filter
Éditeurs
Formats
Accessibilité
Editions Boréal
-
L'homme descend de l'ourse
Serge Bouchard
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 22 April 2013
- 9782764612040
Serge Bouchard est un orignal. Il a la couenne dure, le cou puissant, le sabot obstiné. Il est de ce cuir dont on fait les bêtes lumineuses. S'il sait aller le nez en l'air, humant l'air du temps, dire d'où vient le vent et ce qu'il emportera, il préfère observer le sol.
Il y trouve des indices, des pistes, des fragments qu'il emmagasine, des brindilles qu'il tisse d'un sens nouveau. Mais là où il excelle, c'est quand il creuse. L'humus riche des habitudes enfouies le ravit, il plonge un sabot gourmand dans ces débris, se réjouit de leur odeur étrange et familière à la fois. Immanquablement, il s'enfonce dans les bois opaques et en ramène des morceaux choisis. C'est qu'il sait caller, l'orignal.
Marie-France Bazzo (extrait de la préface) -
La souveraineté en héritage
Jacques Beauchemin
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 9 June 2015
- 9782764644010
Désirons-nous vraiment réaliser l'indépendance politique du Québec ou sommes-nous trop épuisés pour espérer remporter un troisième référendum ?
Jacques Beauchemin le militant explore les raisons profondes qui font de la souveraineté un objectif historique essentiel. Par contre, Jacques Beauchemin le sociologue ne peut cacher son inquiétude devant la démission collective des Québécois, qui semblent accepter sans états d'âme que leur langue française périclite et que leur culture se délite.
L'auteur met le lecteur au pied du mur : les ancêtres canadiens-français ont-ils lutté et résisté avec autant de courage depuis la Conquête pour voir leurs descendants dilapider l'héritage ?
Les héritiers - que nous sommes tous - choisiront-ils une démission tranquille ou relèveront-ils l'urgent défi auquel ils font face ?
« La Souveraineté en héritage » est un remarquable essai politique qui arrive à point nommé, au moment où le Parti québécois cherche un nouveau souffle. -
De Marie de l'Incarnation à Nelly Arcan ; se dire, se faire par l'écriture intime
Patricia Smart
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 7 October 2014
- 9782764643457
Ce livre trouve son origine dans le désir d'explorer les expériences des femmes qui ont accompagné et rendu possibles les grands moments de l'histoire officielle du Québec, de l'arrivée des Français en Amérique du Nord jusqu'à l'accession à la liberté d'expression indviduelle et collective apportée par la Révolution tranquille. Les historiennes féministes ont examiné la situation de ces femmes, mais il est rare que nous entendions la voix des protagonistes elles-mêmes ou que nous ayons accès à leur point de vue, que ce soit sur le monde qui les entoure ou sur leurs aventures intérieures. C'est cette voix que Patricia Smart donne à entendre ici.
Tous ces textes parlent d'un moi brimé, inhibé, mais qui se refuse à démissionner. Pour ces femmes, la venue à l'écriture fait partie intégrante de la quête de soi et de la prise de possession du monde. Beaucoup plus que de simples révélateurs de réalités sociales, ces écrits intimes appartiennent à la littérature. -
Un regard qui te fracasse ; propos sur le théâtre et la mise en scène
Brigitte Haenjens
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 16 September 2014
- 9782764643549
« Ce qui est violent, pour moi, ce n'est peut-être pas tant la présence physique du public que l'acte de représenter quelque chose de soi, d'intime, de forcément transgressif. Comme si, symboliquement, on rejouait une sorte de scène primitive, on mettait en lumière des choses honteuses, des tabous. Cette exposition de soi, malgré soi, est troublante. Elle se fait de biais, de façon détournée, à travers le corps des autres, des interprètes. Comme metteur en scène, on craint que le public repère cette part dévoilée. Le regard des autres sur son oeuvre se rapproche d'un regard interdit, à la fois désiré et honni ; le regard d'un inconnu sur ton corps nu, qui te fracasse. »
Brigitte Haentjens est une des figures majeures du théâtre contemporain. Elle a gagné un fidèle auditoire grâce à son audace dans la programmation et à l'exigence qui marque chacune des productions portant sa signature. Elle propose ici un livre hors norme qui nous montre une artiste en plein processus de création. Elle retrace son parcours depuis l'école de théâtre en France. Elle évoque son passage en Ontario francophone, où sa carrière de metteur en scène a éclos, et son installation au Québec. Surtout, elle parle au présent du travail accompli avec la compagnie qu'elle a fondée, Sibyllines. -
