Soft skills, état d'esprit, sens de la coopération, aisance relationnelle, sentiment d'efficacité personnelle, etc. : les compétences sociales et comportementales ont un rôle aussi déterminant dans la réussite scolaire et professionnelle que les compétences techniques et les facultés intellectuelles si prisées dès l'école. C'est ce qu'ont montré une série de recherches menées à la croisée de l'économie et de la psychologie. Ces travaux ont aussi révélé le net déficit de la population française dans l'acquisition de ces compétences. Pourtant ce savoir-être n'est pas seulement un enjeu de réussite économique. Il est crucial dans le niveau de bien-être et de résilience de nos sociétés.
Professeur d'économie, membre de l'Institut universitaire de France, Algan est doyen associé des programmes pré-expérience de HEC. Il est membre du Conseil d'analyse économique et du Conseil scientifique de l'Éducation nationale. Il est notamment l'auteur, avec Elizabeth Beasley, Daniel Cohen et Martial Foucault de Les Origines du populisme (Seuil, 2019).
Élise Huillery est professeure d'économie à l'Université Paris-Dauphine et à Science Po.
Dans les études économiques, l'emploi des seniors est très souvent caractérisé par deux observations statistiques: si le taux d'emploi a baissé jusqu'à la fin des années 1990, il est remonté ensuite.; toutefois, ce taux est plus faible en France que chez ses principaux partenaires.
Mais les nouvelles générations de travailleurs seniors sont radicalement différentes de celles qui les ont précédées. Elles sont tout d'abord plus féminisées. L'augmentation de l'âge de perception des droits à la retraite est efficace pour maintenir la soutenabilité financière du système mais elle ne peut s'envisager sans un effort de qualification tout au long de la vie, une meilleure insertion des femmes sur le marché du travail et une adaptation des environnements de travail aux souhaits des seniors.
Hippolyte d'Albis est directeur de recherche au CNRS et professeur à l'École d'économie de Paris. Il est également membre du Cercle des économistes. Il est spécialiste des questions démographiques.
Quel est l'impact de la mondialisation sur l'emploi, les salaires et le pouvoir d'achat ? Alors que la pandémie de Covid-19 a vu la critique de la mondialisation s'exacerber, que savent les économistes à ce sujet ?
En proposant une instruction à charge et à décharge de l'économie mondialisée sur le plan social, Lionel Fontagné analyse les deux faces de la mondialisation incarnées par le caddie et la feuille de paie. Ensemble ils déterminent, in fine, s'il y a gain ou perte de pouvoir d'achat.
Professeur à l'université Panthéon-Sorbonne et chaire associée à l'École d'économie de Paris, membre du Cercle des économistes, Lionel Fontagné a dirigé le Centre d'études prospectives et d'informations internationale.
Les personnes en situation de handicap souffrent d'une marginalité persistante face au monde du travail. Les chiffres français sont éloquents : 35 % de taux d'emploi, 19 % de taux de chômage. Pour comprendre un tel constat malgré les nombreuses politiques adoptées depuis le début du XXe siècle, l'auteure présente la situation de cette population sur le marché de l'emploi et passe en revue le foisonnement de dispositifs existants, pour la plupart mal connus et rarement évalués : quotas, droit à la non-discrimination, travail protégé et adapté, aménagements de poste, accompagnement vers et dans l'emploi, reclassement, etc.
Cet état des lieux, éclairé des apports de la littérature internationale, montre l'importance d'un changement des pratiques et des représentations entourant le handicap au coeur des organisations, afin de favoriser l'embauche, la progression et l'épanouissement professionnels des personnes handicapées.
Omniprésente, la discrimination s'insinue dans toutes les étapes du parcours professionnel, de la candidature à l'embauche en passant par la perte d'un emploi et les chances de promotion. Elle se manifeste même dès les années d'éducation, in?uençant l'acquisition de compétences comme les choix de carrière. Les causes, le coût et la mesure des discriminations au travail font l'objet de multiples recherches et expérimentations, dont cet ouvrage novateur présente les résultats pour un large éventail de groupes sociaux : les femmes, les seniors, les LGBT, les minorités ethniques et religieuses, les personnes discriminées en raison de leur apparence physique.Cet ouvrage est aussi le premier à proposer une série de mesures qui, bien au-delà d'une approche strictement punitive, montrent que les discriminations au travail ne sont pas une fatalité et peuvent être combattues.
