Le nez dans la crasse du monde ; dans la beauté, la crasse, la violence, l'amour, la grande biture du monde, ainsi vit et écrit Belloc depuis son premier livre, Néons, pour lequel Marie Muller, dans Le Nouvel Observateur, trouvait ces mots. Plus rien d'autobiographique ici, mais toujours le portrait implacable d'une misère violente, acharnée, dont la présence têtue résiste à une société frivole qui l'évacue, la masque ou la moque. Brutalisée, jetée dès sa naissance dans la ronde infernale du dénuement, des coups, du viol, Marie n'a pas les moyens de se défendre, ni contre une mère haineuse, ni contre un mari que l'alcool transforme en bourreau, ni même contre l'amour de Thérèse qu'elle accepte comme un repos. Thérèse qui déteste les enfants de Marie qui la détestent. Dans cette haine anxieuse, que Marie n'avait pas vue venir, c'est un de ses fils qui saisira le couteau, bouclant ainsi la boucle de la violence. Le livre fermé, je le vois, écrit dans une encre très noire, comme en relief, disait Marguerite Duras. La noirceur, la violence, en effet, sont aussi dans le style, dans ce corps à corps que Belloc engage avec l'écriture, donnant à ses textes une dimension qui dépasse le réalisme : la vérité littéraire.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Monsieur de Diesbach nous montre ces princes, ces grandes duchesses, livrés à leurs instincts, raffinés et pervers. Toute une galerie de personnages étonnants passe sous notre regard. Chaque fois, Monsieur de Diesbach nous captive par un don d'évocation souligné d'une ironie sans méchanceté ; chaque fois, il nous laisse en suspens sur une moralité secrète. On le lit avec une satisfaction sans cesse renouvelée... Monsieur de Diesbach est tout à la fois un conteur classique français et un fabulateur à la manière d'Hoffmann.
A quoi bon grandir ? Telle est la question que se pose Toni, un enfant dont le seul désir ici-bas semble être l'amour qu'il porte à sa cousine Maï. Ils vivent aux Angéliques, une maison située dans les marais des Sphaignes et comme oubliée des temps. Si Maï est jolie ? Oh oui. La plus jolie pour Toni. L'âme soeur, l'unique. A dix ans elle a déjà des lèvres de femme. Elle est assez froide et secrète pour le hanter à chaque instant. Assez orgueilleuse pour faire de lui, au fil des années, un être solitaire, écorché vif, jaloux, dissimulé. Il finit par inspirer la méfiance à tous. A son ami l'Antillais Julius, un manipulateur de charme. A ses parents. A Maï qu'il veut à lui sans partage. Est-ce l'amour frustré qui tue chez Toni l'innocence et la fantaisie ? Est-ce le clan familial replié sur des maux inavouables et qui craint de voir Toni lui échapper ? Si Maï l'aimait Toni pourrait s'accepter lui-même, accepter les mystères et la honte. Comment savoir avec Maï ? Et si jamais elle préférait Julius ? Drame de la solitude, de la jalousie qui ronge et rend fou, Prends garde au loup met en scène les jeux périlleux de l'amour et du désir. Mais qui joue ? Qui tire les ficelles de la comédie humaine ? Le temps finit par emporter les amours, les espérances. Quant au loup, c'est le mal sans visage à l'affût dans chaque instant. C'est le mal qu'on nous veut, celui que nous sommes.
Avant de tenir pour Télérama la chronique littéraire où l'on sait qu'elle excelle, Michèle Gazier a enseigné pendant treize ans. A ce titre, qui pouvait mieux qu'elle dépeindre les désillusions des universitaires placées par les hasards de l'exil au tréfonds de lointaines banlieues où elles ont la charge d'inculquer leur savoir à des adolescents rebelles ? L'angoisse est un état d'esprit. Michèle Gazier incarne la fragilité brûlante de ses héroïnes. Ce livre transperce. Il suggère de bouleversantes images et leur instille, couche après couche, l'acharnement têtu d'une succession de fondus enchaînés. C'est comme si, obsédée par la persistance des détresses entrevues, Michèle Gazier montrait encore et encore le visage d'une femme défaite, éternellement renouvelée et cependant toujours étrangement la même. Une prof. Presque une enfant passée sans transition des bancs du lycée à la chaire du maître. Une prof. Une enseignante pleine d'imagination, qui, décalque de ses soeurs submergées par l'insidieuse usure, abandonne un jour toute idée de lutte, et devient, folle recluse, l'otage consentante d'une situation, d'un vocabulaire, dont l'infantilisation confine à la ruine de l'esprit. A l'aune de cet abandon, la raison s'emballe. Rien de surprenant à ce que les rêves brisés de ces nonnes laïques entraînent le lecteur jusqu'à l'extrême bord de la vie.