Le Tour du jardin
Godbout/Bock-Cote
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 11 February 2014
- 9782764642962
Jacques Godbout, s'entretenant avec le sociologue Mathieu Bock-Côté, raconte avec sincérité et humour son parcours d'écrivain et de cinéaste. Conservant la distance que procurent à la fois l'intelligence et le refus absolu de se laisser enfermer dans quelque idéologie, il évoque les personnes qu'il a fréquentées et les moments dont il a été le témoin privilégié. C'est l'occasion de découvrir le portrait d'un être rare, un intellectuel québécois qui a tenu, pendant soixante ans de vie publique, à assumer son rôle dans la cité, celui d'éveilleur de consciences et de passeur entre les générations.« En relisant ces entretiens, j'ai bien vu de quelle manière je m'adressais à Jacques Godbout. Non pas comme à un vieux sage, à qui on demanderait patiemment je ne sais quelle leçon de vie. Non plus qu'à un homme compartimenté selon ses talents, écrivain et cinéaste, journaliste et poète à qui je demanderais finalement de m'expliquer le mécanisme de la création artistique. Non, je lui ai parlé comme à un interlocuteur intellectuel de premier plan, comme à l'un des observateurs les plus brillants du Québec. Je l'ai invité à revenir sur les grands thèmes qui ont traversé sa vie et, finalement, sur une vie absolument passionnante. Je dirais bien qu'elle fut exemplaire, mais il me gronderait. Je dirai alors de sa vie qu'elle est inspirante. « Le tour du jardin » représente peut-être, du moins je l'espère, une porte d'entrée dans une oeuvre qu'il vaut la peine de découvrir, ou de redécouvrir. Je vous parle d'une oeuvre que les moins de vingt ans devraient connaître. » M. B.-C.
-
Les Réformistes - Une génération canadienne-française au milieu du XIX siècle
Eric Bédard
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 30 May 2012
- 9782764607497
« L'histoire que l'on écrit est toujours fécondée par le présent. Le projet de ce livre a pris forme à la fin des années 1990, dans un moment de grande morosité collective. Comme je ne voulais pas ajouter ma voix au concert des cyniques, et que je suis allergique à la fuite en avant des marchands de rêves, j'ai cherché dans notre histoire une autre génération confrontée à des défis semblables aux nôtres [...]. Par delà le siècle et demi qui nous sépare de la génération des réformistes, j'ai eu l'impression de retrouver des incertitudes similaires face à l'avenir. Les uns comme les autres vivent les lendemains troubles de grandes espérances. Le temps des réformistes n'est ni celui des mythes fondateurs, ni celui des Grands Soirs. C'est un temps désenchanté, morose même; un temps de prudence, non d'élans prophétiques. En allant vers les réformistes, mon but n'était pas de réhabiliter des personnages « illustres » ou de dénicher un programme d'action pour l'avenir [...]. J'ai plutôt voulu comprendre les questions qu'ils s'étaient posées et les réponses qu'ils avaient fournies, et voir comment, par la pensée et par l'action, ils avaient conjuré les angoisses d'un présent incertain. »
-
Le moineau domestique
Serge Bouchard
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 11 October 2012
- 9782764612002
Une soixantaine de petits textes dont chacun correspond à une réaction de la conscience mise en face de sa propre paresse. Cette revue de l'ordinaire est un exercice continu que je m'impose dans la mesure où je ne comprends rien du monde qui m'entoure. Je n'ai donc d'autre choix que de l'interroger sans relâche. Tel un étranger dérouté par la culture dans laquelle il se retrouve, je suis ce naïf obstiné qui examine tout, de l'idée charpente à l'objet de détail. La discipline consiste à poser des questions même si celles-là resteront pour toujours sans réponse. Appelons cela la multiplication des sens, activité illicite dans une société qui n'en accepte jamais qu'un seul. En un mot, je refuse de me porter mal.
Serge Bouchard -
Abolissons l'hiver
Bernard Arcand
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 13 February 2013
- 9782764612118
L'hiver nous tue. Quand ce ne sont pas sinusites et pharyngites qui nous emportent, c'est la glace noire, le verglas ou l'infarctus qui suit une séance de pelletage intensif, ou encore la piste de descente quasi olympique du mont Sainte-Anne. Comment échapper à cette fatalité?
