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Nos lieux communs : Une géographie du monde contemporain
Michel Bussi, Martine Drozdz, Fabrice Argounès, Collectif
- Fayard
- Divers Histoire
- 11 September 2024
- 9782213724515
Saviez-vous que les 10 000 data centers qui stockent nos données consomment à eux seuls autant d'énergie que le Royaume-Uni ? Que nous sommes 600 millions à avoir visité un zoo en 2023 ? Qu'un siège de parti politique pouvait être un écrin pour un défilé de mode ? Que dans certains pays asiatiques les gallo dromes et leurs combats de coqs sont aussi populaires que nos stades ? Pourriez-vous passer dix-huit ans dans un aéroport si vous deveniez apatride ? Ou préparer votre prochaine destination touristique sans consulter Instagram ? Avez-vous déjà regardé votre pavillon en imaginant qu'il pourrait être un refuge contre la crise climatique ?
Autour de Michel Bussi, qui troque ici sa casquette de romancier pour redevenir géographe, Martine Drozdz et Fabrice Argounès ont convié une centaine d'auteurs à se lancer dans un Grand Tour surprenant et ludique, une géographie inventive, au coeur de ce qui fait notre rapport au monde. De l'appart Airbnb à la place du village, de la cour d'école à la boîte de nuit, du sous-marin à l'exposition universelle, ils nous invitent à explorer ces lieux communs, intimes ou exceptionnels, banals ou inaccessibles.
Une aventure qui nous raconte, du coin de la rue au bout du monde. -
Question juive, problème arabe (1798-2001) : Une synthèse de la question de Palestine
Henry Laurens
- Fayard
- Divers Histoire
- 11 September 2024
- 9782213728353
En 1999 paraissait le premier tome de La question de Palestine, consacré à la genèse de cette histoire. Ce volume fut suivi de quatre autres, abordant les enjeux du mandat britannique, les premières années d'Israël, l'apogée du conflit israélo-arabe et les tentatives de paix.
Henry Laurens propose une synthèse magistrale de cette oeuvre de référence, retraçant minutieusement les étapes de ce qui deviendra le conflit israélo-palestinien, de l'invention de l'État d'Israël à la montée du nationalisme arabe en passant par la diplomatie internationale et les guerres entre États.
Analysant deux siècles d'histoire, l'historien y expose les conflits, ouverts ou latents, les violences, mais aussi les initiatives de paix dans le Proche et Moyen-Orient et, plus généralement, dans le monde entier. Au fil des séquences historiques, se profilent peu à peu deux logiques qui s'opposent : la diplomatie et la situation sur le terrain.
Directeur du centre d'étude et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain (CERMOC) à Beyrouth puis directeur scientifique de l'Institut français du Proche-Orient entre 2001 et 2003, Henry Laurens est depuis 2003 professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe. Il est notammment l'auteur d'une Question de Palestine en cinq volumes aux éditions Fayard. -
1er août 1914. La mobilisation générale est décrétée. Adolphe Messimy est ministre de la Guerre depuis le mois de juin. Jusqu'à sa démission forcée le 26 août, à la veille de la bataille de la Marne, il se trouve au coeur des premières grandes manoeuvres militaires. Dans ses Mémoires, écrits en tension et avec souffle, il nous plonge dans la conflagration de la Grande Guerre.
On y découvre un ministre énergique qui nous fait entrer dans le secret des délibérations du Conseil des ministres. On y retrouve les assurances mêlées d'inquiétudes au début des opérations, puis la peur, la rivalité entre les dirigeants, les frictions avec le commandement militaire de Joffre, une
atmosphère de tension qui confine à l'écrasement sinon à la panique à partir du 24 août, quand le pays est envahi et que le spectre de la défaite se profile...
Au-delà des règlements de comptes, des débats et des polémiques, ce témoignage capital, devenu introuvable depuis sa première parution en 1937, nous fait vivre un temps où l'histoire peut basculer, où la France peut disparaître.
