Cela fait longtemps que les femmes marquent l’aventure de leur empreinte. Si pour tracer leur route elles rencontrèrent plus de difficultés que les hommes, elles y parvinrent néanmoins. Les plus fameuses avaient pour noms Alexandra David-Neel, Amelia Earhart, Anita Conti, Hélène Boucher, Titaÿna, ou encore Osa Johnson. Elles furent des figures que l’on admira pour leurs exploits et la plupart laissèrent des écrits qui se lisent toujours avec émerveillement.Les sept femmes qui signent cet ouvrage succèdent à cette lignée qui sut faire de ses rêves une réalité en dépit des vicissitudes et souvent de l’infortune – puisque l’aventure demeure cette attitude de vie où l’on s’expose plus que l’on ne se protège. À elle sept, elles composent un panorama presque complet de ce que peut encore proposer l’aventure dans les domaines de la science, du sport, de l’aviation, de la connaissance des peuples lointains, de l’humanitaire ou de l’engagement pour des causes oubliées. Elles nous emportent au Groenland dans d’incroyables plongées en apnée, en Amazonie auprès de shamans impressionnants, dans les recoins les plus isolés de l’Antarctique et de l’Asie, elles nous emmènent là où se joue le sort de populations menacées par la guerre, ou nous font partager leur expérience dans les bataillons féminins kurdes de Syrie.On lira leurs témoignages pour ce qu’ils sont : une volonté constante de faire de son existence ce qu’on en a décidé un jour – et rien de moins. Patrice FranceschiAvec des textes d'Aurore Asso, Daphné Buiron, Katell Faria, Mélusine Mallender, Catherine Maunoury, Justine Piquemal Muzik et Priscilla Telmon.
Longtemps laissé en sommeil, le concept de sororité a refait surface avec le mouvement #Metoo : être soeurs, c'est être, ensemble, plus fortes. Envisagée comme outil de pouvoir féminin, la sororité nous invite à repenser ce que signifie être une femme aujourd'hui, à questionner les rapports de domination et à imaginer le monde de demain. Sous forme de récits, fictions, textes réflexifs, poèmes et chansons, ce collectif, dirigé par la romancière Chloé Delaume, appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité. Car c'est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.
Sous la direction de : Chloé Delaume
Avec les textes de : Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre
et Maboula Soumahoro
Affecté dans un collège de province, un jeune professeur originaire de Tôkyô se heurte aux tracasseries de ses élèves et aux manoeuvres de ses collègues. Drôle, satirique et malicieusement contemporain, Petit Maître est un conte initiatique incontournable, considéré comme un classique des lettres japonaises.
Natsumé Sôseki (1867-1916) est encore aujourd'hui l'un des écrivains les plus étudiés au Japon. Il est notamment l'auteur de Je suis un chat, succès critique et public, et d'Oreiller d'herbes, l'un des romans fondateurs de la littérature moderne.
« Le plus grand écrivain qu'ait produit le Japon au cours de sa modernisation de l'époque de Meiji est Natsumé Sôseki » Kenzaburô Ôé (Prix Nobel).
Traduit du japonais par René de Ceccatty
La poésie de Dany Laferrière exalte le goût du voyage et pénètre les mystères de la nuit tropicale.Alain Mabanckou
Présentation par Hélène L'Heuillet
« Les Confessions permettent d'atteindre la vérité de la vie elle-même à travers le sentiment de vivre. »
« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi », déclare Jean-Jacques Rousseau en ouverture de ses Confessions, devenues monument de la littérature. À rebours de lectures momifiantes, il s'agit de retrouver la charge vitale de l'écriture de soi qu'y manifeste Rousseau.
Loin de tout psychologisme, la philosophe et psychanalyste Hélène L'Heuillet nous fait ainsi entrer dans cette oeuvre prodigieuse en rappelant combien un « je » est toujours divisé. Pour saisir la bigarrure et les brisures de chaque subjectivité, elle souligne les vertus de la méthode rousseauiste qu'on peut résumer à cette question toujours nécessaire à poser, à la fois simple et vertigineuse : « comment est-ce arrivé ? »
Décolonisations
Ce livre retrace l'histoire des décolonisations en adoptant un point de vue : celui des Suds. S'écartant d'une rupture chronologique convenue, colonisation-décolonisation, il débute en 1850 pour s'achever en 2013 : de l'invention des continents et des races jusqu'au naufrage des réfugiés partis d'Afrique de l'Est. Cartes, témoignages et arrêts sur images accompagnent cette synthèse : plutôt qu'un grand récit sur « l'Afrique » et « l'Asie », des histoires situées éclairent la singularité de sociétés africaines et asiatiques. Il en ressort combien nous vivons dans un monde postcolonial : le passé colonial pèse encore sur le présent, mais l'histoire nous permet de le comprendre sereinement.