Et si, tout simplement, c'était notre conception de l'hiver qui était fautive ? En effet, nous nous obstinons à mener une vie productive en hiver alors que les éléments - c'est le moins qu'on puisse dire - sont contre nous.
Pour retrouver le bon sens, il suffirait donc d'inverser la situation. Travaillons davantage l'été, et ainsi nous aurons tout l'hiver pour nous reposer, pour hiberner sous la couette, en remerciant le ciel de nous envoyer ce froid qui rend la maison si agréable. Faisons de l'hiver la saison morte, comme il se doit.
Il fallait un anthropologue de talent pour nous faire enfin voir l'évidence. Dans ce brillant opuscule, Bernard Arcand propose une solution qui, moyennant le bon vouloir de nos gouvernements, pourrait mettre un terme à nos souffrances hivernales, en même temps qu'elle donnerait tout son sens à l'expression de « société distincte ». Cette solution aurait également le mérite de régler de nombreux problèmes de ladite société, qui vont de la réforme de la santé à celle de l'éducation. -
Social democratie et mouvements ouvriers : la fin de l'histoire ?
Serge Denis
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 17 March 2010
- 9782764607404
La social-démocratie est une idée galvaudée, qui semble avoir perdu son sens d'origine. À la lumière de l'histoire récente, ne pourrait-on pas penser que, depuis trente ans, les partis sociaux-démocrates, une fois au pouvoir, ne défendent pas leur base naturelle et historique, la classe ouvrière ? L'auteur aborde cette question en étudiant le positionnement sociopolitique actuel des partis sociaux-démocrates, dont la compréhension nécessite par ailleurs des retours sur le passé, de même qu'en tentant de définir l'état et la nature des revendications sociales d'aujourd'hui.
-
La mondialisation occupe une place importante dans l'espace public : voie obligée de la prospérité pour les uns, elle est pour les autres responsable de tous les maux affligeant la société contemporaine. Curieusement, ces jugements contradictoires sur la mondialisation tendent tous deux à négliger les discours ayant présidé à la mise en place du monde de l'après Seconde Guerre.
Dorval Brunelle revient sur les fondements de l'ordre d'après-guerre, tels qu'ils se lisent dans les propos de ses architectes d'alors. L'examen de la création des grandes institutions internationales, à cette époque, constitue le point de départ d'une analyse articulant la reconstruction des espaces international et national à la création de l'État-providence et à la reconnaissance des droits sociaux. Sur cette base, l'auteur s'attarde ensuite à l'éloignement par rapport à ce projet initial, lisible dans ce qu'il appelle la globalisation, qui rompt avec la logique mise en place au sortir de la guerre.
Dans ce nouveau cadre institutionnel, l'Amérique du Nord occupe une place privilégiée. C'est en effet dans le libre-échange entre le Canada et les États-Unis que le nouvel ordre global trouve le premier lieu de son déploiement. Il convient donc d'analyser de près la dynamique inaugurée par cet accord pour saisir, a contrario, ce que la pensée de l'immédiat après-guerre, derrière des apparats libéraux, peut encore proposer d'intéressant à tous ceux qui appellent de leurs voeux une mondialisation alternative. -
La traversée du Colbert ; de Gaulle au Québec en juillet 1967
André Duchesne
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 6 June 2017
- 9782764644805
Le 24 juillet 1967, Charles de Gaulle, président de la France en voyage officiel, invité des gouvernements de Québec et d'Ottawa, a marqué à jamais l'histoire en prononçant, au balcon de l'hôtel de ville de Montréal, quatre mots - « Vive le Québec libre ! » - dont la portée a traversé le temps. Cet événement, ses causes et ses conséquences ont été maintes fois scrutés, répertoriés, analysés et commentés par tout ce qui « grouille, grenouille, scribouille ».
-
Création, dissonance, violence ; la musique et le politique
Mariella Pandolfi, Laurence Mcfalls
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 11 September 2018
- 9782764645505
La musique, c'est du son. Mais c'est aussi un lieu: un lieu de tension et de relâchement; un lieu de rencontre avec soi-même et avec l'autre ; un lieu de réalisation, de mise en scène et de consommation ; un lieu de reproduction mais aussi de transformation.
Bref, un lieu de pouvoir, un lieu du politique. S'engager en politique et faire de la musique, ce qui comprend l'écoute active, sont des façons d'interpréter et de changer le monde autour et à l'intérieur de nous.