Les secrets de la lumière sont mieux gardés que ceux de la nuit. Jean-Pierre Milovanoff le sait bien, comme il sait aussi découvrir, derrière l'éclat des fêtes mélancoliques et des amours brèves, le drame caché de l'homme qui s'est trompé de destin et qui doit aller jusqu'au bout de la tragédie pour sauver son rêve d'enfant.
Lorsque Cléa Resslingen boit sa première gorgée de cognac, elle a six ans : elle en ressent un bien-être immédiat, une sorte de réconfort. Très vite, l'alcool va devenir pour elle une habitude, une servitude. A douze ans, elle vide les fonds de verre, à seize, elle vole pour se procurer cette « médecine » qui seule la soulage et apaise en elle les vieux démons. C'est que, chez les Resslingen, chacun souffre d'une peine ancienne, inoubliable. Que s'est-il passé il y a plus de vingt ans, par un beau jour d'été, au bord de la rivière ? L'un d'entre eux s'est-il fait l'instrument du destin ? Le malheur a-t-il besoin de prendre appui sur un geste, une parole, pour s'abattre sur nous ? Ou frappe-t-il au hasard, sans préméditation, en aveugle ? Tout le drame des Resslingen tient dans ce questionnement douloureux, obsédant. Inconsolables, prisonniers du souvenir de cette funeste journée qui les a brisés, ils interrogent encore et encore leur mémoire meurtrie...
Gitan, orphelin, fils de prostituée, Valentin est voué à l'errance. Qui voudrait s'embarrasser du Simploque, bon à rien, pas même à mendier ? On aimerait qu'il passe à la trappe, mais la mauvaise herbe est tenace. On croit que le gitan est parti, qu'il est loin déjà, alors qu'il se sera mis d'accord avec son ombre : va faire un tour, moi je reste. On le voudrait plus loin, qu'il déguerpisse, ouste ! On le voudrait mort, fini, cassé, les bras en croix, la langue pendante. Et, même mort, fini, cassé, on l'assassinera encore, et le faire mourir trois fois ne suffira pas. Car le gitan a plus d'un tour dans son sac, vieux traficoteur ! Voleurs de poules et ensorceleurs, on dit tout et son contraire, mais seuls les gitans savent de quoi sont capables les gitans. Capables de tout. Tio égorge les femmes par dépit. Légitimus protège les petits va-nu-pieds qu'il fait travailler sur la décharge. Grâce à Gina, la fille de joie qui lui offre son coeur, Valentin survivra. Né pour donner la parole aux siens, il les sauve en endossant leurs peines et leur cruauté. Ainsi va-t-il, nourrissant la légende et la grandeur des gitans.
Dans la nuit étoilée du 5 au 6 juin 1944, Alexandre Renaud, maire de Sainte Mère Eglise, a vu les premiers parachutistes américains sauter sur la terre normande. Dans les heures qui suivirent, il a vécu la libération de son village, maison par maison, verger par verger. De ses. notes, prises au jour le jour, naît une évocation précise et imagée de ces combats qui décidèrent de la réussite du débarquement. Face à la farouche résistance des Allemands, ces soldats d'élite allaient connaître ici, après l'Afrique et la Sicile, des pertes terribles. Cet ouvrage, publié dès 1945, best-seller des années 1945, 1946, 1947 constitue un témoignage exceptionnel, enrichi dans sa nouvelle présentation de nombreuses photos, dont certaines inédites.
