Nous sommes en France, à la fin des années 1990. Dans une ville de banlieue pavillonnaire, une adolescente regarde passer les trains qui filent vers la capitale. Elle a des projets plein la tête : partir, devenir hôtesse de l'air ou avocate et surtout, plus urgent, s'acheter des vêtements de marque. Mais comment faire quand on n'a pas assez d'argent de poche et que la vie dont on rêvait se révèle être un champ de cactus ?
Pour le moment, sa famille vacille et ses repères sont chamboulés. En très peu de temps, sans renoncer à ses désirs, elle devra tout apprendre : comment classer ses pensées, tenir tête à ses copines, assumer des responsabilités trop grandes pour elle et vivre ses premières expériences sexuelles.
Si l'adolescence est une ligne de crête menant à l'âge adulte, l'attachante héroïne de Grande Couronne s'y tient en équilibriste, oscillant entre le trivial et le terrible. Mais elle a une arme : une vision au laser grâce à laquelle elle dresse un tableau de son époque et de ses émotions aussi drolatique qu'impitoyable.
En ce début de xve siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons n'en finissent pas de s'écharper. La guerre civile menace de ravager le pays. C'en est trop pour Yolande d'Aragon. Puisqu'une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n'est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. Et la voilà reconvertie dans l'élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Mais la Douzième, de loin la plus forte et la plus féroce, n'a rien à voir avec celle que Yolande aurait voulu initier à la vraie nature de sa mission.
Porté par une langue inouïe d'inventivité, d'insolence et de drôlerie, ce roman iconoclaste en diable réinvente l'un des plus illustres épisodes de l'histoire de France avec panache.
Dans les années 1970, un couple et ses trois filles naviguent en Méditerranée à bord d'un bateau, le Monplaisir. La nage et les plongeons rythment les vacances. Mais le voyage n'est pas de tout repos : le ciel s'assombrit, la mer s'agite, les vagues se creusent. Une tempête gronde et c'est celle du père. Même loin de la maison, ses cris fusent, un rien suffit à l'irriter. La plus jeune des soeurs observe et tente de cerner cet homme fantasque et colérique. D'où viennent la tristesse et la solitude qui l'éloignent irrémédiablement des siens ?
Avec simplicité et grâce, Isabelle Blochet explore la vie d'une famille qui chavire et nous fait sentir les renoncements de chacun.
Née en 1969 dans l'Oise, Isabelle Blochet est bibliothécaire. Elle vit à Chartres. Descendre vers la mer est son premier roman.
Quand on est hôtesse d'accueil, être à l'écoute fait partie du quotidien. C'est donc tout naturellement que la narratrice prête l'oreille à la voix mystérieuse qui, un beau jour, se met à lui donner des instructions, à lui annoncer d'étranges visites, à faire surgir en elle des images déroutantes, comme autant d'impressions de déjà-su... Comment peut-on être intimement convaincu de connaître la Finlande dans ses moindres recoins alors qu'on n'y a jamais mis les pieds ? Comment peut-on savoir ce que c'est d'être mort alors qu'on est encore vivant ? À se laisser aller au fil décousu des souvenirs et des pensées, on découvre qu'on en sait toujours beaucoup plus que ce qu'on croyait savoir, et on s'expose ainsi à accueillir d'autres que soi, notamment le soldat inconnu.
Avec ce monologue envoûtant, Gaëlle Obiégly nous happe dans une fantastique enquête interrogeant, avec une gravité mêlée d'humour et d'émotion, la place que nous occupons dans le monde et au sein de notre propre existence.
Au 133, on vit en couple. Jean-Max est célibataire, mais c'est exceptionnel. Il y a Toto et sa femme, dont il tente de connaître le prénom ; le sociocouple, qui décrypte ses voisins ; le couple de sculpteurs, dont le mari s'est enfermé dans sa sculpture ; ou encore le couple policier qui investigue dès lors que quelque chose de louche advient... Car au 133, il paraît qu'une hache est dissimulée quelque part, ainsi qu'une sortie. Encore faut-il les trouver. Certains seraient prêts à tout pour cela. Même à découper leurs voisins. En attendant, quand les ballons surgissent dans le couloir, c'est la cohue, on se jette dessus.
Antoine Mouton anime ce théâtre de l'absurde avec un humour ravageur, sans renoncer à dire la grandeur presque candide des êtres qui se débattent malgré tout ce qui les enferme. Les lois, les règles, les déterminismes et les ballons de baudruche volent en éclats.
