"peu à peu, comme Isis
je sais
que le corps du monde est là
Il apparaît enfin
et je sens à nouveau
la terre sous mes pieds
je peux penser enfin ce monde où je vis
et y prendre
ma place."
Née en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur arrive en France à l'âge de 5 ans. Aujourd'hui installée à La Rochelle, elle se consacre à l'écriture qu'elle perçoit comme une force émancipatrice. Ses romans l'ont révélée à un large public, au point de nous faire oublier que son premier livre était un recueil de poèmes. En 2011, Bruno Doucey facilite son retour à la poésie en publiant Notre nom est une île. En 2019, L'exil n'a pas d'ombre rencontre un large succès.
1943, asile de fous de Saint-Alban en Lozère. Deux psychiatres organisent la résistance à l'embrigadement des fous et à leur négation. L'un, Tosquelles, a fui l'Espagne franquiste ; l'autre, Bonnafé, communiste, est un ami des surréalistes. Ils cachent les résistants blessés de la région. Ils y accueillent une jeune fille juive résistante, Denise Glaser, en même temps que le poète Paul Éluard et sa compagne Nusch. Éluard y passe huit mois, avec cette double menace de l'enfermement des êtres et de l'enfermement du monde dans la barbarie, cette double résistance à la normalité et à la folie. Dans cet hôpital, où l'on favorise le surgissement de ce que l'on nommera plus tard l'art brut, le poète-résistant découvre, sous le regard fasciné de Denise, comment la parole des « fous » garantit la parole des poètes. Une plongée vertigineuse à laquelle nous convie Didier Daeninckx.
"Rien de plus antipoetique que le lien logique entre deux objets de quelque espece qu'ils soient. Il faut briser les amarres des liens visibles et invisibles. Il faut laisser les objets et les concepts aller librement ou ils veulent, qu'ils luttent, qu'ils volent pour que le monde soit plus amusant et que puisse exister la veritable poesie.
Vous les poetes avez une peur terrible de perdre la tête et un amour incomprehensible de la qualite logique. C'est absurde de te conformer a l'idee selon laquelle la chaussure n'a d'autre utilite que d'être chaussure et la cuillere cuillere. La chaussure et la cuillere sont deux formes d'une extrême beaute et ont une vie propre aussi intense que la tienne et surtout elles ont une capacite d'AVENTURE que tu ne soupconnes même pas."
Federico García Lorca est né le 5 juin 1898 dans le village de Fuentevaqueros près de Grenade. Poète, dramaturge, prosateur, mais aussi peintre et musicien, il est l'auteur d'une oeuvre qui fait de lui l'un des voix majeures de la littérature mondiale. En 1927, ses romances le propulsent sur le devant de la scène poétique, mais il refuse d'y être identifié et décide d'explorer une autre voie, celle de la prose. Il sera fusillé en août 1936, entre Viznar et Alfacar, par des milices franquistes.
Une femme. Un homme. Ils marchent, séparément. Ils ont quitté leur village et traversent le désert pour atteindre la mer. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils partis ?
Nous n'en saurons pas beaucoup plus, mais l'essentiel nous est donné : nous savons que la femme est partie parce que le livre de son enfance a été déchiré et qu'elle est entrée dans le langage. Son exil est celui de toutes les femmes qui tentent dans le monde d'aller vers la liberté, à travers la lecture et l'écriture.
Quant à l'homme... Lui ne sait pas lire les signes écrits sur une page. Son univers est celui des signes du ciel, du vent, des herbes, des traces d'animaux. L'homme et la femme ne se rejoindront que devant la mer. « Nous sommes sous le soleil. / Nos corps n'ont plus d'ombre », disent-ils enfin.
Née en 1952 en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur arrive en France à l'âge de 5 ans. Aujourd'hui installée à La Rochelle, elle se consacre à l'écriture qu'elle a toujours perçue comme une force émancipatrice. Ses romans l'ont révélée à un large public, au point de nous faire oublier que son premier livre était un recueil de poèmes : Naissance de l'oubli (1989). En 2011, Bruno Doucey a facilité son retour à la poésie en publiant Notre nom est une île.