Mariella Pandolfi et Laurence McFalls ont invité des artistes, des intellectuels, des praticiens de différents domaines et disciplines à exposer leur « vérité » sur la musique. Ce faisant, ils jettent la lumière sur le lien profond, voire la convergence, qui unit le musical et le politique, ces deux domaines de la vie humaine et sociale où la passion et la raison, le déchaînement et la discipline, l'amour et la mort, la violence et la paix, le banal et le sublime luttent et se marient dans la recherche non seulement de la domination et de la résistance, mais aussi de ce qu'ils tiennent pour le beau, le juste ou le vrai.
Tout en privilégiant une multiplicité de voix et une pluralité de registres (personnel, poétique, historique, psychanalytique, philosophique), Mariella Pandolfi et Laurence McFalls ont mis l'accent sur une forme particulière de la musique occidentale, soit l'opéra, sans toutefois oublier la musique orchestrale, le jazz ou la chanson populaire. -
L´École historique de Québec
François-Olivier Dorais
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 25 October 2022
- 9782764647363
Objet familier de notre paysage historiographique, l'école de Québec est constitutive du récit des origines de la discipline historique québécoise moderne. Réunissant trois figures majeures - Marcel Trudel, Fernand Ouellet et Jean Hamelin -, elle aura proposé, à travers ses querelles nourries avec l'école de Montréal, un nouveau récit de l'être-ensemble québécois à l'époque de la Révolution tranquille.
Cette « école » n'en demeure pas moins un objet énigmatique, comme une sorte d'évidence héritée qu'on a reconduite, souvent par commodité, sinon comme une étiquette disqualifiante, dans les discours savant et intellectuel. Pourtant, elle représente un pan important et méconnu de l'histoire intellectuelle et savante du Québec. Qui sont Trudel, Ouellet et Hamelin? Quelles influences ont-ils agrégées? Quel « récit des origines » ont-ils accrédité? Dans quelle mesure peut-on dire qu'ils ont formé une « école » au sens fort du terme? Quelle place occupent leurs travaux dans l'historiographie québécoise et canadienne? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles l'auteur répond tout en s'employant à retracer le parcours de ce groupe d'historiens aux contours flous, à mieux cerner son identité et à situer son apport à la vie des idées québécoises d'après-guerre.
Dans une perspective alliant l'historiographie et l'histoire intellectuelle, ce livre lève le voile sur les cheminements, à la fois convergents et divergents, de trois historiens incontournables du Québec contemporain situés à l'intersection des champs universitaire, intellectuel et politique. Ce faisant, il offre un point d'observation privilégié pour comprendre les rapports évolutifs entre le savoir historique et la culture au Québec au XXe siècle. Il permet enfin de cerner la place de l'Université Laval et, plus largement, de la ville de Québec dans la géographie de la pensée québécoise. -
Le schisme identitaire - Guerre culturelle et imaginaire québécois
Beauregard E-A.
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 1 March 2022
- 9782764637067
Depuis deux décennies, les Québécois traversent un mauvais rêve où une idéologie hégémonique remet en question leur droit même d'exister comme nation, qui serait désormais porteur d'exclusion et à rebours du sens manifeste de l'histoire. Étienne-Alexandre Beauregard décortique ce discours officiel afin d'en démonter les mécanismes et d'en dévoiler les pièges. Il fait appel à de nombreux penseurs, en particulier Antonio Gramsci, pour montrer comment divers phénomènes, dont la montée du populisme, le discours émergent du care et l'instrumentalisation du discours écologiste, ont plongé le Québec dans ce qui n'est rien de moins qu'une guerre culturelle dont l'enjeu est la définition même de la nation québécoise, de son histoire et de son avenir. Le réalignement politique que traverse présentement le Québec, avec la montée de la Coalition avenir Québec et de Québec solidaire, est la conséquence directe de cette lutte pour contrôler l'imaginaire québécois.
