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marguerite yourcenar
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Cette oeuvre, qui est à la fois roman, histoire, poésie, a été saluée par la critique française et mondiale comme un événement littéraire. En imaginant les Mémoires d'un grand empereur romain, l'auteur a voulu "refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors". Jugeant sans complaisance sa vie d'homme et son oeuvre politique, Hadrien n'ignore pas que Rome, malgré sa grandeur, finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l'importance de penser et de servir jusqu'au bout.
"... Je me sentais responsable de la beauté du monde", dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l'homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors confrontent les civilisations, la quête d'un accord harmonieux entre le bonheur et la "discipline auguste", entre l'intelligence et la volonté. -
En créant le personnage de Zénon, alchimiste et médecin du XVIe siècle, Marguerite Yourcenar, l'auteur de Mémoires d'Hadrien, ne raconte pas seulement le destin tragique d'un homme extraordinaire. C'est toute une époque qui revit dans son infinie richesse, comme aussi dans son âcre et brutale réalité ; un monde contrasté où s'affrontent le Moyen Âge et la Renaissance, et où pointent déjà les temps modernes, monde dont Zénon est issu, mais dont peu à peu cet homme libre se dégage, et qui pour cette raison même finira par le broyer.
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"Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, qui "aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes", font écho à l'amertume du vieux Cornélius Berg, "touchant les objets qu'il ne peignait plus".
Marko Kraliévitch, le Serbe sans peur qui sait tromper les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIe siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie. L'amour sublime de Vania l'Albanaise ou le deuil sacrilège de la veuve Aphrodissia répondent au sacrifice de la déesse Kâli, "nénuphar de la perfection", à qui ses malheurs apprendront enfin "l'inanité du désir".
Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement."
Matthieu Galey -
En 1919, dans les pays Baltes ravagés par la guerre, la révolution et le désespoir, trois jeunes gens, Éric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l'amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie.
Marguerite Yourcenar renouvelle le thème du triangle amoureux dans cette somptueuse et tragique histoire d'amour. -
Alexis ou le traité du vain combat ; le coup de grâce
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- Folio
- 15 April 2015
- 9782072535758
Comme tous les héros de Marguerite Yourcenar, Alexis s'interroge pour mieux comprendre le monde et mieux se comprendre lui-même. Il cherche à sortir d'une situation fausse qui est l'échec de son mariage. Une longue lettre forme tout le récit où il prend sa femme à témoin du vain combat qu'il a mené contre son penchant naturel et sa vocation véritable.
Alexis est le premier roman de Marguerite Yourcenar et a révélé son grand talent d'écrivain.
Le Coup de Grâce se situe dans les Pays baltes en 1919-1920. Par-delà l'anecdote de la fille qui s'offre et du garçon qui se refuse, le sujet central du roman est avant tout une communauté d'espèce, une solidarité du destin chez deux hommes et une femme soumis aux mêmes dangers. -
Comment Wang-Fô fut sauvé
Marguerite Yourcenar
- Gallimard Jeunesse Audio
- Écoutez lire
- 6 July 2015
- 9782075024563
Voici l'histoire d'un vieux peintre chinois du nom de Wang-Fô. Il peignait si bien que ses tableaux étaient magiques. Malgré cela, Wang-Fô était très pauvre, car il donnait ses peintures en cadeau ou les échangeait contre un bol de riz. Un jour, cependant, l'empereur le convoqua en son palais, pour le menacer, lui, le vieux maître qu'il admirait tant, d'un terrible châtiment...
Christophe Gonon nous conte avec passion l'histoire du vieux peintre Wang-Fô, un conte poétique et merveilleux sur le pouvoir de l'art.
