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Éditions Les Herbes rouges
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2015 - Un barman montréalais ayant fait voeu de chasteté s'intéresse malgré lui à une cliente qui s'appelle tantôt Oscara, tantôt Fanny ou Cléopâtre.1999 - Sous la pluie de bonbons d'une piñata, un adolescent tombe amoureux de sa tante.1899 - Au nord des États-Unis, dans un village reculé, un pasteur récite à ses fidèles des passages salaces de la Bible.2027 - Trois jeunes femmes se moquent en secret du gourou de leur groupe extinctionniste. Quelque chose ne colle pas, n'a jamais collé dans le rapport entre sexe, amour et procréation. Des générations de personnages, coincés par les normes sociales, testent tour à tour les limites de la décence. Mais entre le tabou et l'acceptable, la frontière n'est pas aussi claire qu'on aimerait le croire. Pas plus qu'entre la vérité et le mensonge... La trajectoire des confettis dépeint un monde en dripping : gouttes de peinture et confettis tombés au hasard s'assemblent en un tableau chamarré. Entreprise vaste et captivante, ce livre déchiquette le grand cliché des romans d'amour, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
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.« Ce qui sous-tend tout le livre c'est qu'il faut se travestir pour vivre : se travestir pour survivre, pour exister; on ne peut jamais être soi-même, il faut toujours changer sa personnalité pour vivre dans une société. »- Josée Yvon « Francine pensait à toutes ses amies : les crosseuses, les tuées, les abusées, les stupides, les merveilleuses. » Celles-là et une foule d'autres sont les facettes qui scintillent, les insectes qui grouillent, pris dans l'engrenage des marges, au sein de Travesties-kamikaze. « Toutes les situations et personnages décrits dans ce livre ne font aucunement partie de la fiction et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes ou des lieux réels est voulue et écrite pour les représenter. » Les fragments de récits, de poèmes, les collages qui composent Travesties-kamikaze en font un objet chargé, dégénéré et puissant. La réalité apparaît en gros plan, en morceaux; le fil des événements se dissout dans la nuit et dans l'alcool, dans les viols et les coups de couteau, les drogues et les médicaments. Pour Francine, Gina, Brigitte, Jasmine, la narration furieuse et imagée de Josée Yvon se fait antre, lieu percé de « trous dans le plâtre qui s'effrite, mais confortable, chaud, bizarre, attirant, peut-être une famille ». « Et elle a ajouté : "Je suis une revendication quand je manque de gaz." »
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Nombreuses sont les otages rassemblées en ce lieu - une prison, un hôpital, un bordel ?
En haut, Têtra, « la boss, la maîtresse, la femme aux mille pattes », les surveille en ricanant. Sous son regard attendri mais cruel, les otages font l'amour et la fête, torturent un homme qui a violé une des leurs, accouchent, s'entretuent. L'alcool arrosant les pilules, chacune contemple ses blessures.
Kâlisse, America-Susan, Georgette dite Courgette, Lise « Capotée » Boudreau, Nicole-Nympho et les autres : « elles sont la vraie société, aussi pire, aussi malade, aussi vulnérable ».
La vie était dure dehors ; elle ne l'est pas moins dans cet étrange aquarium. Or « ici au moins, pensait Kâlisse, les lucioles du rire passaient parfois ». -
Abandons ; la maison d'Ophélie
Carole David
- Éditions Les Herbes rouges
- Territoires
- 10 November 2020
- 9782894197622
À propos d'ABANDONS :
Abandon dans la mort, dans l'amour, dans la violence, dans la peur, dans l'alcool: le propos de cette poésie tient dans les faits du quotidien, du réel. Les mêmes attitudes, les mêmes mots se retrouvent d'un poème à l'autre, mais chacun d'entre eux bascule inévitablement dans le rêve ou le fantasme. Abandons révèle des scènes concentrées où l'intensité provient de détails superflus, inattendus, quelque chose qui soudainement serait plus grave que la mort. Peu à peu s'établissent entre ces scènes des liens, des rythmes communs. Ces visions fugitives sont fixées là, tout de suite, sans nécessairement être développées. Le poème est la forme idéale pour qu'on ne puisse oublier ces instants.