Guillaume Blanc
Maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Rennes 2, il est spécialiste de l'histoire environnementale et globale de l'Afrique. Il a notamment publié Une histoire environnementale de la nation (2015) et L'Invention du colonialisme vert (2020).
La voix pleine de sourires et pleine de larmes
Sincère comme ce père noir qui repart en pleurs d'un parloir
J'ai eu la chance quelque part d'avoir été sauvé par l'art oratoire
Ce volume se compose des textes de l'album L'Hiver peul mais aussi de nombreux poèmes inédits de Souleymane Diamanka. L'auteur jongle avec les mots, les fait « métisser ». Sa poésie prêche l'oralité, apparie avec finesse ses cultures peule et européenne, parce qu'il est fier d'être « habitant de nulle part et originaire de partout », dépositaire d'un chant intemporel, d'un appel à l'Amour, à la Tolérance et à la connaissance de l'Autre.
Étrange et lointain, le château se dresse dans la nuit. Tout juste arrivé au village voisin, K., le nouvel Arpenteur, ne sait ni en quoi consiste son travail, ni comment accéder au château. Il se trouve confronté au chaos d'un système conçu pour être appliqué tel qu'il est : inflexible, imparable... absurde.
Tour à tour onirique ou réaliste, drôle et terrifiant, Le Château est beau comme un oxymore.
Auteur majeur de la littérature mondiale du XXe siècle, Franz Kafka, écrivain tchèque né en 1883, est également l'auteur du Procès et de La Métamorphose. Il meurt en 1924. Ses romans seront publiés à titre posthume.
" Le génie de Kafka, c'est justement de se dérober à toute interprétation, d'aller toujours au-delà de ce qu'on en dit. "
Georges-Arthur Goldschmidt
Traduit de l'allemand et présenté par Georges-Arthur Goldschmidt
Max AnnasJérôme LeroyDeux auteurs, deux pays, une seule enquête !Christine Steiner, commissaire à l’anti-terrorisme, est mise sur la touche après une grosse bavure en opération lors de la traque d’un dangereux militant d’extrême-droite. Partie se changer les idées à Lyon, elle découvre une sorte de chaînon manquant à sa propre histoire. Son brusque départ pour Leipzig, à la recherche d’un certain Wolfgang Sonne – un ancien de la bande à Baader – est-il motivé par des raisons personnelles ou politiques ?Dans le cadre d'un partenariat littéraire avec Quais du Polar, ce cadavre exquis est le fruit de la collaboration entre deux auteurs de romans noirs : l’Allemand Max Annas et le Français Jérôme Leroy. Récompensé du Deutscher Krimipreis, Max Annas est auteur de thrillers, dont Enfer blanc. Publié à La Série Noire et à La Manufacture de Livres (Les derniers jours des fauves, 2022), Jérôme Leroy a reçu de nombreux prix, notamment pour Le Bloc.INÉDIT
« Stendhal révolutionnera l'histoire dès lors qu'on saura le lire depuis un temps à venir. »
Patrick Boucheron
Ce recueil de quatre récits, où s'entremêlent passions et assassinats, est une ode à l'Italie. Stendhal, qui s'est directement inspiré de manuscrits du XVIe siècle pour les composer, y fraye comme jamais avec l'histoire. Persuadé que la Révolution française n'a pas encore produit son effet sur la littérature, il fait de ces « historiettes romaines » le terrain d'exploration de lui-même en se reliant aux écritures passées.
Patrick Boucheron répond ici au défi que l'écrivain lançait aux historiens de profession. Il décrypte ainsi le pas de deux que mènent, aujourd'hui comme hier, discipline historique et invention romanesque. Il souligne en particulier combien ces textes font écho à nos questionnements sur les discours de vérité.
Tout maître en puissance
doit se poser la question du
genre de nègre qu’il veut ou
pour lequel il est prêt à payer.
C’est un long et ennuyeux processus
que de trouver le bon nègre.