On observe, aujourd'hui plus encore qu'hier, un processus de concentration de l'activité économique, tandis que les ménages, soucieux de leur cadre de vie, ne sont pas tous attirés par les zones les plus denses. La mobilité des travailleurs n'est donc pas toujours corrélée aux processus de relocalisation des emplois. Inversement, les entreprises ne sont pas toujours à même de répondre aux nouvelles formes d'habitat et de mobilité en ajustant leurs stratégies de localisation. Ce double décalage nourrit des situations de chômage chronique. Cet ouvrage, qui s'appuie sur une recension des travaux récents de recherche en économie en France comme à l'étranger, analyse cette géographie de l'emploi en France et présente des solutions ciblées dépasser ces contradictions.
Thomas Delemotte est doctorant affilié au CREST (École Polytechnique & Ensae) et à l'Institut des Politiques Publiques.Ancien directeur du Centre de recherche en économie et statistique (CREST), Francis Kramarz est professeur à l'École polytechnique.Benoït Schmutz est professeur associé à l'École Polytechnique.
A la fin du XIXe siècle, l'idée d'une intervention légale pour fixer un seuil minimal de salaire et réduire les inégalités s'impose dans le débat public au sein des pays industrialisés. Alors que nous disposons de plus d'un siècle de travaux consacrés au salaire minimum, aujourd'hui encore, la question de ses effets sur l'emploi paraît toujours un sujet clivant.
Si, selon les situations, le salaire minimum peut avoir un effet négatif, nul ou positif sur l'emploi, les résultats empiriques présentés ici permettent de trancher les débats et de penser le bon usage du salaire minimum dans les sociétés postindustrielles du XXIe siècle marquées par des écarts croissants entre une classe aisée à fort pouvoir d'achat et une armée de travailleurs à bas salaires leur offrant des services.
Économiste, Jérôme Gautié est professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
D'un côté les moins diplômés, dont l'emploi se dégrade, de l'autre les très qualifiés, enfants chéris d'une économie de plus en plus gourmande en compétences. D'un côté des emplois mal payés, sans intérêt ni perspective d'évolution, de l'autre des postes aux salaires élevés, des connaissances valorisées, des possibilités de carrière...
Phénomène marquant des deux dernières décennies, la polarisation du marché du travail touche la plupart des pays. Elle se traduit par une explosion des écarts de rémunération et par un risque accru de chômage et de précarisation. Les causes sont multiples - changements technologiques, mondialisation, désindustrialisation, etc. - et leurs effets se renforcent mutuellement.
Ce phénomène est-il inéluctable ? Avec la disparition des emplois intermédiaires assiste-t-on à la mort programmée de la classe moyenne ou parviendrons-nous à adapter nos économies à cette nouvelle donne ?
Le bien-être au travail ne se réduit pas à de simples facteurs individuels et psychologiques. Il tient largement à la structure des entreprises, à leur type de management et à leur climat social, qui peuvent aussi engendrer de grandes souffrances.
En s'appuyant sur des recherches récentes, françaises et internationales, l'économiste Claudia Senik met au jour les sources profondes, parfois invisibles, d'un bien-être au travail dont l'impact sur la vie sociale et économique est considérable. Elle passe en revue tous les leviers dont les services de ressources humaines devraient s'emparer pour accroître l'épanouissement professionnel de leurs salariés : autonomie, perspectives de progression, valorisation symbolique des fonctions, transparence des modes de différenciation salariale, etc.
Claudia Senik est professeur à l'université Paris Sorbonne et à l'École d'économie de Paris. Spécialiste internationale de l'économie du bien-être, elle est également chercheuse à l'Institute of Labor Economics.
Si la pénibilité du travail contribue à dégrader la santé, les études montrent aussi que l'emploi la préserve en favorisant notamment l'accès aux soins.
