Belin
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En 1936, à 32 ans, Jean Zay se voit confier par Léon Blum le ministère de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Il démocratise et modernise le système scolaire français. Il crée le CNRS, le Musée de l'Homme, le Festival de Cannes, le Musée d'Art Moderne, l'ENA. Il favorise la création artistique. Il défend les droits de l'écrivain. Il est sans relâche violemment attaqué par l'extrême-droite française comme ministre du Front Populaire, antimunichois, juif et franc-maçon. En 1940, hostile à l'armistice, il est l'une des premières cibles du régime de Vichy. Après un simulacre de procès, il est emprisonné à Riom, jusqu'à son assassinat par la milice, le 20 juin 1944. Il n'a pas 40 ans.
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La route de la Kolyma ; voyage sur les traces du Goulag
Nicolas Werth
- Belin
- Alpha
- 19 May 2017
- 9782410008326
Historien de l'URSS stalinienne, Nicolas Werth a éprouvé le besoin d'aller sur place, à la recherche des traces du plus grand système concentrationnaire du vingtième siècle. La route de la Kolyma est le récit de cette expédition insolite et fascinante dans l'immense contrée isolée de la Sibérie orientale, à neuf heures de vol de Moscou. Région emblématique du Goulag, la Kolyma, grande comme deux fois la France, est aujourd'hui une région sinistrée, aux villes dépeuplées. Nicolas Werth a rencontré les derniers survivants des camps, mais aussi les membres de l'association Memorial qui luttent pour que cette page sombre de l'Histoire ne soit pas oubliée. Il a sillonné les pistes de la Kolyma, pour tenter de retrouver les vestiges des camps de travail forcé, où les détenus extrayaient, dans des conditions extrêmes, l'or, la grande richesse de la Kolyma. Une quête souvent vaine, tant les traces se sont effacées dans ces terres que l'homme n'a jamais véritablement conquises. Comment appréhender cette civilisation disparue ? Ce voyage à la recherche de la Kolyma perdue est aussi une réflexion sur le métier d'historien.
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Le succès que rencontrent aujourd'hui les mises en scène du théâtre de Sénèque dément une tradition académique qui n'y voyait qu'un exercice littéraire, injouable. La lecture nouvelle de Sénèque que propose Florence Dupont est une redécouverte de formes oubliées d'exploitation du corps et de la voix, une invitation, pour les gens de théâtre d'aujourd'hui, à inventer, à partir de cette théâtralité perdue et retrouvée, des formes contemporaines d'expression.
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Le mythe de la Grèce blanche ; histoire d'un rêve occidental
Philippe Jockey
- Belin
- Alpha
- 19 May 2017
- 9782410008043
La Grèce antique a longtemps été réputée «blanche», car l'usure du temps avait effacé les couleurs ornant sculptures et reliefs, pour ne laisser que le marbre blanc. Dès la Renaissance, on célèbre la blancheur des statues exhumées et l'on en fait des copies, blanches elles aussi. Cet impérialisme esthétique du blanc trouvera une expression radicale dans les discours racistes exaltant la figure de l'homme occidental blanc, fils de l'Antiquité classique. Les couleurs seront dès lors la marque dégradante de l'Autre, du «Métèque». Les dernières technologies donnent les preuves incontestables de la présence de polychromie et d'or sur toute la sculpture grecque, y compris le prestigieux Parthénon, icône suprême de la «Grèce blanche». Pourtant, il y a encore des réactions incrédules, voire dégoûtées (trop «kitsch» !), et certains archéologues continuent de passer soigneusement au kärcher les derniers témoignages du goût des Anciens pour l'or et les couleurs.