À propos de LA MAISON D'OPHÉLIE :
La maison d'Ophélie explore la frontière qui sépare la vie normale du chaos. Chaque poème a le pouvoir d'investir les objets et les êtres d'une inquiétante étrangeté en suggérant une menace omniprésente cachée au coeur des apparences. Ces poèmes écrits en écho sont à la fois commentaires l'un de l'autre, et jeu de dualité et de résonances. L'imaginaire y contamine peu à peu la réalité. À preuve, ces nombreuses scènes du quotidien qu'un élément suffit à brouiller et à faire basculer dans une autre dimension. -
Tournage de film porno, « Ginette se meurt d'ennui ». Prostituée armée dans les toilettes d'une chambre de motel. Miroirs léchés. Vaginoplastie juste au bon moment « pour se cacher ailleurs qu'au cimetière ou en prison ». Viol d'un adolescent. Party BDSM. Manucure. Drogue mortelle.
« Personne ne peut abuser d'elle, c'est déjà fait. » Abîmées et vengeresses, les « fées mal tournées » rendent les coups. Dans la rue, au bar, à l'hôpital, à la shop de tatouage, elles rassemblent leurs voix discordantes pour devenir inévitables, pour déranger l'ordre qui les gruge.
« Nous docteurs, sorcières et assassines, nous voulons répandre la conscience / comme une malaria fiévreuse et addictive. » Au coeur de Danseuses-mamelouk, Josée Yvon réunit sa milice : trois textes, masses composites de vers et de bouts de récits, cris de guerre, dédales de sens, affection féroce, « une grosse étreinte dans page ».
« Car l'abus est notre seul espoir de prospérité et de jouissance. » -
Le programme double de la femme tuée
Carole David
- Éditions Les Herbes rouges
- 1 March 2022
- 9782894198094
C'est un été ordinaire du XXIe siècle. La canicule écrase Rome, où l'écrivaine pose ses valises. Qu'est-elle venue trouver parmi
les foules de touristes, elle, l'Italienne née déracinée en Amérique, qui ne parle la langue qu'avec hésitation?
Dans les rues de la capitale, à la gare ou au musée, la vie exubérante côtoie le souvenir de mille tragédies. Rome est le théâtre d'une violence répétée, ce cinéma où l'on s'assoit, agitée, pour assister au programme double de la femme tuée.
Au fil de six mois d'errance, la poète parcourt la ville, attentive aux fantômes qui passent. Ce livre pourrait être le compte rendu de sa conversation avec les esprits. C'est un retour sur les lieux du crime, le renouvellement des voeux, un face à face avec un passé qui hante : celui de l'Italie, et aussi l'histoire sanglante des femmes. -
Comment allons-nous dorenavant ecrire ?
André Roy
- Éditions Les Herbes rouges
- 27 April 2021
- 9782894197509
Où convergent les corps désirants, trahis, meurtris? Imaginons un ciel complexe, peuplé d'astres et d'anges, où André Roy leur forge une place à eux.
C'est à même son propre corps que le poète, grand réconciliateur de la beauté et de la détresse, se montre traversé par les passions singulières. Avec Comment allons-nous dorénavant écrire?, il met « de l'ordre dans ses douleurs ».
Porté par la mélancolie autant que par la révolte, ce livre prend une tonalité définitive : « Adieu nuées poèmes calvaires / couleurs des animaux parlures / brûlure des yeux brûlés / je dis adieu à mon écriture ». Or le temps zéro, le temps de la poésie, tourne et se rejoue comme un film au cinéma. -
Quatorze fois Huguette a été harcelée, touchée, embrassée contre son gré, violée. Quatorze fois elle s'est relevée, grelottante de honte ou couverte de sang. Et, comme toutes les Huguette, elle s'est refermée sur ses secrets.