« Je n'ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j'ai toute latitude de soliloquer. Depuis que le couvercle s'est refermé sur moi, je n'ai qu'une envie : me justifier, définir mon rôle dans les événements survenus, donner quelques clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui n'est qu'un fait divers. Je n'ai pas un penchant au regret, mais il me faut faire mon examen de conscience, si inutile qu'il soit désormais. Le souvenir que je laisse est celui d'un partisan des solutions hybrides, habitué à ajourner, soucieux de n'exaspérer personne, de ne pas empirer les choses en manquant de diplomatie. Je ne suis pas un de ces vieux hiboux formalistes, ni un de ces faiseurs d'embarras toujours persuadés d'être supérieurs à tout le monde. Non, j'ai veillé à ne pas incommoder mes proches, pas seulement par horreur des dissensions domestiques, mais parce que je ne suis pas un homme à problèmes. »
« On hérite une fortune. Ou une entreprise. Ou une maison. Ou une maladie. Ou une ethnie avec sa charge historique et mentale. C'est ce qu'illustrent les habitants qui pendant un siècle se succèdent et se côtoient dans la villa Séléné, hantée par son premier propriétaire, le pendu. Ce sont, pour n'en citer que quelques-uns, Félix Méry-Chandeau, bibliophile et joueur de roulette russe ; Constance Azaïs, belle dévote torturée par le doute ; Claire Pons qui peint ses visions ; le sordide couple Vandelieu ; l'inspecteur Mausoléo et Andrée, sa femme qui selon le mot d'Oscar Wilde, tue ce qu'elle aime ; ce sont les émigrés juifs réfugiés dans les caves du sous-sol ; le fossoyeur Jérôme Labille et l'évocatrice des morts ; Hugo, le déserteur allemand et sa compagne Antoinette cachés dans les combles ; Mauricette la Martiniquaise ; les soeurs féministes et leur duel d'araignées ; Joseph, le pharmacien exhibitionniste ; l'égyptologue James Marshall Wilton ; Cédric le sidéen et son seul ami, le rat Astérix... Cent ans et deux guerres. Cent ans et quelques destinées dans la vie d'une maison. »
G.W.
« Sans Chichi », titrait Libération à la mort de Jacques Chirac.
À l'agitation publique que suscite cette annonce répond une disparition plus modeste, celle du grand-père de la narratrice. Cette gamine des années 1990 revisite alors l'âge abracadabrantesque où des mains noueuses mais consolatrices conjuguent l'apprentissage du vélo aux compresses de Synthol.
À l'Usine, résidence d'artiste où elle séjourne, elle entremêle les mots de la presse, de la radio et les fragments de mémoire qu'elle plie comme des serviettes de table en forme de bateau. Ces motifs viennent dessiner le spectre d'une époque révolue et entrelacent histoire personnelle et collective.
Fantaisie et humour s'infiltrent avec une nostalgie réjouissante dans ce premier roman espiègle, tendre et lumineux. Où la mémoire des grands-pères éternels nous invite à rejouer le récit des enfants que nous ne sommes (presque) plus.
« Ces Virginales ont pour commune matière l'inconscient éveil des sens, l'innocence de la dixième année, l'univers des signes, des illusions et des lois de l'enfance, lorsqu'elle se risque aux jeux interdits. L'amour, la mort, les mots, la forme et le sens des objets usuels se chargent de mystère. Une vie parallèle, fabulatrice, merveilleuse, s'épanouit en marge de la vie adulte. L'enfance étant naturellement impudique, curieuse des corps, ses joies et ses jeux abondent en façons animales, en ébauches sensuelles à peine devinées, toujours insatisfaites. Traduit dans le langage des grandes personnes ces émotions passeraient pour perverses. L'habileté de Maurice Pons est d'avoir découvert un langage qui emprunte à l'enfance à la fois ses magies et ses audaces mais qui demeure pourtant un langage du monde adulte. » François Nourissier, La Nouvelle Revue Française, 1955
Une femme s'est donné la mort un matin de printemps. Elle laisse derrière elle quatre livres qui sont autant d'énigmes pour les deux hommes qui l'ont aimée, deux frères ennemis devenus des inconsolés. Le narrateur, lui-même écrivain, est celui qui l'a approchée le premier ; il trace le portrait d'une séditieuse, créant, envers et contre tout, une oeuvre où la concession n'a pas cours. Tombeau d'une irréductible, éloge d'une maquisarde, ce récit de deuil est aussi une confession où l'amour, la rivalité, la recherche obstinée de la vérité offrent des visages multiples. La quête de l'autre, le sacrifice consenti à la littérature, la ronde des fantômes qui demandent à renaître : en s'interrogeant sur le départ, sans un adieu, sans une lettre, de cette amante qui l'a révélé à lui-même, le narrateur fait retour sur soi, et c'est avec une lucidité teintée d'humour qu'il se dépeint à travers ses tâtonnements littéraires et ses algarades avec son frère, destiné à être son rival. Et peut-être, au bout du compte, le pari qu'il relève est-il de dire la passion pour un être qui a conservé jusqu'au bout son mystère, et de vaincre la mort par les mots.