De Hyères à Florence, d'Istanbul à Trieste, de Palerme à Montpellier, un homme du Sud pourrait trouver dans chaque ville où il s'est provisoirement fixé un lieu révélateur de sa personne et de son destin. S'il entrevoit chaque fois le secret des êtres et des paysages, c'est un mystère sur lequel il n'est pas nécessaire de lever tout à fait le voile pour en éprouver la séduction. En neuf étapes qui occupent près d'un demi-siècle, ce Télémaque provençal cherche le visage du père dont l'absence devient exemplaire, se familiarise avec des figures d'Eros sculptées par les ténèbres et se livre à l'apprentissage sans fin de signes noirs sur le papier blanc. Avec ces récits rapides, incisifs, Marcel Spada poursuit une oeuvre dont la sensualité et l'humour gardent une saveur toute méditerranéenne.
Autour de six personnages principaux, c'est toute la vie du théâtre dans les années 80, avec ses anecdotes, ses déboires et ses multiples péripéties, qui nous est racontée dans Une mort de théâtre. Lemaresquier a connu une sorte d'extase en jouant Ce soir on improvise de Pirandello, au festival d'Avignon, Julius se sent déchiré entre son homosexualité et son mysticisme, Edith est blessée par un amant indifférent ; Serge et Emma s'aiment le temps d'un Roméo et Juliette au TNP de Villeurbanne ; VHS, aimable trublion qui, lui, déteste le théâtre, sert de révélateur aux autres. Un jour, après une étape à Venise sous les eaux, le grand navire de la dernière croisière les emporte. Jusque-là, ils auront improvisé, comme nous le faisons tous, nous qui sommes peut-être plus comédiens qu'eux. Un roman à clés, sans doute, car vedettes et comparses pourraient porter des noms connus, et aussi un livre drôle, quelquefois amer, mais toujours chaleureux.
Ce petit livre, né de père inconnu, peut rendre au public de grands services. Il paraît, en effet, beaucoup de livres chaque année. Certains disent trop. Et ils s'en plaignent : comment s'y retrouver ? Partant de l'observation simple qu'il y a plus de livres que d'écrivains, et plus d'écrivains que de types d'écrivains, Pline a dressé en quelques pages un tableau de la littérature contemporaine qui ne pèsera pas lourd dans votre poche, mais qui vous en apprendra plus que les ouvrages les plus savants et les plus complets.
En 1942, la France, vaincue, se trouve coupée en deux par la Ligne de démarcation. Saint-Clar, sur le gave de Pau, est en zone occupée, à deux pas de cette Ligne. Francis de Balansun, dix-sept ans, est un des passeurs bénévoles qui aident les Résistants à fuir de l'autre côté. L'un d'eux promet de rechercher le fiancé de sa soeur Hélène, disparu alors qu'il tentait de gagner l'Angleterre. Francis charge alors un camarade de classe, Philippe Arréguy, d'en avertir Hélène qui vit à Paris... Collaboration et ombres donnent aux « Forêts de la nuit » de Jean-Louis Curtis un ton de chronique de ces temps de ténèbres.
"Si le texte biblique n'est pas un fatras de légendes, mais le récit historique que je propose, la clé rationnelle de ses « énigmes » nous attend sur la Lune." Tel est le postulat de départ de cet ouvrage de Jean Sendy, paru en 1968. En suivant pas à pas le texte de l'Ancien Testament, il nous montre qu'il ne s'agit pas d'un récit légendaire, mettant en scène un Dieu unique et tout-puissant, mais d'un texte historique racontant la colonisation de la Terre par des anges venus du ciel. Des anges qui, à notre époque, deviennent beaucoup plus vraisemblables et compréhensibles. Et la Bible redevient alors le prodigieux livre d'histoire qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être.
Qui d'entre nous n'a pas la sienne ? Avouée ou dissimulée, rafraîchissante ou lancinante, inattendue ou prévisible, elle se love en nous selon ce que nous sommes et nous exprime en nous rongeant ou en nous émerveillant. La collection IDÉE FIXE donne l'occasion à tous les écrivains d'énoncer sans détours le secret dont ils ont nourri jusqu'ici sournoisement leurs livres. Aucun risque d'appauvrir leur inspiration en vidant leur coeur et leur sac : l'idée fixe a de la ressource et qui croit l'épingler ne fait que lui donner du lustre. A nous donc les essais brillants issus d'humeurs talentueuses et longtemps refoulées. "Pour tout vous dire..." il n'est pas de meilleure promesse aux lecteurs désireux d'en savoir toujours davantage.
