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dominique sampiero
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« Le dieu des femmes » est le titre des carnets intimes d'un vieux célibataire, David, reclus dans une solitude quasi totale, et qui s'interroge sur la puissance de ses conquêtes passées. Dans un quotidien fait d'égoïsme, de futilités et de résolutions raisonnables mais purement imaginaires, ce sexagénaire cocasse craint de perdre sa vigueur physique et intellectuelle. Ponctuée de préceptes taoïstes et des souvenirs érotiques les plus torrides, son existence intérieure voudrait, à tort, combler le vide de ses jours. En vain.
Car il n'y a pas de « dieu des femmes », et sans doute les pages que David croit noircir, immortalisant ses amours glorieuses, restent-elles blanches. C'est ainsi du moins que les découvrira par hasard Ernestine, sa femme de ménage et peut-être - mais le sait-il ? - la seule femme de sa vie... Ont-elles même existé, ces créatures dont le doux rêveur décrit les corps jusque dans leurs recoins les plus intimes ? Il en est pourtant une, Clara, qu'il rencontrera, pour l'accompagner au seuil de la mort et découvrir, enfin, ce qui endeuille sa propre vie...
Voici, en un alliage étonnant de prosaïsme et de poésie mystique, d'érotisme et d'impuissance, de dérision et de tendresse, de profondeur et d'étrangeté, un roman qui touche à la vérité de l'amour. -
Il n'y a pas de mot pour désigner l'absence de l'enfant lorsque, les parents séparés, il part vivre avec l'un plutôt qu'avec l'autre. De cette perte, de ce manque, Dominique Sampiero fait un livre : journal sentimental d'un père privé de sa fille, égaré dans sa douleur, « en équilibre sur un trottoir, entre la bordure et le vide », élégie de l'homme qui « marche à côté de (sa) dépression comme à côté d'une rivière » ; récit du quotidien qu'il faut cependant affronter car il est souvent le meilleur des remèdes - « tout est mort, chaque matin, mon ancienne vie pourrit doucement, j'hésite entre dormir et dormir, puis finalement le ciel, avec ses trouées bleu cristal, me donne envie d'un café noir. Je prends une douche, je file à Auchan » - ; châsse de souvenirs, où les moments passés avec l'enfant font ressurgir l'enfance du père ; poème lyrique à cet être qui s'éloigne et laisse les lieux « tristes comme une lampe sans chevet », hommage à sa « petite présence » : « Depuis ton départ, j'ai décidé de te parler chaque jour à voix haute, comme dans un refrain, les bribes d'une chanson, de tenir à toi, en secret, dans un jardin de toboggan et de ducasse, quoiqu'il arrive, du matin au soir, au-delà du raisonnable »...
Depuis les premières heures de la séparation, puis mois après mois, durant un an, au fil des saisons et de leurs couleurs changeantes, Dominique Sampiero raconte, entre prosaïsme et poésie intime, le deuil d'une famille unie, le courage et la lâcheté, les joies et les peines, la solitude infinie et les retrouvailles au rythme des week-ends, la complicité plus forte que tout : le difficile cheminement d'un homme vers une vie nouvelle, pourvu qu'il accepte qu'elle soit la sienne. -
"J'ai travaillé trop tard hier soir. Écrire me crée. Me tue. Je suis voleur.
Les petits pleurent un peu au début. La classe est propre et claire. Elle les menace. Et pourtant ils entrent. C'est le premier qui compte.
Je ne suis ni leur père ni leur mère. Et parfois je me sens tout ça. Ils sont si près de moi que je ne les vois pas. Je fais comme eux. J'entre. Ce miracle se renouvèle tous les jours. Pourquoi n'ai-je pas claqué la porte et ne suis-je pas parti en courant ?
Non, je ne pars pas. Je suis le ver dans le fruit. Je mange la pomme et crache cette mousse.
Lorsque le temps appartient à la décision de l'autre, non seulement dans l'enfance, mais dans l'enfance du monde, l'autre a peur du vide et remplît les êtres qui l'entourent de sa propre folie. C'est le vol, le viol de l'enfance : le temps dérobé"
D.S.
Couverture: Jurgen Vollmer - Little Bearb1998 -
"Laurence ferme les yeux avec moi, serre les lèvres, et ses baisers sont ceux d'un animal craintif qui frotte son museau sur le mien, de gauche à droite. Je suis obsédé longtemps par cette image honteuse, cette bouche qui dit non et oui en même temps, et par la confusion où nous basculons ensuite. Son visage me repousse et ses mains me retiennent. C'est comme si elle devenait aveugle et que je guidais ses gestes pour lui faire accomplir ce que nos deux corps attendent sans que des mots sachent le dire. Laurence se laisse faire et nous nous abandonnons à cet instinct qui nous colle l'un à l'autre, sans jamais nous consoler ni apaiser la peur d'être au monde."
Récit d'initiation, histoire d'une passion adolescente, cachée, obsessionnelle et transgressive qui lie le narrateur à sa soeur d'adoption et lui laisse aujourd'hui encore, après une enfance tiraillée entre l'amour et la peur de l'abandon, la possessivité et l'indifférence, un sentiment d'inachevé. -
Les fruits poussent dans les arbres
Dominique Sampiero
- Flammarion
- FICTION FRANCAISE (SC)
- 13 March 2013
- 9782081302310
Quand son père, traminot dans le Nord, meurt d'une tuberculose mal soignée, Thérèse a quatre ans. Pour l'accompagner dans le dernier voyage, elle place près du mort sa poupée favorite. la chose faite, elle s'installe dans une longue attente.
Foi, innocence et détermination, c'est tout Thérèse, qui devient dans les années 1960 une des premières "soeurs ouvrières". Sa religion, celle du Christ, et plus encore celle de l'homme, est faite de souffrance partagée et de joie. Famille, amis, déshérités, elle leur donne tout, sans compter. Et s'engage dans un militantisme syndical de choc. À tel point que l'Église, après l'avoir envoyée sur le terrain; l'exclut brutalement de l'ordre. Désormais, elle réside à cent mètres du chemin de enfer et parle avec les morts, les saints et les anges comme avec des voisins...
Dominique Sampiero a réinventé le destin exceptionnel d'une juste. Vivant parmi nous, pleine d'humour, ancrée dans son époque, elle apparaît comme une rebelle, admirable.
©Pierre Ferbos/Flammarion