Étrangement, on a fort peu écrit
sur cet épineux sujet.L’audacieux et inclassable Percival Everett mélange les genres et les tonalités, proposant une écriture poétique d’une liberté totale. Son Manuel de dressage, guide pour le propriétaire d’esclaves américain, prend la forme d’un document historique parodique. Poussant à se mettre dans la peau de ceux qui ont monnayé et réduit en esclavage d’autres êtres humains, le texte donne le vertige. Dans le recueil Truite de fond, la poésie se fait virtuose et élégante, bousculant notre perception de la réalité.Né en 1956 en Géorgie (États-Unis) et diplômé de littérature et de philosophie, Percival Everett est romancier, poète et peintre. Il dirige le département de littérature de la Southern California University et a signé de nombreux ouvrages, dont Effacement et Blessés.Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut
La terreur, l'horreur, l'informe du rêve, Lovecraft ne les éveille pas pour jouer. Il sait seulement que tout cela nous en disposons déjà, depuis l'enfance, ou dans l'inquiétude du quotidien. Il en est juste un formidable amplificateur.
Et c'est ainsi qu'il est temps de le lire : parce que s'y joue définitivement une bascule majeure de la littérature.
François Bon
Né aux États-Unis en 1890 et mort en 1937, Howard Phillips Lovecraft est considéré aujourd'hui comme l'un des écrivains d'horreur et de science-fiction les plus importants du XXe siècle.
" Howard Phillips Lovecraft constitue un exemple pour tous ceux qui souhaitent apprendre à rater leur vie, et éventuellement à réussir leur œuvre. "
Michel Houellebecq
« Il est comme ça Abdellah Taïa, il revient toujours sur ses traces. Il revient à sa mère, à son enfance, au Maroc, à sa langue natale, l'arabe, à sa sexualité. »LibérationPublié en 2000 par les Éditions Séguier, « Mon Maroc » est le premier livre d’Abdellah Taïa. Des textes, des fragments et des souvenirs autour de son pays d’origine, de sa famille très nombreuse, pauvre, qu’il rédige dès son arrivée à Paris, en 1998, pour poursuivre ses études littéraires à la Sorbonne. Écrire ce passé avant que les années d’immigration en France ne le déforme. Écrire le premier monde, ses joies et ses désillusions. Mieux se connaître. Mieux résister. Né à Rabat en 1973, Abdellah Taïa est l’auteur de romans traduits dans plusieurs langues. L'Armée du Salut, Une mélancolie arabe, Le Jour du roi (prix de Flore 2010), Un pays pour mourir, Celui qui est digne d’être aimé et La vie lente sont disponibles en Points. Son dernier roman, Vivre à ta lumière, vient de paraître aux éditions du Seuil.
«16h.00 J'entre dans une boutique. J'achète une cravate. Je l'essaye. Je conclus qu'elle me va bien et j'achète quatre-vingt-quatorze cravates pareilles.17h.00 J'entre dans une charcuterie et j'achète sept cents jambons fumés.20h.00 Je décide que l'argent ne fait pas le bonheur, je désintègre tout ce que j'ai acheté, et je continue ma promenade les mains dans les poches et le coeur léger.»Gurb a disparu dans Barcelone, dissimulé sous les traits de Madonna. Précision : Gurb est un extraterrestre. Parti à sa recherche sous une apparence moins voyante, son coéquipier tient scrupuleusement le journal de ses observations. Une satire délirante et désopilante des moeurs de notre société...
La conférence des oiseauxFarid-ud-Din `Attâr fut l'un des plus grands poètes mystiques de cette époque glorieuse du soufisme où la quête divine atteignit des sommets inégalés. Rûmi, Hallaj, Saadi furent ses pairs.Parmi ses nombreuses oeuvres, La Conférence des oiseaux est la plus accomplie. Elle relate le voyage de la huppe et d'une trentaine de ses compagnons en quête de Simorgh, leur roi. De multiples contes, anecdotes, paroles de saints et de fous les accompagnent. « Lis ce livre, chercheur, tu sauras où aller, dit le poète. Savoure-le longtemps et tu seras nourri. Car il a de quoi t'étonner. Tu le lis une fois et tu crois le connaître, mais non ! Lis-le cent fois, cent merveilles nouvelles ébahiront ton oeil »La Conférence des oiseaux est un de ces livres qui se savourent et se fréquentent comme des amis nourriciers.Farid-ud-Din `AttârOn sait seulement de lui qu'il est né à Nichãp~ur, en Perse, probablement en 1140, qu'il fut apothicaire, qu'il voyagea beaucoup et qu'il mourut en 1230.Adapté par Henri Gougaudd'après la traduction du persan de Manijeh Nouri
L'histoire est simple comme son titre : Victor Bâton est à la recherche de ses amis. De ceux qui pourraient le devenir tout du moins, car il enchaîne les rencontres, éperdument, et sans succès. Sont-ce pour autant des échecs ? Car Bâton n'est pas un héros : c'est un homme, seul, vivant dans la précarité autant que dans l'oisiveté. Il persiste pourtant en lui une force qui ne cesse d'irradier, à l'image de l'oeuvre d'Emmanuel Bove dont la postérité court secrètement jusqu'à nous tant son ultra moderne solitude garde un siècle plus tard toute sa vivacité.
