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Vincent Almendros
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Ma voix avait change. Des poils duveteux dessinaient sous mon nez les premices d'une moustache et de rebutants boutons me mangeaient le visage. Depuis le début de l'année, on se moquait de moi au college Irene-Joliot-Curie.
Ma mere, elle, ne me supportait plus. Elle se méfiait, même, et m'avait à l'oeil après ce qui s'était passé dans le vestaire du gymnase. J'avais intérêt à bien me comporter durant le week-end chez mes grands-parents.
Pour être honnête, je la comprenais. Mes camarades et elle avaient raison. Avec l'arrivee de la puberte, j'etais en train de devenir un monstre. -
À défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s'étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J'allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient.
Mais soyons honnête, le problème n'était pas là.
Exceptionnel peintre d'atmosphère et jongleur de non-dits, Vincent Almendros a décidément l'art de créer des atmosphères si lourdes et oppressantes qu'on dirait des prisons à ciel ouvert et de mener, sans coupables ni victimes apparents, sans résolutions non plus, de véritables intrigues policières. Tout cela écrit dans une langue parfaite, faussement laconique, et dont même l'apparente simplicité est piégeuse. On a compris que cet écrivain fait mouche, une fois encore, et qu'il faut sans tarder savourer, sur une famille en décomposition, son roman noir au goût acide de vin de noix et de feuilles pourrissantes. On le conseille même aux estomacs fragiles. (Jérôme Garcin, L'Obs)
Qu'est-ce que le narrateur a vécu dans ce quart-monde rural d'où il s'est enfui ? Que se déroule-t-il encore aujourd'hui dans le silence lourd des fermes isolées ? Quel drame va être provoqué par le retour d'un ancien habitant devenu citadin ? Alors que le lecteur est assailli par une foule de questions disparates, Almendros tisse sa toile et construit un texte où chaque petit rien compte. On découvre souvent après coup l'importance de minuscules détails semés au fil des pages. Cet art de la précision, allié au trouble de la situation et à un humour morbide, est ce qui séduit le plus chez Vincent Almendros, mais pas seulement. Dans cet enfer familial où on mange de la langue de boeuf au déjeuner, le romancier brasse des sujets assez profonds pour l'empêcher de tomber dans un pur et vain exercice de style. Sa description d'une ruralité à l'abandon est très juste, et le passage d'un milieu social à un autre, les difficultés qu'un tel arrachement suppose, prennent ici une coloration noire et presque désespérée. (Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles) -
Jean, mon frère, venait d'acheter un voilier et m'invitait à passer quelques jours en mer. Je n'étais pas certain que ce soit une bonne idée que nous partions en vacances ensemble.
Quand je dis « nous », je ne pensais pas à Jean. Je pensais à Jeanne.
À Jeanne et moi.
« Il ne faut pas manquer le deuxième roman de Vincent Almendros. Cet auteur de 36 ans réussit la prouesse, en eaux troubles et en 96 pages, de tenir à la fois une histoire d'amour, un thriller marin, un récit de la fraternité et un huis clos à ciel ouvert. Les trois sont ambigus et le mystère ne se lève, cruel et ricanant, qu'à la toute dernière page. Pierre, le narrateur, embarque à Naples sur le voilier de son frère, Jean. Le premier est venu avec la blonde Lone, sa petite amie suédoise qui termine une thèse sur la parité homme-femme. Le second vit depuis sept ans avec Jeanne la brune, dont Pierre fut l'amant. Le bateau glisse lentement vers Capri. Il fait une chaleur caniculaire. L'air est irrespirable. Les corps exsudent. Le jour, la mer est d'huile et, la nuit, goudronnée. Les méduses prolifèrent, qui remontent le temps et le courant avec leurs ombelles opalines. Pierre et Jeanne s'observent, se frôlent, se rapprochent et se retrouvent dans la cabine. Rien n'est appuyé. Tout est suggéré. Étonnant peintre d'atmosphère, Vincent Almendros écrit à l'aquarelle. C'est de la littérature. Et de la meilleure. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur)
Un été est paru en 2015. -
'Lise s'amusait d'un rien, en l'occurrence de moi.
Lorsque je me suis assis à côté d'elle, à l'arrière de la Mercedes, je ne savais pas que nous partions pour un long voyage.
Qui pouvait imaginer que je la suivrais jusqu'au bout du monde ?
Elle avait quinze ans.