Pour Beauregard, cette guerre culturelle doit impérativement être gagnée par le camp nationaliste. Avant même de se projeter dans l'avenir, le Québec doit raffermir la légitimité de sa propre existence comme nation, car cela constitue le fondement premier de toute action collective, présente ou future. La guerre culturelle est à ses yeux une occasion pour les nationalistes de crier haut et fort que l'histoire du Québec n'est pas terminée, comme tente de nous le faire croire le discours officiel. Bien au contraire, l'auteur affirme que notre parcours particulier doit se poursuivre en continuité avec l'héritage d'affirmation nationale de la Révolution tranquille, menacé par une idéologie hégémonique qui conçoit le nationalisme comme un résidu passéiste à dépasser. À travers la guerre culturelle, c'est un combat pour l'âme même de la nation québécoise qui se joue. -
La société québécoise termine douloureusement le cycle historique ouvert par la Révolution tranquille. L'espace politique est en pleine métamorphose. Souverainistes, fédéralistes, lassés de ce débat ? De gauche, de droite, « ailleurs » ? Les idéologies auxquelles nous étions habitués semblent frappées de désuétude. Les Québécois ne savent plus exactement comment penser leur avenir collectif. Partout, un sentiment d'impuissance se propage, alimenté par un cynisme généralisé. Et un pessimisme mortifère gagne la conscience collective. Dans cet essai, Mathieu Bock-Côté décrypte la crise politique québécoise à la lumière des tendances historiques et sociologiques lourdes qui ont fait le Québec depuis cinquante ans. De l'implosion de la question nationale à celle du mouvement souverainiste, en passant par le retour d'un certain conservatisme longtemps refoulé dans les marges du débat public, il cherche à dégager le sens d'une mutation historique. Surtout, il cherche à voir ce qui, dans cette fin de cycle, permet d'espérer un ressaisissement du Québec.
-
Après avoir occupé divers postes dans la fonction publique, aussi bien à Québec qu'à Ottawa, David Cliche entre à l'exécutif national du Parti québécois en 1990. Il détermine d'emblée quatre dossiers majeurs qu'il faudra régler pour faire en sorte que la question autochtone ne devienne pas un obstacle à la reconnaissance du Québec comme État souverain: trouver une solution dans le dossier du projet Grande-Baleine, qui envenime le climat social et ternit l'image du Québec à l'international; rétablir l'ordre sur le territoire du Québec, la crise d'Oka et la signature d'une entente entre le juge en chef du Québec et un Mohawk masqué ayant donné une image de chaos social; faire établir par des experts internationaux le processus qui permettra au Québec de devenir un État souverain et de confirmer son intégrité territoriale; revoir le programme du PQ eu égard aux peuples autochtones dans la perspective de la souveraineté du Québec.
Il consacre dès lors toute son énergie à ces quatre dossiers, lui qui sera adjoint parlementaire du premier ministre Jacques Parizeau en ce qui concerne les questions autochtones, de septembre 1994 jusqu'au référendum du 30 octobre 1995.
Au passage, il raconte de savoureuses anecdotes qui font ressortir la complexité des enjeux humains qui sous-tendent ces grandes questions. Par exemple, cette scène ineffable où, à l'occasion de la mise en place d'une entente concernant les services de police sur le territoire de Kahnawake, il voit le taxi qui l'a mené sur la réserve vandalisé par des protestataires mohawks, devant les caméras de Radio-Canada et sous les yeux éplorés du chauffeur.
David Cliche a fait appel à ses archives et à ses souvenirs pour écrire un livre où il déploie une réflexion de fond sur ces questions qui restent toujours aussi cruciales aujourd'hui, en même temps qu'il nous livre un témoignage humain des plus émouvants. -
Pourquoi nos enfants sortent-ils de l'école ignorants?
Patrick Moreau
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 5 January 2012
- 9782764609071
Ce pamphlet est né du désarroi d'un professeur qui, année après année, voit débarquer dans ses classes au cégep des élèves incultes « comme ça se peut pas » et quasi illettrés, si l'on considère les difficultés que plusieurs d'entre eux (entre le tiers et la moitié) éprouvent à lire et à comprendre un texte simple, ainsi que leur méconnaissance abyssale des principes de base de l'orthographe.
Il émane aussi du questionnement d'un citoyen qui se demande comment un régime démocratique qui ne serait pas de pure forme peut continuer à fonctionner adéquatement si les électeurs n'ont pas reçu une formation intellectuelle qui leur permette d'évaluer rationnellement les enjeux des débats dont ils sont théoriquement les arbitres.
Il découle également du scepticisme d'un homme qui s'interroge, au nom de l'humanisme qui est le sien, sur l'immodestie de notre époque, pour ne pas dire sa forfanterie, quand elle s'imagine naïvement pouvoir « réinventer la roue » et qu'elle n'éprouve plus, de ce fait, le besoin de transmettre à ses propres héritiers le legs culturel, intellectuel, esthétique qui lui a permis d'être ce qu'elle est.
Sur un plan plus personnel, enfin, ce pamphlet trouve sa source dans l'effroi causé au père que je suis par la perspective d'avoir des enfants ignorants, ou alors par les sommes importantes que nous, parents, devrions débourser pour que nos enfants reçoivent au secondaire un peu mieux qu'un semblant d'éducation.