Rêveries, souvenirs, pensées..., tout est là dans la promenade, cette expérience émotionnelle de l'espace qui brasse continûment la mémoire personnelle et l'histoire collective. Ici, une longue promenade sur quatre saisons, d'un été au printemps suivant, à travers des jardins proches, à Paris et en Île-de-France, mêlés à la réminiscence des paysages lointains, l'Italie et le Japon, la Bretagne et l'Himalaya. En mélangeant les jardins et leurs époques, la promenade surprend sans cesse par le côtoiement de l'héritage et de l'inclassable, et offre la possibilité de penser notre époque en pensant ce qu'on a sous les yeux.
« Répondant à une enquête sur le nationalisme et la littérature, André Gide fit valoir que la France dans laquelle il vivait devait beaucoup à "un confluent de races" : il était à considérer que les plus grands artistes sont le plus souvent des "produits d'hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations". La valeur d'un homme, d'après Gide, se mesure au degré de dépaysement, physique ou intellectuel, qu'il est capable de maîtriser... » Sur le thème de la place de l'étranger et de l'exil sous toutes ses formes, cet essai revient sur certaines figures de la littérature mondiale : Gombrowicz exilé en Argentine, Cioran et Benjamin Fondane changeant de pays et de langue, mais aussi Marina Tsvetaeva ou Alejandra Pizarnik, en rupture totale avec ce qui les entourait, et bien d'autres écrivains qui ont vécu en faisant sécession, qu'ils aient quitté leur pays ou n'aient pas bougé de chez eux.
Écrire, c'est aussi reconnaître sa dette d'amour envers ceux que René Char appelle les alliés substantiels, c'est lire des épitaphes cryptées, aborder des îlots de solitude, déserter l'ici et maintenant en glissant sur des luges de nuit pour gagner les frontières de l'invisible avec comme guides des émissaires de l'autre côté. Ces pages, roman d'une lectrice, sont des hommages aux maquisards qui ont fait oeuvre délictueuse, s'assignant le but de renverser les normes, de lancer des brûlots au flanc de l'académisme, d'exorciser les peurs et de proposer au lecteur un voyage où il se débarrassera de sa pusillanimité, de ses préjugés, et se laissera emporter par une bourrasque vers des territoires inconnus.
La poursuite est le nom du projecteur mobile qui accompagne le déplacement des acteurs sur le plateau. Dans ces Poursuites, on trouvera, à travers divers textes écrits sur vingt ans, les échos du mouvement spontané qui, pour un auteur, prolonge et reprend sa participation aux oeuvres : textes, critiques, réflexions sur le théâtre d'aujourd'hui, souvenirs, modes d'emploi, etc. Autrement dit un rêve de théâtre, parallèlement au mouvement qui s'inscrit entre la création des Céphéides (1983) et celle de El Pelele (2003). Collection Les cahiers de l'Odéon
« De quoi souffres-tu ? De l'irréel intact dans le réel dévasté. » Ces mots de René Char auraient pu servir d'exergue à ce livre des nuits, de la déraison et des passions qui exilent : une femme vient d'échapper à la mort, elle part à la recherche de cet Autre qui lui tiendrait lieu de frère de substitution, de jumeau perdu et retrouvé, de double sublimé. Elle le découvrira peut-être en la personne d'un inconnu nommé Roman.
