L'architecture mobile est le premier essai de Yona Friedman, paru en 1958 et tiré à une dizaine exemplaires destinés à des architectes, dont Le Corbusier. Il fut réédité ensuite en 1961, 1963, 1968, enrichi à chaque fois de textes et dessins nouveaux jusqu'à l'édition de 1970, paru chez Casterman dont on a pu dire qu'elle constituait "le plus important manifeste de l'architecture moderne depuis la Chartre d'Athènes de Le Corbusier" (Michel Ragon). Notre édition rassemble tous les textes des différentes éditions et permet d'en suivre l'évolution et d'en identifier les strates. Yona Friedman, qui a fêté ses 96 ans en juin 2019, souhaite apporter quelques commentaires du XXIe siècle, à ce livre ancien, mais dont la richesse conceptuelle n'a pas encore été comprise à sa juste mesure.
Architecte, artiste, penseur, Yona Friedman est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages consacrés à l'architecture, l'écologie, le langage, diffusant une pensée à la croisée des chemins. À une époque où les questions d'urbanisme, de mobilité, de mondialisation et de migration deviennent prépondérantes, il a inventé plusieurs concepts visionnaires, de plus en plus actuels aujourd'hui: la ville spatiale, l'architecture mobile, l'utopie réalisable, l'autoplanification. En juin 2018 il a eu 96 ans
L'utopie sociale naît d'une insatisfaction collective. L'utopie réalisable, c'est la réponse collective à cette insatisfaction. Mais comment répondre collectivement à une insatisfaction ? et quelles limites une collectivité doit-elle respecter pour satisfaire à son utopie réalisée ? Telles sont les questions soulevées - avec une grande précision et quelques dessins au trait - par le livre de Yona Friedman, paru pour la première fois en 1974, et revu et augmenté pour cette édition.
Si la science peut être dénoncée comme « inhumaine », cela ne tient-il pas à ce que l'on a perdu de vue la parenté qui unit la pensée scientifique constructive à la création artistique ? Prendre acte du caractère irréductiblement « métaphorique » des théories scientifiques pour redécouvrir l'inspiration qu'elles puisent dans les comportements humains imprévisibles ne permettrait-il pas de les rendre plus aisément communicables ? La conception développée dans cet ouvrage prend pour hypothèse de base le caractère fondamentalement erratique de l'Univers. Toute tentative de lui imposer un ordre inventé par l'intelligence humaine contribue à augmenter encore son comportement erratique. Contrairement à la théorie du « chaos » qui recherche l'ordre derrière les événements chaotiques, Yona Friedman propose de tenir compte du désordre qui fait organiquement partie de tout ordre aussi bien dans la société humaine que dans le monde de la physique.
"Aujourd'hui, dans tous les domaines, les individus, sans même qu'ils s'en rendent compte, sont séparés en deux clans", a expliqué Yona Friedman à Danièle Granet pour l'Express, "entre les deux, la communication ne passe plus. Les maîtres parlent entre eux, et les élèves reçoivent la parole, mais ne l'entendent pas. Les problèmes contemporains sont devenus affaire de spécialistes".
D'où vient cet échec du dialogue ? Danièle Granet explique que, pour Yona Friedman, il est lié fatalement, mathématiquement, à la dimension des groupes sociaux. Il y a un seuil critique, au-delà duquel l'information ne peut plus passer. "Au lieu de chercher la solution et le salut dans un super système, il faut s'organiser pour vivre et pour travailler en petites cellules. Sans cela, l'Occident va à la catastrophe".
Sur le plan matériel, l'Occident doit aussi penser à organiser une civilisation de pénurie.
Pour faire passer plus facilement sa propre communication, Yona Friedman a mis au point un système personnel. Il y a deux parties dans ses livres : dans la première, des dessins sont accompagnés d'explications élémentaires.
Dans la deuxième, il approfondit sa réflexion. Et si le monde, selon Yona Friedman, était le monde de demain ?
"Le désordre n'existe pas. N'existe que l'ordre compliqué." C'est à partir de ce simple postulat que Yona Friedman construit une image du monde fondée sur l'harmonie et qui défie les lois habituelles de la physique. L'univers devient alors erratique, l'espace est composé de granules infimes de vide et notre perception de la mosaïque du monde s'attache autant à chacune de ses pierres qu'à l'ensemble qu'elles constituent.L'ordre compliqué et autres fragments se présente comme une nouvelle monadologie, illustrée de dessins au trait et traduite en «bande dessinée» par l'auteur - entre autres - des Utopies réalisables (L'éclat, 2000) et de L'Architecture de survie (L'éclat 2003).
Vous avez un chien se présente sous la forme d'une bande dessinée qui met en scène un/e chien/ne et son/sa maître/sse. C'est un manuel d'éducation pour tous ceux qui vivent avec des animaux domestiques ou d'autres êtres vivants. Ecrit par Balkis Berger-Dobermann, qui partageait la vie des Friedman, Vous avez un chien aurait pu s'intituler « Comment dresser ses maîtres», mais l'auteur a préféré s'en tenir à un titre plus « général » et moins « anthropomorphe ».
Vous avez un chien est aussi un livre pour ceux qui ont des chats, des canaris, des poissons rouges. Il énonce selon des principes simples «comment vivre avec les autres, sans être maître, ni esclave» pour reprendre le titre d'un autre ouvrage de Friedman.
Yona Friedman est né à Budapest le 5 juin 1923. Il commence des études d'architecture à Budapest en 1943 qu'il achèvera au Technion de Haïfa en Israël en 1948. C'est là qu'il fait l'expérience d'une architecture nouvelle, pensée avec les habitants eux-mêmes. Il vit et travaille à Paris depuis 1957. Aux éditions de l'éclat ont paru (ou reparu) la plupart de ses livres (anciens et plus récents).
Sa disparition a été annoncée le 21 février 2020 sur son compte Instagram.