Frida. L'artiste-peintre qu'on ne nomme que par son prénom est aussi chatoyante, dans ses robes traditionnelles colorées, que son langage est effronté. Mais elle est aussi sensible, abîmée et malade.
Un accident de bus à 18 ans la plongea dans une souffrance physique constante. Depuis, Frida Kahlo ne cessa de vivre dans un « conflit entre une Frida morte et une Frida vivante », une dualité excessivement humaine que nous présente Hayden Herrera dans cette biographie intime et documentée.
Jeune élève rebelle de l'École nationale préparatoire de Mexico, puis militante communiste, elle côtoya très tôt les muralistes et les artistes révolutionnaires. Elle créa un art singulier, comme un miroir de sa vie, qui suscita l'admiration de Pablo Picasso, Juan Miró ou encore Wassily Kandinsky.
Nous découvrons aussi à travers de nombreuses lettres et extraits de son journal intime qu'elle fut l'amie de Nelson Rockefeller, de Tina Modotti ou encore d'André Breton et qu'elle vécut ses drames amoureux avec Trotski ou Nickolas Muray sous l'ombre maritale, irremplaçable et mythique de Diego Rivera.
Près de soixante-dix ans après sa disparition, l'histoire de cette femme à l'humour et à l'imagination débordants reste aussi extraordinaire, aussi bouleversante que sa légende et que son univers pictural.
Alberto Giacometti n'est pas seulement un artiste majeur du XX siècle : il est aussi l'une de ses personnalités les plus originales. Fruit de recherches nouvelles, cet ouvrage nous introduit dans l'intimité d'un artiste hanté par son oeuvre, toujours poussé en avant par une exigence sans concession.
Après une jeunesse passée dans l'atelier de son père en Suisse, puis dans celui du sculpteur Antoine Bourdelle à Paris, le jeune artiste s'affranchit de ses premiers mentors en se tournant vers le cubisme, puis le surréalisme. Malgré la reconnaissance quasi-instantanée de son travail et l'amitié admirative d'André Breton, il se détourne rapidement des objets surréalistes qui l'ont rendu célèbre, pour s'engager dans une échappée solitaire qui le mènera à la marge des courants dominants.
Ami des plus grands artistes et intellectuels, il trace son sillon personnel dans l'intimité solitaire de son mythique atelier de Montparnasse. Profondément attaché à la représentation humaine, influencé par les arts archaïques et non occidentaux, il s'éloigne d'une représentation naturaliste, pour adopter une vision synthétique et parfois hallucinée de la figure, chargée d'une puissance mystérieuse.
Catherine Grenier nous livre le destin et le parcours singulier d'Alberto Giacometti, de sa vie et de son oeuvre, dans une biographie à lire comme un roman.
« Dans ses cinquante années de peinture, Picabia a constamment évité de s'attacher à une formule quelconque ou de porter un insigne. On pourrait l'appeler le plus grand représentant de la liberté en art, non seulement à l'encontre de l'esclavage des académies, mais aussi contre la soumission à quelque dogme que ce soit. »
Ces remarques de Marcel Duchamp soulignent la dimension profondément libertaire de celui qui aimait se qualifier d'« artiste en tous genres ».
Ce parcours chaotique, contradictoire, fait d'allers et retours permanents entre abstraction et figuration, géométrie et biomorphisme, onirisme et réalisme, ne saurait être appréhendé de façon simplement formelle. Il demeure difficile d'identifier un style ou une manière Picabia. Ce qu'une approche biographique nous permet a contrariode comprendre, c'est précisément une certaine constance dans l'attitude. Ce fils de famille « né sans mère », aux goûts de luxe particulièrement prononcés et à la vie psychique et conjugale agitée, n'est en effet pas à une contradiction près. Francis Picabia n'abhorre rien tant que l'idéal de pureté et d'intransigeance qu'il voit poindre chez ses amis dadaïstes et même chez André Breton.
Picabia aime trop la vie pour se laisser enfermer dans une croyance ou une certitude, fussent-elles d'avant-garde. Jusqu'à sa mort, notre « Funny-Guy » restera fidèle à cet état d'esprit, qui renvoie plus à une manière de vivre qu'à un programme strictement artistique.
Ce qui pourrait passer pour une suite de reniements et de régressions n'est en fait qu'une manière de dire oui à la vie, à ses errements et à ses contradictions. Francis Picabia est l'artiste qui fait son miel de cette « mort de l'art » tant de fois proclamée au cours du XX siècle. « Parce que je suis le seul qui, après la mort de l'Art, n'en ai pas hérité ; tous les artistes qui suivent son cortège et se promènent à travers le monde figuraient sur son testament ; moi, il m'a déshérité, mais il m'a ainsi laissé libre de dire tout ce qui me passe par la tête et de faire ce qu'il me plaît. »
B. M.
Parmi les chefs-d'oeuvre de Venise, il en est un resté jusqu'ici méconnu, presque secret : son Palais royal, édifié au coeur même de la ville, sur la célébrissime place Saint-Marc. Né de la volonté de Napoléon, avant d'être habité par les Habsbourg, en particulier par l'impératrice Élisabeth qui y a laissé sa marque, ce palais vibrant d'histoire est une véritable encyclopédie des arts décoratifs à Venise au XIXe siècle.
Démembré au XXe siècle, il devint en partie le musée Correr, tandis que les décors de vingt pièces transformées en bureaux étaient laissés à l'abandon. Jusqu'à ce que le Comité français pour la sauvegarde de Venise mène un combat de plus de vingt ans pour faire renaître ce somptueux monument et l'ouvrir pour la première fois au public.
Si ce livre est, selon les termes de Pierre Rosenberg, "l'ouvrage d'un historien qui écrit brillamment une page méconnue de l'histoire de Venise", c'est aussi le récit de l'engagement d'une vie pour la sauvegarde d'un joyau architectural au destin hors du commun.
De tous les aliments naturels, d'origine à la fois végétale et animale, le miel est, probablement, l'un des tout premiers que les hommes aient consommés. L'un des plus anciens, en tout cas, dont la composition, la couleur, l'aspect, la saveur n'ont pas varié au fil des siècles. Tout autant que les corps, il a nourri les imaginaires. Aliment magique, remède souverain, produit aux mille vertus, il fut longtemps tenu pour un présent des dieux, tombant des nues avec la rosée. La magie et la fascination demeurent, aujourd'hui encore, devant le spectacle des abeilles butinant inlassablement, comme au premier jour. Commencée bien avant l'apparition de l'homme sur la Terre, l'histoire du miel se renouvelle à chaque floraison. C'est à sa , que cet ouvrage convie, par une invitation au voyage à travers les prairies et les alpages, les collines ombragées de sapins, les champs de lavande, les vergers et les jardins, les landes semées de bruyère, les garrigues embaumées de thym et de romarin. Il n'est pas de fleur, qui n'ait un peu de nectar à offrir aux abeilles : même de la plus humble corolle, elles sauront tirer un miel parfumé. Cette promenade au pays du miel est, avant tout, une promenade au coeur de la nature, au gré des saisons et des floraisons, dans les régions les plus réputées pour la saveur de leur miel.