Ce texte bénéficie de l'éclairage de deux historiens : il est introduit et annoté par Jean-Yves Le Naour, et suivi d'une postface de Christophe Robinne. -
Géographie des ténèbres : Bucarest-Transnistrie-Odessa 1941-1981
Marta Caraion
- Fayard
- Divers Histoire
- 21 August 2024
- 9782213729664
Une histoire familiale, d'est en ouest de l'Europe, au xxe siècle : Odessa, Bucarest, Paris, Chisinau, Lausanne longtemps après. Au centre du drame, le récit occulté de la déportation des Juifs d'Odessa en Transnistrie, ce territoire qui, le temps de la guerre, entre le Dniestr et le Bug, a servi de laboratoire d'extermination ethnique à la Roumanie de Ion Antonescu. Isidor, le père, assassiné au bord d'une fosse, au printemps 1942. Toute la complexité de la survie des deux femmes, la mère, Sprinta, et sa fille, Valentina, qui attendra cinquante ans avant de raconter. Un témoignage et une trajectoire que le récit déplie, pour leur restituer une épaisseur historique et intime, du pogrom d'Odessa, en 1905, à travers la succession des dictatures et des répressions, jusqu'à l'exil en Suisse, en 1981. Une mémoire familiale saisie sur le vif par une écriture sans fard et sensible qui laisse transparaître le destin tragique de plusieurs centaines de milliers de victimes de la Shoah roumaine. Une histoire de femmes, sur trois générations
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Guerrières : Prendre les armes de la Révolution à nos jours
Carl Aderhold
- Fayard
- Divers Histoire
- 6 March 2024
- 9782213708003
Les hommes à la guerre, les femmes à la maison. Aux premiers le pouvoir de mort, aux secondes celui de la procréation.
Ainsi se fonde l'organisation sociale la plus répandue. Toute femme qui la transgresse se mue en une figure monstrueuse. Pourtant, malgré les efforts des armées régulières pour les maintenir à l'arrière, certaines ont réussi à contourner l'interdit.
Conteur hors pair, Carl Aderhold nous guide sur les traces de ces guerrières. Pendant la Révolution, des femmes multiplient les ruses pour rejoindre les rangs d'un régiment. Elles ouvrent la voie à d'autres : « pétroleuses » sous la Commune, soldaderas mexicaines, bolcheviks, Chinoises de la Longue Marche, républicaines espagnoles... Loin de l'image de la femme victime, toutes mettent à mal les stéréotypes du genre, et posent la question de la légitimité de la violence.
Guerrières est l'histoire d'une lutte politique qui transcende les époques et les continents, celle d'une volonté farouche d'émancipation, individuelle et collective.
Éditeur et écrivain, Carl Aderhold a publié plusieurs romans (Mort aux cons, Rouge, Le Théâtre des nuits) et essais (Veni, Vidi, Vici, Les grandes défaites militaires qui ont fait l'histoire de France) et coécrit la fameuse série documentaire Histoires d'une nation. -
"Superstition" : Histoire d'un mot, XVe-XXIe siècle
Philippe Martin
- Fayard
- Divers Histoire
- 24 April 2024
- 9782213724829
« Il y a de la superstition à éviter la superstition », assure Francis Bacon. C'est dire l'universalité de ce concept qui traverse le temps et parcourt tous les pays. Mais qu'est-ce qu'une superstition ? Ils sont nombreux, ces gestes, paroles ou rites pour connaître l'avenir, se prémunir des maladies ou retrouver la chance.
Théologiens, sociologues, philosophes et même superstitieux décrivent le phénomène comme un remède à l'angoisse et une réponse face au doute. Potentiellement dangereux, il est en même temps dans le viseur des Églises, des tribunaux et des pouvoirs politiques qui ont un dessein commun : venir à bout de ces croyances jugées menaçantes ou d'un autre âge.
Ce voyage au pays de la superstition interroge le sens du mot lui-même, un mot qui dit ce que sont nos sociétés. Geste démoniaque au xvie siècle, folklore au xixe ou médecines parallèles de nos jours... ne serions-nous pas tous un peu superstitieux ?
PHILIPPE MARTIN est professeur d'histoire à l'université Lyon 2. Il a dirigé le GIS-Religions du CNRS et l'ISERL (Institut supérieur d'études des religions et de la laïcité). Ses recherches l'amènent à étudier les pratiques religieuses des croyants du xvie siècle à aujourd'hui. Il a publié sur l'histoire des pèlerinages, de la mort et de la messe, plaçant au coeur de son travail l'individu et son comportement. -
La chute de Robespierre : 24h dans le Paris révolutionnaire
Colin Jones
- Fayard
- Divers Histoire
- 13 March 2024
- 9782213724317
Quand l'histoire surpasse la fiction
Le 9 Thermidor (27 juillet 1794) est universellement reconnu comme un tournant majeur dans l'histoire de la Révolution française.
À minuit, Maximilien Robespierre, membre le plus éminent du Comité de salut public, prévoit d'écraser l'un des complots les plus dangereux auxquels la Révolution a été confrontée. À minuit toujours, après une journée d'incertitudes, de surprises, de bouleversements et de revers, son monde s'effondre. Celui qui dirige depuis plus d'un an la Terreur est désormais hors la loi, en fuite, recherché pour conspiration contre la République.
Colin Jones propose une chronique haletante de ces vingt-quatre heures historiques et mouvementées aux multiples acteurs - commerçants, fonctionnaires, sans-culottes ou encore élus nationaux et municipaux pris dans l'action.