La preuve en est que tout le travail d'Éric Chauvier, anthropologue et écrivain, est habité de part à part par la discipline existentielle de Mes Amis. Il lui rend ainsi hommage dans un texte où il fait miroiter par un puissant jeu de réécriture la puissance politique intacte d'une vie qui vaut d'être vécue à condition de ne pas trouver sa place. Une vie où il ne saurait être question de projet et de victoire, mais bien plus des aptitudes que nous déployons pour nous ajuster à nos contemporains.
« L'oeuvre de Bove se garde de toute grandiloquence et se tient éloignée de tout ce qui constitue le grand genre littéraire. C'est comme si elle avançait de détail en détail et que le lecteur se retrouvait en définitive piégé, comme si son propre portrait se dessinait à travers ce qui ne semblait que de simples coups de crayon dont il n'imaginait pas que, à les rassembler, ils aboutiraient à quelque chose de si ressemblant. C'est comme si, à cause de ou malgré son humour, l'oeuvre de Bove finissait par faire peur, à frapper si juste. » Libération
Comment devenir écrivain quand on habite Montfort-sur-Meu et qu'on excelle exclusivement dans les batailles de crachats ? Depuis les après-midi avec mémé Marthe qui lui racontait des histoires, jusqu'à Gallimard, il y aura quelques marches à gravir, des déboires et des détours, il y aura les petits boulots, les voyages au bout du monde, le RMI, les potes, les éditeurs qui promettent et ne tiennent pas, et puis la bonne étoile. La bonne étoile d'un écrivain hors normes, doté d'une détermination et d'un humour à toute épreuve.
Né en 1967, Caryl Férey est un romancier français. Ses polars connaissent un immense succès. De multiples fois récompensé, il est notamment l'auteur de Utu, Zulu et Mapuche.
" Caryl Férey a l'imagination baladeuse, l'humour vinaigrette, le goût des voyages et un sacré talent de conteur. "
Télérama
INÉDIT
Marguerite de Valois, c'est la reine Margot d'Alexandre Dumas. Mais cette légende a recouvert celle qui fut Marguerite de France et dont la vie épousa les soubresauts de la fin du XVIe siècle. Marguerite de Valois fut tout autant femme politique, autrice, mécène et eut une influence immense sur son époque. On ne le sait pas, mais elle fut la première femme à écrire ses Mémoires au sens du genre romanesque qui a connu par la suite un développement remarquable. Celles-ci rencontrèrent en leur temps un succès posthume considérable.
En les rééditant aujourd'hui, Eliane Viennot, l'une des plus grandes exégètes de l'oeuvre de Marguerite de Valois, entend redonner toute sa place de pionnière à Marguerite de Valois dans les histoires de la littérature et du féminisme. Autrement dit, il s'agit bien de la faire revenir parmi nous pour qu'elle vienne enrichir et épaissir nos récits pour l'avenir et par là même participe à la déconstruction du monopole masculin sur les fonctions de pouvoir. Bref que Margot redevienne vraiment reine en notre royaume.
"Obscurantisme religieux, radicalités anarchistes, tentations terroristes, arrogance capitaliste, désespérance sociale, corruption médiatique : tout ce qui se bouscule dans Paris nous parle encore."
Edwy Plenel
Après sa fresque des Rougon-Macquart, Émile Zola commence sa trilogie des Trois villes, dont le trop méconnu Paris constitue le dernier volume. Publié en pleine affaire Dreyfus, ce roman a pour protagonistes la foi et ses croyances, l'idéal et ses perditions, la modernité et ses corruptions. Il propose ainsi une passionnante chronique sociale d'un régime républicain en crise.
Cette nouvelle édition offre à EDWY PLENEL, journaliste et cofondateur de Mediapart, l'occasion de rappeler, en suivant le chemin de vérité emprunté par Zola lui-même, combien la République est et doit rester un champ de batailles.
"Rarement, lorsqu'on évoque les Trois contes, il nous vient en tête que le pays de Flaubert est un empire colonial."
Aurélia Michel
Dernière publication achevée de Flaubert, ces trois courts récits sont comme des précipités de toute l'oeuvre de l'auteur : de la campagne normande du xixe siècle vécue à travers la vie de la domestique Félicité à l'Antiquité de la reine Hérodias, en passant par le Moyen Âge de saint Julien l'Hospitalier, les destins de ces figures exemplaires offrent un vertigineux voyage dans le temps et dans l'espace.