"et donc jeunes femmesvoici le dilemmequi est en soi la solutionj'ai toujours été à la foissuffisamment femme pour être émue aux larmeset suffisamment hommepour conduire ma voiture dans n'importe quelle direction"
Il y a deux façons de présenter Hettie Jones, née dans une famille juive de Brooklyn en 1934. La première, c'est de rappeler qu'elle fut l'épouse de LeRoi Jones, artiste afro-américain qui rejoindra le mouvement des Black Panthers. La seconde, c'est de dire que cette écrivaine, qui côtoya Allen Ginsberg, Thelonious Monk, Jack Kerouac ou Billie Holiday, est l'une des voix majeures de la Beat Generation. Une femme d'exception qui conduit sa vie une main sur le volant et une main dans les airs.
Son nom la relie à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase. Dans ce recueil voué aux forêts, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. « Mes forêts... », dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin « qui donne sens à ce qu'on appelle humanité. »
Née au Québec en 1958, Hélène Dorion a publié une vingtaine d'ouvrages de poésie au Québec, en Belgique et en France, et qui ont été traduits dans plus de dix langues. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle est aujourd'hui considérée comme l'une des voix majeures de la poésie francophone. « Nous avons besoin de sa quête intérieure, de cette immensité du dedans, de ce vent de l'âme que sa poésie ne cesse de faire souffler et de faire entendre », écrit à son propos l'écrivain Pierre Nepveu.
"Vivre pauvre sans être rustre
Avoir peu et tout offrir
Garder le meilleur pour l'ami ou l'étranger
Reprendre tous les matins le même chemin
Savoir que toute la vie sera ainsi
Et en sourire
Moi
J'ai vu
Sisyphe heureux."
Katerina Apostolopoulou est née à Volos, en Grèce, en 1981. Après des études de lettres et de civilisation françaises à l'université d'Athènes, elle arrive à Paris, où elle vit encore aujourd'hui, pour effectuer un DEA de littérature comparée à la Sorbonne. Elle se tourne alors vers la traduction et le théâtre. En 2016, elle entreprend de traduire Ceux qui se taisent de Bruno Doucey pour les éditions Vakxikon, à Athènes. Avec J'ai vu Sisyphe heureux, elle publie son premier recueil.
Les poèmes de La baie vitrée sont nés d'une catastrophe quasi planétaire et de ses minuscules répercussions intimes. À la mi-mars, comme plus de trois milliards d'individus, Yvon Le Men se trouve confiné à son domicile. Il est enfermé au milieu de ses livres, à l'écoute des mauvaises nouvelles du monde et des chants d'oiseau qui l'apaisent. Seul et relié aux autres. Assigné à résidence, avec nulle part où aller sauf à l'intérieur de soi. Des poèmes naissent de ce quotidien empêché. Les mots du poète découpent alors des morceaux de ciel pour les oiseaux en cage. Ils ouvrent portes et fenêtres, conjurent l'absence et invitent des hôtes essentiels à sa table de silence. Avec La baie vitrée, le poète a écrit « le livre des oreilles et des yeux » qui manquait à son oeuvre. Un ouvrage essentiel.
Né à Tréguier en 1953, installé à Lannion, Yvon Le Men est la figure de proue de la poésie aujourd'hui écrite en Bretagne. Depuis son premier livre, Vie (1974), écrire et dire sont les seuls métiers de ce poète qui fait partager sa passion au plus grand nombre dans des spectacles ou au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. En 2019, il a obtenu le Goncourt de la poésie pour Un cri fendu en mille, dernier volume de la trilogie Les continents sont des radeaux perdus publiée par Bruno Doucey.
1916 : tranchée de première ligne, au lieu-dit le Bois des Buttes. Le 17 mars à 16 h, le sous-lieutenant Cointreau-whisky, alias Guillaume Apollinaire, engagé volontaire, est atteint à la tempe par un éclat d'obus alors qu'il lit une revue littéraire. La revue qu'il tenait au moment de l'impact, annotée de sa main, vient d'être retrouvée en Bavière. C'est du moins ce que prétend l'auteur de ce récit. Les 24 h qui précèdent l'impact y sont relatées heure par heure, en un cruel compte à rebours qui condense le drame humain en train de se jouer au fond de cette tranchée et le bouleversement qu'il entraîne dans l'âme d'Apollinaire. Car cette journée va être capitale pour la poésie.
Après la publication des recueils Une île en terre (2016) et Le poids d'un nuage (2017), Yvon Le Men nous offre le troisième volume de sa trilogie Les continents sont des radeaux perdus. Avec Un cri fendu en mille, l'heure n'est plus aux paysages de l'enfance ni aux oeuvres qui ont fait naître une conscience au monde. C'est de la découverte physique, sensible, amoureuse de ce monde dont nous parle ici le poète. Les premières destinations nous entraînent en Europe. Puis viennent les voyages au long cours, autour du mont Liban, à Bamako, en Afrique noire, en Chine, à Port-au-Prince ou au Brésil. D'un pays à l'autre, un même désir d'étreindre le monde, une même soif de découvertes, une même propension à se penser soi-même comme un autre. Un carnet de voyages, au coeur du monde, à travers soi.