Par ferveur idéologique, instinct de conservation, apathie ou hasard, tous ont eu un rôle à jouer dans cet épisode charnière de la Révolution française.
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Christophe Jaquet
Colin Jones est professeur d'histoire émérite à l'université Queen Mary de Londres. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire de la France, en particulier sur le XVIIIe siècle, la Révolution française et l'histoire de la médecine. Il est membre de la British Academy et ancien président de la Royal Historical Society. -
Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'histoire ; quand on inventa l'agriculture, la guerre et les chefs
Jean-Paul Demoule
- Fayard
- Divers Histoire
- 27 September 2017
- 9782213679235
Pendant 99 % de l'histoire de l'humanité, l'homme a été chasseur, pêcheur et cueilleur. Il y a douze mille ans seulement, les humains, au nombre de quelques centaines de milliers, nomadisaient par petits groupes. Aujourd'hui, sept et bientôt neuf milliards d'humains, presque tous sédentaires, peuplent la terre. Leurs sociétés sont très inégalitaires, puisque environ 1 % d'entre eux possèdent la moitié de la richesse mondiale.
Comment en est-on arrivé là ? Que s'est-il passé pendant ces dix millénaires trop souvent absents de notre culture générale et médiatique ? Une invention décisive, en plusieurs endroits du globe : celle de l'agriculture et de l'élevage. Grâce à elle, la population humaine va s'accroître rapidement, prendre le contrôle de la planète et éliminer un grand nombre d'espèces biologiques. L'expansion démographique continue débouche sur la création des premières villes, des premiers États et, finalement, de l'écriture et de l'histoire...
Cette « révolution néolithique » a vu se mettre en place des pratiques qui ont toujours cours aujourd'hui : le travail, la guerre ou encore la religion. Jean-Paul Demoule les explore avec la hauteur de vue de l'archéologue et la passion de transmettre. Il bouscule notre vision de la préhistoire et notre rapport au monde tel qu'il est, ou tel qu'il pourrait être. -
Février 34 : L'affrontement
Olivier Dard, Jean Philippet
- Fayard
- Divers Histoire
- 24 January 2024
- 9782213703558
Le spectre des années trente plane sur la France d'aujourd'hui. Des mobilisations de masse récentes comme les gilets jaunes ont ravivé la mémoire de l'émeute sanglante du 6 février 1934, largement assimilée à une tentative de coup de force fasciste des ligues. La réalité fut bien plus complexe.
Olivier Dard et Jean Philippet s'appuient sur un dépouillement systématique des sources pour replacer cette journée au coeur d'une séquence de deux ans, de « l'hiver du malaise » de 1932-1933 à l'échec de « l'union nationale » autour de Doumergue à l'automne 1934. Ils racontent au plus près du terrain, entre Paris et la province, l'affaire Stavisky et ses multiples rebondissements, les coulisses et le déroulement de la manifestation meurtrière du 6 février, de même que ses répliques, tout aussi violentes, des 7 et 9 ainsi que du 12, marqué par une grève générale.
En examinant les multiples acteurs de ces journées - membres des ligues, communistes, forces de l'ordre ou simples passants -, cette somme propose une lecture renouvelée du 6 février 1934, par-delà les mythes et les récupérations.
Professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne Université, Olivier Dard est un spécialiste d'histoire politique et tout particulièrement des années trente. Outre une synthèse sur le sujet (Les années trente. Le choix impossible, LGF/Le Livre de poche, 1999) et une étude sur Le rendez-vous manqué des relèves des années 30 (PUF, 2002), il a notamment publié des biographies consacrées à Bertrand de Jouvenel (Perrin, 2008) et à Charles Maurras. Le nationaliste intégral (Dunod/Poche, 2023).
Docteur en histoire de Sciences Po, JEAN PHILIPPET est chercheur indépendant après une carrière de conseiller parlementaire dans les deux Chambres. Sa thèse « Le temps des ligues. Pierre Taittinger et les Jeunesses Patriotes » fait autorité sur le sujet. -
Libres et égaux... l'émancipation des Juifs 1789-1791
Robert Badinter
- Fayard
- Divers Histoire
- 19 April 1989
- 9782213642376
Rien, à dire vrai, ne me prédisposait à m'attacher à l'histoire de l'émancipation des Juifs sous la Révolution. Jusqu'au jour où, suivant pas à pas Condorcet, je rencontrai une délégation de Juifs, conduite par Maître Godard, venant demander en janvier 1790 à la Commune de Paris de soutenir leur cause auprès de l'Assemblée nationale. Il y avait donc eu sous la Révolution, au sujet de la citoyenneté des Juifs, discussion, résistance et bataille politique.