Les relations entre état de santé des individus et marché du travail ont fait l'objet de nombreux débats et d'une abondante législation. Les dispositions actuelles, fondées sur une logique de compensation et de réparation, ne prennent pas assez en compte la complexité de ces interactions, encore accrue par le vieillissement de la population, l'allongement et la précarisation des trajectoires professionnelles. Face au risque santé s'impose la nécessité de plus de prévention et de sécurisation des parcours.
En 2017, plus de 300 000 offres d'emploi n'ont pas été pourvues, alors même que l'on comptait près de 3,5 millions de chômeurs. Ce décalage entre offre et demande de travail peut avoir de multiples causes, dont l'ouvrage évalue le poids respectif : les chômeurs ne possèdent pas les compétences demandées par les entreprises, ils n'habitent pas les régions où les emplois se créent, les recruteurs ou les demandeurs d'emplois n'ont pas accès à l'information pertinente, les salaires ne jouent pas leur rôle d'équilibrage du marché, etc.
L'ouvrage examine ensuite l'efficacité des outils classiques mobilisés pour améliorer les appariements sur le marché du travail - formation, aides à la mobilité, assurance chômage, accompagnement des demandeurs d'emploi et des entreprises - et explore les nouvelles approches issues aussi bien des sciences cognitives que de la data science.
Délégués du personnel, élus au comité d'entreprise ou au CHSCT, délégués syndicaux... La France compte plus d'un demi-million de représentants du personnel. Si l'on pointe volontiers un dialogue social défaillant dans ce pays, on peut s'étonner du manque d'études consacrées à ses principaux acteurs. Que sait-on des motivations, du travail mené pour informer et défendre les autres salariés, ou encore de l'évolution de carrière des représentants du personnel ? Comment sont-ils perçus par leurs collègues et leurs employeurs ? Sont-ils discriminés ?À partir de sources statistiques très riches mais rarement exploitées, cet ouvrage dresse pour la première fois un panorama de l'activité des représentants du personnel. Il montre que le cadre légal dans lequel ils s'inscrivent, inadapté, tend trop souvent à opposer représentants, salariés et employeurs, et propose des solutions pour que les intérêts des salariés soient mieux représentés, sans craintes, au cours des négociations comme dans la vie quotidienne des entreprises.
Les plans de carrière professionnelle ont de moins en moins de chances de se réaliser comme prévu. De l'erreur d'orientation initiale au licenciement, économique ou non, en passant par les aléas privés, les accidents de parcours sont plus fréquents et plus variés tout au long de la vie active, et leurs effets diffèrent selon les causes et les modalités de prise en charge.
Nos sociétés tardent à tenir compte de cette réalité, née du ralentissement de la croissance, de l'assouplissement de la législation sur les relations employeurs-employés et de l'entrée massive des femmes sur le marché du travail. L'image de carrières stables avec un seul employeur, prédominante durant les années d'après-guerre et soutenue par de nombreuses lois de protection de l'emploi, continue d'imprégner les esprits comme les relations industrielles.
Cet ouvrage dresse une typologie des accidents de carrière afin de mieux les comprendre et de définir des politiques pour les gérer.
Depuis trente ans, le chômage n'a jamais reflué durablement sous la barre des 8%. Sans doute est-ce là le signe qu'il est nécessaire de réformer nos politiques de l'emploi. Les mesures d'accompagnement sont essentielles pour réduire le chômage. Pourtant, la France est à la traîne. Ses politiques sont enserrées dans un millefeuille administratif dans lequel l'État, les régions, les départements et les communes interviennent, mobilisant acteurs privés comme publics, selon une palette de dispositifs mal coordonnés et encore trop rarement évalués. Or, les vertus et les limites de ces dispositifs sont aujourd'hui bien appréhendées. Il existe une très vaste littérature scientifique sur le sujet. Elle permet de dresser les contours des politiques qui fonctionnent et d'identifier les publics pour lesquels il est souhaitable de les mobiliser. Ce sont ces résultats que cet ouvrage souhaite faire découvrir.