Quatorze fois, Huguette a survécu. Aujourd'hui qu'elle est vieille, lui reviennent les mots d'un poème ancien : « Ô madame, pourquoi ce chagrin qui vous suit ? »
Alors, Huguette s'attelle à extraire de sa mémoire ces événements qui l'ont marquée. Exilée dans un conteneur sans fenêtre, au milieu d'un paysage beau et aride (comme dans son film préféré, L'homme sans passé), elle se consacre tout entière à la tâche. Une fille sans fusil est son histoire, celle d'une Huguette qui aurait voulu être Jeanne d'Arc. -
L'urine des forêts
Denis Vanier, Richard Suicide
- Éditions Les Herbes rouges
- 13 October 2021
- 9782894197981
Dans les années 1990, Denis Vanier a publié aux Herbes rouges une série de recueils à la sobriété brutale. L'urine des forêts, à la fois souvenir de l'amour perdu et abjection quotidienne, est l'avant-dernier de ces livres. Le poète y admet la puissance terroriste du mal qui l'a envahi. Il affirme vivre le plus ancien combat de l'homme.
Ces textes sont ceux de la révolte adolescente, écrits avec les mots lucides de la maturité. -
Encore une autre vie tournant sur elle même. Un disque qui saute? Le langage n'a jamais sauvé personne, le caniche continue de respirer même s'il se mord la queue. En fait, le langage me sauve tous les jours. Lorsque je parle à quelqu'un, je veux souvent quitter les lieux. C'est faux. Une autobiographie ratée? Je suis trop jeune de toute façon. Le présent, mais contaminé par des souvenirs réels et inventés. Une histoire? Petites histoires, poèmes, vie, mort, enfant, adulte, enfant, adulte, argent, pas d'argent. Intérieur, extérieur. Tout cohabite, internet, un imaginaire obsédé par les cercles et la mort et cela s'explique peut-être par mes longues promenades circulaires à Longueuil. J'aime vivre aussi. Vraiment beaucoup. Je cherche encore mon rythme, je cherche dans mes poches, il me reste un vingt, j'ai dix doigts, des jambes.
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Marguerite : le feu ; dossier / mise en esclavage d'autochtones en Nouvelle-France
Emilie Monnet
- Éditions Les Herbes rouges
- scène_s
- 4 April 2023
- 9782894198308
Émilie Monnet rencontre Marguerite Duplessis, cette femme autochtone mise en esclavage qui a été la première à défendre sa liberté lors d'un procès en Nouvelle-France, en 1740. Suivant ses traces du Québec à la Martinique, Émilie interroge les archives et leurs résonances.
Sur une scène qui craque comme un volcan sur le point d'entrer en éruption, trois interprètes noires et autochtones. Ensemble, elles feront fondre l'étau de glace qui enserre l'histoire et attiseront le feu de la solidarité. Fébriles et indociles, dansant, chantant et prenant la parole pour toutes les Marguerites, les trois actrices réinventent une mémoire autour d'événements occultés par des siècles de violence coloniale et patriarcale. Cette histoire, c'est celle de l'oppression des femmes autochtones et afro-descendantes qui se perpétue encore aujourd'hui.
« Marguerite, qu'est-ce qui t'est arrivé ? » En complément à la pièce, le riche dossier élaboré par la conseillère dramaturgique Marilou Craft rapporte ce que l'on sait du parcours de Marguerite Duplessis, résume l'histoire de l'esclavage au Québec et relève les conséquences du colonialisme sur la société contemporaine. -
Je suis entrée dans le boisé de mon enfance avec l'intention d'y rester.
J'étais douée pour une existence hasardeuse, je ne m'appartenais plus corps et biens.
