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Liana Levi
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«Jeanne tout court, sans nom de jeune fille, sans nom d'épouse. Jeanne sans état civil ni sac à main.» C'est ainsi que se présente cette frêle jeune femme à sa descente du «train des fous» en septembre 1939. Internée après la mort de son nouveau-né à Ville-Évrard, en région parisienne, elle a été transférée à Saint-Alban avec les autres patients. Dans ce château perché au milieu de la Lozère, une ambitieuse équipe de psychiatres, dont le Catalan Tosquelles, met en place de nouvelles pratiques thérapeutiques. Le maître mot est liberté. Liberté d'oeuvrer, d'inventer, de créer, d'échanger. Patients, médecins, religieuses, enfants de l'institut voisin et villageois se rapprochent encore davantage avec la guerre qui gronde. Dans une communauté atypique, que chapeaute la diligente mère supérieure, une nouvelle voie s'ouvre à chacun. Au contact des autres, Jeanne va renaître lentement à la vie et à elle-même.
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Sur le quai de la gare de Perrache, un jour de l'année 1929, une jeune Hongroise, Szonja, a rendez-vous avec son avenir. Pour quitter le dur labeur de paysanne, elle n'a pas hésité à gagner la France et l'usine qui l'a embauchée à la production de viscose, cette soie artificielle bon marché. À Vaulx-en-Velin, dans la cité industrielle, elle accepte la chambre d'internat chez les soeurs, les repas au réfectoire et les dix heures quotidiennes à l'atelier saturé de vapeurs chimiques. Les ouvriers italiens ne font-ils pas de même? Elsa, Bianca, Marco et les autres tiennent les rythmes épuisants, encaissent les brimades des chefs, inhalent les fumées nocives contre de maigres salaires. Cela ne les empêche nullement de danser le dimanche au bord de la Rize.
Dans ces modestes vies d'immigrés, la grande crise fera irruption, amenant chômage, mise a l'écart des étrangers et affrontements avec les ligues. Portée par une inébranlable solidarité et une détermination à vivre, la colère constituera le socle de leur rassemblement, jusqu'à aboutir au Front populaire. -
L'enfance de Pia, c'est courir à perdre haleine à l'ombre des arbres, écouter gronder la rivière, cueillir l'herbe des fossés. Observer intensément le travail des hommes au rythme des saisons, aider les parents aux champs pour rembourser l'emprunt au Crédit agricole. Appartenir à une fratrie remuante et deviner dans les mots italiens des adultes que la famille possède des racines ailleurs qu'ici, dans ce petit hameau de Charente. Tout un monde à la fois immense et minuscule que Pia va devoir quitter pour les murs gris de l'internat. Et à mesure que défile la décennie 1970, son regard s'aiguise et sa propre voix s'impose pour raconter aussi la dureté de ce pays qu'une terrible sécheresse met à genoux, où les fermes se dépeuplent, où la colère et la mort sont en embuscade. Une terre que l'on ne quitte jamais tout à fait.
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N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures
Paola Pigani
- Liana Levi
- Littérature Générale
- 29 August 2013
- 9782867466939
Autour du feu, les hommes du clan ont le regard sombre en ce printemps 1940. Un décret interdit la libre circulation des nomades et les roulottes sont à l'arrêt. En temps de guerre, les Manouches sont considérés comme dangereux. D'ailleurs, la Kommandantur d'Angoulême va bientôt exiger que tous ceux de Charente soient rassemblés dans le camp des Alliers. Alba y entre avec les siens dans l'insouciance de l'enfance. À quatorze ans, elle est loin d'imaginer qu'elle passera là six longues années, rythmées par l'appel du matin, la soupe bleue à force d'être claire, le retour des hommes après leur journée de travail... C'est dans ce temps suspendu, loin des forêts et des chevaux, qu'elle deviendra femme au milieu de la folie des hommes.N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, dit le proverbe: on n'entre pas impunément chez les Tsiganes, ni dans leur présent ni dans leur mémoire... Mais c'est d'un pas léger que Paola Pigani y pénètre. Et d'une voix libre et juste, elle fait revivre leur parole, leur douleur et leur fierté.
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Ils sont arrivés à Lyon au printemps 2001. Ils ont un peu plus de vingt ans et leur voyage ressemble à celui de milliers d'autres Kosovars qui fuient la guerre: le passage clandestin des frontières, les mois d'attente poisseux dans un centre de transit avant d'obtenir le statut de réfugié... Mirko et sa soeur Simona partagent la même histoire et pourtant leur désir de France n'est pas tout à fait le même. Son intégration, Simona veut l'arracher au culot et à la volonté. Alors elle s'obstine à apprivoiser les lois du labyrinthe administratif et les raffinements de la langue. Mirko est plus sauvage. Pour lui, le français reste à distance. Il travaille sur des chantiers avant de regagner la solitude d'un foyer anonyme. Souvent, il pousse jusqu'aux lisières de la ville où il laisse sur les murs des graffs rageurs. C'est dans ces marges qu'il rencontre Agathe et tisse le début d'un amour fragile.
Dans de brefs chapitres, Paola Pigani dépeint avec délicatesse chaque nuance de l'exil. En filigrane, la beauté de la ville, le hasard des rencontres, le goût amer de la nostalgie.