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À l'origine de cet ouvrage, il y a des voix d'hommes et de femmes, d'origines culturelles et de milieux sociaux différents et, en contrepoint, des souvenirs de lectures transcrits par des écrivains. Tous racontent les biais insolites par lesquels les livres leur ont permis d'apprivoiser leurs peurs, de construire et de réparer leur monde intérieur, de trouver des réponses aux questions qui les hantent, d'apprendre ce que d'autres ont trouvé comme solutions à la difficulté d'être sur Terre. Comme Jorge Semprun qui retrouve espoir dans un texte de Gide, après qu'on l'eut congédié en se moquant de son accent de jeune Espagnol, débarqué à Paris : « La boulangère du Boulevard Saint-Michel me chassait de la communauté. André Gide m'y réintégrait subrepticement. Dans la lumière de cette prose qui m'était offerte, je franchissais clandestinement les frontières d'une terre d'asile probable.» Car lire, c'est aussi un moyen de résister aux processus d'exclusion ou d'oppression, de reconquérir une position de sujet au lieu de n'être qu'objet du discours des autres. En conjuguant sciences sociales et psychanalyse, l'auteur nous livre ici l'analyse de toutes ces expériences singulières où la lecture joue un rôle primordial dans la découverte et la construction de soi, comme dans l'ouverture sur d'autres cercles d'appartenance.
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Homère : l'aède aveugle qui chante pour les princes ou le poète mendiant qui erre à travers le monde grec. L'Odyssée : un récit d'aventures si célèbre qu'il est devenu un nom commun. Au-delà des clichés qui hantent la mémoire collective, ce livre fouille au plus profond un « récit primitif » dont la complexité n'a rien à envier aux plus sophistiqués des romans modernes. Voici que s'éclairent les valeurs du monde d'Ulysse. Et l'on comprend mieux pourquoi, d'Homère à Joyce et Kazantzakis, cet être de mémoire, qui ne rêve que de retour, n'a cessé d'incarner l'humanité.
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Rwanda. racisme et génocide
Jean-Pierre Chrétien, Marcel Kabanda
- Belin
- Alpha
- 19 May 2017
- 9782410001600
Le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 est emblématique de la catastrophe qui a frappé toute l'Afrique des Grands Lacs depuis une vingtaine d'années. Il n'a été le fruit ni d'une fureur conjoncturelle, ni d'une fatalité ethnographique ou biologique, mais il est le produit très moderne d'une option extrémiste, jouant du racisme comme arme de contrôle du pouvoir. En effet, cette mise en condition de tout un pays aurait été impossible sans l'inscription durable dans la culture de cette région d'Afrique d'une idéologie racialiste, discriminant, sous les étiquettes hutu et tutsi, des autochtones et des envahisseurs, le « vrai peuple » rwandais majoritaire et une « race de féodaux ». Ce livre décrypte la construction de cette idéologie, trop méconnue, qui oppose les « vrais Africains » à des « faux nègres », ceux qu'on a appelés les Hamites depuis les années 1860 dans la littérature africaniste. Le schéma racial dit « hamitique » est né de la même matrice intellectuelle que celui opposant Aryens et Sémites, qui a embrasé l'Europe dans les années 1930-1940.
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Dans ce traité écrit en latin (ici en édition bilingue), Dante ne se borne pas à défendre les droits de l'Empereur face à l'autorité du Pape. Il conçoit, avec l'idée d'un pouvoir universel, celle d'une humanité une dans l'espace et le temps. Il associe à la recherche par chacun du salut de son âme la conquête par tous du bonheur sur terre. Ce texte est ici précédé de La Modernité de Dante, un important essai de Claude Lefort.
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Une vie au goulag, récit autobiographique de Dimitri Vitkovski, est un document exceptionnel, cité par Alexandre Soljenytsine en ouverture de L'Archipel du Goulag. Tout oppose, cependant, Soljenitsyne et Vitkovski : si le premier est révolté, le second évoque, avec lyrisme et humour, sa vie brisée par le système. Ce qui frappe d'abord, lorsqu'on lit Vitkovski, c'est le ton du récit. D'une grande concision, sans aucun pathos, mais aussi lyrique, d'un lyrisme unique dans la littérature concentrationnaire.Écrit dans les années soixante, ce récit décrit, sur près de trente ans, une vie de captivité entrecoupée de très courts répits de liberté - déportation dans les profondeurs des forêts sibériennes, travail de bagnard dans les îles Solovki, tortures, interrogatoires, peur et survie. Dimitri Vitkovski, ingénieur devenu zek, accusé sans preuves mais lourdement condamné, retrace le monde des persécuteurs et des prisonniers mais aussi, avec une sensibilité de poète, la taïga sibérienne au printemps, la lumière irréelle qui se dégage de la mer Blanche aux îles Solovki, ou une aurore boréale.Un document pionnier, un petit chef-d'oeuvre.