Pourquoi un pamphlet ? Parce que toutes ces préoccupations ne me gardent pas calme ! Et parce que, au point où nous en sommes, il n'est plus temps de faire - comme on dit - « dans la dentelle » !
Patrick Moreau -
Une toupie sur la tête
Andre Cellard, Marie-Claude Thifault
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 19 October 2010
- 9782764608234
« Depuis trois mois et demi, j'ai une toupie sur la tête », déclare en 1902 un patient de Saint-Jean-de-Dieu interrogé par son médecin. Outre le fait qu'il disait aussi être Napoléon, cet interné exprimait ainsi, en une brillante image, les affres d'une personne qui sent sa raison lui échapper. Une toupie sur la tête : des pensées qui, tel un manège, tournent et tournent en rond, à en donner le vertige ; une toupie sur la tête : évoluer en funambule, l'équilibre précaire et l'impression que tout risque de basculer au moindre faux pas ; une toupie sur la tête : le sentiment qu'inlassablement une vrille cherche à nous percer le crâne...
Et quoi de mieux d'ailleurs que les paroles des principaux intéressés pour exprimer ce qu'ils ressentaient face à leur trouble mental et à leur internement, surtout que cette situation les mettait au ban de la société d'alors, loin de chez eux, loin de leurs repères et de ceux qu'ils aimaient. C'est à partir de l'analyse du discours des femmes et des hommes internés à Saint-Jean-de-Dieu ainsi que de celui de leurs proches qu'André Cellard et Marie-Claude Thifault cherchent à mieux dénouer le réel de l'imaginaire asilaire. Leur itinéraire est bien de présenter les multiples visages qu'empruntait la folie, au tournant du siècle dernier, entre les murs du célèbre asile. C -
Les fêtes nationales rythment chaque année la vie des communautés et sont souvent synonymes de congés fériés. Si ces fêtes sont profondément inscrites dans les moeurs, elles sont toutefois un phénomène relativement récent dans l'histoire. Les premières célébrations organisées par des États pour marquer leur naissance ne sont en effet apparues qu'à la fin du XIXe siècle, y compris au Canada. Pourquoi fêter sa nationalité? Pourquoi commémorer la naissance d'un pays?
Dans cet ouvrage collectif, les différentes contributions retracent les origines et l'évolution de fêtes nationales célébrées à quatre moments de l'année : autour du 24 mai (la fête de la Reine, la fête de l'Empire et la fête de Dollard-des-Ormeaux), le 24 juin (la Saint-Jean-Baptiste, qui deviendra la fête nationale du Québec, mais que les autres communautés d'origine canadienne-française ne cesseront également de revendiquer), le 1er juillet (la « fête de la Confédération », devenue assez tardivement la « fête du Canada ») et le 15 août (l'Assomption, désormais la « fête nationale des Acadiens »).
Les autrices et auteurs se concentrent exclusivement sur les Canadiens d'expression française et sur la variété de leur ancrage politique au pays. Ils cherchent ainsi à comprendre l'expérience festive de ces communautés dont la langue française est au coeur de la vie. Ils jettent un nouvel éclairage sur les identités nationales au Canada en examinant les interactions entre la vie citoyenne et les mises en scène ritualisées que sont les fêtes nationales. -
Pandémie, quand la raison tombe malade
Normand Mousseau
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 24 November 2020
- 9782764646526
Comment expliquer qu'une civilisation qui connaît la mécanique quantique, qui a mis les pieds sur la Lune et qui a les moyens de bouleverser, à elle seule, le climat de la planète n'ait pu faire mieux, pour contrer un nouveau virus, que d'enfermer sa population à double tour pendant des mois, mesure digne du Moyen Âge, créant au passage la plus grande contraction économique de son histoire ? Bien sûr, le virus SRAS-CoV-2, responsable de la COVID-19, dont le taux de mortalité est nettement supérieur à celui de la grippe, représente partout sur la planète une très sérieuse menace à la santé. Toutefois, ce n'est ni la première ni la pire des pandémies que l'humanité ait eu à affronter au cours de son histoire récente.