"Où sont passés
les livres
lus
les montagnes
grimpées
les étoiles
contemplées
les villes
parcourues
les fleuves longés
et traversés
par toi
tout au long de ta vie"
Né à Tréguier en 1953, installé à Lannion, Yvon Le Men est la figure de proue de la poésie aujourd'hui écrite en Bretagne. Depuis son premier livre, Vie, écrire et dire sont les seuls métiers de ce poète qui fait partager sa passion au plus grand nombre dans des spectacles ou au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Après Sous le plafond des phrases et En fin de droits, il confie aux Éditions Bruno Doucey la publication d'une trilogie, dont Un cri fendu en mille est le troisième volume.
"Aide à la personne, soin, accueil, éducation...
Prise en charge du corps de l'autre, des besoins de l'autre.
Entretien des bureaux, des maisons, des écoles.
Des femmes au travail.
Ces textes ont été écrits comme des instantanés photos.
Ici et maintenant."
Née en 1960, en Moselle, d'un père polonais et d'une mère allemande, Fabienne Swiatly se dit fille des aciéries et de la langue allemande, des bleus de travail et de la soudure, des ouvriers exploités et des manifs." Poète, novelliste et romancière, elle est l'autrice d'une oeuvre qui scrute le quotidien, interroge les frontières de langues et de classes, donne la parole aux êtres qui en sont privés. Dans l'atelier où elle forge ses livres, les mots se baladent souvent en bleu de travail.
"Tout commence par la perte des eaux.
L'outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l'amour et du désarroi.
Dès cette première séparation, la joie se teinte de désolation: il ne se souviendra pas de ce temps-là, de ce partage de nos matières, de ce qu'il a pris de moi pour se former, de ce que je lui ai donné pour le façonner. Cette amnésie des enfants, heurtée à la permanence obstinée de la mémoire des mères, c'est la toute première déchirure."
Née en 1957, à Trois-Boutiques, de parents d'origine indienne, Ananda Devi a grandi au contact de plusieurs langues, dans le tissage culturel et humain si particulier de l'île Maurice. Ethnologue de formation, traductrice de métier, elle est sensible à l'imbrication des identités, à la question de l'altérité et à la situation des femmes dans le monde. Ses précédents recueils - Quand la nuit consent à me parler (2011) et Ceux du large (2017) - sont parus aux Éditions Bruno Doucey.
Il y a chez elle comme une clarté inquiète. Des mots de givre et de grands vents. De vastes espaces et des anfractuosités où la pensée s'engouffre. Des sentes qui partent de soi et mènent aux autres. Des brumes de mémoire et cette lumière étrange que l'inachèvement dépose sur les choses de la vie. Plus encore peut-être, un vacillement. Un trépignement. Une interrogation tenace sur les raisons de notre présence au monde. Car Hélène Dorion approche « le mystère qui nous hante » sans lâcher le fil qui lui permet d'habiter en poète « le labyrinthe des jours ». Fidèle à l'enfant qu'elle était, à l'écoute de la femme qu'elle devient, elle cherche le passage « vers l'autre saison ». Lisez-la, écoutez-la : vous sortirez fortifié de cette fragilité consentie. Vous sentirez « comme résonne la vie ».
Née au Québec en 1958, Hélène Dorion a publié une vingtaine d'ouvrages de poésie au Québec, en Belgique et en France, et qui ont été traduits dans plus de dix langues. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle est aujourd'hui considérée comme l'une des voix majeures de la poésie francophone. « Nous avons besoin de sa quête intérieure, de cette immensité du dedans, de ce vent de l'âme que sa poésie ne cesse de faire souffler et de faire entendre », écrit à son propos l'écrivain Pierre Nepveu.
