En 1878, les Kanak de Nouvelle-Calédonie, écrasés par la machine coloniale française, se révoltent sous le commandement du chef Ataï. La France fait donner la troupe, et c'est ainsi que Michel Millet débarque à Nouméa comme simple artilleur.
Michel Millet consigne dans ses Carnets de campagne les marches et contremarches à pousser dans la forêt moite un canon qui s'enlise, parle des privations, du sommeil rare, des ennemis invisibles, des colons et des bagnards, de cette Grande Insurrection noyée dans le sang.
Mais les carnets de Michel Millet ne sont pas un simple document. Tout juste alphabétisé, il entre en littérature par effraction. Ignorant toutes les conventions, orthographiques, syntaxiques ou grammaticales, il se fabrique une écriture sans équivalent, qui parvient, à force de volonté, à une puissance saisissante. Ses phrases, en touches impressionnistes, souvent pleines d'humour, peignent cette armée française en campagne, évoquant comme par inadvertance le Casse-pipe de Céline. Et sous sa plume surgissent les atmosphères de la Grande Terre plongée dans le chaos : villages de cases brûlés, colons massacrés, têtes de Kanak tranchées et portées en trophées...
La Guerre d'Ataï, telle que la dénomment les Kanak, est encore aujourd'hui dans les mémoires ; la traduction d'un récit contemporain face au texte de Millet dévoile, entre la parole kanak et l'écriture au ras du sol du soldat français, l'abîme d'incompréhension qui sépare les deux mondes. Une déchirure que l'on cherche toujours à exprimer par de justes mots.
Version poche reprenant les meilleures histoires des deux recueils Fables mythologiques (Amours, ruses et jalousies et Des héros et des monstres) publiés en 2006. Ce volume contient 28 épisodes de la mythologie grecque, racontés avec beaucoup de clarté et de simplicité par Michel Piquemal.
Chaque histoire est assortie d'un « petit rebond », court commentaire questionneur, philosophique, ou poétique qui en éclaire la profondeur (à la manière des Philofables).
On retrouve avec plaisir des personnages ou destinées célèbres (Prométhée, Héraclès, Thésée, Narcisse ou encore Orphée) mais aussi des héros pris au piège de leur destin (oedipe, Achille...) et des créatures aussi redoutables que monstrueuses (la Chimère, l'Hydre de Lerne...). Toutes ont de grandes résonances morales et philosophiques.À partir de 8 ans
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Camille Laurens se souvient d'une rencontre avec l'artiste ORLAN. Son texte drôle et triste raconte l'abandon, le féminisme, la difficulté à communiquer.
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Ce n'est pas parce que l'on change de siècle qu'il faudrait changer l'école ; mais le nouveau millénaire est probablement l'occasion symbolique d'engager un renouveau dynamique et fort et de se donner les moyens d'atteindre les objectifs des dernières décennies. C'est évident, aujourd'hui comme hier, on ne changera pas l'école par décret ; le changement ne peut venir que des acteurs eux-mêmes. Faire confiance aux enseignants, les aider à construire une école de la réussite et du plaisir d'apprendre, une école résolument centrée sur l'intérêt de l'enfant et le développement des intelligences, telle peut être la démarche nouvelle. Innover devient dès lors la plus irremplaçable des fonctions du maître. Mais comment innover ? Quelles références prendre en compte ? Quelles voies emprunter ? Quels paramètres intégrer ? L'ambition de cet ouvrage est d'apporter un ensemble de références pour clarifier les objectifs, pour gérer la communication éducative dans la classe et l'organisation même de l'école. L'école du XXIe siècle reste à inventer ; les grandes directions sont fixées par la loi mais elle ne s'inventera qu'au contact des élèves... et les maîtres ne peuvent pas rester seuls sur ce chantier.
On ne se console pas de la disparition d'un écrivain, penseur et humaniste comme Pierre Vadeboncoeur, dont la brusque absence est une présence redoublée. Se joignent ici les voix de Pierre Ouellet, Marie-Andrée Lamontagne, Yvon Rivard et Roland Bourneuf, pour lui rendre hommage. Les écrits honorent également la mémoire d'un autre grand absent, Michel van Schendel, dont on peut lire un bref récit poétique, La nuit humaine. Les pages de ce numéro font aussi place à des textes inédits de grands écrivains de réputation internationale : Marcel Moreau, Richard Millet et Yves di Manno. Enfin, cette édition est traversée par les oeuvres de l'artiste canadien d'origine roumaine Peter Krausz.