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Littérature argumentative
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Apories paradoxes et autocontradictions
Eric Benoît
- Presses universitaires de Bordeaux
- 6 September 2022
- 9791030009446
La littérature moderne montre souvent une propension de l'écriture à se confronter à sa propre impossibilité, voire à s'en nourrir, paradoxalement. Ce paradoxe est difficilement théorisable ou conceptualisable, il échappe essentiellement à la saisie conceptuelle et à la logique classique, mais il est cependant l'objet d'une expérience littéraire récurrente, historiquement repérable, objectivement observable dans les textes, et donc descriptible, ou appréhendable comme une sorte d'algorithme de certaines tendances de l'écriture littéraire (non tant dans son contenu que dans son mode de fonctionnement) : comment continuer à écrire jusque dans l'aporie, comment frayer dans l'impasse (aporia) les chemins de l'écriture ?
Cette prédilection de l'écriture pour une situation autocontradictoire a été relevée par Roland Barthes disant que « la modernité commence avec la recherche d'une Littérature impossible ». C'est sur ce paradoxe que portera ici notre réflexion, pour essayer d'en dégager les origines, pour tenter d'en explorer les modalités et les modulations. La littérature en effet tend non seulement à se réfléchir elle-même, mais aussi à réfléchir sa propre impossibilité, à faire oeuvre de son impossibilité (à faire oeuvre de son propre « désoeuvrement », pour reprendre le terme de Blanchot), jusqu'à assumer voire revendiquer sa propre impossibilité comme étant son essence même.
Les textes de ce volume s'arrêteront plus particulièrement sur les oeuvres de Rousseau, Melville, Thoreau, Flaubert, Baudelaire, Mallarmé, Gide, Kafka, Beckett, Bataille, Blanchot, Claude Louis-Combet, Gracq, Jabès, Celan, Gherasim Luca, Jean Tortel, Christian Hubin, Pascal Quignard, Michel Deguy... -
Soi disant poesie et empechements
Eric Benoît
- Presses universitaires de Bordeaux
- 1 September 2022
- 9791030009392
Le présent volume vise à réfléchir sur les obstacles à l'expression de soi en poésie : réticences, pudeur, autocensures, métaphorisations, voix obliques, messages implicites, voix discrète ou secrète, obstacles provenant de l'environnement social ou du sujet lui-même... Autant de difficultés, pour un poète, à être « soi disant ». C'est la situation paradoxale, ou aporétique, ou contradictoire, qui pour tel ou tel poète suppose une intention de se dire et l'impossibilité de le faire : double postulation simultanée d'un lyrisme retenu, l'une vers un vouloir-se-dire, l'autre vers un ne-pas-pouvoir-le-faire, là où l'intention de se dire en poésie est travaillée par les empêchements, subis ou assumés par les poètes, de ce dire même.
Cette problématique concerne à la fois la poésie occidentale et la poésie orientale. C'est pourquoi ce volume, fruit d'une collaboration entre universitaires français et japonais, donnera une place importante à la poésie japonaise. Outre des poètes comme Nerval, Laforgue, Péguy, Reverdy, Breton, Genet, Guillevic, Dupin, Jaccottet, Albiach, Hocquart, Royet-Journoud, Stéphane Bouquet, et aussi Beckett, il sera question de poètes japonais, comme Bashô, Masaoka Shiki, Kenji Miyazawa, ou Kôtarô Takamura, sans oublier l'esthétique particulière du haïku et l'attrait que le poème court japonais a exercé sur les poètes occidentaux du xxe siècle dans leur recherche d'un effacement de la subjectivité. -
Bernanos littérature et théologie
Eric Benoît
- Éditions du Cerf
- LITTERATURE HORS COLLECTION
- 20 June 2013
- 9782204117364
Bernanos! On ne peut songer à meilleur exemple pour tenter de saisir les liens possibles entre littérature et théologie. Son oeuvre romanesque est sous-tendue par la théologie du christianisme, singulièrement par le dogme de la communion des saints où toute l'humanité est constituée en un grand Corps mystique où se joue l'histoire du Salut, et où la souffrance des uns peut contribuer à la rédemption des autres. La structure même de la narration romanesque est en correspondance avec ces schèmes théologiques. On prêtera notamment attention au traitement particulier de la chronologie où certains instants narratifs sont à l'intersection du temps et de l'éternité. Mais il n'y a pas que les oeuvres strictement littéraires : l'auteur, de surcroît, dégage ce soubassement théologique aussi bien dans des textes plus personnels, écrits par Bernanos au début de son exil pendant la Seconde Guerre mondiale, que dans ses positions littéraires et politiques à l'égard de certains de ses contemporains comme François Mauriac. L'essai d'Éric Benoit offre au lecteur une subtile et rigoureuse exploration de Bernanos, exemple parfait de magnifique osmose entre une conscience théologique et le geste littéraire où elle se déploie.--Bernanos! Who could think of a better example to grasp the possible links between literature and theology? His fictional work is underpinned by the theology of Christianity, particularly by the doctrine of the communion of saints wherein all humanity is bound in a great mystic body, whose stakes are the history of Salvation, where the suffering of some can contribute to the redemption of others. The very structure of fictional narration is in harmony with these theological schemes. Readers will note the specific treatment of chronology, with certain narrative events placed at the intersection of time and eternity. But not only his literary works are concerned here: the author also detects this theological basis in his more personal texts, written by Bernanos at the beginning of his exile during WW2, and in his literary and political opinions about certain of his contemporaries, such as François Mauriac. Éric Benoit's essay is a subtle and rigorous exploration of Bernanos, the perfect example of the magnificent osmosis between theological conscience and the literary act through which it unfolds.
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Impuissance(s) de la littérature ?
Eric Benoît, Hafedh Sfaxi
- Presses universitaires de Bordeaux
- 21 June 2017
- 9791030001488
L'impuissance de la littérature est de nos jours une question centrale dans la création littéraire et dans la critique. Ce livre collectif examine cette question selon deux axes : en amont de l'oeuvre, l'impossibilité d'écrire ; en aval de l'oeuvre : l'interrogation sur l'action ou l'inaction de la littérature face au monde réel et à l'Histoire.
Cette interrogation n'est pas pessimiste : l'impuissance peut être féconde. L'un des paradoxes de la littérature, c'est que, de cette impuissance, l'écrivain va tirer des oeuvres particulièrement intenses, bouleversantes par la singularité d'un style, d'une voix, et toujours riches d'effets sur le lecteur.
C'est sur fond d'impuissance que la littérature continue de s'élever. L'impuissance est créatrice, et c'est bien avec un double sens qu'il faut entendre l'expression "impuissance créatrice" : impuissance à créer, et impuissance qui crée, qui incite à créer.
La littérature persiste obstinément à être parole de résistance. Fragile, mais résistante. Ce n'est pas une parole de pouvoir, mais de contrepouvoir : "hors-pouvoir", comme le disait Barthes dans sa Leçon. À long terme, la parole littéraire se révèle gagnante, elle contribue à mieux humaniser l'homme. Sa réception, de générations en générations, invente de nouvelles formes de sensibilité, de subjectivation, de vie. Impuissante souvent dans son présent - puissante dans le temps.