Cet événement, si lourd de portée dans l'histoire des Juifs de France et d'Europe, a bien peu compté dans la Révolution. Pourtant, à l'analyser de près, il se révèle chargé de signification. Car l'émancipation, à la veille de 1789, si elle était presque acquise pour les Juifs du Sud-Ouest, n'était rien moins que certaine pour les autres.
La raison politique commandait de différer leur émancipation, ou du moins de l'accomplir progressivement en fonction de leur assimilation. Mais cette démarche prudente était inconciliable avec les principes des droits de l'homme que les Constituants avaient proclamés. Refuser aux Juifs le droit d'être des citoyens comme les autres, aux mêmes conditions que les autres, c'était leur dénier la qualité d'hommes comme les autres, et renier la Révolution elle-même. Ainsi l'émancipation des Juifs apparaît en définitive comme une victoire de l'idéologie sur le pragmatisme, de la force des principes sur la force des choses.
R.B. -
La douceur de l'ombre ; l'arbre, source d'émotions, de l'antiquité à nos jours
Alain Corbin
- Fayard
- Divers Histoire
- 3 April 2013
- 9782213676821
Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre, saisis par le jeu des temporalités de ce passeur entre le monde chtonien et le monde ouranien. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirés par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor, engager un dialogue avec lui. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour. L'objet de ce livre est de suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su « voir l'arbre » : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine. Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis et, en France, Chateaubriand, Senancour, Maurice de Guérin, avant Verhaeren, Proust, Francis Ponge et Yves Bonnefoy. Bien entendu, il y eut aussi des peintres. Autant de sensations et d'émotions qui ont suscité des pratiques : s'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper constituent autant de comportements répondant à des pulsions profondes. À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte. À l'extrême, des moribonds ont souhaité que leur ADN soit transmis à l'arbre planté sur leur tombe. On le voit, c'est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique. Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient la rhétorique pour les dire.
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L'épicerie du monde : la mondialisation par les produits alimentaires du XVIIIe siècle à nos jours
Pierre Singaravélou, Sylvain Venayre, Collectif
- Fayard
- Divers Histoire
- 31 August 2022
- 9782213723082
Saviez-vous que le Christmas pudding est une recette impériale, composée de rhum jamaïcain, de raisins secs d'Australie, de sucre des Antilles, de cannelle de Ceylan, de clous de girofle de Zanzibar, d'épices d'Inde et de brandy de Chypre ? Que le n c m m fut introduit
en Europe à la faveur de la Première Guerre mondiale, lorsque
le Gouvernement général de Saïgon en fit venir pour approvisionner
les nombreux travailleurs indochinois employés sur le Vieux Continent ?
Que le café a d'abord été éthiopien avant d'être un produit mondialisé ?
Qu'un des symboles de l'américanisation, le ketchup, est aujourd'hui confectionné en grande partie à partir de concentré de tomates chinois ? Que le raki,
ce « lait de lion » dont raffolait Mustafa Kemal Atatürk, a attendu l'année 2009 pour devenir la boisson nationale de la Turquie ?
Deux ans après le Magasin du Monde, Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre ont convié historiennes et historiens à l'écriture d'une histoire du monde par les produits alimentaires. Des frites au parmesan, de la chorba au ceviche en passant par la margarine, ces aliments, tantôt simples, tantôt savamment préparés, nous permettent de comprendre, au plus près de nos pratiques intimes, la mondialisation et ses limites.
Un savoureux voyage dans la grande épicerie du monde. -
La rafale et le zéphyr ; histoire des manières d'éprouver et de rêver le vent
Alain Corbin
- Fayard
- Divers Histoire
- 7 April 2021
- 9782213719917
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'homme a depuis l'Antiquité témoigné de cette expérience, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Il n'en est rien. Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide au fil d'une quête initiée à la fin du xviiie siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, vécues au sommet de la montagne, dans les déserts ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Se modifient alors les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, inspirant les plus grands écrivains, à commencer par Victor Hugo.
Un champ immense se dessine aux yeux de l'historien ; d'autant que le vent est aussi, et peut-être avant tout, symbole du temps et de l'oubli.
Historien spécialiste du xixe siècle, Alain Corbin est mondialement reconnu pour son approche novatrice sur l'historicité des sens et du sensible, auxquels il a consacré de très nombreux ouvrages. Co-directeur d'une Histoire des émotions (Seuil, 2016, 2 vol.), il a récemment publié La fraîcheur de l'herbe (Fayard, 2018 ; Pluriel, 2019) et Terra incognita. Une histoire de l'ignorance (Albin Michel, 2020). -
Des pays au crépuscule : le moment de l'occupation coloniale (Sahara-Sahel)
Camille Lefèbvre
- Fayard
- Divers Histoire
- 21 April 2021
- 9782213719610
Au début du xxe siècle, quatre-vingts militaires français accompagnés de six cents tirailleurs envahissent deux puissantes villes du Sahara et du Sahel. La France, comme plusieurs autres pays européens, considère alors les territoires africains comme des espaces à s'approprier. Elle se substitue par la force aux gouvernements existants, au nom d'une supériorité civilisationnelle fondée sur le racisme.