« S'il est une chose dont on ne peut guère me faire grief, c'est le manque de suite dans les idées. Le Voyageur était déjà le titre initial d'un de mes premiers romans, devenu en définitive Le Voyeur et depuis les années 40, je n'ai guère cessé d'arpenter la planète, d'abord agronome de terrain étudiant les fruits tropicaux, bientôt missionnaire de la bonne parole néo-romanesque, croisé d'une littérature à venir volontiers professeur de moi-même. » Alain Robbe-Grillet De la défense et illustration du Nouveau Roman au cinéma et à l'art, du sado-érotisme à l'engagement, ce livre rassemble des articles, conférences et entretiens publiés par Alain Robbe-Grillet pendant plus de cinquante ans d'existence littéraire, dont beaucoup sont aujourd'hui introuvables ou méconnus, voire inédits. Faisant une large place à ses contemporains (Roland Barthes, Albert Camus, Alain Resnais, Nathalie Sarrraute, Jean-Paul Sartre, Claude Simon...) ces textes constituent une somme qui permet de retrouver l'écho des débats et critiques suscités par son oeuvre et par le Nouveau Roman en général, dont il a été, sans conteste, le chef de file le plus voyageur, en même temps que le plus soucieux de faire partager aux lecteurs les exigences et l'évolution permanente. Articles et entretiens réunis et présentés par Olivier Corpet avec la collaboration d'Emmanuelle Lambert
Enfant au destin emblématique dans la France en guerre, Alex est devenu le porte-drapeau de ce pays. Passant du statut de victime à celui d'homme de mémoire, il est le topographe minutieux d'un monde disparu. Une mission enrichie par sa passion pour le cinéma, propice aux vies imaginaires. Ce récit à multiples facettes, où s'entremêlent biographie et fiction de soi, offre une incursion dans l'Histoire par le biais d'un personnage qui se rêve autant qu'il se vit.
Ferdinand aime la moto, le foot, la montagne. Bien concentré sur son métier de chirurgien du coeur, il est mal orienté dans sa vie amoureuse. Sa femme le quitte. Dans un Paris imaginaire, il trace une nouvelle carte du Tendre et rencontre Paola au café de l'Étoile du Nord. « Comme le jour, qui se lève toujours, Ferdinand vint à penser, ravi, qu'elle viendrait toujours, confondant le toujours d'aujourd'hui avec l'autre, le toujours à venir, dont personne ne sait rien. » Ferdinand consulte son médecin des âmes, Valentin, qui dilue ses propres émotions dans le jeu. Une irrésistible ascension semblera tracer son destin dans la neige. Un récit délicat, ironique, percutant.
À Paris, dans le café où elle a l'habitude d'aller, la narratrice entend une chanson qui la plonge dans le souvenir d'une histoire, le souvenir de sentiments auxquels elle croyait avoir renoncé. Photographe, elle est aussi dans un moment de perte d'inspiration. Une rencontre imprévue la replonge dans les affres de l'amour, en même temps qu'elle lui ouvre de nouvelles pistes de réflexions artistiques. La création et la vie se mêlent, l'une servant l'autre. Mais l'équilibre ne risque-t-il pas de s'inverser en cours de route ? « Quand la réalité devient trop cruelle, trop dure, je choisis un morceau que j'aime et je plonge dans un océan familier, les guitares électriques, la batterie soulignent le rythme de ma nage, rien d'autre n'existe, ni ceux qui m'ont blessée ni ceux qui pourraient adoucir le sort, rien que la voix de quelqu'un qui me raconte sa vie, une histoire qu'il ou elle a vécue, ou qu'un ami, une amie lui a racontée, une scène à laquelle il ou elle a assisté. »
« Les neuf nouvelles qui composent Tout passe s'entrecroisent, se font écho, comme autant de variations autour de ce même motif obsédant de la transmission, de l'héritage, de ce que l'on laisse. Il y a quelque chose de cubiste dans la composition de ce livre, une façon très maîtrisée d'éclater le récit pour offrir plusieurs angles de vision en même temps, sans jamais dissiper les zones d'ombre. A chacun de choisir sa propre interprétation en comblant les blancs à sa guise. Drôle de jeu qui hante le lecteur longtemps après qu'il a refermé le livre. » Transfuge