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Huit philosophes - poètes aussi pour certains - ont écrit sur la notion de « sublime » qui nous vient d'un traité énigmatique de l'antiquité, signé Longin. Le sublime ne se définit pas mais il ouvre une infinité de réflexions et de perceptionsLe sublime court, à travers le temps, dans la philosophie, le théâtre, l'art, la théologie. Il permet de creuser entre autres la question du don, de la vérité, de la simplicité, de la présentation.
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Avec Les Droits de l'Homme (1791-1792), Paine, Anglais devenu Américain, épouse la cause de la Révolution française, en réponse aux Réflexions sur la Révolution de France, passionnément anti-révolutionnaires, de Burke. L'un des enjeux de cet affrontement fiévreux est la notion de « droits de l'homme » qui, prônés et critiqués, libérateurs quoique si souvent travestis, n'ont certes pas fini, aujourd'hui, de courir le monde.
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Un homme en trop ; réflexions sur "l'archipel du goulag"
Claude Lefort
- Belin
- Alpha
- 20 May 2015
- 9782410008029
Republier quelque quarante ans plus tard l'essai de Claude Lefort paru en 1976 et aujourd'hui introuvable en librairie, c'est d'abord rendre accessible une oeuvre importante de la philosophie politique, l'un des ouvrages majeurs de l'auteur. Il y propose tantôt une analyse très concrète, historiquement informée, de L'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljénitsyne, qui venait de paraître ; tantôt une réaction passionnée, polémique, une lecture sensible des textes et de leur situation dans le temps des idéologies et des pensées. Tantôt surtout, et à cette occasion, une réflexion profonde sur les rapports de la société et du pouvoir souverain qui se détache d'elle en prétendant la remodeler, donc sur l'énigme de l'entreprise totalitaire.Le projet d'emprise totalitaire sur la société n'est pas une chose du passé. Qu'on pense à la Chine ou à la Corée du Nord, auxquelles Lefort fait allusion plusieurs fois. Plus près de nous, certaines caractéristiques du totalitarisme soviétique sont encore en place dans la Russie d'aujourd'hui, car plus de soixante ans d'emprise ne s'effacent pas aisément. La pensée active de Lefort, attentive aux événements, jamais refermée sur une doctrine préalablement conçue, peut nous aider à penser notre présent. Pierre Pachet (extrait de la Préface)
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Merleau-Ponty donne ici, pour la première fois, une inflexion décisive à la phénoménologie en direction d'une nouvelle ontologie. Avec la notion d'institution, il vise, dans des domaines très divers (le sentiment, l'art, les mathématiques, la connaissance d'autres cultures), «des événements d'une expérience qui la dotent de dimensions durables par rapport auxquelles d'autres événements auront sens, formeront une suite [...]». Dans la passivité, il décèle non pas un état, mais une modalité de notre relation au monde ; non pas le contraire de l'activité, mais son envers. En témoignent l'attache au monde qui subsiste dans le sommeil, le travail du rêve, l'efficacité de l'oubli qui maintient un présent intact dans la mémoire. Ces notes de cours nous rendent sensible une recherche dans ce qu'elle a d'aventureux, au meilleur sens du terme. Incursions dans l'univers de Proust, discussion du détail d'interprétations de Freud, exploration des croyances au temps de Rabelais, dans le sillage de Lucien Febvre, analyse critique de thèses de Sartre ou de Lévi-Strauss: la pensée de Merleau-Ponty ne cesse de s'exercer et, parfois, semble se découvrir à elle-même au contact des autres.
