L'utopie sociale naît d'une insatisfaction collective. L'utopie réalisable, c'est la réponse collective à cette insatisfaction. Mais comment répondre collectivement à une insatisfaction ? et quelles limites une collectivité doit-elle respecter pour satisfaire à son utopie réalisée ? Telles sont les questions soulevées - avec une grande précision et quelques dessins au trait - par le livre de Yona Friedman, paru pour la première fois en 1974, et revu et augmenté pour cette édition.
"Aujourd'hui, dans tous les domaines, les individus, sans même qu'ils s'en rendent compte, sont séparés en deux clans", a expliqué Yona Friedman à Danièle Granet pour l'Express, "entre les deux, la communication ne passe plus. Les maîtres parlent entre eux, et les élèves reçoivent la parole, mais ne l'entendent pas. Les problèmes contemporains sont devenus affaire de spécialistes".
D'où vient cet échec du dialogue ? Danièle Granet explique que, pour Yona Friedman, il est lié fatalement, mathématiquement, à la dimension des groupes sociaux. Il y a un seuil critique, au-delà duquel l'information ne peut plus passer. "Au lieu de chercher la solution et le salut dans un super système, il faut s'organiser pour vivre et pour travailler en petites cellules. Sans cela, l'Occident va à la catastrophe".
Sur le plan matériel, l'Occident doit aussi penser à organiser une civilisation de pénurie.
Pour faire passer plus facilement sa propre communication, Yona Friedman a mis au point un système personnel. Il y a deux parties dans ses livres : dans la première, des dessins sont accompagnés d'explications élémentaires.
Dans la deuxième, il approfondit sa réflexion. Et si le monde, selon Yona Friedman, était le monde de demain ?