Des photographies, des objets perdus ont suffi à me faire disparaître.
J'ai donné un congé définitif aux vies qui m'habitaient.
Je ne sais rien de ce que j'écris.
Ces poèmes sont l'écume de ma chute.
C. D. -
Ce livre commence au pied du mur. Je n'ai plus rien à dire, je n'ai plus de souffle. Mais on me questionne, on me harcèle : « Qu'as-tu? de quoi souffres-tu? quel mal t'ai-je donc fait? » Et je suis sans paroles, je suis un animal, je suis désolée je ne peux pas. Il faut néanmoins essayer, poursuivre la conversation, reprendre pied. Me saisissant de quelques mots trop gros, j'entreprends de construire des escaliers.
Des poèmes qui descendent l'escalier. Poème, descente. Chaque escalier est une version, un morceau de l'histoire qui ne veut pas sortir. À force, ça finira peut-être par répondre à la question? Et puis ça glisse. Enfin la question se dissout, je parle assez, j'ai fait fuir la question, je ne m'adresse plus qu'à vous qui m'ouvrez votre coeur.
Au moment de terminer ce livre, j'apprends qu'on a repéré dans une galaxie lointaine un trou noir qui, au lieu d'avaler les étoiles, en engendre. -
La bouche pour montrer une série de lames
Mégane Desrosiers
- Éditions Les Herbes rouges
- 27 September 2024
- 9782894198759
Avec un oeil sur la mer pour apercevoir le signe d'une baleine, quelqu'une parle. En parlant, elle fouille, elle va retracer l'origine du trou en elle. « Quel monstre ce trou. »
L'exploration s'articule en phrases démantelées, rafistolées, comme ça vient. Vaillante, ricaneuse, la narratrice cherche son âge. Elle retourne en enfance, où elle attrape quelques souvenirs puants. Quand la honte déborde, une voix surgit, venue d'en haut, assénant une pluie d'insultes sur sa tête. « Petite et sale et rien, maudite croûte, maudite effritée de l'ancêtre qui remonte, maudite grafignée du plat, maudite perte, maudite ostie. »
La bouche pour montrer une série de lames est le dialogue intérieur d'une Jonas qui pisse dans le ventre de la baleine, une enfant jamais adéquate, une ouvrière du sens de sa vie, une plaideuse agile qui aiguise notre oreille pour qu'on entende son chant « toujours sur une fréquence étrangère ». -
Mitchell s'écroule sur son dactylo, poignardée dans le dos. Par sa fille, la petite Donna.
Autour d'elles, la vieille Berta, sa fille trans Belle et « Bobby l'indienne » reprennent leur partie de cartes. La porte claque, la maison tremble : accourt Laurie, imprimeuse-éditrice de faux billets et amante de la défunte. « Tu as raison, Donna, il faut tuer la personne aimée absolument, trop dangereux. »
Ainsi commence ce livre, une danse désordonnée entre passé et présent, dans une Amérique qui court des plaines glaciales de la Baie-James jusqu'à Chicago.
Elles sont « quelques-unes, une petite gang pas homogène ». Leur singularité est irréductible. La narratrice de ce texte mangé d'images, mi-récit, mi-poème, s'attache à l'une puis à l'autre, s'éclipse à la sortie de prison. Les « lesbiennes-hobos » se liguent et se quittent, se blessent puis se ramassent, et si elles ont un but, ce ne peut être que de « fucker l'organisme entier ».
Maîtresses-Cherokees, troisième livre de fiction de Josée Yvon, ne s'éparpille que pour mieux frapper au coeur. « On met-tu tout le monde sur la panique ? » -
Un couple modèle de Montréal, jeune et cultivé, qui assiste à des pièces d'avant-garde et à des happenings. Derrière cette apparence de couple branché, mais ordinaire et raisonnable, se dissimule une fracture : une longue période de délire, une plongée dans l'alcool et la drogue. Depuis, Anne ne porte que des tailleurs stricts, car il y a «un lien entre la rigidité des tenues et la protection nécessaire pour affronter le quotidien».
