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La notion de Bien opposée à celle de Mal sont au centre de ce troisième tome de la fresque apocalyptique Al Teatro de Stéphanie Benson. C'est la fin du monde tel que nous le connaissons, l'aboutissement logique de tous les extrêmes mis en place par l'homme, le constat sans appel d'une course au suicide collectif.
L'intrigue se déroule en partie en Europe, en partie au Japon. Les enfants de Tirzah se séparent pour essayer d'endiguer la vague de mal qui menace le monde, Milton retourne au Japon pour tenter de déstabiliser ce dernier havre de paix et attirer Katz dans un guet-apens, Katz et Iris finissent par admettre qu'ils sont devant un personnage d'une puissance insoupçonnée, et la guerre se développe, poussée par moments par les derniers membres du Cercle. -
"- C'est suuuuuper sympa ! Vous ne trouvez pas, Ray ?
Non.
Je ne trouve pas.
Je ne trouve pas super sympa de me geler les burnes perché sur la terrasse ventée d'un immeuble branlant. Je ne trouve pas super sympa cet endroit sinistre perdu au milieu d'un océan de neige. Comme je n'ai pas trouvé super sympa les deux derniers jours passés à gérer galère sur galère dans un univers hostile et glacial. Je ne trouve pas super sympa de me retrouver piégé comme un rat inconscient. Je me suis vraiment comporté comme un rongeur écervelé à proximité d'une tapette chargée. Le ressort de ce piège a pourtant mis un temps certain pour s'abattre vers ma nuque, j'aurais eu le temps de réagir. Faire preuve d'un minimum de lucidité. Me casser d'ici. Non. Je ne trouve pas ça « suuuper sympa ». Plutôt grotesque. Et je ne trouve pas super sympa non plus l'andouille mondaine qui frétille à côté de moi.
- On se croirait sur le toit du monde ! Vous ne trouvez pas, Ray ?
- Le toit du monde ? Quel toit du monde, Gabrielle ? Le toit d'une ruine, oui.
- Hooooo... Enfin, Ray, je vous l'ai déjà fait remarqué cent fois.
- Quoi donc ?
- Mais enfin Ray, que vous pouvez m'appeler « Gab' », bien sûr...
Gab'... Une gourde ! Une vraie, une authentique. Je la dévisage, consterné. La gourde me gratifie d'un sourire niais. Son sourcil gauche a du mal à s'agiter aussi vite que le droit mais ses cils battent frénétiquement. Ce tic agaçant devient de plus en plus incontrôlable.
- Ma pauvre vieille, regarde-nous ! On est coincé comme des glands sur la terrasse d'un building qui ne demande qu'à s'écrouler...
- Oooh, Ray ! Mais vous manquez vraiment de poésie. Dans un cadre aussi idyllique ! Mon Jean-Joachim serait là, il nous aurait déjà...
- Mais merde à la fin, avec ton Jean-Joachim.
Je craque. Ça y est. Je me lâche. Habituellement, c'est pas mon genre, surtout avec les filles. Là, c'est trop. Elle m'a gonflé, Gab'." -
Cheval de guerre Tome 2 ; al teatro
Stéphanie Benson
- Publie.net
- Mauvais Genres
- 20 March 2013
- 9782814504325
« Le Cercle l'avait chargé de recoller les morceaux, de faire en sorte que, malgré l'incarcération du géniteur de l'Antéchrist, la fin du monde puisse gentiment poursuivre son bonhomme de chemin au-delà du cataclysme mondial vers le paradis sur Terre, et tout cela, si possible, avant le petit déjeuner. »
Le deuxième volet de la fresque apocalyptique Al Teatro de Stéphanie Benson est le théâtre du déchaînement d'une haine destructrice sans limite orchestrée par Abaddon, dont quatre murs n'empêcheront pas d'assouvir la soif de chaos. Tirzah, poussée par des urgences qu'elle ne comprend pas, retourne chez elle dans le pays de poussière où elle trouvera refuge pour organiser une résistance hors-norme. Quand le réel ne suffit plus pour décrire une humanité qui sort d'elle-même, Stéphanie Benson nous emporte dans une odyssée glaçante et fantastique, où les chevaux de Troie ne sont plus ceux que l'on croit.
