Une femme mûre de haute condition tente de délivrer un jeune homme de sa passion du jeu et accepte de se dégrader pour sa rédemption. Une histoire d'amour et de passion mais aussi une histoire de secret trop longtemps gardé et dévoilé comme une libération. Freud considérait cette nouvelle (1927) comme un chef-d'oeuvre et parlait du mariage réussi entre la qualité esthétique du texte, son " inquiétante étrangeté ", et la véracité psychologique.
La plus longue nouvelle de Zweig, splendide histoire de passion et de transgression.
À l'occasion d'un hommage qui lui est rendu, un vieil universitaire s'aperçoit que, parmi tous les noms qui ont été cités et sont censés avoir marqué sa carrière, il manque le principal : le nom d'un professeur d'anglais qui, il y a bien des années, lui a donné le goût de la littérature. Pour réparer cet oubli, il écrit alors ses souvenirs et le désarroi qu'il a éprouvé face à cet homme mystérieux, imprévisible et passionné qui un jour lui avoue son amour. Un récit flamboyant et audacieux qui met à nu la complexité des désirs.
Stefan Zweig, romancier et essayiste, était aussi un grand biographe, admirateur des artistes et des intellectuels, passé maître dans l'art de déchiffrer l'énigme de leurs vies et de leurs oeuvres. Ce livre rassemble dix-neuf textes, en bonne partie inédits, qui illustrent son talent de portraitiste, exercice de style qu'il accomplit en écrivain virtuose et psychologue raffiné. Autant de reflets de l'éclectisme, du cosmopolitisme et de l'humanisme de leur auteur. Dante, Tolstoï, Byron, E.T.A. Hoffmann, Nietzsche, Walt Whitman ou Cicéron côtoient des figures de son époque : le sculpteur Constantin Meunier, l'écrivain Max Brod, le dramaturge Frank Wedekind ou le compositeur Ferruccio Busoni.
Si les portraits de Zweig restent attachants même un siècle après avoir été écrits, c'est grâce à leur façon inimitable d'éclairer en quelques pages le sens d'une destinée et, avec elle, une personnalité tout entière. Zweig exhume comme personne le passé enfoui et peint avec
le même talent les visages qu'il a connus. À travers ses maîtres ou ses proches, il nous livre une partie de son art et définit également son esthétique et sa morale. Ses portraits sont autant de paysages de l'âme qui dévoilent une part du mystère de sa condition humaine.
Dans cette nouvelle publiée en 1922, il est question de la folie, de la mort, de la dégradation que subit l'être humain dans son esprit et dans sa chair lorsqu'il est emporté par ses passions. Le cadre du récit est celui d'une colonie néerlandaise des tropiques, un lieu moite, malsain et brutal. Le personnage principal, un médecin éconduit par une belle Européenne, se lance à sa recherche dans une course insensée, comme l'un de ces fous qui, en Malaisie, dévalent parfois subitement les rues, armés de leur kriss, et poignardent tous ceux qui se trouvent sur leur chemin.
Ce nouvel inédit s'inscrit dans le sillage de l'oeuvre la plus emblématique de Zweig, Le Monde d'hier. Il nous emmène à Vienne, la ville de naissance et de coeur de l'écrivain.
La capitale de l'Empire austro-hongrois a été le paradis de son enfance. Au fil du temps, et après bien des drames, elle est devenue pour lui un monde idéal, où les apports les plus divers finissaient toujours par se mêler harmonieusement, où l'ouverture à la modernité s'appuyait sur une solide tradition locale. Cette ville-théâtre, de 1880 à l'entre-deux-guerres, fut surtout une
incomparable cité des arts et de l'esprit européen.
Les textes ici réunis couvrent l'ensemble de la vie créatrice de l'auteur, de l'étudiant dilettante des débuts à l'écrivain célèbre et exilé de la fin, qui dut quitter l'Autriche quelques mois avant
l'Anschluss. Des pans entiers de l'histoire culturelle viennoise sont ainsi explorés, avec ses valeurs sûres, ses modes passagères, ses lieux mythiques, ses poètes (Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke...), ses génies (Sigmund Freud, Joseph Roth, Gustav Mahler, Arthur Schnitzler...), ses inconnus et bien d'autres figures attachantes, amis plus ou moins proches que Zweig sent et analyse avec la précision de celui qui voit tout. Il retranscrit ses impressions et souvenirs dans ce style toujours accessible qu'on lui connaît. Ce faisant, témoin bouleversant d'une époque bouleversée, il tente de sauver ce qui peut l'être.
Sa Vienne, qui nous fascine tant, est éternelle.
" Bouquins " propose une nouvelle traduction des récits de Stefan Zweig, dont l'oeuvre continue de susciter un engouement considérable.