Normand Mousseau commence par clarifier l'état du savoir scientifique au sujet de ce virus et de son mode de transmission. Surtout, il propose ensuite une réflexion critique sur les enjeux profonds que cette crise sanitaire a révélés dans notre manière de faire face à l'imprévu. On y voit des experts scientifiques enfermés dans leur spécialité et plus prompts à construire des modèles théoriques qu'à mener des études sur le terrain. Des journalistes qui relaient cette information sans prendre le temps de la critiquer ou de la remettre en contexte. Un appareil d'État lourdement centralisé et laissé exsangue à la suite des réformes des dernières années dans le domaine de la santé. Et des politiciens en mal d'approbation qui profitent de toutes les tribunes pour projeter une image paternaliste, infantilisant le public et justifiant au nom de l'état d'urgence des mesures qui vont à l'encontre de nos traditions démocratiques.
La pandémie occasionnée par la COVID-19 génère une très lourde facture, économique et humaine, qui retombe surtout sur les épaules des jeunes, des femmes et des plus démunis. Oui, il y avait moyen de faire autrement sans sombrer dans l'insouciance ou les théories du complot, nous dit Normand Mousseau. Et nous pouvons nous donner les outils nécessaires pour mieux traverser cette crise et celles que l'avenir ne manquera pas de nous apporter. Nous y arriverons à condition de ne pas nous laisser aveugler par la peur, et en choisissant collectivement une réponse rationnelle, humaine et généreuse pour tous nos concitoyens. -
Pourquoi la loi 101 est un échec
Frederic Lacroix
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 13 October 2020
- 9782764646496
Geste politique phare du premier gouvernement du Parti québécois, la loi 101 est l'un des moments les plus marquants de l'histoire politique québécoise. Élus et autres acteurs de la société civile se plaisent à dire que cette loi fait consensus. Qu'elle est une réussite collective. Or, affirme Frédéric Lacroix, la situation du français à Montréal et dans ses couronnes est catastrophique. Le poids démographique des anglophones est quasi stable du côté de la langue maternelle et augmente du côté de la langue parlée à la maison : le français recule et l'anglais avance. La loi 101 serait-elle un échec?
Les réflexions et les discussions autour de la langue au Québec, et surtout de Montréal, accordent trop de place à la subjectivité. Pour comprendre globalement l'état de la langue, les impressions linguistiques ne suffisent pas; il faut passer par les chiffres, par les données démographiques, pour se faire une idée claire des tendances. Pour la vitalité d'une langue, la loi du nombre est déterminante : la baisse du poids démographique des francophones affecte, et va affecter de plus en plus à l'avenir, la vitalité du français au Québec, c'est-à-dire sa capacité à garder ses locuteurs et à en recruter de nouveaux. D'où l'importance de juger de la santé linguistique du Québec sur une base quantitative.
Frédéric Lacroix dénonce la présence de plus en plus discrète de la langue française et de la culture québécoise. Le français est de plus en plus une langue seconde; qui est parlé, oui, mais seulement quand on l'exige. La langue première, le véhicule de culture, étant l'anglais. S'il faut faire preuve de vigilance quant à la qualité de la langue parlée et écrite, il faut aussi surveiller de près le poids démographique des francophones. L'auteur pense qu'il est encore temps de renverser la tendance, mais pour ce faire des gestes politiques forts devront être posés, sans crainte d'ébranler certains consensus. -
Nous méritons mieux
Marie-France Bazzo
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 10 November 2020
- 9782764646502
C'est l'essai d'une femme qui s'est offert un cadeau : celui de parler vrai, de parler en toute liberté de son métier d'animatrice et de productrice. Marie-France Bazzo se donne la permission d'analyser et de critiquer un monde qu'elle connaît bien, celui des médias. Évoquant son mentor Pierre Bourgault, elle prend la plume pour que des voix plus libres et plus mordantes trouvent place dans l'univers médiatique.
Elle part du constat largement documenté que les médias, au Québec comme ailleurs dans le monde, vivent une crise multiforme. Crise d'identité alors que les médias traditionnels comme les journaux, la radio et la télévision sont ébranlés par l'émergence et la consolidation des nouvelles plateformes numériques. Ce qui entraîne une autre crise, financière celle-là, puisque les revenus publicitaires sont en chute. Mais plus profondément, pense Marie-France Bazzo, les médias traditionnels font face à une crise de confiance de la part des citoyens. C'est aussi bien l'animatrice et la productrice que la citoyenne qui s'inquiète et s'interroge face à ce phénomène.