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Comment apprend-on ? Quelle est la place de la mémoire, de la motivation, du désir ou de l'émotion ? Que sait-on des capacités étonnantes du cerveau ? Pourquoi certains enfants ou adultes ont-ils tant de difficultés à apprendre ? Dans ce livre, l'auteur, lui-même ancien cancre, suggère une approche radicalement nouvelle de l'apprentissage. Il montre qu'apprendre est un processus complexe, souvent conflictuel, qui suppose de bousculer les conceptions ancrées dans nos têtes. S'appuyant sur sa longue expérience d'enseignant, André Giordan avance des propositions pratiques pour mieux apprendre et propose une redéfinition du rôle et de la place de l'école. Dans une société en pleine mutation, contrainte d'innover en permanence, il est vital, plaide-t-il, de développer une « culture du questionnement ».
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À trois mois d'écart, en 1905, Albert Einstein découvre la nature quantique de la lumière, puis les lois de la relativité. Ces deux coups de génie de jeunesse irrigueront toute la physique du XXe siècle. Et pourtant, il n'était pas seul. On ne peut comprendre ses travaux sans les replacer dans ce début de XXe siècle foisonnant d'idées, où les physiciens discutaient avec passion de vastes problèmes : qu'est-ce que la lumière ? Les atomes existent-ils ? Au milieu de ce bouillonnement intellectuel, l'atout d'Einstein fut son approche totalement nouvelle de ces questions, une approche fascinante par la simplicité des idées initiales, contrastant avec les étonnantes conséquences qu'il en tira. Pour esquisser une image fidèle d'Einstein et rendre justice à son héritage scientifique, l'auteur de cet ouvrage, Silvio Bergia, se penche sur les différentes étapes qui ont façonné la personnalité du grand physicien, et sur le cheminement qui l'a conduit à ses résultats révolutionnaires. Avec une grande pédagogie, il dépeint le contexte scientifique de l'époque, de façon à révéler la subtilité de l'approche d'Einstein. Y a-t-il un "mystère" Einstein, comme le font penser de nombreux hagiographes ? Au fil des pages, le lecteur suivra Silvio Bergia dans sa tentative de lever le voile. "Le but de toute activité intellectuelle est de réduire tout mystère à quelque chose de compréhensible", a dit un jour un fameux physicien... qui s'appelait Albert Einstein.
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Imaginez à quoi ressemblerait un matin dans un monde sans abeilles. Ce n'est pas seulement le miel qui disparaîtrait de votre table. Plus de confiture de groseille, d'abricot ou de marmelade d'orange. Plus de jus d'orange ou de pomme. Plus de café ni de chocolat. Il vous resterait le thé... Au rythme où les populations d'abeilles déclinent, ce cauchemar risque-t-il de devenir réalité ?Durant deux ans, Vincent Tardieu a sillonné la France et les États-Unis, rencontré des dizaines de chercheurs et d'apiculteurs, compilé près de deux cents publications scientifiques. Il présente ici les résultats d'une enquête exceptionnelle, où l'on découvre que de multiples raisons se conjuguent pour causer le déclin des abeilles : pesticides, parasites, virus, apiculture intensive, appauvrissement des ressources alimentaires pour l'insecte, mauvaise gestion de l'espace rural... Il est urgent de comprendre et, surtout, d'agir. Ce livre comporte un épilogue qui fait le point des toutes dernières découvertes.
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Léonard de Vinci ; artiste et scientifique
Domenico Laurenza
- Belin
- Alpha
- 29 January 2018
- 9782410013344
Léonard de Vinci a « dessiné » la science. Peintre de génie, il n'avait aucune formation universitaire et dut apprendre le latin, se faire expliquer les mathématiques, l'optique, l'hydrodynamique et l'architecture par les spécialistes de l'époque et surtout s'inspirer de l'observation de la nature pour comprendre le monde. Pour lui, saisir un phénomène, c'est en dessiner les aspects nouveaux. Ainsi, dans ses tableaux, n'hésite-t-il pas à insérer les dernières avancées scientifiques. L'auteur de cet ouvrage nous les restitue avec force et clarté : la lecture raisonnée des magnifiques oeuvres de Léonard, outre le plaisir esthétique, permet ainsi de faire également le point sur les connaissances de l'époque. Mais si Léonard de Vinci sut peindre la nature avec force et exactitude, il ne put maîtriser intellectuellement sa diversité: la nature est trop complexe, se plaint-il, pour que l'on puisse l'expliquer avec la rationalité scientifique. Nous sommes, de ce point de vue, tous des Léonard de Vinci. Ouvrage paru initialement dans la collection « Les génies de la sciences » (Belin-Pour la Science).