Couverture : Illustration de Georges Lemoine -
« Zénon, sombre Zénon » : correspondance 1968-1970
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- blanche
- 16 November 2023
- 9782072988967
Au coeur des événements de mai 1968 paraît L'OEuvre au Noir. À l'automne, c'est la consécration critique et publique avec l'obtention du prix Femina. Tant l'oeuvre que la renommée de la romancière changent de stature. Au cours de l'année qui suit, Yourcenar est sollicitée par des journalistes, des amis, des écrivains et philosophes, des éditeurs, des lecteurs inconnus. La correspondance qui en résulte est une leçon de grand style épistolaire. En 1970, Yourcenar est élue à l'Académie royale de Belgique - une décennie avant son élection à l'Académie française.
Avec l'ébauche de La Couronne et la Lyre et du grand projet autobiographique du Labyrinthe du monde, on voit apparaître le tableau achevé de l'oeuvre, tel que le dispose pour la postérité l'écrivaine, et les lettres de cette correspondance générale sont l'occasion pour le lecteur "de suivre, à travers le brouhaha des faits extérieurs, l'aventure secrète d'un esprit". -
Le livre de Marguerite Yourcenar commence par le récit d'une naissance : la sienne. De ce point de départ elle s'interroge. D'où vient-elle ? Qui fut sa mère, morte presque aussitôt ? Qui fut son père ? Ces deux familles dont elle est issue, que peut-elle en savoir, à travers les épaisseurs du temps ? Personne ne rend sensible comme elle l'existence d'âge en âge des êtres en un lieu donné, et le fait que les générations sur le même coin de terre s'entassent comme des strates géologiques, côte à côte avec les bêtes et les plantes. Le récit s'accompagne à chaque pas de commentaires qui sont des coups de projecteurs dans le brouillard de toute vie. Si bien que d'une histoire à peu près ordinaire ou commune Marguerite Yourcenar a fait une oeuvre extraordinaire, où la rigueur le dispute à la compassion, où le plus grand art et le plus discret est au service d'une rare noblesse de coeur.
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Comme dans Souvenirs Pieux, Marguerite Yourcenar part ici à la recherche de ses origines. Commençant par l'évocation de ces terres, de ces dunes, de ces forêts, qui deviendront un jour la Flandre française, elle descend le cours du temps. L'Histoire devient comparable à une immense circulation sanguine dont l'écrivain serait le coeur toujours battant. S'abandonner à ce système romanesque créé par le Temps, c'est découvrir comment une femme d'aujourd'hui a su pénétrer le secret des siècles refermés sur eux-mêmes, pour en réveiller les destins singuliers, avec leurs passions, leurs amours, leur noblesse.
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"Anna, soror... fut écrit en quelques semaines du printemps 1925, au cours d'un séjour à Naples et immédiatement au retour de celui-ci [...] Jamais invention romanesque ne fut plus immédiatement inspirée par les lieux où on la plaçait.
J'ai goûté pour la première fois avec Anna, soror... le suprême privilège du romancier, celui de se perdre tout entier dans ses personnages, ou de se laisser posséder par eux. Durant ces quelques semaines, et tout en continuant à faire les gestes et à assumer les rapports habituels de l'existence, j'ai vécu sans cesse à l'intérieur de ces deux corps et de ces deux âmes, me glissant d'Anna en Miguel et de Miguel en Anna, avec cette indifférence au sexe qui est, je crois, celle de tous les créateurs en présence de leurs créatures."
Marguerite Yourcenar. -
Le 24 novembre 1970, Mishima prépare avec un soin minutieux sa mort. Il veut que son suicide obéisse en tous points aux rigueurs du rite exigé depuis des siècles par la tradition de son pays, le milieu dans lequel il a choisi de vivre religieusement, socialement, littérairement, politiquement : il s'ouvre le ventre avant de se faire décapiter par la main d'un ami. Mort à la fois terrible et exemplaire parce qu'elle est en quelque sorte le moyen de rejoindre en profondeur le vide métaphysique dont le romancier-poète japonais subit la fascination depuis sa jeunesse.
