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Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu'occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu'une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années.
On s'active, on se prépare pour l'anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se prépare, des inconnus rôdent autour de la maison.
Laurent Mauvignier livre un roman magistral. Dans le thriller façon Mauvignier, le suspense n'est pas, ou si peu, affaire d'action. C'est une histoire de langage. Si l'un des compliments que l'on adresse fréquemment aux bons polars a trait à la concision de leur style, à l'efficacité d'une langue ramassée tout entière occupée à décrire ce qui a lieu, Histoires de la nuit mérite une pluie d'éloges pour des raisons absolument inverses.
Plus la phrase s'allonge, plus l'angoisse augmente, et plus le lecteur est attentif à ses ondulations, ses changements de rythme, ses relatives et autres volutes digressives - et plus, à nouveau, le suspense s'accroît. Une seule phrase de l'écrivain peut charrier à la fois les pensées d'un personnage, ce qu'il dit (qui échoue toujours à transmettre l'essentiel), ses déplacements dans l'espace, la lumière, tant de sensations, sans oublier, parfois, une fausse piste pour égarer le lecteur. Certaines scènes, même pas particulièrement porteuses d'enjeux narratifs, sont ainsi étirées au maximum. Cette dilatation produit un effet étonnant, qui teinte d'étrangeté le réalisme du roman, lui donne les allures cauchemardesques d'un conte. Un conte qui pourrait être tiré de l'épais recueil Histoires de la nuit, dans lequel Marion pioche ce qu'elle lit à Ida au moment du coucher, même si ce n'est pas toujours de l'âge de l'enfant, qui en sort tremblante. (Raphaëlle Leyris, Le Monde) -
Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout raté jusqu'à aujourd'hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel, de sombrer sans rien tenter.
Elle a ce projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de sauver ce fils qu'elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver, peut-être, le fil de sa propre histoire.
« Avec Continuer, Laurent Mauvignier nous propulse dans les montagnes kirghizes, et s'arrête, s'installe. L'immobilité pour mieux dire le mouvement des choses, la vitesse pour en saisir la paralysie. Tel a toujours été le secret de son écriture, qui dessine ici le parcours accidenté du voyage initiatique d'une Bordelaise avec son fils adolescent, au fin fond de l'Asie centrale. Sibylle a vendu sa maison en France pour payer cette cavale de secours à Samuel, garçon en perdition, déscolarisé, déphasé, désaxé, dont la peur de l'avenir s'est transmuée en peur du présent.
Hymne incomparable à l'amour d'une mère pour son fils, Continuer est aussi un grand livre d'aventures, sauvage et abrupt. Au plus près de la nature, Mauvignier signe un somptueux western où les chevaux sont rois. Doubles des héros, à la fois témoins, soutiens et médiums, ils soufflent et crapahutent, sondent et protègent. Ils habitent les plus belles pages du livre, avec un passage d'anthologie où l'action est décrite par son reflet dans l'oeil d'un cheval. Effet miroir vertigineux, où Mauvignier parvient à dire l'unité de l'homme, de l'animal et du cosmos, malgré la pluralité des phénomènes et des cataclysmes, dont toute son oeuvre littéraire recolle les morceaux. » (Marine Landrot, Télérama)
Continuer est paru en 2016. -
Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies.
Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Des hommes a reçu le prix des Libraires et le prix Initiales en 2010.
« Des hommes, magnifique et bouleversant lamento collectif, n'est pas un roman sur la guerre d'Algérie, c'est un livre où parlent tous ceux qui ne trouveront jamais la paix. C'est un livre sur la guerre qui continue après la guerre. Aussi violente, sanglante, et injuste, elle est désormais intérieure, comme une hémorragie interne dont on ne guérit pas. Même si Laurent Mauvignier raconte, avec une force et une précision incroyables, les derniers combats entre l'armée française et le FLN, le traumatisme qu'il décrit est le même que celui dont ont souffert, à en devenir fous, à en mourir, les rescapés du Chemin des Dames ou les vétérans du Vietnam.