" La valise serrée contre ses jambes, il avait laissé ses pensées prendre le large pour apaiser l'angoisse que faisait monter en lui la présence des militaires. Pas un carnet dans la valise, pas un crayon qu'on lui aurait immédiatement confisqué. Non, mais des poèmes par centaines, dans la tête et dans le coeur, que rien ni personne ne parviendrait à lui enlever. Quelle chance, après tout, d'avoir choisi la poésie, et non la peinture ou le piano ! Dans les camps, dans les prisons où on les jette, le peintre privé de toiles et de pigments vit un enfer, le musicien sans piano se voit amputé de la meilleure part de lui-même, mais moi, poète sans stylo, ni papier, de quoi me prive-t-on que je ne puisse trouver en moi ? Les doigts coupés, la langue arrachée, je continuerais à sentir la vibration du poème. Elle est la corde tendue de mes nerfs. Ma résistance."
Bruno Doucey a de multiples vies ; toutes le ramènent vers cette histoire qu'il a longtemps portée en lui. L'éditeur a publié six recueils de Ritsos, le poète se nourrit du lyrisme et de l'engagement de son ombre tutélaire, l'homme a trouvé une seconde patrie en Grèce, et l'humaniste abhorre la dictature. Quant au romancier, après avoir redonné vie à Neruda, Lorca, Max Jacob, Marianne Cohn, Victor Jara et Matoub Lounès, il se devait de faire entendre le chant et la révolte de ce frère d'âme.
Elle dit que « le tournesol est la fleur du Rom », qu'elle est une Tsigane qui aime « la pluie, le vent et l'éclair, quand les nuages masquent le ciel ». Elle dit qu'Auschwitz est son manteau et qu'elle ne connaît pas la peur car sa peur s'est arrêtée dans les camps.
Elle dit que les notes de ses chansons en romani « sont toutes encore en désordre », mais que cela ne l'empêche pas de dire « Oui à la vie ». Elle, c'est Ceija Stojka, la première femme rom rescapée des camps de la mort à témoigner par l'art et par la poésie. Les poèmes de cette autodidacte ont été arrachés aux carnets où se mêlaient dessins, souvenirs de l'horreur, notes journalières et listes de mots allemands dont elle voulait apprendre l'orthographe. Publiés pour la première fois en France, ils révèlent une artiste majeure de notre temps.
Merci, Ceija, d'avoir tellement donné.
Ceija Stojka est née en Autriche en 1933 dans une famille rom d'Europe centrale. À l'âge de dix ans, elle est déportée avec sa famille et survit aux camps d'Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Quarante ans plus tard, elle éprouve la nécessité de rompre le silence. Débute alors pour cette autodidacte un extraordinaire travail de mémoire, tant dans le domaine de l'écriture que dans celui de la peinture, qui fait d'elle la première femme rom rescapée des camps de la mort à témoigner.
Elle a cinq ans. Autour d'elle, les adultes s'affairent en silence. La langue muette des mères. Ces armoires que l'on vide en hâte. Ces lourdes malles de fer qui attendent sur le seuil. La mer qu'il faudra bientôt traverser. Ce chien qui erre sur le quai, perdu. La côte qui s'éloigne. Premier voyage. Premier exil... Avec La Géographie absente, Jeanne Benameur pose des mots sur le drame qui a marqué son enfance lorsque sa famille dut quitter l'Algérie pour la France en pleine guerre d'indépendance.
« Empesés, silencieux
nous entrons
dans la géographie absente.
Il a fallu partir
Nous étions pauvres de pays »
dit-elle dans un tremblement de voix et de sens. Et le souvenir du pays perdu se confond avec la peinture écaillée des cartes murales où l'on apprenait autrefois à déchiffrer le monde. Dans cet effacement progressif d'une mémoire originelle, la figure des mères occupe une place prépondérante. Jeanne Benameur évoque leur lent travail et rend hommage à leur courage :
« et pour la première fois
nos mères portaient au front
un souci qui n'était pas le nôtre. »
Elle retrouve les gestes qu'impose le départ, s'attache à la valeur symbolique des objets, fait parler les silences :
« Les mains de nos mères avaient glissé
sur la poignée des portes
elles avaient fermé à clef
ce qu'elles n'ouvriraient plus »
Des mots arrachés à l'absence, où fonder le lieu du poème.
Née en 1952 en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur arrive en France à l'âge de 5 ans. Aujourd'hui installée à La Rochelle, elle se consacre à l'écriture qu'elle a toujours perçue comme une force émancipatrice. Ses romans l'ont révélée à un large public, au point de nous faire oublier que son premier livre était un recueil de poèmes : Naissance de l'oubli (1989). En 2011, Bruno Doucey a facilité son retour à la poésie en publiant Notre nom est une île.