Depuis le coeur de ces deux villes, grâce à une documentation exceptionnelle, Camille Lefebvre examine comment s'est imposée la domination coloniale. Militaires français, tirailleurs, mais aussi les sultans et leur cour, les lettrés et les savants de la région, sans oublier l'immense masse de la population, de statut servile ou libre, hommes et femmes : tous reprennent vie, dans l'épaisseur et la complexité de leurs relations. Leur histoire révèle la profondeur des mondes sociaux en présence ; elle retisse les fils épars et fragmentés des mondes enchevêtrés par la colonisation.
Les sociétés dans lesquelles nous vivons, en France comme au Niger, sont en partie issues des rapports de domination qui se sont alors noués ; s'intéresser à la complexité de ce moment nous donne des outils pour penser notre présent. -
La fraîcheur de l'herbe ; histoire d'une gamme d'émotions de l'Antiquité à nos jours
Alain Corbin
- Fayard
- Divers Histoire
- 14 March 2018
- 9782213689333
Le vert aurait une vertu apaisante. Et à voir les balcons et les toits de nos immeubles, les trottoirs de nos villes, les citadins d'aujourd'hui tentent d'en tirer leçon. La verdure reprend ses droits, comme pour répondre à un désir, comme pour retrouver des émotions perdues.
Nombreux sont ceux qui célébrèrent ce pouvoir sensible de l'herbe. De Lucrèce à Pétrarque, de Ronsard à George Sand, de Lamartine à René Char, Alain Corbin dresse un portrait de ces hommages rendus à l'herbe dans tous ses états, en brin ou en touffe, mauvaise ou folle. Et l'on renoue alors avec des sensations familières : la joie de l'enfant se roulant dans l'herbe, l'invitation au repos après un déjeuner sur l'herbe, les odeurs de foin coupé, le bourdonnement du petit monde des prés, mais aussi l'érotisme d'un lit d'herbe, jusqu'à la paix provoquée par l'herbe disciplinée des cimetières.
Au gré des citations qu'il éclaire de son regard d'historien, Alain Corbin nous convie à une promenade sensible et verdoyante.
Historien spécialiste du xixe siècle en France, Alain Corbin est reconnu internationalement pour son approche novatrice sur l'historicité des sens et du sensible, auxquels il a consacré de très nombreux ouvrages. Auteur des Filles de rêve (Fayard, 2014) et de La Douceur de l'ombre (Fayard, 2016), il a récemment dirigé l'Histoire des émotions (Seuil, 2016, 2 vol.). -
Quand les Indiens parlaient latin : colonisation alphabétique et métissage dans l'Amérique du XVIe siècle
Serge Gruzinski
- Fayard
- Divers Histoire
- 25 October 2023
- 9782213722627
Le papier, l'écriture alphabétique et les livres ont débarqué en Amérique dans le sillage des conquistadors. Autant d'armes aux mains des Espagnols pour soumettre et christianiser les vaincus. L'écriture européenne s'abat sur le Nouveau Monde comme une déferlante, bouleversant les sociétés amérindiennes dont les langues ne s'écrivaient pas.
Sous toutes ses formes, l'écrit des vainqueurs est l'auxiliaire de la colonisation : les ordres de la métropole sont écrits, les richesses locales sont enregistrées et des livres véhiculent les savoirs venus de l'Europe. Les enfants des élites indigènes, formés aux valeurs de l'humanisme, connaîtront bientôt mieux le latin et la Bible que les croyances de leurs ancêtres. Ils sauront pourtant résister à la colonisation alphabétique grâce à leur extraordinaire créativité.
Serge Gruzinski a retrouvé la trace d'Indiens et d'Européens qui ont vécu cette période où, de l'autre côté de l'Atlantique, s'amorce l'occidentalisation du monde. Passionnante plongée dans le Mexique du xvie siècle, son nouveau regard sur la Renaissance et les Amérindiens nous invite à observer comment les idées se métissent lorsque deux sociétés s'entrechoquent. Et à prendre la mesure des multiples rôles de l'écrit à l'heure de la révolution numérique.