C'est le septième livre de Laurent Mauvignier. Le plus accompli, le plus torrentiel, le plus étourdissant, celui qui les rassemble tous. [...] Sa prose, étonnante, organique et polyphonique, mêle les récits de tous les anonymes pour n'en faire qu'un. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur) -
« Tellement proches. On est si proches - tellement rapprochés qu'on peut plus respirer - j'étouffe - on étouffe à force d'être si proches. »
Proches sera créée le 12 septembre 2023 à La Colline à Paris dans une mise en scène de l'auteur. Du 12 septembre au 8 octobre 2023 à La Colline puis en tournée au printemps 2024 et à l'automne 2024 (Aix-en-Provence, Cherbourg, Toulouse, Colmar, Grenoble...). -
Il avait dit : ici, je n'en peux plus. Avec toi je ne peux plus. Alors après son accident, les semaines dans la chambre blanche, son retour à la maison pour la convalescence, ça a été comme une nouvelle chance pour elle, pour eux. Elle a repris confiance et elle s'est dit, je serai celle qui donnera tout, des fleurs, mon temps, tout. Pour que tout puisse recommencer.
Apprendre à finir a reçu le prix Wepler 2000, le prix du Livre Inter 2001 et le prix du second roman des libraires 2001.
« Il y a, comme ça, des pages à couper le souffle. Et des phrases d'autant plus envoûtantes qu'elles ont beau être longues, elles portent en elles le rythme de la coupure, brèches de la virgule mais aussi reprises de souffle par celui qui s'emporte. Coupures et emportements d'un monologue schizophrène - et c'est là une réussite : restituer toute la schizophrénie qu'implique la douleur, qu'implique toute rupture, quand on veut encore ce que l'autre ne peut plus - en vrais symptômes d'un deuil rétrospectif. Amour et haine, espoirs et doutes, culpabilité. » (Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles)
« Laurent Mauvignier fait admirablement parler les silences, sentir les hésitations, les doutes, la peur de la solitude, l'obsession du malheur. On la voit, cette femme dans son manteau râpé d'un marron défraîchi, le cheveu mou, le visage ravagé d'angoisse, cherchant à deviner sur les traits apaisés d'un époux qui va de mieux en mieux le reflet d'un bonheur dont elle sera bientôt exclue. » (Michèle Gazier, Télérama)
« Rarement un écrivain aura donné une voix aussi forte à ce déchirement et à cette douleur qu'aucune raison n'allège ni console. Une voix directe et nue, elle-même déchirée, qui ne cherche pas à prendre le relais de la réflexion, qui n'explique rien, qui se contente de pâtir. » (Patrick Kéchichian, Le Monde) -
Rencontrer une fille tatouée au Japon, sauver la vie d'un homme sur un paquebot en mer du Nord, nager avec les dauphins aux Bahamas, faire l'amour à Moscou, travailler à Dubaï, chasser les lions en Tanzanie, s'offrir une escapade amoureuse à Rome, croiser des pirates dans le Golfe d'Aden, tenter sa chance au casino en Slovénie, se perdre dans la jungle de Thaïlande, faire du stop jusqu'en Floride. Le seul lien entre les personnages est l'événement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton médiatique donnant à tous le sentiment et l'illusion de partager le même monde.
Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d'abord rivé à lui-même et à ses propres histoires, dans l'anonymat.