Marguerite Yourcenar met toute l'acuité de son intelligence au service d'une telle aventure humaine dont elle pressent à la fois la proximité et l'étrangeté. Ainsi, dans un modèle d'étude critique, un grand écrivain d'Occident démonte les mécanismes de la psychologie d'un grand écrivain d'Orient, mettant au jour les ambitions, les triomphes, les faiblesses, les désastres intérieurs et finalement le courage. -
La couronne et la lyre - poemes
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 December 2015
- 9782072585913
"Les traductions de poèmes grecs anciens qu'on va lire ont été composées en grande partie pour mon plaisir, au sens le plus strict du mot, c'est-à-dire sans aucun souci de publication. Il en est de même des notices, brèves ou longues, qui les précèdent, et ont été d'abord des informations assemblées ou des évaluations tentées pour moi seule. En traduisant ces poèmes, ou fragments de poèmes, ma démarche ne différait en rien de celle des peintres d'autrefois, dessinant d'après l'antique ou brossant une esquisse d'après des peintures de maîtres antérieurs à eux, pour mieux se pénétrer des secrets de leur art, ou encore de celle du compositeur retravaillant de temps à autre un passage de Bach ou de Mozart pour en jouir et s'enrichir de lui..."
Marguerite Yourcenar. -
De tant de périples, voilà des bribes saisissantes. Si Marguerite Yourcenar évoque sa traversée d'est en ouest du continent américain, le centre de ce recueil posthume est le Japon. La voyageuse nous parle du poète errant Bashô, du théâtre kabuki, des jardins zen avec chaque fois la fraîcheur miraculeuse de la découverte... Après tant d'années d'enfermement, voici le grand large, le total dépaysement. "Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ?"
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Encore une fois, dans ce troisième volet du Labyrinthe du monde, le centre du récit est le personnage du père, Michel. Michel et sa mère, l'affreuse châtelaine du Mont-Noir ; Michel et ses amours : Fernande, Jeanne, dont l'inquiétant mari servira de modèle à Alexis, Liane, tant d'autres... "Confondue par le problème des dates de l'enfance, seule dans un paysage vide où tout semble tantôt très proche et tantôt lointain", Marguerite Yourcenar, qui parle peu d'elle-même, laisse seulement deviner, derrière le portrait du père, sa silhouette de petite fille, puis d'adolescente. Et, derrière le fourmillement des passions, le chaos des impressions, derrière les désastres privés et historiques, ce qui constituera son monde, comme si elle nous tendait quelques clés de son oeuvre romanesque.
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La vie et la mort de Nathanaël, dans la Hollande du XVIIe siècle, est le sujet d'Un homme obscur. Un homme simple, presque sans culture, levant sur le monde un regard d'autant plus clair qu'il est incapable d'orgueil. Le héros d'Une belle matinée est Lazare, le fils de Nathanaël, un enfant mêlé à une troupe de comédiens shakespeariens. À travers les brochures du théâtre élisabéthain, le petit Lazare vit d'avance toute vie, tour à tour fille et garçon, jeune homme et vieillard, enfant assassiné et brute assassine, roi et mendiant, prince vêtu de noir et bouffon bariolé du prince.
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Conte bleu ; le premier soir ; maléfice
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- Folio
- 31 May 2015
- 9782072586231
C'est un conte bref, très habilement composé pour donner un effet de reproduction d'une ancestrale tradition, venue de la littérature orale. Récit peu surprenant, car très respectueux des schémas simples - le désir de richesse ; la crédulité des hommes face au leurre de l'argent ; la difficile conquête de l'objet censé apporter la richesse (ici, des saphirs) - et structuré par toutes les étapes obligées de la dépossession - accidents, naufrages, attaques de corsaires, morts, errances, pauvreté plus grande qu'avant l'acquisition de la supposée fortune, dénuement définitif. À quoi s'ajoutent des rituels plus particuliers à Yourcenar, comme l'automutilation. Plus encore que l'anecdote, c'est l'atmosphère de ce conte qui préfigure les Nouvelles orientales.