La formation professionnelle des adultes suscite de nombreuses attentes en matière de sécurisation des parcours individuels et de compétitivité des entreprises. Mais qui doit-on former en priorité et de quelle manière ? À l'encontre d'un certain nombre d'idées reçues, cet ouvrage montre notamment que les effets de la formation ne sont pas toujours positifs. Ainsi des formations qui ne permettent pas de sortir plus vite du chômage, ou qui n'accroissent pas de façon signifi cative les salaires de ceux qui en bénéfi cient. Il est pourtant possible d'améliorer signifi cativement l'efficacité des sommes colossales dédiées aux actions de formation, en évaluant systématiquement ces dernières et en tirant profit des expériences internationales. En France, nous en sommes loin, mais pour technique qu'elle puisse paraître, la question de l'évaluation est cruciale. Elle permettrait de réformer notre système pour n'y laisser subsister que les prestataires apportant une réelle valeur ajoutée aux individus et aux entreprises.
Depuis le milieu des années 1990, les pays européens sont à la recherche de nouveaux modèles de politique de l'emploi pour endiguer la montée du chômage et dynamiser la création d'emplois. À partir des expériences des pays nordiques, le terme de flexisécurité a été repris par l'Union européenne, mais il englobe des réalités trop différentes entre pays membres pour que le concept prenne véritablement corps.
En France, le vocable de sécurisation des parcours professionnels a émergé à partir des années 2000 et semble aujourd'hui faire consensus. Pourtant, comme le montrent les derniers accords interprofessionnels, il recouvre, auprès des acteurs sociaux et des experts, des conceptions différenciées - à la mesure des défi s de la mondialisation économique et des enjeux d'un syndicalisme en quête de renouveau.
Cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion en faveur d'une mutation systémique des politiques de l'emploi, afin d'améliorer leur efficacité économique et sociale et de donner véritablement sens à la sécurisation des parcours professionnels.
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Les jeunes désengagés à la fois du monde du travail et du système éducatif, aujourd'hui désignés par l'acronyme NEET - « Not in employment, in education or training » (sans emploi, ne suivant ni études ni formation) - , représentent plus de 16,3 % des 15-29 ans en France, et ce taux s'élève en moyenne à 15,7 % pour l'Europe. Même si la structure du chômage diffère d'un pays à l'autre, ces chiffres ne sont pas seulement les symptômes de difficultés économiques profondes, ils révèlent l'inopérance croissante des systèmes éducatifs face à ces difficultés.
Parce que le chômage touche davantage les jeunes ayant un faible niveau d'éducation et de compétences, y remédier passe par l'amélioration de l'offre éducative. Cet ouvrage compare les performances de divers programmes d'éducation, de formation et de prévention proposés aux enfants, aux adolescents et aux jeunes adultes dans plusieurs pays d'Europe ainsi qu'aux États-Unis. Il montre notamment que les mesures visant à élargir et à prolonger l'accès à l'éducation générale ainsi que les programmes d'apprentissage et de prévention proposés dès la petite enfance aux familles défavorisées comptent parmi les plus efficaces pour améliorer l'entrée et le maintien des jeunes sur le marché du travail.
Confrontés depuis plus de trente ans à un chômage endémique, de nombreux pays ont choisi de réformer leur marché du travail. Ces réformes ont consacré le recours aux formes d'emploi atypiques, contrats à durée déterminée et emplois intérimaires principalement.
En France, il en résulte un marché du travail dual où coexistent des emplois stables fortement protégés et des emplois précaires dont les durées sont toujours plus courtes et qui n'offrent souvent d'autres perspectives aux salariés que le retour au chômage. Tout d'abord pensée comme un remède à la crise de l'emploi, cette flexibilisation d'une partie du marché s'est imposée peu à peu comme une force déstabilisatrice aux conséquences sociales et économiques délétères.
François Fontaine et Franck Malherbet analysent comment ce dualisme contractuel s'est construit et la façon dont il affecte le fonctionnement du marché du travail français. Ils proposent diverses réformes structurelles pour y remédier.
