Après la mise en évidence par Freud, en 1927 et 1938, de la complexité des mécanismes psychiques inconscients qui sous-tendent les conduites sexuelles fétichistes masculines, de nombreux auteurs postfreudiens ont élargi et complexifié la causalité freudienne exclusivement centrée sur l'angoisse de castration, en introduisant parallèlement l'existence chez ces patients d'angoisses plus précoces voire archaïques concernant les relations avec l'objet primaire. Cette monographie vise à montrer l'extrême diversité clinique des formations psychiques à valeur fétichique, au-delà des pratiques sexuelles et au-delà du seul masculin, et à réinterroger leur fonction dans l'économie psychique globale, selon une approche extensive reflétant les courants de pensée contemporains issus des problèmes posés par les cliniques actuelles.
Ce volume a pour objet l'éthique du psychanalyste. Toutefois, il ne s'agit ici ni de recenser les règles qui régissent la technique analytique, ni de dénoncer quelques nouvelles dérives spectaculaires de la pratique analytique. Il s'intéresse plutôt à l'évolution du concept depuis Freud et à sa place dans les conceptions psychanalytiques au regard des profonds bouleversements sociaux et technologiques. Par ailleurs, il traite de ses implications pratiques dans le cadre de la cure, de ses enjeux dans la construction de la méthode analytique et de sa place dans la formation dispensée aux psychanalystes de demain.
Cet ouvrage reprend les actes d'un colloque tenu en 2006 à l'occasion du 80e anniversaire de la fondation de la Société psychanalytique de Paris et du cent cinquantenaire de la naissance de Sigmund Freud. En 1926, en effet, un petit groupe de neuf personnes fondait la Société psychanalytique de Paris, dont le projet était de diffuser en France la pensée freudienne. Malgré les conflits, les scissions survenues depuis cette date, la psychanalyse imprègne aujourd'hui l'ensemble de la culture contemporaine. Ce volume en montre les avancées dans quatre champs principaux : le rapport vivant entre psychanalyse et psychiatrie, la valeur thérapeutique irremplaçable de la cure analytique classique, la question du culte porté au corps et celle des changements dans les conceptions actuelles de la maternité.
En mars 2008 a eu lieu au musée du Quai Branly un colloque réunissant anthropologues et psychanalystes autour du thème de l'animisme. L'originalité de ce colloque tient en partie à sa méthodologie : une discussion à partir du "matériau" de leurs pratiques respectives - clinique analytique pour les psychanalystes, matériel de terrain pour les anthropologues -, suscitant des interrogations de par des modes de pensée différents et des approches variées. Cette rencontre n'est pas la première mais ce sujet est encore peu abordé. "C'est sans doute autour de la définition de l'inconscient que passe la ligne de démarcation ente l'anthropologie de Lévi-Strauss et la psychanalyse, telle que nous la concevons", précise Claude Janin dans son introduction.
Freud considérait que le complexe d'OEdipe est au coeur de la clinique des névroses. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Est-ce un concept encore scandaleux ou bien est-ce une référence banalisée dans notre culture ? La clinique contemporaine aurait-elle dévalué son rôle dans les développements théoriques actuels ? Cette monographie se propose de réinterroger l'universalité et l'actualité du complexe d'OEdipe, à travers ses déclinaisons dans le fonctionnement psychique dans la clinique contemporaine et dans la culture.
Ce volume a pour objet la compulsion de répétition aussi bien dans ses implications théoriques que pratiques grâce à des études fondées sur le travail en séance et les difficultés rencontrées par les différents cliniciens. Perçue comme la résistance la plus redoutable que puisse rencontrer l'analyste et son patient, elle contient également une potentialité de transformations en faveur du but des thérapies psychanalytiques que cet ouvrage met en lumière.
La dépression, maladie énigmatique dont la source reste indéchiffrable, serait-elle l'expression somatopsychique de l'interrogation métaphysique propre à l'être humain ? Maladie des humeurs pour les Anciens, l'acédie, maladie de l'âme, se jumelle à la culpabilité dont elle reste indissociable.Crainte et expérience de la perte d'objet, d'un désinvestissement intolérable ou d'un traumatisme débordant la capacité d'élaboration du psychisme, la libido déserte le sujet, noyé dans la dissolution de son être qui souffre, anéanti, de ne plus désirer. Perdu dans le bouleversement existentiel des deux topiques, le moi subit la tyrannie implacable de son surmoi. Cette manifestation lancinante du surmoi culpabilisant dévorant le moi ne serait-elle pas un retour en force d'un ça vengeur, caché sous le masque honorable du surmoi ? Ce qui pourrait expliquer la créativité comme l'agressivité nécessaire à la création, créativité souvent associée à la dépression, et qui constituerait même, comme le montre Winnicott, un élément indispensable à toute mise en oeuvre. La mélancolie, pour les Anciens, n'était-elle pas source de génie et de folie ?