Josyane Savigneau. -
Ce roman évoque dans leur réalité la plus vivante, mais aussi dans leur secrète allégorie, quelques aspects particuliers de la Rome de l'an XI du fascisme. Il y a là une authentique peinture de certains milieux antifascistes de l'époque et du drame de leur révolte vouée à la clandestinité et à l'échec durant ces années où triomphait la dictature.
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En 1939, l'Amérique commence à Bordeaux ; lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte (1938-1980)
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- blanche
- 4 November 2016
- 9782072482533
Cette correspondance adressée à Emmanuel Boudot-Lamotte compose un ensemble singulier en raison de son destinataire et de sa durée - tout autant que de sa fragmentation.
Peu connu du grand public, Emmanuel Boudot-Lamotte, dont nous ne possédons que les brouillons, est l'éditeur de Marguerite Yourcenar chez Gallimard - son principal interlocuteur - mais aussi un de ses amis. Grand voyageur, photographe, historien de l'art, il est aussi l'ami intime d'André Fraigneau, l'éditeur chez Grasset de Marguerite Yourcenar.
En 1939, la guerre vient d'éclater en Europe. En septembre, Marguerite Yourcenar part pour l'Amérique donner des conférences et rejoindre sa compagne, Grace Frick. Cet "exil" américain marque un tournant dans leurs échanges : les premières lettres constituent un journal des choses vues de l'Amérique, où l'auteur prend le pas sur l'amie, avant le silence des années de guerre.
Le dialogue est renoué en 1945. Éloignée de ce qui s'est déroulé en Europe, Marguerite Yourcenar n'en demeure pas moins attentive à la vie littéraire et au confort des infortunés. De nouveaux désirs d'ouvrages apparaissent : en tant que critique (L'Art français aux États-Unis), traducteur (Frederic Prokosch, Henry James, Edith Wharton, Negro Spirituals) et éditeur (elle conçoit un recueil de nouvelles américaines contemporaines).
Il nous faut, à la lumière de cette correspondance, réviser notre perception des premières années américaines de Marguerite Yourcenar : ce bouillonnement prolifique et intellectuel marque un temps et un lieu de transition entre les premières oeuvres (Le Coup de grâce et Nouvelles orientales) et les grands textes à venir (Mémoires d'Hadrien, L'OEuvre au noir). -
Rendre à César est une adaptation du célèbre roman Denier du rêve. Il se situe en 1933 et raconte l'histoire d'un attentat, dans la Rome de Mussolini.
La Petite Sirène est une libre transcription du conte d'Andersen.
Le dialogue dans le marécage s'inspire d'un fait divers du Moyen Âge italien. C'est l'histoire d'une patricienne siennoise, Pia Tolomei, reléguée dans un malsain château de la Maremme par un mari jaloux qui l'y laisse mourir.
Électre ou La chute des masques : Électre, mariée à un paysan, vit avec lui dans une misérable hutte où elle attire sa mère pour la mettre à mort, avec l'aide de son frère Oreste. Mais tout changera de face quand elle découvrira qu'Oreste est fils, non d'Agamemnon, mais d'Égisthe, et de la race de l'assassin, de l'usurpateur, et non de la victime.
Le mystère d'Alceste, consacré à l'émouvante aventure d'Alceste, sacrifiant sa vie par amour conjugal et ramenée d'entre les morts par Hercule, insiste sur les aspects tragi-comiques de la légende, sur la ronde grotesque des importuns et des indifférents autour de la morte et du jeune veuf. Mais il souligne aussi les côtés sacrés de ce récit mythique.
