L'histoire de la " drôle de guerre ", qui a mobilisé cinq millions de soldats français de 1939 à la défaite de juin 1940, a longtemps été réduite, dans notre mémoire nationale, au Fernandel de La vache et le prisonnier ou aux aventures de la Septième compagnie.
Quatre-vingts ans après cette " étrange défaite ", les héros de Dunkerque ou de la ligne Maginot, captifs manipulés par Vichy et oubliés dans les Stalags ou Oflags, restent des marginaux de l'histoire officielle.
En étudiant le parcours d'une centaine de ces anonymes ou célébrités et en utilisant les travaux les plus récents, Rémi Dalisson tente de comprendre la fabrique de ce dénigrement commencé dès 1939. Car la République et la société ont préféré les ignorer ou les moquer, malgré leur nombre et leur rôle dans la reconstruction du pays. Tous les moyens étatiques comme l'école, les décorations, les monuments ou les noms de rues, mais aussi la chanson, le cinéma ou la télévision les ont longtemps marginalisés. Cependant, à l'initiative de quelques spécialistes des Memorial Studies et des passionnés d'histoire, les soldats de 1940 semblent enfin sortir de l'oubli.
Les leçons du destin d'une génération méconnue, " tombée pour la France ", et qui attend encore sa juste reconnaissance.
Cet ouvrage revient non pas sur la guerre d'Algérie (qu'on appelait pudiquement à l'époque "les événements"), il existe sur ce sujet une abondante littérature, mais bien sur la mémoire et les commémorations liés à ce conflit.
Pourquoi cette mémoire reste-t-elle controversée jusqu'à nos jours? En raison des liens particuliers unissant la France à ce pays, département français depuis 1830? Peut-on et doit-on commémorer cette guerre?
L'auteur apporte son éclairage sur la question en s'interrogeant et en nous interrogeant sur cette "impossible commémoration". Preuve en est, le choix par le président Hollande du 19 mars, date des accords d'Evian et du cessez-le-feu, qui a fait polémique (la guerre a continué malgré ces accords et ce pendant deux ans encore). La date du 5 décembre avait aussi été avancée, celle du 25 septembre concernant aussi les Harkis.Ces commémorations officielles de la guerre d'Algérie sont selon l'auteur un excellent moyen pour comprendre le traumatisme que furent ces combats, sa mémoire enfouie et ses non-dits dans un pays aujourd'hui en quête identitaire. Elles permettent de revenir sur le rapport entre histoire et mémoire et de mieux comprendre comment une nation se construit à travers les lectures et les perceptions de son histoire, mais aussi ses rituels commémoratifs.Tour à tour instrumentalisée ou mal perçue de la part des Français, cette mémoire est au coeur des débats actuels, comme le rappelle cet essai.
Chaque automne revient en France la même fête nationale, le 11 Novembre, anniversaire de l'armistice qui mit fin à la Grande Guerre. Elle fait la Une des journaux locaux, rassemble les autorités, les enfants des écoles, les Anciens combattants et l'armée autour des 36 000 monuments aux morts du pays.
Le 11 Novembre, reconnaissable entre toutes les fêtes, si bien intégré au calendrier mémoriel, semble pourtant en déclin. Ainsi les affluences y sont maigres, les Poilus ont disparu et son message patriotique n'a plus guère d'écho à l'heure de l'Europe et de la mondialisation.
La loi de 2012 en a donc fait, non plus l'hommage aux seuls héros de la Grande Guerre, mais l'hommage aux morts de toutes les guerres, passées, présentes et à venir. Un tel bouleversement renvoie à sa fonction de commémoration nationale, née du souvenir des massacres de 14-18 et de la victoire et qui n'a, paradoxalement, jamais été objet de consensus.
Dès sa création, elle fut le réceptacle de toutes les passions françaises. Cependant, elle a survécu à tous les régimes politiques, à toutes les crises, coloniales ou sociales et à toutes les concurrences dont le 8 Mai. L'histoire du 11 Novembre permet alors de comprendre le rapport si particulier des Français au souvenir et à la mémoire de cette Grande Guerre qui fonde une partie de leur identité.
Qui n'a pas étudié dans un établissement scolaire Paul Bert ou habité rue Paul Bert ? Cependant, malgré cette omniprésence dans l'espace public, l'oeuvre de ce républicain est largement oubliée de nos jours.
Paul Bert fut pourtant l'un des plus grands scientifiques français du XIXe siècle et un des pères fondateurs de l'école laïque et républicaine. S'il a été un partisan de la colonisation, notamment en Indochine, on retiendra de lui le grand patriote, traumatisé par la défaite de 1870, compagnon de Gambetta, Ferry et Buisson qui a laissé une loi sur la généralisation des Écoles normales et rédigé un fameux manuel d'éducation civique.
Rémi Dalisson réhabilite ici la mémoire de ce savant engagé en politique, de ce libre-penseur qui voulait émanciper les consciences par la raison et l'école. Paul Bert pousse aussi à la réflexion sur la mémoire, sur la citoyenneté et sur l'éthique républicaine, dans le contexte d'un retour de la morale laïque et civique, alors que se multiplient les crispations identitaires.