Avec ces deux premiers volumes, Stéphanie Benson nous offre un polar fantastique des plus sympathiques et des plus glauques. Elle joue avec la folie et l'horreur avec un certain brio et accroche le lecteur dès les premières pages par un ton et une plume percutants. ActuSF -
"Le café avait un goût de terre, le fin gobelet de plastique blanc brûlait les doigts. Elle leva la tête, cherchant de l'air peut-être. Un carré de ciel laiteux se découpait sur l'obscurité, là-haut, par-delà les murs lépreux. Trois murs aveugles dont le crépi partait en plaques géographiques, le dernier percé de petites fenêtres sales en enfilade verticale : une cage d'escalier. Fanny hocha la tête.
Chardin l'interrogea du regard, croyant qu'elle avait décliqué sur quelque chose. Elle haussa les épaules. Non. C'est juste l'idée que la fille avait dû être balancée par une de ces fenêtres qui lui avait traversé l'esprit, et elle avait hoché machinalement.
Elle changea le gobelet de main, agita brièvement les doigts pour dissiper la chaleur et souffla sur le liquide fumant. Les fumeroles s'enroulaient dans la lumière jaune de l'ampoule de la cour. Le mistral était tombé. De molles entrées maritimes portaient la vague promesse d'embruns mêlée à la lointaine rumeur du port qui s'éveille.
Les trois hommes, deux petits et un plus grand tout vêtus de sombre, se tenaient identiquement raides, empotés dans la lumière sombre, les bras ballants. Et quand Fanny claqua des lèvres, les regards sautèrent sur elle. Elle allait décider, donner des consignes, lancer la machine. Dans la moindre série américaine, une armée de spécialistes s'activerait déjà à passer au crible la scène du crime. Mais Fanny n'avait rien d'une américaine, s'était levée du pied gauche avec une humeur de vive et n'articula qu'un seul mot :
- Dégueu...
- Encore heureux qu'il y en ait, lieutenant, essaya Chardin qui s'était cassé le cul à enfiler dans la thermos le liquide noir qu'il avait extorqué à la cafetière du commissariat." -
Cavalier seul Tome 1 ; al teatro
Stéphanie Benson
- Publie.net
- Mauvais Genres
- 20 March 2013
- 9782814503908
Aux quatre coins de l'Europe, les meurtres de masse se multiplient. Une section d'Europol enquête et tente de déjouer les plans de ces tueurs en série d'un nouveau genre. L'horloge tourne : une course contre la mort a commencé. D'autant plus que, dans l'ombre, les sectes les plus violentes s'apprêtent à faire couler le sang... Que se passera-t-il exactement lorsque l'Église du Millénium de l'Aube Radieuse aura trouvé son nouveau gourou et l'aura initié aux rites de l'Unterwelt ?
De la France à l'Allemagne en passant par le Royaume-Uni, à la croisée du Jugement dernier de Jérome Bosch, de l'Enfer de Dante et du film Seven, ce thriller fascinant teinté de fantastique nous emporte dans les pires tourments de l'âme humaine avec folie et élégance. C'est aussi une réelle plongée politique dans un monde abject mis sous la coupe des puissants. -
22 heures.
Rue des Petites-Écuries à trente mètres du New Morning.
La fille a été balancée dans la cour. Un sac de merde. Cinq clandestins turcs en retrait. La nuit mange le décor. Je vois ses cuisses. Son sexe inutile. La corde autour de son cou. Et Becker. Le commandant Becker. Milou dégueule ses tripes. Pédé.
- Putain, Dan, toujours la corde, bougonne Becker.
- C'est la deuxième.
- Les Turcs, là derrière, ont interrompu la fiesta.
- On peut choper des empreintes...
- S'il est fiché, bingo. Sinon, il s'en fait une troisième.
- Elle est Turque ?
- Tunisienne d'après ses papiers. C'est un fan du Maghreb. Bon alors, il arrive ce labo à la con !
Il gueule un peu trop fort. L'émotion. Ce fumier aurait un coeur : on n'arrête pas le progrès.
Chuchotements dans les étages.
L'odeur de pisse.
Les cuisses griffées.
Milou. Ses bonbons à la menthe.
Une Marlboro à la bouche.