L'historienne AURÉLIA MICHEL en propose une lecture décapante. L'un des auteurs phares de la modernité littéraire européenne devient ainsi le subtil observateur de l'invasion des imaginaires par l'ordre racial ; il en rend lisible aussi les ravages. Longtemps considérés comme l'aboutissement d'une trajectoire créatrice, les Trois contes deviennent ainsi un document incontournable pour reconstruire nos visions du monde.
"La littérature permet de s'évader non seulement de sa maison ou de son pays, mais aussi de son époque, de sa condition sociale, et même de son âge ou de son sexe."
Alain Supiot
En 1721, Montesquieu dresse avec son roman épistolaire Lettres persanes le portrait critique de son époque. Sous couvert d'un regard étranger factice, il manifeste d'ores et déjà l'esprit des lois qui l'occupe tant quelques années plus tard.
Juriste, ALAIN SUPIOT prolonge le geste tourbillonnant des correspondances en envoyant quelques lettres au philosophe. En portant un regard implacable sur notre présent, il met au jour les chaînes secrètes qui nous relient à ce magistral exercice d'anthropologie inversée.
« Cette absence de moutarde jeta un froid sur le bateau. L'existence nous paraissait vide et terne » : quand trois gentlemen anglais, totalement dénués de bon sens, décident d'entreprendre une croisière sur la Tamise, un simple voyage devient une épopée. Pour Jerome, George, Harris, et Montmorency, le fox-terrier irritable et grognon, monter une tente est un casse-tête, trouver l'ouvre-boîtes, un effort titanesque, et survivre sans « cup of tea » totalement insensé. De cette joyeuse bande, loufoque et désopilante, la Tamise se souviendra longtemps.
Né en 1859, Jerome K. Jerome a été successivement employé des chemins de fer, journaliste, acteur et instituteur avant de se consacrer à l'écriture. Il a connu un immense succès public avec Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien).
« Un classique de l'humour victorien. »
Le Nouvel Observateur
Traduit de l'anglais par Déodat Serval
Préface de Jean-Loup Chiflet
Paris, « capitales » des XIXe siècles
Cet ouvrage explore la ville de Paris dans toutes ses dimensions, politiques et sociales, quotidiennes et culturelles, symboliques ou imaginaires. Il s'agit de comprendre comment coexistent, mais plus souvent se heurtent plusieurs mondes et plusieurs époques sur un territoire toujours trop contraint malgré ses élargissements. Grâce aux images et aux témoignages du temps largement cités ou reproduits, on y saisit comment Parisiens et Parisiennes, natifs et nouveaux venus, classes dominantes et classes dominées, classes moyennes et citoyens mobilisés rêvent ou réalisent plusieurs formes urbaines, toujours décalées face aux besoins et aux urgences du temps. Tout prend une nouvelle ampleur dans cette capitale des révolutions et des ruptures, des modes et des cultures d'avant-garde, à la fois archaïque et moderne, toujours inquiète et inquiétante par sa masse humaine et ses tensions récurrentes. De l'invasion de 1814 au conflit de 1914, Paris se reconfigure sans cesse, fascine et fait peur jusqu'à l'autodestruction de 1871, suivie des renaissances flamboyantes de fragiles belles époques.
Christophe Charle
Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment dirigé La Vie intellectuelle en France (avec Laurent Jeanpierre, Seuil, 2016 ; « Points Histoire », 2018, 3 vol.).
« Le Comte de Monte-Cristo est un grand livre sur la justice. »
Vanessa Codaccioni
En 1815, à la chute de Napoléon, Edmond Dantès est victime d'une machination qui le conduit à passer quatorze années en prison au château d'If. De là naît un profond désir de vengeance, ressort de multiples intrigues ourdies par le personnage entre Marseille, Rome et Paris. Véritable roman de formation, Le Comte de Monte-Cristo est aussi une description sans fard des mondes sociaux qui s'affrontent jusque dans les mécanismes judiciaires.
C'est précisément comme un traité sur la justice que Vanessa Codaccioni, spécialiste des politiques de répression de l'État, entreprend de relire le récit. Le ressaisissant comme un réquisitoire implacable contre l'arbitraire, elle souligne, dans ce premier volume, les rouages d'une justice tout entière animée par la punition des « ennemis de l'intérieur ». Ce sommet du roman d'aventure apparaît alors comme un manifeste intemporel pour l'État de droit.