« Laurent Mauvignier ne se contente pas de raconter ce qui se passe le jour de Fukushima, il remonte dans le temps, rien ne le presse, il s'installe dans l'histoire, fournit mille détails, confronte les points de vue, décrit les lieux et les personnages, embarque le lecteur dans un roman qui s'arrêtera 15 ou 30 pages plus loin pour se glisser subtilement dans un autre, situé à 10 000 kilomètres de là. » (Bernard Pivot, Le Journal du dimanche)
« Son roman dit la folle contradiction de la globalisation, cette circulation éclair des informations et des hommes dans un univers qui multiplie les solitudes. Il pointe le paradoxe de l'accessibilité qui éloigne, de la communication qui isole, du fourmillement qui finit par faire embouteillage. Et surtout, il montre combien chacun a perdu son centre de gravité, dans un monde où l'on bouge sans cesse, où les voyages font de chaque lieu un chez-soi possible. Le véritable exploit est d'avoir fait un livre aussi solide sur le chancellement. Le secret de sa rotation altière et puissante ? Le point fixe de Laurent Mauvignier reste la littérature. Jamais fabriquée, à la fois instinctive et très maîtrisée, la langue est sa terre d'attache. Et sa nécessité d'écrire, tellement palpable, tellement absolue, fait de chacun de ses romans un kit de survie infaillible. » (Marine Landrot, Télérama)
Ce roman est paru en 2014. -
Jeff et Tonino venus de France, Geoff et ses frères de Grande-Bretagne, Tana et Francesco qui viennent de se marier en Italie, mais aussi Gabriel et Virginie de Bruxelles, tous seront au rendez-vous du « match du siècle » : la finale de la coupe d'Europe des champions qui va se jouer au stade du Heysel, ce 29 mai 1985.
Dans la foule a reçu le prix du roman Fnac en 2006.
« Le livre commence juste avant le drame et se termine longtemps après. Les pages qui évoquent celui-ci, loin de tout naturalisme ou moralisme - là aussi, les bons comme les méchants ont la parole -, sont parmi les plus saisissantes qu'il nous ait été donné de lire depuis longtemps. On reste profondément impressionné par la puissance, la rigueur et la subtilité narrative du livre. Mais cela ne serait rien - ou si peu - sans sa visée réelle : une sorte de parti pris, d'engagement, au sens le plus noble de ces mots. » (Patrick Kéchichian, Le Monde)
« Dans la foule est un choeur de confessions époumonées, une polyphonie de douleurs singulières que le 29 mai 1985 a réunies, que Mauvignier nous restitue dans une fresque qui décrit à la fois la fin d'un monde et le tonitruant silence qui s'ensuit. Le plus surprenant, le plus émouvant aussi : du pur spectacle de la bestialité, Mauvignier a su tirer un livre d'une grande humanité. Ne cherchez pas à comprendre. Lisez. C'est inoubliable, comme le Heysel. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur) -
Lorsque Luc est parti, ses parents, Jean et Marthe, ont pensé que c'était mieux pour eux trois. Gilbert et Geneviève, son oncle et sa tante, eux aussi ils y ont cru. Mais pas Céline, sa cousine.
Elle, c'est la seule qui n'a pas été surprise, la seule à avoir craint que ce qui en Luc les menaçait tous finisse par s'abattre sur eux.
Premier roman de Laurent Mauvignier, Loin d'eux a reçu le prix Fénéon et le prix de la RTBF.
« Comment expliquer l'incompréhension ? Dans Loin d'eux, elle est due à l'écart des générations, des milieux et des vies. De tous ces mots que l'on n'aura jamais en commun. Ils sont la pelle qui creuse la fosse. La mère écrit à son fils à la recherche d'un port de rencontre qui n'existe plus. On ne pourra jamais se fâcher en vrai, à trop s'aimer comme nous on s'aime on va plus loin que les autres vers les points de rupture, parce que nous on sait les digues solides et qu'on s'aimera toujours. Aucun des adultes ne pressent le drame à venir. Ce jour de mai 1995 où la violence de la nouvelle viendra rompre un trop long silence. » (Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche)
« Barrière des générations. Difficultés concrètes de la vie. Mal-être des jeunes gens. Ces constats ne sont aptes à dire que leur impuissance. Personne, ni des parents ni des enfants, ne porte la responsabilité de ce silence qui s'est accumulé, de ce langage absent qui, peu à peu, s'est substitué à l'autre langage, celui dans lequel on peut se parler. Tous le subissent, ce silence, comme une fatalité, comme une protection aussi. Tous l'éprouvent, cette solitude à plusieurs que l'image de la famille amplifie, mais qu'elle ne compense jamais. Tous sont condamnés à ne rien partager de ce malaise, de cette douleur. » (Patrick Kéchichian, Le Monde) -
Quand il est entré dans le supermarché, il s'est dirigé vers les bières. Il a ouvert une canette et l'a bue. À quoi a-t-il pensé en étanchant sa soif, à qui, je ne le sais pas.
