Ce livre est le témoignage de la profonde amitié personnelle et intellectuelle qui a lié George Steiner et Nuccio Ordine. L'amour des classiques, la passion de l'enseignement, la défense du rôle du maître, la fonction essentielle de la littérature qui rend l'humanité plus humaine constituent les thèmes d'un intense dialogue, nourri de plus de quinze années de rencontres et de voyages dans diverses villes européennes. Ordine trace un portrait original de George Steiner, en le peignant sous les traits d'un « hôte importun ». Car Steiner a habité la littérature, le judaïsme et l'existence comme un hôte très particulier : ne respectant ni les conventions ni les tabous, il a dit ce que beaucoup auraient préféré ne pas s'entendre dire. Il a rappelé à Israël qu'un Juif ne saurait être un nationaliste et que sa condition lui impose d'avoir toujours sa valise à portée de main. Il a aussi invité à plus d'humilité ses propres collègues, en exposant la nature « parasitaire » de la critique littéraire et la vitale priorité qui doit être accordée aux classiques. Mais c'est également sa conception même de la vie qui trouve dans l'idée d'« hôte » son véritable fondement. Un tel art est aussi nécessaire qu'il est difficile à pratiquer. Être un hôte, ce n'est pas se sentir tenu d'observer passivement les règles de celui qui nous accueille, bien au contraire : c'est avoir l'occasion de contribuer à l'amélioration de notre propre vie et de la vie commune.
« Nul homme n'est une île, complète en elle-même ; chaque homme est un morceau du continent, une part de l'océan [...] La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l'humanité. N'envoie donc jamais demander pour qui la cloche sonne : elle sonne pour toi. »
John DONNE
Vivre pour les autres est le seul moyen qui puisse nous aider à donner un sens à notre vie. Telle est la conviction de Nuccio Ordine, l'essayiste italien le plus lu dans le monde.
Avec pour frères d'arme les géants de la littérature, Ordine nous invite à lire nos bibliothèques idéales et y voir des bibliothèques de combat et de résistance au monde comme il va.
Que d'autres se targuent des pages qu'ils ont écrites ; moi je suis fier de celles que j'ai lues.
Fidèle à ces vers de Jorge Luis Borges, Nuccio Ordine nous invite à éprouver la même humble fierté en nous donnant à lire (et à relire) quelques-unes des plus belles pages de la littérature.
Après le succès international de L'Utilité de l'inutile (best-seller traduit en dix-huit langues), Ordine poursuit son combat en faveur des classiques, convaincu qu'un bref extrait (brillant et sortant des sentiers battus) peut éveiller la curiosité des lecteurs et les encourager à se plonger dans l'oeuvre elle-même.
Ces dernières années les humanités ont été, d'un commun accord à l'échelle mondiale, marginalisées, écartées non seulement des programmes scolaires, mais par-dessus-tout considérées comme quantité négligeable par les états ainsi que par les organismes privés aptes à les financer. Leur argument ? Pourquoi donner de l'argent à des domaines inutiles, c'est-à-dire ne produisant pas un profit immédiat ? A quoi bon, particulièrement dans un contexte de crise économique, gaspiller des ressources en soutenant des savoirs qui n'apporteront pas un retour sur investissement immédiat ?
Nuccio Ordine offre un plaidoyer bref et brillant pour les humanités.