D'abordils ont coupéle cordon ombilicalpour des raisons naturellesEnsuiteils ont coupéle prépucepour des raisons d'hygièneEnfinils ont coupéla languepour des raisons de sécurité
Née en Algérie en 1965, Souad Labbize a vécu en Tunisie avant de s'exiler volontairement en France. Elle est l'auteure d'un roman, J'aurais voulu être un escargot (Séguier) et de recueils de poèmes, comme Une échelle de poche pour atteindre le ciel (Al Manar) et Brouillons amoureux (Éditions des Lisières). Très engagée dans la défense de l'égalité entre hommes et femmes, elle écrit au nom de toutes celles qui prennent un jour la route de l'exil pour affirmer leur féminité et leur indépendance.
l'arbre étend ses bras
comme des poussées d'îles
avec une fraternité
chaînée en archipel
des ramifications souterraines
constellées de l'enfance
la richesse se calfeutre
au lieu de se donner
Nassuf Djailani est né à Mayotte, dans l'archipel des Comores, en 1981. Après avoir passé son baccalauréat, il quitte son île natale pour étudier le journalisme, s'installe à Limoges où il travaille pour France 3. Très impliqué par la situation dans l'archipel des Comores, il crée en 2010 Project-îles, revue d'analyse, de réflexion et de critique sur les arts et les littératures de l'océan Indien. Sa plume est avant tout celle d'un écrivain, romancier, dramaturge et poète engagé dans le monde.
"L'avez-vous vu ?
Il portait son enfant dans ses bras
et il avançait d'un pas magistral
la tête haute, le dos droit...
Comme l'enfant aurait été heureux et fier
d'être ainsi porté dans les bras de son père...
Si seulement il avait été
vivant. "
Née à Lattaquié en Syrie, Maram al-Masri entreprend des études à Damas, avant de s'exiler à Paris où elle connaît une situation difficile. En 2003, Cerise rouge sur un carrelage blanc la révèle au public francophone. Sa poésie, saluée par la critique des pays arabes et traduite dans de nombreuses langues, fait d'elle une des grandes voix féminines du Moyen-Orient.
Ses derniers recueils, Par la fontaine de ma bouche et La robe froissée, ont été publiés par les Éditions Bruno Doucey.
Après Naissance de l'oubli, Jeanne Benameur aura attendu plus de vingt ans pour donner à lire un second recueil de poèmes. Comme si l'écriture poétique était le voyage d'une vie, comme si les mots, le souffle du poème, les noms égrenés au fil du temps étaient l'essence même de la littérature. Avec Notre nom est une île, la poésie n'est ni fleuve ni tempête, mais pesée du silence, paroles en archipel, murmures qui laissent entendre ce que les mots ne disent pas. L'écriture simple, limpide et épurée de Jeanne Benameur creuse l'écorce du doute, de la fragilité, pour y trouver la sève, ou le sel, d'un autre rivage. D'île en île, de visage en visage, de solitude en solitude, la poésie déplace les lignes d'horizon.
Née en 1952 en Algérie, Jeanne Benameur devient professeur de lettres et l'écriture s'impose à elle comme une force émancipatrice et revendicatrice, à la fois intime et partagée. Ses romans - Les Demeurées (2000), Profanes (2012), plus récemment L'Enfant qui (2017) - l'ont révélée à un large public. Au point de nous faire oublier que son premier livre était un recueil de poèmes : Naissance de l'oubli (Guy Chambelland, 1989).
Un an après le succès de Notre nom est une île, Jeanne Benameur nous offre ce recueil intitulé Il y a un fleuve. Dans ce long poème aux accents narratifs, elle poursuit sa quête. Un personnage unique traverse le recueil : l'homme. Son existence est une longue marche, du pas à pas de chaque jour à l'horizon qui se crée. Un cheminement comparable à la coulée de l'eau. Jeanne Benameur se demande-t-elle si le fleuve de la vie est encore loin de la mer ? Non, pour elle, c'est l'origine qui importe. Dans un voyage à remonter le temps, entre les berges silencieuses « comme deux femmes pensives », les mots enlaçant « les troncs des forêts englouties », elle scrute la mare de boue qui donne naissance au fleuve. Avec justesse, elle laisse la parole nue laver des ombres innommées.
Née en 1952 en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur arrive en France, avec sa famille, à cinq ans. Elle devient professeure de lettres et l'écriture s'impose à elle comme une force émancipatrice et revendicatrice. Ses romans, Les Demeurées (2000), Profanes (2012), plus récemment L'Enfant qui (2017), l'ont révélée à un large public. Les Editions Bruno Doucey ont facilité son retour à la poésie en publiant Notre nom est une île (2011).