« Le climat qu'installe Bernard Comment dans ces neuf nouvelles est à la mélancolie. Le mot que l'on métaphorise à Cuba par le « gorrion », un moineau muet, explique l'écrivain dans son avant-propos qui parle d'oiseaux... Tous ses personnages sont au milieu ou à la fin de leur vie, à l'heure de prendre la mesure des choses, à l'heure des regards sur le passé, à l'heure où s'impose avec force ce qu'on n'a jamais voulu savoir. » Le Temps
« Bernard Comment nous laisse entrer dans leurs vies, l'espace d'un petit moment. Il le fait avec une mélancolie vigoureuse et un délectable sens de l'intrigue, glissant dans ses récits juste assez de vides pour appâter ses lecteurs, et juste assez de pleins pour les contenter. » Le Monde
Au cours d'un séjour au Havre, un jeune journaliste découvre un livre d'un mystérieux écrivain nommé Antoine Sorel. La lecture de ce roman le bouleverse, il s'interroge sur son auteur, dont il sait seulement qu'il a vécu toute sa vie dans cette ville portuaire. Le lendemain de sa découverte, il apprend la mort, à quarante-cinq ans, de l'écrivain. Pour payer sa dette de lecteur, et parce que, pense-t-il, la mort ne doit pas avoir le dernier mot en littérature, il décide de ressusciter Antoine Sorel à travers un livre d'hommage. En rencontrant ses proches, en faisant sienne la forme d'une ville, en enquêtant auprès des femmes que Sorel a aimées, il ne cherche peut-être pas seulement à assurer le salut de l'écrivain, mais aussi le sien. Livre des solitudes et de la quête des origines, ce roman est d'abord celui de la ferveur et de son pouvoir de résurrection.
Quinze ans que nous nous sommes perdus de vue. J'avais tout bonnement oublié son existence. Les nièces fininssent toujours par se rappeler à vous. Gamines, elles vous montrenht leurs cuisses nues et leur dent de travers, elles laissent dans leur sillage une odeur de vice mal éclos. Quand elles sont en âge de séduire, elles vous oublient, mais à la première crise, elles viennent vous demander de légitimer leur existence. Elles font appel à l'oncle comme une diva fait appel à son plus vieil admirateur. Parler de soi sans intention calomnieuse? Autant cracher dans un puits vide. Ici, on abuse de sentimentalité, mais les baisers sont à l'arsenic. Ici, on ne respecte que le protocole du dégoût, on ne joue qu'à l'ombre du mancenillier, car aller à la recherche de ses origines, c'est commencer une entreprise de démolition.
Les mots réunis dans ce recueil ont été prononcés par des hommes et des femmes qui ne peuvent pas vivre sans littérature. Ils s'appellent Siri Hustvedt, Orhan Pamuk, Patrick McGuinness, Kirsty Gunn, Dany Laferrière, Paolo Giordano, Liu Zhenyun, Éric Vuillard, Boubacar Boris Diop ou Lorna Goodison.
Au printemps 2014, ils ont évoqué leur pratique ou leur fréquentation de la littérature à Lyon, dans le cadre des Assises Internationales du Roman. Chacun à son tour, ils ont trouvé les phrases pour décrire le plaisir d'écrire, mais aussi de lire. Pour évoquer leur manière, très personnelle, de donner des contours aux émotions, un sens à la réflexion, une forme à la vérité. Pour tenter de répondre, enfin, à l'impossible question, la plus passionnante de toutes : « Mais enfin, pourquoi écrivez-vous ? »
Santiago Amigorena, Ali Bader, Hugo Boris, David Bosc, Martin Caparrós, Asciano Celestini, Sorj Chalandon, Christos Chryssopoulos, Frédéric Ciriez, Delphine Coulin, Rachel Cusk, Léonor de Recondo, Boubacar Boris Diop, Paolo Giordano, Lorna Goodison, Nikolai Grozni, Kirsty Gunn, Felipe Hernandez, Siri Hustvedt, Dany Laferrière, Charles Lewinsky, Patrick McGuinness, Sofi Oksanen, Christian Oster, Orhan Pamuk, Kevin Powers, Chantal Thomas, David Treuer, Eric Vuillard, Liu Zhenyun.
Une sorte de « Lettre au père » originale où l'auteur évoque les figures paternelles de substitution qu'il s'est choisies et retrouve l'irremplaçable qui l'a marqué, bien qu'il lui ait fait cruellement défaut au quotidien. Est-ce parce que ce drôle de père a su être présent dans les moments décisifs ? Michel Contat se veut lucide sur leur petite histoire au sein de la grande Histoire dans un pays, la Suisse, qui semble vivre à l'écart. Tenant la part égale entre l'humour et la tendresse, le texte offre une évocation de ce personnage hautement romanesque.