Le refoulement est l'un des concepts au fondement de la psychanalyse. Ce volume tente de préciser les contours d'une notion pour laquelle les questions métapsychologiques sont nombreuses. Que dire par exemple de la relation entre pulsion et refoulement ? Que devient le refoulement dans la théorie freudienne après la mutation de 1920 et le relatif abandon de la perspective représentationnelle au profit de la réflexion sur les processus et le jeu des forces qui les engendre ? Quel statut épistémologique accorder au concept de refoulement primaire ? Ce sont quelques-unes des questions abordées dans cet ouvrage.
La psychanalyse, dès lors qu'elle s'est construite, d'abord à partir de la compréhension du symptôme hystérique, puis à travers l'interprétation de rêves, sur l'étude du conflit entre le désir inconscient et l'interdit, ne pouvait que rencontrer la question de la limite et de la transgression. Mais elle ne pouvait pas ne pas la rencontrer aussi au coeur même de son exercice : le transfert, rappelle J.-B. Pontalis, est un « agir », le transfert est une passion, au point que, comme Freud l'a souligné dans ses Observations sur l'amour de transfert, « la scène a entièrement changé, tout se passe comme si quelque comédie eût été soudainement interrompue par un événement réel, par exemple comme lorsque le feu éclate pendant une représentation théâtrale ».L'idée de transgression n'est toutefois pas à proprement parler un concept psychanalytique, puisqu'elle concerne la normalité et la normativité sociale ; elle n'intéresse la psychanalyse que dans la mesure où la différenciation du psychisme en instances donne à l'interdit un statut psychique, interne, lié au développement du Surmoi. La transgression ainsi comprise concerne toutes les dimensions de la vie humaine : création, sublimation, sexualité, que le sujet soit pris isolément ou dans le réseau de ses appartenances groupales et institutionnelles.
Dans la vie quotidienne, l'inquiétante étrangeté advient quand soudain le sujet ne se reconnaît plus dans ce que pourtant il perçoit. Est étrangement inquiétant tout fragment de réalité qui revient comme symptôme. Mais qu'est-ce alors qui fait retour ? Est-ce une représentation refoulée ? Un mode de pensée censément dépassé (témoignant de l'échec de son surmontement) ? Ou s'agit-il d'une répétition qui trahit un au-delà du principe de plaisir ? De manière générale, l'inquiétante étrangeté se laisse aisément définir comme affect. Mais elle se dérobe souvent lorsqu'on tente de la rapporter à un processus défini. Aussi, pour la penser au plus près, faut-il partir de la clinique. Dans cet ouvrage, des auteurs se sont astreints à confronter leur interprétation des textes fondateurs de l'oeuvre freudienne à des moments particuliers de cure marqués par l'émergence de cet affect singulier, tant dans le transfert que dans le contre-transfert. Toutefois, la cure n'est pas le seul registre clinique où s'observe l'inquiétante étrangeté. Elle se manifeste également dans la création artistique et dans la vie quotidienne, à certains moments décisifs où le sujet se réorganise (à l'adolescence, notamment). Le lecteur verra comment la réflexion sur une expérience souvent déroutante vient éclairer après coup la notion, et découvrir la diversité des perspectives ouvertes par ce concept freudien dont la richesse et la fécondité n'ont pas fini de surprendre.
Entre interdit et tabou, la frontière est floue, on retrouve dans la pensée freudienne une origine commune à ces deux concepts et une fonction identique, celle d'organiser le psychisme par rapport aux effets de la pulsion. Pourtant leur nécessité psychique n'a pas les mêmes racines et leur différence intéresse deux registres distincts. Il s'agit pour le tabou de la limite entre l'humain et son au-delà et pour l'interdit de ce qui dans le champ de l'humain, organise le rapport du sujet à son semblable. Le tabou, en dehors des sociétés primitives, serait-il alors seulement un élément de la morale très personnelle de certains névrosés ? L'interdit est-il un concept suffisant pour dire le poids symbolique d'un impératif catégorique négatif premettant la structuration du surmoi ?
Depuis la nuit des temps, le rêve fait partie de la vie des hommes, la nuit et le jour.... La psychanalyse a hérité de cette tradition, elle est née des récits de rêves et des associations qui se font. Le récit de rêve est devenu la voie royale de l'interprétation et de la connaissance de l'inconscient. Les souvenirs de rêves sont parfois intrigants. Ils infléchissent la relation analytique.
Les nosographies n'ont pas bonne presse, et ceux qui s'y intéressent non plus. Mais la plus pernicieuse d'entre toutes n'est-elle pas justement celle qui risquerait d'être la nôtre si nous devions nous appuyer sans le dire sur une taxonomie floue et prétendument consensuelle ? Dans son ensemble, ce livre s'organise en deux mouvements. Le premier propose une nosographie psychanalytique fondée sur l'oeuvre de Freud. On verra l'éclairage singulier qu'elle offre sur la pratique quotidienne. Le second aborde différents registres de la pathologie (les psychoses, les états limites, les pathologies psycho-somatiques, la pathologie de l'enfant) en y dégageant les principes organisateurs du champ. Pour conclure, l'un des auteurs revient sur ce que la nosographie représente comme enjeu de pensée dans le parcours d'une vie d'analyste au contact des réalités cliniques et institutionnelles.