Ce dont je suis certain, en revanche, c'est qu'entre le moment de son arrivée et celui où les vigiles l'ont arrêté, personne n'aurait imaginé qu'il n'en sortirait pas.
Cette fiction est librement inspirée d'un fait divers, survenu à Lyon, en décembre 2009. -
Une femme reçoit ses parents à dîner, elle veut que tout soit parfait et se fait aider par une jeune fille, qui ne comprend pas le français. La femme peut lui avouer ses secrets, ses peurs, elle sait qu'on ne la contredira pas.
Elle évoque des souvenirs, ses amis, ses amants, des blessures insignifiantes et terribles qu'elle croyait avoir oubliées. Car elle parle avant tout dans l'espoir de saisir ce qui lui échappe : sa propre vie.
Une légère blessure est créé au Théâtre du Rond-Point le 3 novembre 2016. -
À la mort de son père, un homme revient dans la maison où il a passé son enfance, près du bois où sa fille a disparu dix ans plus tôt. L'enterrement, les affaires familiales à régler : sa femme et lui veulent faire vite et ne pas s'attarder.
Sauf que leurs souvenirs les attendent, que les morts ne le sont pas pour tout le monde et que, parfois, les disparus resurgissent.
Création de la pièce par le collectif Les Possédés, au Théâtre Garonne à Toulouse, du 23 au 27 octobre 2012, puis reprise notamment au Théâtre de la Colline, à Paris, du 21 novembre au 21 décembre 2012. -
Après la guerre, lorsqu'il revient dans la ville où il a passé son enfance, le jeune homme ne reconnaît personne, et personne ne le reconnaît. Mais il avance, il marche, et certains se demandent ce qu'il peut bien chercher. Est-ce qu'il vient pour venger ses parents, retrouver une maison, son passé, son enfance ? Et puis il y a cette voix qui nous dit : il avait promis qu'il reviendrait pour elle.
Quelque part, là, Katja a survécu, elle aussi espère, elle aussi marche dans les décombres. -
Elle croit qu'il est parti par goût de la liberté. Il pense qu'il revient parce qu'elle est malade.
Les voilà de nouveau ensemble, avec, devant eux, le temps de s'avouer ce qui les réunit et d'affronter ce qui les sépare. -
Parce que Claire, sa voisine, lui a raconté ce que c'est de revivre sa propre mort chaque nuit, d'entendre un souffle d'homme derrière soi et de sentir sur son corps son odeur à lui, des semaines après.
Et parce que s'approprier l'histoire des autres c'est au moins commencer à vivre un peu, alors Catherine attend, le jour, la nuit, cet homme-là. L'homme qui marche dans la ville et rôde vers la piscine, dans les rues, parfois jusqu'à chez elle. -
Pauline est revenue. En attendant de trouver un appartement, elle s'est installée chez Tony, comme lorsqu'ils étaient étudiants.
Tony raconte à son père que rien n'a changé : il fait toujours semblant de n'être pas amoureux d'elle, et elle ne s'aperçoit de rien.
Mais quand Tony part sans prévenir personne, c'est à Pauline que son père va demander de l'aide. Et cette fois, il faudra bien que tout soit dit.