SERGE GRUZINSKI enseigne l'histoire de la mondialisation ibérique des deux côtés de l'Atlantique. Parmi ses ouvrages : Les Quatre Parties du monde, histoire d'une mondialisation, La Martinière, 2004, Seuil, 2006 ; La Pensée métisse, Fayard, 1999, Pluriel, 2012 ; L'Histoire pour quoi faire ?, Fayard, 2015 ; La Machine à remonter le temps, Fayard, 2017. -
Les Vérités cachées de la Guerre d'Algérie
Jean Sévillia
- Fayard
- Divers Histoire
- 24 October 2018
- 9782213674261
Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d'Algérie
Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, est-il possible de raconter sans manichéisme et sans oeillères la guerre au terme de laquelle un territoire ayant vécu cent trente ans sous le drapeau français est devenu un État souverain ? La conquête et la colonisation au xixe siècle, le statut des différentes communautés au xxe siècle, le terrible conflit qui ensanglanta l'Algérie et parfois la métropole de 1954 à 1962, tout est matière, aujourd'hui, aux idées toutes faites et aux jugements réducteurs.
Avec ce livre, Jean Sévillia affronte cette histoire telle qu'elle fut : celle d'une déchirure dramatique où aucun camp n'a eu le monopole de l'innocence ou de la culpabilité, et où Français et Algériens ont tous perdu quelque chose, même s'ils l'ignorent ou le nient.
Journaliste, essayiste et historien, auteur de nombreux ouvrages qui ont été des succès de librairie (Zita impératrice courage, Le Terrorisme intellectuel, Historiquement correct, Historiquement incorrect, Histoire passionnée de la France), Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire.
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La «solution finale de la question juive» : La technique, le temps et les catégories de la décision
Florent Brayard
- Fayard
- Divers Histoire
- 3 November 2004
- 9782213673585
L?histoire ? la discipline historique ? ne peut rien changer à ce qui est advenu : presque six millions de juifs d?Europe ont été exterminés par le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Du moins a-t-elle parfois la vertu de changer la perception que nous avons de notre passé, d?en modifier notre compréhension.
C?est à une relecture de ce type que se livre magistralement Florent Brayard dans le présent ouvrage. De 1939 à 1942, la politique antijuive nazie avait connu de profondes mutations, et la « solution finale de la question juive » avait pu recouvrir des projets aussi différents que la transplantation totale des juifs hors d?Europe ou leur meurtre systématique. C?est cette évolution, parfois hésitante et dont Wannsee fut une étape, que l?auteur décrit en l?inscrivant dans le cours de la guerre et mettant au jour les soubassements idéologiques qui justifiaient ces politiques. Mais, une fois passée la phase d?élaboration, le moment de la réalisation venu, il n?y eut plus aucune hésitation. Et le moins stupéfiant n?est pas que, au bout du compte, en juin 1942, Hitler avait décidé que la « solution finale » ? devenue à présent synonyme de meurtre ? devait être achevée en une année : pour cette grande partie de l?Europe occupée par l?Allemagne, elle le fût. -
Guillaume le Maréchal : Ou le meilleur chevalier du monde
Georges Duby
- Fayard
- Divers Histoire
- 29 August 1984
- 9782213675404
Comment imaginer un plus beau destin de chevalier ? Guillaume est un homme nouveau issu d'un modeste lignage. Il est né au milieu du xiie siècle sous le règne d'Etienne de Blois, petit-fils de Guillaume le Conquérant. Champion de tournois jusqu'à quarante ans, il a servi fidèlement les Plantagenêt : Henri II, son fils aîné Henri le Jeune, et les cadets Richard Coeur de Lion, Jean Sans Terre. En récompense, on lui a donné pour femme l'un des plus beaux partis d'Angleterre. A la guerre, il a combattu Philippe-Auguste et c'est à soixante-treize ans, comme Régent d'Angleterre du jeune Henri III, qu'il a remporté contre le futur Louis VIII la bataille de Lincoln, en 1217, qui obligea les Français à conclure la paix et à évacuer l'Angleterre. Apprenant la mort de Guillaume dans la tradition des Croisés, Philippe-Auguste et ses Barons le proclamèrent : « le meilleur des chevaliers ».
A travers l'irrésistible ascension de Guillaume Le Maré-chal, Georges Duby reconstitue, dans l'un de ses plus beaux récits, le théâtre de la chevalerie. Il nous fait les spectateurs privilégiés de l'art du tournoi, des rites de la guerre, et les compagnons de cette société d'hommes rudes et généreux qui rivalisent de prouesse, de largesse et de loyauté.