Qui n'a pas son Minotaure ?, divertissement allégorique, satirique parfois, s'inspire librement de l'aventure de Thésée au Labyrinthe. Les thèmes de l'imposture et de l'erreur, du destin et du salut s'entrecroisent. Thésée aux prises avec le Minotaure combat sans le savoir avec soi-même. Ariane finit par rencontrer un étrange personnage appelé Bacchus-Dieu. -
Le pendant des Mémoires d'Hadrien et leur entier contraire ; correspondance 1964-1967
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- blanche
- 5 December 2019
- 9782072790140
La correspondance de Marguerite Yourcenar entre 1964 et 1967 nous raconte l'aventure passionnante d'un livre à la fois victime et bénéficiaire des "extraordinaires carambolages du hasard et du choix" : L'OEuvre au Noir. S'y déroule aussi, au jour le jour, l'histoire de la publication d'un ouvrage dont l'idée remonte au tout premier voyage de 1937, avec Grace Frick, dans le sud des États-Unis : le recueil des Negro Spirituals qui constituent Fleuve profond, sombre rivière. La question de la traduction est omniprésente dans les lettres car elle concerne aussi la préparation de La Couronne et la Lyre, "genre Fleuve profond, mais il s'agit cette fois de poètes grecs".
Ces années marquent le début d'une vie immobile à Petite Plaisance, hormis un voyage en Europe, notamment à Auschwitz, où peu à peu se forge le pessimisme qui prévaudra dans L'OEuvre au Noir, "pendant des Mémoires d'Hadrien et leur entier contraire".
La dynamique de l'écriture épistolaire de Marguerite Yourcenar a été respectée au plus près avec ses anglicismes, ses flottements sur les noms de lieux et de personnes, ses apories, ses répétitions, ses repentirs, qui laissent affleurer l'intime derrière les préparatifs de textes lissés pour leur publication. On voit émerger de l'ombre des mots le profil futur de Zénon, miroir inversé du portrait achevé d'Hadrien. -
Persévérer dans l'être ; correspondance 1961-1963
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- blanche
- 1 June 2015
- 9782072460081
1961-1963, Marguerite Yourcenar approche de la soixantaine. Pour beaucoup, un âge d'interrogations, de conscience aiguë de l'âge qui vient. Rien de ce genre chez elle. Au contraire. Elle affirme une belle solidité dans l'accueil des années à venir. Le temps qui vient sonne même comme prometteur pour elle. De fait, sa vie se poursuit pareille à ce qu'elle a été depuis qu'elle a mouillé l'ancre à Bar Harbor, caractérisée par le même élan, la même force créatrice. Dans cette existence qu'elle a voulue toute consacrée à la pensée et à l'écriture, la pérennité révèle un approfondissement de l'expérience. "Vous êtes si bien faite pour "persévérer dans l'être"", écrit-elle à Natalie Barney. Mais lectrices et lecteurs savent que ce mot de Spinoza peut aussi s'appliquer à Yourcenar elle-même. En effet, c'est en persévérant dans son être que Yourcenar, au long des jours, a réussi à tisser entre eux les fils de réflexions émanant de ses différentes recherches et études.