« Avec le chômage, on a tout essayé ! » affirmait déjà François Mitterrand il y a trente ans. Sans doute conviendrait-il d'ajouter « mais s'est-on donné les moyens d'apprendre ? » Car faute d'avoir suffisamment investi dans une évaluation véritablement scientifique de nos politiques de l'emploi, notre connaissance sur les causes du chômage et sur notre capacité à le résoudre n'a guère progressé.Certains programmes de formation, de subventions à l'emploi et d'accompagnement mis en place dans les pays développés ont pourtant pu être évalués méticuleusement. La faiblesse de leurs impacts démontre que l'on ne saurait prétendre éradiquer le chômage par l'investissement dans tel ou tel type d'action.Mais ces programmes peuvent être améliorés et nous aider à venir à bout du chômage. Cela passe par une analyse minutieuse des besoins et des comportements ainsi que par un recours plus large à des évaluations rigoureuses. Finalement, n'est-ce pas notre impatience à tester des actions sans nous donner le temps d'étudier leurs effets qui nous a piégés dans le chômage durable ?
En France, malgré les diverses actions publiques entreprises, le niveau de chômage des jeunes a continûment augmenté depuis les années 1970. Faut-il y voir une fatalité ? A-t-on identifié les véritables freins à l'entrée dans le marché du travail ? Alors qu'il est avéré que vivre dans une région riche en emplois qualifiés augmente systématiquement les chances de retour à l'emploi, on peut s'étonner de la très grande faiblesse de la mobilité des jeunes en France.Pourquoi ne se déplacent-ils pas pour bénéficier de meilleurs environnements économiques ?Cet ouvrage montre que le phénomène ne tient pas tant à des choix personnels ou familiaux qu'à l'existence de politiques publiques qui entravent la mobilité. Les politiques de logement et d'emplois aidés, notamment, tendent à enfermer les jeunes dans ce qu'on pourrait qualifier detrappes à immobilité. Les auteurs proposent cinq mesures de politique publique qui permettraient d'accroître la mobilité des jeunes et d'améliorer ainsi leur insertion sur le marché du travail.
Permettre que tous les jeunes, quelle que soit leur origine sociale, disposent des compétences garantissant leur indépendance : telle devrait être la mission de tout système de formation et d'éducation. En France, nous laissons pourtant chaque année près de 120 000 jeunes quitter l'école sans qualification faute d'interventions précoces et de méthodes adaptées.
Il est cependant possible de changer le destin des jeunes issus de milieux défavorisés, comme le montre la riche expérience américaine en la matière. Depuis près de quarante ans, les États-Unis investissent chaque année des dizaines de milliards de dollars dans des programmes innovants, dont ils évaluent l'impact sur le devenir des jeunes.
Analysant ce qui, dans les pratiques américaines, s'est révélé le plus durablement efficace, Stéphane Carcillo propose une approche radicalement nouvelle de l'accompagnement des jeunes en difficulté vers la vie professionnelle.
On voudrait que les universités offrent des débouchés à leurs étudiants, portent remède à l'échec massif en premier cycle, tout en continuant à se démocratiser. Mais peut-on atteindre ces objectifs et conserver la quasi gratuité de l'enseignement supérieur ? Les subventions de l'État aux universités, qui sont insuffisantes, ont peu de chances de beaucoup augmenter à l'avenir.
L'Australie et le Royaume-Uni ont mis en place des modèles radicalement différents. Ils reposent sur des droits d'inscription élevés assortis d'un système généralisé de prêts aux étudiants, dont le remboursement est conditionné par leurs revenus futurs.
Robert Gary-Bobo plaide pour une réforme inspirée de ce modèle. Elle donnerait les moyens de se développer à une université française en grave difficulté financière et qui conduit beaucoup d'étudiants à l'impasse. Elle insufflerait plus de justice sociale dans un système qui, paradoxalement, profite essentiellement aux jeunes issus des milieux favorisés.
Indemniser au mieux les épisodes de chômage tout en limitant leur durée : telle est la vocation de l'assurance chômage.
Loin de remplir cette mission, le système français opère une redistribution à grande échelle entre secteurs d'activité et niveaux de salaire. D'une efficacité limitée, il favorise l'instabilité de l'emploi et contribue à maintenir un chômage élevé.
Or, il existe d'importantes marges de manoeuvre pour limiter ces transferts et les comportements d'optimisation qu'ils encouragent. Le système doit être recentré sur les incitations individuelles au maintien dans l'emploi et au retour vers l'emploi, et son pilotage rendu plus cohérent par une meilleure coordination entre assurance et accompagnement des demandeurs d'emploi.