Georges Duby était professeur au Collège de France. Il a été en France le meilleur analyste des trois ordres de la société médiévale. Auteur du Temps des Cathédrales et de L'Europe au Moyen Age, il a su faire découvrir à un large public les réalités et les rêves du monde féodal. -
Toute l'histoire du monde ; de la préhistoire à nos jours
Jean-Claude Barreau, Guillaume Bigot
- Fayard
- Divers Histoire
- 12 January 2005
- 9782213639291
Il y a un siècle, ceux qui savaient lire savaient aussi se situer dans l'espace et dans le temps. Il n'en est plus ainsi. Les Français, et d'ailleurs tous les Occidentaux, sont devenus, pour la plupart, des hommes sans passé, des « immémorants ». Par un paradoxe ironique, on n'a jamais autant parlé du « devoir de mémoire » qu'en ces temps d'oubli, car il est bien connu que l'on insiste sur une qualité seulement quand elle est oubliée. Ajoutez à cela un mépris boursier du long terme et le culte de l' « immédiateté », et vous comprendrez que notre modernité fabrique davantage de consommateurs-zappeurs interchangeables et de « fils de pub » que de citoyens responsables, désireux de comprendre et de construire.
Est-il possible de déchiffrer l'actualité sans références historiques, les événements les plus actuels s'enracinant toujours dans le long terme ? Comment situer par exemple les guerres d'Irak sans avoir entendu parler de la Mésopotamie ? Les images nous choquent sans nous concerner. On voit tout, tout de suite, en direct, mais on ne comprend rien.
D'où l'idée simple, ambitieuse et modeste à la fois, d'écrire un livre assez court qui soit un récit de l'histoire du monde, mais fermement chronologique pour tous les lecteurs qui souhaitent « s'y retrouver » et situer leur destin personnel dans la grande histoire collective, héroïque et tragique, absurde ou pleine de sens, de l'espèce humaine.
Voici donc un résumé de l'histoire de l'humanité ; rudimentaire, mais plein de rapprochements surprenants et de questions impertinentes ; conte vrai où le lecteur pourra trouver des interprétations de faits qui ne sont pas discutables. Il est destiné à tous, à l'exception des historiens de métier. -
Histoire du monde au XIXe siècle
Sylvain Venayre, Pierre Singaravélou, Collectif
- Fayard
- Divers Histoire
- 6 September 2017
- 9782213676692
En Europe et dans les Amériques, le XIXe siècle a longtemps été défini comme l'époque de la « modernité », quand le rêve du progrès se mêlait à l'idée de révolution, et le désir de nouveauté à l'angoisse de l'accélération. Mais qu'en est-il lorsque, abandonnant l'étalon de l'Occident et optant pour l'échelle du monde, on change de point de vue ?
Ce livre, « monstrueux et discordant », pour reprendre les mots par lesquels Michelet désignait sa propre Histoire du XIXe siècle, veut faire entendre les voix d'un passé pluriel. Car le monde est avant tout l'objet d'expériences contrastées pour ceux qui y vivent, et auxquelles cette somme convie le lecteur.
Elle le guide à travers les circulations de cette ère nouvelle, des migrations à l'expansion coloniale, conséquences des mutations rapides des transports, de l'industrie ou des sciences. Et à y regarder de près, on s'aperçoit que la mondialisation ne fut pas un processus univoque d'occidentalisation.
Elle le conduit au fil des « temps du monde » scandés par des événements qui résonnèrent à l'échelle globale, de l'indépendance d'Haïti (1804) à la révolution chinoise (1911), de l'épidémie de choléra (1817) à la révolte des cipayes (1857).
Elle l'entraîne au coeur d'un « magasin du monde » qu'approvisionnent bibelots, cartes, tatouages, fez, ivoire, opium, dévoilant des processus historiques qui affectent le monde entier, tout en installant le lointain dans l'intime et le quotidien.
Elle le transporte dans les « provinces du monde » indienne, sud-américaine, ottomane, européenne, etc. , ces laboratoires qui permettent de décentrer notre regard, et révèlent tout autant la grande diversité de la planète que l'existence de « modernités » alternatives.
Attestant à la fois les dynamiques d'intégration mondiale et une exacerbation des identités, cette Histoire du monde au XIXe siècle, qui réunit les contributions de près de cent historiennes et historiens, nous laisse une certitude : celle d'être alors devenus, ensemble, et pour la première fois, contemporains. -
Regard sur les mutations du goulag chinois (1949-2022)
Jean-Luc Domenach
- Fayard
- Divers Histoire
- 25 October 2023
- 9782213724775
Trente ans après L'archipel oublié, qui faisait l'histoire du goulag chinois dans ses décennies les plus meurtrières (1949-1971), Jean-Luc Domenach porte son regard d'historien sur les mutations d'un système ayant survécu à l'ouverture économique.
À la différence du goulag soviétique, sur le modèle duquel il fut pensé, le laogai ne s'est pas effondré. Il a suivi les mues du communisme chinois, après les millions de morts durant le Grand Bond en Avant (1958-1961) puis la Révolution culturelle (1966-1971), et abrite désormais davantage de délinquants et moins de détenus politiques. Le laogai est ainsi partie prenante de l'économie nationale. Il continue néanmoins à choquer l'Occident par son entreprise d'écrasement de l'Islam et de la population ouïghoure dans le Xinjiang.