Michael Delisle sait combien les mots ne sont jamais innocents, que, une fois qu'on les a prononcées, il faut aller «au coeur des phrases».
Alain Salles, Le Monde -
Né dans les toilettes d'un bordel en plein âge d'or du Red Light, Michel Best, dit Ti-Best, était promis à un avenir radieux. Parmi les femmes qui y gagnent leur vie, dans l'odeur du baloney et des cigarettes, le poupon se frotte à un univers rustre mais chaleureux. Pendant que Maman Rita initie Michel à la gestion des affaires, Maman Janine lui fait son éducation : il n'est pas comme elles, il brillera à l'école, il sortira de ce monde.
Montréal change vite ces années-là, et à l'orée de l'âge adulte, désorienté, Best assistera à la destruction du quartier de son enfance. Qui est-on, à quoi appartient-on quand on a grandi à l'écart de la religion qui régit tout, et qu'on n'a, malgré la bonne foi des prostituées du Red Light, pas vraiment de famille? Est-ce le mouvement indépendantiste qui fournira à Best une explication au vide qui l'habite?
La solitude guette et avec elle, l'impuissance, qui augmente à mesure que les victoires du jeune Ti-Best rétrécissent dans le rétroviseur. L'enquêteur Best poursuit désormais une chimère, une tueuse en série qui le connaît si bien qu'elle semble destinée à lui échapper.
Les limbes offre une plongée dans la construction d'une conscience, puis dans son effritement. Qu'est-ce qui décide, au fond, du sens d'une vie? -
Jacques Leduc ; trois pommes à côté du cinéma
Robert Daudelin
- Éditions Les Herbes rouges
- 10 November 2020
- 9782894197356
Jacques Leduc fait son entrée au cinéma en 1964. Le cinéma direct vient de brouiller définitivement les frontières entre documentaire et fiction ; Leduc saura en faire bon usage.
Réalisateur de vingt films et caméraman pour des dizaines d'autres, Jacques Leduc a défendu au sein d'une époque déterminante de notre cinéma une liberté créatrice hors du commun. « Rattrapant quelques signes des temps qui courent », Trois pommes à côté du sommeil tout comme les huit chapitres formant la Chronique de la vie quotidienne radiographient la vie d'une génération de Québécois.
Cet essai entrecoupé de passages d'entretiens avec le cinéaste retrace son parcours, du ciné-club jusqu'à L'âge de braise. Robert Daudelin propose une lecture critique de chaque film et répertorie l'activité de Jacques Leduc caméraman, photographe et écrivain. -
Une mère : trente tableaux
Baillargeon Paule
- Éditions Les Herbes rouges
- 14 October 2020
- 9782894197332
Paule a grandi étouffée par une mère rigide. Maintenant sa mère est vieille, et Paule doit s'occuper d'elle. Les migraines ne mentent pas : le passé irrésolu gruge le corps de Paule comme une maladie. « Mon problème, c'est que je voudrais détester pleinement ma mère, elle qui m'a fait tant de mal, et parfois j'y arrive vraiment, et alors cela me rend joyeuse et claire, comme le ciel bleu acier d'un hiver cinglant, je la déteste et c'est tout, je peux vivre ma vie. Mais ça ne dure jamais longtemps, toujours la culpabilité revient, et l'incertitude aussi, était-elle vraiment méchante? » Journal du doute, Une mère enquête sur les fils de douleur qui se nouent d'une génération à l'autre. Avec une franchise radicale, Paule Baillargeon déplie sous nos yeux la valse-combat qu'elle aura menée avec sa mère toute sa vie. * Faisant écho à Une mère, le texte du film Trente tableaux raconte des moments forts de l'existence de l'artiste : de son enfance en Abitibi à sa vieillesse, en passant par sa prise de parole au cinéma et l'expérience déterminante de la maternité.
