ses yeux « un médiocre prosateur à la médiocrité prétentieuse »,- Gide demeurant, lui, fidèle à son admiration de jeunesse et faisant une belle place aux vers de Régnier dans son Anthologie de la poésie française de la Pléiade.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.