Comment expliquer la méfiance et le désamour des citoyens envers les médias? Trop prévisibles et trop consensuels, ils négligent l'intelligence et la curiosité de leurs auditeurs et abonnés. Il y a bien des sursauts de lucidité, comme lorsque les journalistes questionnent les dirigeants politiques sur leur gestion par moments chaotique de la pandémie qui nous frappe. On trouve aussi en certains lieux des voix originales qui empruntent des sentiers non balisés. Mais, en règle générale, la discordance et la créativité sont tenues à distance. Cela vaut également pour les producteurs et les diffuseurs qui gèrent l'offre médiatique. Entre déception et impuissance, la productrice Bazzo rêve à une programmation télévisuelle qui tire les esprits vers le haut. Parler vrai et librement est une chose, encore faut-il faire preuve d'exigence. Cet essai veut réaffirmer que les médias, toutes plateformes confondues, pourraient et devraient être meilleurs. -
Histoire du taxi à Montréal
Jean-Philippe Warren
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 20 October 2020
- 9782764646410
Comme toutes les grandes villes occidentales, Montréal fourmille de taxis qui parcourent les rues, font la navette entre l'aéroport et le centre-ville, attendent près des stations de métro, des hôpitaux et des grands hôtels. Trains, tramways, autobus, métros et vélos de Montréal ont eu droit à leur histoire, mais pas les taxis. Le monde du taxi est pourtant un sujet riche et complexe, un carrefour où se rencontrent plusieurs spécialisations de l'histoire : urbaine, politique, économique, sans oublier le travail et l'immigration. Depuis sa voiture, le chauffeur ou la chauffeuse est témoin des rapports tendus entre le travailleur et l'État, la ville et les citoyens, les quartiers excentrés et le centre-ville, le peuple et les élites. Il est aussi témoin des luttes entre la majorité francophone et les minorités culturelles, des mutations technologiques et de l'essor du transport en commun.
Le monde du taxi, c'est aussi et surtout des travailleurs qui forment une catégorie sociale unique et qui pratiquent un métier rempli de paradoxes. Au fil de son enquête, Jean-Philippe Warren en est venu à la conclusion que le chauffeur de taxi est la dernière incarnation du cowboy : libre de ses mouvements, de son emploi du temps, mais prisonnier de quantités de facteurs. Il peut arrêter de travailler quand il veut et travaille sans cesse. Il a toujours de l'argent dans ses poches, mais est pauvre. Il veut que l'État intervienne pour le protéger, mais exècre les régulations. Il pratique un métier monotone, mais rempli d'imprévus. Il est à la fois entouré de monde et seul. S'ajoutant à la diversité ethnique des membres de la profession, ces paradoxes créent une sous-culture absolument fascinante où se jouent des luttes de pouvoir économique et de contrôle territorial. Une sous-culture tout aussi difficile à intégrer qu'à quitter.
En utilisant les ressources combinées de l'histoire et des sciences sociales, en mêlant l'examen des archives et l'enquête de terrain, cette première histoire du taxi à Montréal débouche sur un portrait inédit de la ville. Elle se veut aussi une contribution à la compréhension d'un monde qui cultive les extrêmes et qui, s'il veut se transformer pour le mieux, doit s'appuyer sur des données tangibles et une histoire critique. -
Un désir d'achèvement
Alexandre Poulin
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 25 August 2020
- 9782764646328
Qu'est-ce qu'un jeune Québécois qui avait deux ans au référendum de 1995 et qui a participé au printemps érable en 2012 peut avoir à dire sur la condition politique québécoise ? Pour Alexandre Poulin, ce qui relie les deux événements, c'est la question de la culture. Les élites politiques et médiatiques insistent beaucoup sur la créativité et le rayonnement des artistes au Québec et dans le monde entier, mais très peu sur la culture comme « lieu » d'enracinement et d'émancipation, au sens que lui donne le sociologue Fernand Dumont.
Se découvrant soudain héritier d'une histoire qu'il n'a pas choisie, Alexandre Poulin dénonce l'art de la demi-mesure dans l'imaginaire politique québécois. S'il ajoute sa voix aux nombreuses critiques d'un Québec inachevé et dépolitisé, il le fait en millénial attaché à sa nation. Les appels, à gauche comme à droite, pour une deuxième révolution tranquille résonnent à ses oreilles comme une répétition de l'histoire, un refus de la grande politique qui seule permettrait de donner une assise forte à la culture.
Alexandre Poulin soutient que la génération des milléniaux est la dernière à pouvoir se poser la question du projet politique apte à perpétuer une culture québécoise vivante en Amérique. Entre inquiétude et détermination, mémoire et conquête, le jeune essayiste rêve d'audace, pas
de tranquillité.