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Qu'advient-il de nous lorsque les liens qui nous unissent, longtemps éprouvés, se dissolvent ? Quand « il ne reste qu'une lande soumise / au brouillard, aux aléas des vents orageux, / que l'herbe, les montagnes, les fleuves / et les rochers perdent leur essence, » la poésie au souffle inébranlable de Marcel Labine s'élève, comme surgie d'en dehors du temps.
Ces poèmes, phrases disloquées, amples, entêtées, racontent de nombreuses facettes de la même dépossession : ne rien devoir à personne, ne faire aucune promesse, n'obéir qu'à soi-même, vivre détaché, indépendant, bâtard, sans ancêtres à louanger ni legs à préserver. Naître de ses oeuvres, nier la mort, jubiler, « riche de l'admiration que l'on voue / à ceux qui ne regardent pas derrière eux ».
Et disparaître, sans faire de vagues, entre un requiem et un opéra, entre les hurlements du poète forcené et la cohue du métro. -
Nattes : poésie 1971-1977
Philippe Haeck
- Éditions Les Herbes rouges
- Enthousiasme
- 23 November 2021
- 9782894197837
Nattes présente les poèmes écrits par Philippe Haeck entre 1971 et 1977 : ses débuts d'écrivain. Son écriture résonne de citations, réécritures et traductions, dans une intertextualité plus généreuse qu'érudite. Mais surtout, s'y rejoignent les diverses luttes des opprimé·e·s, celles des femmes et des luttes ouvrières, et de nombreux chemins de traverse se dessinent entre l'acte de création littéraire et l'urgence politique.
Pour cette nouvelle édition, l'écrivaine et professeure Laurance Ouellet Tremblay signe une préface qui accueille ces
poèmes qui la renversent, pour les réinscrire dans la brûlante actualité -
Aimée soit la honte
René Lapierre
- Éditions Les Herbes rouges
- Territoires
- 20 April 2022
- 9782894198063
Et après ?
Oui notre honte, oui notre ardeur, nous l'avons bue et quoi encore, dites-le-moi ; entendez-vous ma langue malade, mon chant de grillon, mon trou de nuit béant du grand feu des savanes, du charbon brûlé, de la pluie bénie ?
Ma langue folle, mon corps transpercé de faims : ma lumière, ma joie ? -
C'est simple, vivre : on se réveille, on se nourrit, on goûte la chaleur du soleil sur son visage.
Or, vivre, c'est aussi absolument compliqué : les pensées tournent inlassablement dans nos têtes, nos corps laissent sur le monde une trace indélébile. Il faut tuer le cochon pour le manger.
Poids lourd se déroule comme une spirale autour de ce dilemme. Dans une langue claire, avec un certain détachement, les poèmes tantôt s'attardent à l'instant présent, tantôt brossent, en quelques vers incisifs, le portrait obsédant des porcs en route vers l'abattoir. Devant l'angoisse de nuire, l'attention tour à tour se fixe et se détourne. -
Corinne souhaite être sainte depuis qu'elle est au primaire. Il lui suffit d'un cap de mescaline pour voir le Christ en personne.
Nat est menstruée pour la première fois. Elle élabore un curieux rituel dans son lit, avec au centre son toutou préféré, éventré.
Dans une ambiance kitsch ravivant le quartier Villeray des années quatre-vingt-dix, la vérité s'effiloche pour laisser voir au-delà : un univers fantasmé issu des plus grands espoirs de personnages coincés dans leur vie étriquée. Ici, l'ordinaire d'un séjour à la campagne ou d'un souper de Saint-Valentin se fait le terreau d'une transformation, d'une révélation. Ces Histoires saintes montrent avec grâce et concision douze instants où le voile entre les mondes, entre la réalité et le rêve, s'amincit pour laisser voir quelques pulsions secrètes.