Le volume que Zweig consacre à Tolstoï est l'un des plus personnels et emblématiques de la collection.La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec.
« Tout homme d'état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l'exemple de ce poète puissant qui se tortura l'âme parce qu'il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l'injustice de la terre. »
Né le 28 novembre 1881 à Vienne, Stefan Zweig, écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien, s'est suicidé le 22 février 1942 à Petrópolis, au Brésil. Ami de Freud, Schnitzler, Romain Rolland ou encore Richard Strauss, Zweig faisait partie de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il poursuit une oeuvre de biographe et surtout d'auteur de romans et de nouvelles.
Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part : lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient. La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique, dont la lecture a particulièrement compté pour eux.
Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai.
C'est sur un paquebot trop confortable, en route pour l'Amérique du Sud, que Stefan Zweig eut l'idée de cette odyssée biographique. Il songea aux conditions épouvantables des voyages d'autrefois, au parfum de mort salée qui flottait sur les bougres et les héros, à leur solitude. Il songea à Magellan, qui entreprit, le 20 septembre 1519, à 39 ans, le premier voyage autour du monde. Un destin exceptionnel...
Sept ans de campagne militaire en Inde n'avaient rapporté à Magellan le Portugais qu'indifférence dans sa patrie. Il convainc alors le roi d'Espagne, Charles-Quint, d'un projet fou ; " Il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l'est à l'ouest " (C'était compter sans l'océan Pacifique, inconnu à l'époque..). Jalousies espagnoles, erreurs cartographiques, rivalités, mutineries, désertions de ses seconds pendant la traversée, froids polaires, faim et maladies, rien ne viendra à bout de la détermination de Magellan, qui trouvera à l'extrême sud du continent américain le détroit qui porte aujourd'hui son nom.
Partie de Séville avec cinq cotres et 265 hommes, l'expédition reviendra trois ans plus tard, réduite à 18 hommes sur un raffiot. Epuisée, glorieuse. Sans Magellan qui trouva une mort absurde lors d'une rixe avec des sauvages aux Philippines, son exploit accompli.
Dans ce formidable roman d'aventures, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'" une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables ".
Stefan Zweig avait le génie pour saisir, dans des portraits qui figurent parmi ses oeuvres les plus saisissantes, la vérité intime des grands esprits, des romanciers et poètes, et des puissants de ce monde. Son "Nietzsche" ne fait pas exception, qui raconte une soif absolue de vérité, d'indépendance, de poésie, mais aussi la défaite, celle du corps malade du philosophe, celle aussi de la raison, devenue l'esclave de la folie et la victime d'une forme de burn-out. Qu'on ne s'y trompe pas cependant, ce Nietzsche par Zweig est aussi, en creux, un Zweig par Nietzsche : hypercréativité, esprit de liberté, lutte contre l'effondrement.
Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Elève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang froid. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière subjective, une figure cachée et essentielle de l'Histoire française.
Kleist, Hlderlin, Nietzsche : trois destinées fulgurantes et sombres, où les éclairs du génie créateur illuminent des vies brèves, en proie à l'excès, à la démesure, à la folie.
Comme il l'a fait dans Trois poètes de leur vie, Stefan Zweig rapproche ici ces figures animées par un même mouvement intérieur. Pour ces errants, à peu près ignorés de leur vivant, la pensée ou la création ne sont pas cette sereine construction d'un idéal d'harmonie et de raison dont Goethe donne l'exemple accompli ; elles ne peuvent naître que dans le corps à corps avec un démon intérieur qui fait d'eux les fils de Dionysos, déchiré par ses chiens.
C'est en romancier, grâce à l'intuition et à la fraternité d'âme, que l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, fasciné par les dimensions les plus mystérieuses de l'esprit humain, mène ces évocations, dont bien des pages sont d'inoubliables morceaux littéraires.
Magellan (1480-1521) entreprit en 1519 le premier voyage autour du monde. Il trouva une mort absurde aux Philippines, son exploit accompli. Dans cette formidable biographie, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'« une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis ». Marie Stuart (1542-1587) reine d'Ecosse puis de France, doit en 1560 se réfugier auprès d'Elisabeth I d'Angleterre après une liaison malheureuse. Celle-ci la gardera captive vingt ans avant de la condamner à mort. Il fallait l'immense talent de Stefan Zweig pour faire revivre la femme et la reine, parée de mille grâces par les uns, peinte comme une criminelle par les autres. Qui était Marie-Antoinette (1755-1793)? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, jusqu'au lit de la guillotine. Zweig analyse une âme bouleversée par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même. Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Elève chez les Oratoriens, il devint un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi. Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière, une figure essentielle de l'Histoire.
Dans le grand naufrage européen du milieu du XXème siècle, la voix de Zweig reste encore aujourd'hui l'une des plus confondantes de lucidité. Très loin du novelliste romantique et distingué, toute une partie de l'oeuvre du dernier Zweig, homme en fin de vie, prisonnier des affres de son exil forcé, s'attache à décrire les bouleversements politiques de son époque.
Incipit Hitler est du nombre de ces textes bouillant d'actualité, textes sombres et lucides, réflexion d'un homme sur les violences de son temps et les coups portés par le destin. En préalable à sa démarche, il y a d'évidence une conviction : que les malheurs de sa propre vie servent à l'enseignement porté aux générations suivantes, qu'elles puissent comprendre grâce à cela comme elles sont chanceuses de vivre une époque apaisée et calme. Car Zweig, lui, n'eut point cette chance tout au long de sa vie. Ah certes, oui, il a conscience d'avoir grandi et prospéré dans une Europe parvenue au summum de son excellence civilisationnel, mais tout ça finira par être détruit par la folie des nazis.
Et ce drôle de titre de pouvoir s'expliquer très facilement après ça. Hitler ne vient pas de nulle part ; l'homme, à sa façon, eut du génie et nombre de talents. Et le plus utiles d'entre eux fut sans conteste la rouerie du personnage. Peu à peu, il fit s'enfoncer tout d'abord l'Allemagne puis l'Europe et enfin le monde. C'est cet ignoble naufrage dont Zweig nous parle ici.
Entre souvenirs et réflexions, Zweig dresse l'esquisse précise d'un abandon, celui de tout un continent à la folie destructrice d'un homme. Et pourtant, rien de tout ça n'était inéluctable, c'est dès le commencement, sitôt les bases de l'hitlérisme posées, pour chaque premier crime tenté ou exécuté que la vérité du mal était énoncée.
Dans un hôtel luxueux de la côte d'Azur, une femme âgée raconte une passion impromptue et soudaine suite à la rencontre d'un beau jeune homme joueur lorsqu'une autre femme abandonne sa famille pour un amant inconnu la veille.
Qui se cache derrière les grands hommes ? Et qui était Joseph Fouché ?
Cet ouvrage nous offre une des plus grandes pages de l'histoire de France, sous la plume toujours aussi impeccable de Zweig, la vie hors-norme de cet homme parti de rien.
Quel horrible personnage, mais quel incroyable destin !
Une biographie politique qui se lit comme un roman.
Édition intégrale augmentée, mise à jour et entièrement corrigée, traduit par Olivier Bournac : avec présentation de l'auteur, notes de l'éditeur et avant-propos. Également suivie d'une étude sur « Fouché et Napoléon » par Léone Pingaud, et de « Conspirateurs et Gens de police : Le Complot des libelles (1802)» par Gilbert Thierry. Agrémentée enfin d'une annexe enrichie : Biographie annotée et illustrée, Bibliographie thématique, Liens externes et Articles connexes, L'histoire en citations.
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