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Le feu aux poudres ; qui a déclenché la guerre en 1914 ?
Gerd Krumeich
- Belin
- Alpha
- 7 March 2018
- 9782410009811
La question des origines de la Grande Guerre préoccupe les historiens. Pour deux raisons majeures : parce qu'elle est la première guerre totale de l'histoire ; parce que, détruisant un ordre ancien, elle inaugure l'ère des totalitarismes. Qui donc fut responsable du déclenchement de la Grande Guerre ? Existe-t-il même un responsable, ou les nations ont-elles basculé plus ou moins sciemment dans la guerre ? Les politiques ont-ils fait preuve d'aveuglement et d'inconséquence ? Gerd Krumeich, l'un des meilleurs spécialistes de 1914-1918, apporte une réponse frappante : l'Allemagne a joué le tout pour le tout et s'est servi de l'attentat de Sarajevo pour devancer une éventuelle agression de la Russie et de son allié français.
Ce fut non pas la soif d'une suprématie internationale qui fut à l'origine de la crise mais une peur panique de l'avenir. Face au « péril russe », mieux valait déclencher la guerre « maintenant que plus tard ». Mais aucun des dirigeants politiques et militaires n'avait prévu ce que deviendrait le conflit, aucun d'eux n'avait imaginé l'horreur que seraient les batailles de Verdun et de la Somme. -
Cerveau, sexe et pouvoir
Catherine Vidal, Dorothée Benoit-browaey
- Belin
- Alpha
- 19 May 2017
- 9782701199740
Les femmes sont-elles « naturellement » douées pour le langage et les hommes bons en maths ? Nos aptitudes et nos personnalités seraient-elles inscrites dans le cerveau dès la naissance ? Les recherches récentes montrent au contraire que, grâce à ses propriétés de « plasticité », le cerveau fabrique sans cesse de nouveaux circuits de neurones en fonction de l'apprentissage et de l'expérience vécue. Rien n'est jamais figé dans le cerveau. C'est une véritable révolution pour la compréhension de l'humain. Cet ouvrage, qui s'est imposé au fil du temps comme une référence, replace le débat autour de la différence des sexes sur un terrain scientifique rigoureux. Il s'appuie sur les avancées des neurosciences, qui apportent un éclairage nouveau sur le rôle de la biologie et de l'environnement socio-culturel dans la construction de nos identités de femmes et d'hommes. Notre destin n'est pas inscrit dans notre cerveau !Ce livre comporte un épilogue qui fait le point des toutes dernières découvertes.
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Elle court, elle court la rumeur. Depuis l'essor des médias et d'Internet, elle se nourrit des nouveaux moyens de communication, qui eux-mêmes se nourrissent d'elle. Pascal Froissart démystifie et la rumeur et le discours scientifique qui prétend en rendre compte. Son enquête fouillée, critique, souvent drôle et enrichie des plus récents exemples, démontre que la «science de la rumeur», inventée il y a un siècle, est aussi farfelue que l'objet dont elle traite. Il n'y a nul savoir sur la rumeur, mais les rumeurs existent bien, avec leur cortège de crédules, d'affabulateurs et de manipulateurs, qui durera aussi longtemps que les sociétés humaines.
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C'est à certains des témoins majeurs des camps nazis ou des camps soviétiques que cet ouvrage est consacré. Primo Levi, David Rousset, Robert Antelme, Tadeusz Borowski, Varlam Chalamov, Alexandre Soljénitsyne : Alain Parrau analyse ces écrits affrontés à la violence extrême. Il les compare, les distingue, leur permet de s'éclairer réciproquement.