Cet essai indispensable fait entendre des voix qui dessinent moins « la fin de l'homme rouge » que les mutations du communisme chinois et la survie de son archipel du goulag.
Diplômé d'histoire, de sciences politiques et de chinois, docteur d'État, Jean-Luc Domenach est chercheur à Sciences Po, au Centre d'études et de recherches internationales. Chevalier de l'Ordre national du mérite et de l'Ordre de la Légion d'honneur, il est notamment l'auteur de Chine : l'archipel oublié (Fayard, 1992) ou encore des Fils de princes. Une génération au pouvoir en Chine (Fayard, 2016). -
Koukou, le royaume enfoui : enquête sur les relations entre Europe et Islam (XVIe-XVIIe siècle)
Natividad Planas
- Fayard
- Divers Histoire
- 4 October 2023
- 9782213724249
Au XVIe siècle et au début du XVIIe, dans la province ottomane d'Alger, les bel Cadi gouvernent un territoire situé dans le massif du Djurdjura, appelé royaume de Koukou. En fréquents conflits avec les autorités du pays, ils s'allient aux Habsbourg d'Espagne pour fragiliser la présence ottomane au Maghreb, entretenant de véritables relations diplomatiques avec la monarchie hispanique pendant quasiment un siècle.
Les liens entre Koukou et l'Europe ont été oubliés, ou plutôt enfouis, par l'historiographie coloniale française, pour imposer de l'intérieur de l'Algérie l'image d'une région déconnectée du monde.
Revenant aux sources de cette histoire, Natividad Planas mène une enquête inédite où l'on croise une foule dense constituée de rois, reines, pachas, ambassadeurs, « courriers », vice-rois, marins, religieux, renégats, esclaves, gens de Koukou, de Majorque et de Castille. Elle restitue ainsi le dynamisme des sociétés rurales du Maghreb, activement investies dans les enjeux politiques de leur temps et la profondeur des relations transméditerranéennes.
Notre connaissance des relations entre Europe et Islam à l'époque moderne s'en trouve bouleversée, par-delà les lieux communs sur les affrontements militaires et les conflits religieux.
Natividad Planas est maîtresse de conférences à l'université Clermont Auvergne et spécialiste de l'Espagne à l'époque moderne. Les sociétés de frontière, les médiations, la diplomatie transconfessionnelle ainsi que les migrations de part et d'autre de la Méditerranée sont au coeur de ses recherches.
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Dé-commémoration : quand le monde déboulonne des statues et renomme des rues
Sarah Gensburger, Jenny Wüstenberg, Collectif
- Fayard
- Divers Histoire
- 13 September 2023
- 9782213723945
Les images de manifestants mettant à terre une statue du marchand d'esclaves Edward Colston au Royaume-Uni ou celles de la grue soulevant de leur piédestal le général confédéré Robert E. Lee et son cheval aux États-Unis ont fait le tour du monde. L'attention extraordinaire portée par le public et les médias à ces déboulonnages suggère que nous sommes témoins d'un moment charnière dans la politique mondiale de la mémoire.
En faisant appel à près de cinquante historiens et historiennes, sociologues, anthropologues du monde entier, Sarah Gensburger et Jenny Wüstenberg invitent à saisir, sur le temps long, les nombreuses formes de cette « dé-commémoration ». La suppression de symboles publics n'est ni une pratique nouvelle, ni une singularité occidentale, ni, nécessairement, l'action de militants luttant contre les héritages racistes et coloniaux. Elle est le résultat d'idéologies et d'intérêts politiques très différents comme, parfois, la conséquence de phénomènes plus ordinaires.
Des statues de Lénine en Ukraine à celle de Joséphine de Beauharnais en Martinique, des noms de rues en Algérie ou à Vichy au cimetière de Khavaran en Iran, en passant par les monuments coloniaux en Namibie ou l'acte de voter aux États-Unis, le mouvement se révèle complexe et diversifié. Une réflexion essentielle sur la manière dont les sociétés peuvent transformer, ou non, le passé.
Sarah Gensburger est politiste et sociologue, directrice de recherche au CNRS, à Sciences Po Paris. Elle a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels, avec Sandrine Lefranc, À quoi servent les politiques de mémoire ? (Presses de Sciences Po, 2017), traduit depuis en quatre langues, et Qui pose les questions mémorielles ? (CNRS Éditions, 2023).
Jenny Wüstenberg est professeur d'histoire et d'études de la mémoire à l'université de Nottingham Trent et cofondatrice de la Memory Studies Association. Elle a publié plusieurs ouvrages, dont Civil Society and Memory in Postwar Germany (Cambridge University Press, 2017) et Handbook of Memory Activism (co-direction, Routledge, 2023).