Retraduire est une donnée nécessaire et paradoxale. Nécessaire parce que toute traduction vieillit et doit s'adapter aux époques et à la langue qui évolue. Paradoxale parce que, si l'oeuvre originale vieillit aussi, elle échappe par nature à toute tentative ou tentation de modification. En 2013, une très grande partie de l'oeuvre de Zweig tombe dans le domaine public, événement d'une grande importance littéraire et éditoriale, puisqu'il permet d'engager de nouvelles traductions, souvent pour le plus grand bénéfice de l'oeuvre. Celle de Stefan Zweig est déjà largement traduite en français, ce qui en fait l'un des auteurs de langue allemande les plus lus en France. Mais certaines traductions remontent à plus de quatre-vingts ans - quelques-unes ont même été publiées du vivant de l'auteur - et beaucoup méritaient d'être rafraîchies ou adaptées aux critères d'aujourd'hui. Cette édition regroupe la quasi-totalité des récits de Zweig, un genre littéraire dans lequel il excellait. Ses meilleurs écrits sont, en effet, des formes brèves. Ces 35 récits, confiés à une équipe de huit traducteurs sous la direction de Pierre Deshusses, sont présentés ici, pour la première fois, de façon chronologique, ce qui permet de mieux saisir l'évolution de l'écriture de Zweig et les répercussions de la maturité sur l'analyse des problèmes qu'il traite, parfois très actuels. Certains de ces textes, pratiquement inconnus, comme Rêves oubliés, Deux solitudes, Une jeunesse perdue, La croix... vont révéler au lecteur des aspects nouveaux de l'auteur. On retrouvera aussi les oeuvres les plus connues : Amok, La Confusion des sentiments, Le Joueur d'échecs... L'ensemble évoque, sur un mode souvent aux antipodes du naturalisme, les destinées le plus souvent tragiques de créatures fragiles et menacées, la puissance démoniaque de la passion. L'intérêt pour la psychologie des profondeurs de celui que Romain Rolland disait un " chercheur d'âme " est tel qu'on l'a souvent considéré comme un émule de Freud. Cette affirmation mérite d'être nuancée, mais il est vrai que Zweig attache plus d'importance au caractère de ses personnages qu'au milieu dans lequel ils s'inscrivent. Il nous offre ce qu'on appelle une " typologie des formes de la passion ".
Écrite en 1942, cette nouvelle est l'ultime récit de Zweig réfugié à Petrópolis au Brésil. Elle est une forme de testament spirituel illustré par l'affrontement de deux joueurs d'échecs aux tactiques diamétralement opposées, affrontement qui est aussi celui de deux mondes. Le personnage du Dr B. peut symboliser une Europe torturée qui s'autodéchire, alors que Mirko Czentovic représenterait la stratégie froide, déshumanisée et sadique de l'idéologie nazie. L'intervention du narrateur en faveur du Dr B. témoignerait d'une volonté militante qui n'a jamais animé Zweig et dont il déplore peut-être l'absence à la fin de sa vie, lui qui, en période de crise, a toujours choisi la voie de la conciliation et de la non-violence.
Ce bref récit (1906) ne fut publié qu'une seule fois du vivant de l'auteur. Zweig révèle une fois de plus son attachement pour les êtres en perdition. Durant la guerre d'Espagne menée par Napoléon, un colonel français est blessé dans une escarmouche et laissé pour mort. Lorsqu'il revient à lui, il découvre que ses camarades ont tous été tués et atrocement mutilés. Il s'agit pour lui de survivre dans un pays hostile. Le suspense tient en haleine jusqu'au retournement final.
Le texte (1927) s'ouvre sur des scènes de violence révolutionnaire à Lyon, berceau de la contre-révolution. Zweig a toujours été attiré par l'histoire de France de cette période. C'est ainsi qu'il a écrit Fouché et Marie-Antoinette, deux figures antagonistes de cette période. Mais la " grande " histoire est toujours sous-tendue d'histoires de destins individuels qui en sont le sel. La nouvelle prend alors un virage romantique et mélodramatique, avec ses coups de théâtre, ses personnages providentiels et un improbable mariage au seuil de l'échafaud.
Le premier récit de Zweig
C'est le premier récit de Zweig, qui avait alors dix-neuf ans. Écrit en 1900 dans un style déjà flamboyant, il contient en germe presque tous les thèmes importants de ses nouvelles futures : l'amour, la passion, le regret, le destin. Dans le jardin d'une belle villa surplombant la mer, un homme et une femme, qui ont été amants dans leur jeunesse, se retrouvent quelques instants, avant la séparation définitive. Confrontation mélancolique des idéaux et des rêves avec l'artifice de la réalité, aussi luxueuse soit-elle.