Ligne 5, République, Bobigny... Ligne 9, Jasmin, La Muette, Charonne... Chaque jour des millions de femmes et d'hommes se croisent dans le métro parisien, les yeux rivés à l'écran de leur téléphone mobile, pressés d'arriver à destination. Et pourtant, il y a tant à voir et tant à vivre dans ce monde souterrain. Tant de livres à déchiffrer sur les visages que l'on côtoie. Tant de scènes à filmer avec la caméra de l'empathie. Tant de jeunes et de vieux, de malades et de bien-portants, de riches et de pauvres "emportés dans le même voyage". Il fallait un regard de poète pour mettre au jour l'inépuisable richesse de ces transports en commun. Ce regard, c'est une femme venue de Syrie qui nous l'offre, dans ces "métropoèmes" écrits directement en français. La poésie aussi est un service public.
Née à Lattaquié en Syrie, Maram al-Masri entreprend des études à Damas, avant de s'exiler à Paris où elle connaît une situation difficile. En 2003, Cerise rouge sur un carrelage blanc la révèle au public francophone. Sa poésie, saluée par la critique des pays arabes et traduite dans de nombreuses langues, fait d'elle une des grandes voix du Moyen-Orient. Ses six précédents recueils, parmi lesquels Elle va nue la liberté, Le Rapt et La femme à sa fenêtre ont été publiés par Bruno Doucey.
Un an après la publication d'Une île en terre, Yvon Le Men nous offre le second volume de sa trilogie, Le poids d'un nuage. L'heure n'est plus à l'espace clos de l'enfance, aux parents, aux voisins, mais aux fenêtres que l'on ouvre, aux portes que l'on pousse. L'oiseau ne chante plus sur son arbre généalogique, il vole désormais à la rencontre du monde. « On granditOn s'ouvre au dehors », écrit le poète dans les premières lignes du livre. Et de raconter cette ouverture qui passe par les paysages : ceux que dessinent le ciel et la mer de Bretagne, les rivières, les visages ; plus encore peut-être, ceux que les peintres ont imagés ou rêvés, que les écrivains ont nommés et animés. « Comme si notre oeil pressentait que regarder c'est toujours regarder une première fois, pour la dernière fois.»
Ne a Treguier en 1953, installe a Lannion, Yvon Le Men est la figure de proue de la poesie aujourd'hui ecrite en Bretagne. Depuis son premier livre, Vie, ecrire et dire sont les seuls metiers de ce poete qui fait partager sa passion au plus grand nombre, dans des spectacles ou au festival Etonnants Voyageurs. Apres Sous le plafond des phrases et En fin de droits, il confie aux Éditions Bruno Doucey la publication d'une trilogie, dont Le poids d'un nuage est le second volume.
Cette île en terre, qu'elle est-elle ? Pour Yvon Le Men, qui nous livre ici le premier recueil d'une trilogie, l'île est d'abord le hameau où se déroule une enfance en noir et blanc, aux lisières de la pauvreté, un lieu où des vies minuscules se sont attaché à tracer le sillon de leur humanité. Celle d'un père trop tôt parti, d'une mère chevillée au réel, d'un voisin, l'inénarrable Jean-Claude, auquel le poète consacre un texte épatant et que chacun pourrait avoir rencontré « dans la banlieue de sa vie ». Cette île est aussi celle que l'enfant s'invente pour grandir : des premières lectures une pile électrique sous les draps, aux rêves qui traversent la fenêtre comme des oiseaux blancs, il laisse à la poésie le soin de gouverner son coeur. La première étape d'une traversée des apparences.
"Il était un pays notre pays.
Je montais. Le pays de l'enfance devenait plus petit
et j'oubliais mon rêve si grand. Jusqu'à ce jour de juin
où j'allais atterrir sur la carte de mes songes
où vivaient les cygnes et brillaient les lucarnes."
Né à Tréguier en 1953, installé à Lannion, Yvon Le Men est la figure de proue de la poésie aujourd'hui écrite en Bretagne. Depuis son premier livre, Vie, écrire et dire sont les seuls métiers de ce poète qui fait partager sa passion au plus grand nombre, dans des spectacles ou au festival Étonnants Voyageurs où il programme des poètes du monde entier. Après Sous le plafond des phrases et En fin de droits, il confie à Bruno Doucey une trilogie dont le premier volume s'intitule Une île en terre.