Tuée ici ?
Panoramique. Possible. Tout est possible. Les Turcs bossent en cave. Pas de fenêtres. Les murs sont occultés. Cinq ouvertures au quatrième. Ça sent la mort. La dèche. La mort.
Et je pense à Joss. -
"Le soleil blafard se lève péniblement derrière les collines escarpées.
Là-bas, sur Tauroentum, les lourds nuages de l'orage s'éloignent, irisés par les premières lueurs de l'astre.
La mer est d'huile.
Plus un souffle d'air, pas la moindre brise pour pousser cette barque sans voile ni rame perdue au milieu des eaux désormais calmées.
Mare Nostrum...
Une frêle silhouette se tient debout, à la proue de ce navire à la dérive.
L'homme, vêtu d'une simple toge, le visage émacié, regarde s'éloigner la famille de dauphins qui les a accompagnés tout au long de leur périple, depuis leur départ de Césarée, il y a déjà trois mois.
Ses compagnons de voyage, épuisés par cette errance, se sont regroupés à l'arrière de l'embarcation, protégés du froid par une simple toile de lin usée et maculée. Une douce mélopée s'élève. Le clair clapotis de l'eau sur la coque l'accompagne. Quelques mouettes surprises par cette apparition viennent tournoyer autour de cet équipage curieux.
Un corps se déplie lentement de dessous la toile, et apparaît une femme d'une grande beauté, le visage pur, les traits sereins. Son enfant se tient à ses côtés, blond comme les blés, ses yeux bleus reflètent toute la générosité du monde. Le jeune garçon assis en tailleur souffle délicatement dans ce pipeau de bois sculpté par les mains expertes de quelque charpentier talentueux. L'homme, le visage tourné vers le ciel, lève ses bras en croix et fait exploser un cri.
- Ta gueule, Manu !
- Ho ! Joseph ! Tu les as à l'envers, ce matin ? C'est la flûte à son père !" -
Quand il n'écrit pas des histoires, g@rp relit celles des autres. Les miennes, par exemple : depuis trois ans, avec un mélange de bonhommie et de précision maniaque, il traque, repère et souligne d'écarlate. Le genre de good cop sur lequel on est content de tomber dans le désert. Celui, aussi, à qui on la fait pas. L'oeil pétille, la moustache frise, les touches crépitent. g@rp est l'homme des chutes calculées, des mots qui rattrapent et des détails qui tuent. Ses histoires évoquent une Amérique intensément fictionnelle, peuplée de dingues durs, d'acteurs à la dérive, de crotales et de harpies. Les paysages, les acteurs, l'intrigue, y sont expédiés à l'ancienne : plaqués contre un mur, un flingue sur la tempe, sommés de lire leur texte sans cesser de sourire. C'est un royaume qui fleure bon la poussière et le sang chaud, un décor de portes branlantes et d'âmes déglinguées. Les enseignes y clignotent comme dans un film de Lynch : Good news for people who love bad news. Les mots ? Des balles à tête chercheuse, mais c'est vous qu'ils trouveront. L'Amérique des fictions, vous dis-je. La seule et la vraie. Accoudé au comptoir, aussi énigmatique et tristement bienveillant qu'une figure de Hopper, g@rp désigne un rideau dans la salle du fond. Écarlate, le rideau. Évidemment, il ne tient qu'à vous d'aller jeter un oeil. Mais n'oubliez surtout pas le guide. - Préface de Fabrice Colin
La chambre ressemble à une porcherie, et en pensant ça je me dis que c'est pas qu'une impression, il y a trop de faisceaux de preuves, comme ils disent dans les séries télés que se tape Clint depuis qu'on s'est installés au Motel de l'Autre Monde - j'invente rien, c'est son enseigne.
D'ailleurs, j'avais tiqué en déchiffrant péniblement les néons qui clignotaient minimum qu'un coup sur deux, en plus, il leur manquait des lettres, les autres grésillaient comme une chaise électrique, à croire que l'autre monde, c'était pas la peine d'aller le chercher bien loin, on était en plein dedans.
Merde ! avait sifflé Sean, on se croirait dans un Stephen King !
J'avais haussé les épaules mais fallait quand même reconnaitre qu'il avait pas franchement tort.