Antonio, le bel Italien, pris entre deux soeurs, Anita et Violetta, devient à son insu la cause d'un drame poignant. C'est Anita, la folle, la joyeuse Anita qu'il croit aimer. C'est Violetta, la hautaine et la secrète, celle qui jadis refusa, par pur orgueil, la jeune passion d'Antonio, qu'il aime vraiment. Délaissée, Anita se tue. Le conflit qui oppose la violente Violetta à Antonio déborde leur personne : c'est toute la sauvagerie, la fierté espagnoles qui se dressent contre la séduisante nonchalance italienne. Construit à la façon d'une pièce de théâtre, dont il a la rigueur et les dialogues incisifs, ce bref récit passionné est écrit avec une vivacité et une vigueur qui étincellent.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Un domaine, au bord de la mer. Une bande de garçons et de filles. Des intrigues se nouent et se dénouent, des amitiés s'effondrent, d'autres naissent. Ils découvrent naturellement l'amour, mais, surtout, qu'il y a toutes sortes d'amour. Ils découvrent la vie, et aussi qu'elle est difficile à concilier avec le rêve. Se déroulant dans un monde semi-enchanté, ce livre - où les personnages ont sans cesse l'air de jouer - est pourtant à la limite du jeu. Sous son apparente légèreté, sous l'humour qui règne sans cesse, il montre les troubles et les angoisses de toute une jeunesse qui s'interroge, qui cherche la signification du monde, et sa propre vérité. Antoine, Gilbert, Gisegonde, Claudine, Jean dit le Crabe, les jumeaux et Luc surtout, le héros principal, nous font pénétrer dans un univers fantastique et envoûtant. Le style limpide et clair, chatoyant et imagé de l'auteur ajoute au charme extraordinairement prenant de ces pages.
Léa Madec devait-elle, ou non, sacrifier sa vertu pour sauver l'honneur de la famille ? C'est ce conflit cornélien d'un nouveau genre, que l'auteur a traité avec une bonne humeur fort éloignée de l'esprit tragique. Le mariage de l'héroïne est l'occasion d'une émeute dans la commune de Riec-sur-Bélon. Plus tard, c'est le cinéma qui vient bouleverser son coeur, sous les traits d'un séduisant technicien. Son père meurt noyé. Son mari se met à boire, et cause à Morgat un scandale qui lui coûtera cher. Un soir d'automne et de brume, Léa se trouve avec un cadavre compromettant sur les bras. Pourquoi ? Comment ? Certains ne pourront s'empêcher, en lisant ce livre, de penser au proverbe qui dit : « Ce que femme veut, Dieu le veut. »
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Pourquoi provisoires ? Eh bien, parce que l'auteur n'a pas fini de nous livrer ainsi son journal au jour le jour ; simplement, parvenu à un tournant de sa carrière, il regarde son passé, il s'interroge sur l'avenir et il nous livre, au fil des jours, mille anecdotes étincelantes, mille portraits parfaitement réussis. En suivant Jean-Pierre Aumont, nous assistons au triomphe de Louis Jouvet, aux derniers succès d'Henry Bernstein, aux rebondissements extraordinaires de la carrière de Jean Cocteau. Nous voyons évoqués l'adorable figure de Valentine Tessier, la grande ombre de Pierre Renoir. Nous pénétrons dans le domaine du cinéma : Jean-Pierre Aumont débuta dans Le Lac aux Dames, aux côtés de Simone Simon. Il tourna cinquante films, de Paris à Rome, de Londres à Hollywood, dont il nous donne une savoureuse image. Jean-Pierre Aumont nous livre également quelques fragments de son journal de guerre ; nous assistons au débarquement dans le Midi et à la marche vers l'Alsace, à la mort du général Brosset, dont il était l'aide de camp. Du théâtre d'aujourd'hui, du cinéma contemporain, Jean-Pierre Aumont nous dresse à présent un portrait très animé, bourré d'anecdotes, de mots drôles, de personnages extravagants. Et nous nous apercevons que, de cette promenade, se dégage une sorte de philosophie souriante, un goût particulier du mot et de la situation, un ton qui s'impose et séduit.
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