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« Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner », s'exclamait Maximilien Robespierre à la barre de la Convention, la veille de sa chute, le 8 thermidor an II : la formule est caractéristique de sa passion et de son emphase. Elle fait partie de l'abondant florilège qui alimente aussi bien les critiques contre le tribun intolérant que les louanges envers l'homme politique intègre. Tellement intègre d'ailleurs, qu'il finit par agacer le Danton imaginé par Georg Büchner, qui lui lance : « Robespierre, tu es d'une probité révoltante ». Instigateur des horreurs perpétrées sous la Terreur, homme d'État rigide, implacable et déshumanisé pour les uns ; héros et héraut des droits de l'homme, dirigeant incorruptible, bouc émissaire pour les autres (moins nombreux cependant) : admirateurs ou contempteurs, rares sont les indifférents lorsque l'on évoque la figure de Robespierre. La Révolution française a transformé des inconnus en figures de premier plan. Robespierre est l'un de ces anonymes brusquement devenus célèbres. Comment un banal avocat d'Arras, promis à une traditionnelle carrière locale, s'est-il trouvé propulsé en quelques mois à l'avant-scène de l'actualité ? Comment a-t-il pu concentrer sur sa personne une bonne partie du ressentiment contre ce que l'on a appelé la Terreur ? Pour répondre à ces questions, Cécile Obligi a choisi de donner la parole au principal intéressé : Robespierre lui-même. Elle nous fait ainsi découvrir ou redécouvrir un orateur de grande classe et un penseur politique important, que la légende noire a fait trop longtemps oublier.
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Bourbaki ; une société secrète de mathématiciens
Maurice Mashaal
- Belin
- Alpha
- 11 October 2017
- 9782410012309
La guerre de 1914-1918 a creusé un fossé de génération chez les scientifiques français. Des mathématiques françaises moribondes contrastaient avec une algèbre allemande d'une grande vitalité. Cette situation sera à l'origine de la création du groupe Bourbaki. Le 10 décembre 1934, une poignée de jeunes mathématiciens se réunissent dans un café du Quartier latin à Paris. Leur but : rédiger un traité d'analyse. C'est le coup d'envoi à une entreprise qui bouleversera les mathématiques et entrera dans la légende. Car Bourbaki présente deux visages. L'un, public, empreint de sérieux et d'aridité, qui se targue de remettre à plat les mathématiques de l'époque ; l'autre, privé, marqué par l'humour et la farce. Ainsi, pendant plus de 60 ans, plaisanteries de potaches et mathématiques de haut vol émaneront de cette société secrète. Nicolas Bourbaki se distinguera in fine par son oeuvre monumentale, un traité de mathématiques de plus de sept mille pages. Le premier volume parut en 1939, le dernier date de 1998. Y en aura-t-il d'autres ? Beaucoup en doutent. Bourbaki renouvelle ses membres en permanence, et pourtant il n'a pas réussi à garder sa jeunesse. Quatre-vingt-trois ans après sa création, son rôle et sa survie sont en question. Ce livre rappelle le contexte historique dans lequel est né le groupe Bourbaki (soulignant au passage son inspiration allemande), résume son histoire (sans oublier ses quelques potacheries), présente son oeuvre (les Élements, le Séminaire) et brosse au passage le portrait de quelques-uns de ses membres. Mais on ne tombe pas pour autant dans l'hagiographie, il est aussi question des critiques dont le groupe a fait l'objet.
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Voici enfin un Livre de théorie et d'analyse littéraire qui plaide non pour l'excellence des procédés qu'il met en oeuvre, mais pour l'objet même auquel il s'est voué. Laurent Jenny défend. avec les mots les plus justes, la cause d'une "parole taciturne" : "Il n'est pas de parole qui ne soit tressée avec un silence dont. tout à la fois, elle procède et qu'elle étend après elle".
Jean Starobinski