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Yassaman Montazami
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À Paris, où elle est arrivée juste après son mariage, comme à Téhéran, où elle a grandi, la vie a toujours été un songe pour l'attachante héroïne de ce roman. Bien avant la révolution islamique, quand avec ses amies elle arpentait en minijupe, les cheveux crêpés, les beaux quartiers de Téhéran, elle s'était choisi le surnom de Roya, « rêve » en persan.
Rien d'étonnant à ce que ses enfants ne s'inquiètent pas des premiers symptômes de la maladie neurodégénérative qui l'emportera. Il faut dire que Roya a vécu l'entièreté de son existence dans l'ombre de quelqu'un.
Née par accident quelques mois après sa soeur, elle a passé son enfance à se faire discrète, entre la solaire Shimi, leur frère aîné adoré et leur mère qui, très tôt, s'est consacrée à l'étude du Coran, sans pour autant empêcher ses filles de vivre leur existence émancipée. Roya a quitté les siens pour aller s'installer en France, après avoir, de guerre lasse, cédé à la cour assidue d'un étudiant séducteur et fantasque, fasciné par son mystère. À Paris, l'agitation de Mai 68, de même que les échos des manifestations iraniennes, auxquelles son marxiste de mari prend une part active, parviennent comme assourdis à la rêveuse jeune femme.
Si Yassaman Montazami, dans ce portrait tendre et cocasse, laisse entendre qu'il n'était pas tous les jours facile d'être la fille d'une mère qui se raidissait à la moindre étreinte, elle lui rend, quelques années après sa mort, un hommage d'une grande délicatesse, où la complexité des sentiments le dispute à un humour de tous les instants. -
Le meilleur des jours
Yassaman Montazami
- Sabine Wespieser éditeur
- hors collection
- 23 August 2012
- 9782848051277
« Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas, affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait oeuvrer à l'abolition du salariat et être salarié - c'était incompatible. » Y. M.
Après la mort de son père, Yassaman Montazami se réfugie dans l'écriture pour tenter de garder vive la mémoire de ce personnage hors norme. La drôlerie et la cocasserie des souvenirs atténuent peu à peu l'immense chagrin causé par sa perte.
Né avant terme, condamné puis miraculé, l'enfant adulé par sa mère, qui jamais ne lui refusa rien, fut nommé Behrouz - en persan : « le meilleur des jours » -, un prénom prédestiné pour un futur idéaliste épris de justice et un pitre incapable de prendre la vie au sérieux.
Envoyé en France pour y poursuivre des études qu'il n'achèvera jamais, il participe à sa manière aux événements révolutionnaires de 1979, au cours desquels l'Iran bascule de la monarchie à la République islamique, en faisant de son appartement parisien un refuge pour les Iraniens en exil. Leurs chassés-croisés entre Paris et Téhéran donnent à l'auteur l'occasion de brosser une multitude de personnages improbables et issus des milieux les plus divers : une épouse de colonel en fuite, fanatique d'Autant en emporte le vent, un poète libertin, mystique et interdit de publication, un révolutionnaire maoïste enfermé à la prison d'Evin, et même un ancien chef d'entreprise devenu opiomane.
Évocation d'un monde aujourd'hui disparu, ce premier roman frappe par sa maîtrise et par l'acuité de son trait.