Tout un condensé de sa vie créatrice, de sa pensée, de son expérience littéraire, de son éthique, de ses réflexions sur le mal - la cruauté en l'homme - et sur l'Histoire, se profile et nous fait entrevoir l'écrivain dans sa maison de Bar Harbor, mais aussi en voyage parfois, entourée de livres, ceux qu'elle écrit et ceux qu'elle lit, puisant à mille champs du savoir, sachant ce qu'elle cherche, non ce qu'elle va découvrir, retenant ce qu'elle veut, le transformant. Elle aussi alchimiste du verbe! Toute une expérience intellectuelle et littéraire, une expérience de vie, qu'elle communique - en répondant à des appels de lecteurs, certains eux-mêmes écrivains en herbe, en écrivant à des amis ou à d'autres qui ne le sont pas -, soucieuse toujours d'un échange intellectuel permanent avec autrui. -
Les essais rassemblés ici par Marguerite Yourcenar sont le reflet fidèle et saisissant d'un parcours intellectuel extrêmement varié, qui va des années 1930 aux derniers jours de 1987. Dans la première moitié du recueil, un important ensemble sur la Grèce montre combien les personnages de l'Antiquité grecque ont été pour elle vivants, et pour ainsi dire contemporains. Des pages d'une rare originalité et d'une violence juvénile font apparaître Apollon meurtrier et Cassandre sa victime : atroces, irrécusables. D'autres pages nous arrêtent devant les mosaïques de Ravenne. Partout à travers le temps et la mémoire voici la mort inlassable : les tombeaux des princes à Innsbruck, le grand ange ailé de Dürer, L'Île des Morts de Bcklin. Il faut compter avec les peintres : ses préférés furent peut-être Poussin, Rembrandt, Ruysdael. Lorsqu'elle évoque leurs toiles elle fait voir le brin d'herbe le plus ténu, et saisit l'âme insaisissable. Les écrivains offrent une approche moins tragique : Virginia Woolf et Henry James (qu'il lui est arrivé de traduire), Oscar Wilde, sa gloire et sa déréliction, Roger Caillois, qui la précéda à l'Académie française, et le grand poète aveugle d'Argentine Jorge Luis Borges. Ce sont autant de superbes hommages d'un grand écrivain à ses pairs, mais à qui donc, en tant de pages, dédier toute tendresse et douceur, sinon au jeune Mozart à Salzbourg, sinon - seul poème du recueil - au souvenir de Kou-Kou-Haï, petit pékinois très aimé ?
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Ce volume d'essais, où souvent l'intensité de la réflexion apporte à la phrase une force poétique, aborde les sujets les plus variés. Sur quelques lignes de Bède le Vénérable montre d'une façon saisissante le moment où le christianisme arrive dans le nord de l'Angleterre. Sixtine est une méditation sur la vie, la beauté, à travers Michel-Ange et ses élèves. Suit une étude sur Ton et langage dans le roman historique, avec, en appendice, les extraordinaires minutes de séances de torture subies par Campanella, en 1600. Le Temps, ce grand sculpteur parle du changement, de l'usure que les siècles apportent même aux statues. L'auteur médite Sur un rêve de Dürer, apporte des prolongements à l'étude d'Ivan Morris sur La noblesse de l'échec, étudie un cas de cruauté féminine, celui d'Elisabeth Báthory, et prend énergiquement la défense des animaux.
Une séquence sur les Fêtes de l'an qui tourne, une réflexion sur des jeunes qui se sont immolés par le feu, l'évocation d'un vieux traité cynégétique, une approche du Tantrisme, l'érotisme du Moyen Âge hindou : tels sont quelques-uns des sujets traités. -
Comme l'eau qui coule ; Anna Soror...un homme oscur, une belle matinée
Marguerite Yourcenar
- Gallimard
- blanche
- 2 April 2015
- 9782072058769
Comme l'eau qui coule est un recueil de trois nouvelles, dont la première, Anna, soror..., se trouve republiée sans changement important et dont les deux autres ont été entièrement composées entre 1979 et 1981. En fait, ces trois oeuvres ont occupé Marguerite Yourcenar pendant une grande partie de sa vie.
Écrit en 1925, inclus en 1935 dans le recueil La mort conduit l'attelage, publié isolément en 1981, Anna, soror... a pour sujet l'inceste entre un frère et une soeur et se situe à Naples, au XVIe siècle.
La vie et la mort de Nathanaël, dans la Hollande du XVIIe siècle, est le sujet d'Un homme obscur. Un homme simple, presque sans culture, 'levant sur le monde un regard d'autant plus clair qu'il est plus incapable d'orgueil'.
Le héros d'Une belle matinée est Lazare, le fils de Nathanaël, un enfant mêlé à une troupe de comédiens shakespeariens. À travers les brochures du théâtre élisabéthain, le petite Lazare vit d'avance toute vie : tour à tour fille et garçon, jeune homme et vieillard, enfant assassiné et brute assassine, roi et mendiant, prince vêtu de noir et bouffon bariolé du prince.