Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Victor Segalen. Mi-roman, mi étude ethnographique, "Les Immémoriaux" sont nés de l'expérience de Segalen dans les îles polynésiennes où il était affecté en qualité de médecin de la marine. Dès son arrivée à Tahiti en janvier 1903, il est d'emblée convaincu que la civilisation polynésienne est menacée de mort par l'influence européenne et par l'insouciance des populations. La vue des tableaux et la lecture des écrits de Paul Gauguin, mort à Hiva-Oa depuis peu, lui font comprendre par l'intérieur ce qu'avait été autrefois la vie sensuelle et joyeuse des Polynésiens ainsi que leur déclin d'hommes "oublieux" de leurs coutumes, de leurs savoirs et de leurs dieux familiers sous la pression politico-religieuses des occidentaux. Son livre soigneusement documenté est composé de trois parties. La première décrit la Tahiti d'avant l'arrivée des missionnaires, la troisième la Tahiti soumise vingt ans plus tard au christianisme triomphant. Entre les deux, la seconde partie est consacrée aux anciens "Dires" locaux et à la question capitale du langage sacré, en prêtant notamment la parole à des récitants maoris. C'est pour Segalen le moyen, d'abord d'exprimer sa profonde révolte contre sa propre éducation morale et religieuse, ensuite de mettre en pratique ses idées sur l'exotisme comme "esthétique du divers".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Pierre Loti. "Pêcheur d'Islande", dont l'action se déroule dans le port de Paimpol, en Bretagne, évoque la vie dangereuse et rude des "islandais" qui, à la fin de chaque hiver, quittent leur foyer pour aller pêcher la morue parmi les brumes et les tempêtes du grand Nord. Gaud, une "demoiselle de la ville", revient dans sa Bretagne natale auprès de son père, un riche commerçant de la région. Elle s'éprend d'un jeune pêcheur, Yann. Caractère indépendant et sauvage, celui-ci ne semble guère répondre à l'amour muet de la jeune fille. La pudeur, la réserve de cette dernière lui interdisent toute démarche propre à trahir ses sentiments. Les mois s'écoulent, monotones, marqués seulement par le départ, puis le retour des pêcheurs. Mais un jour, le père de Gaud vient à mourir, ruiné. Gaud alors, courageusement, se met à gagner sa vie. Et Yann, qui, jugeant la jeune fille trop riche pour être un jour la femme d'un simple pêcheur, n'avait jamais osé se déclarer, ne tarde pas à demander sa main. Le bonheur du jeune couple sera de courte durée: une semaine après son mariage, Yann reprend la mer. Gaud partage désormais l'existence des épouses bretonnes, faite de patience et d'attente. La saison finie, les barques, une à une, rentrent au port. Seule celle de Yann manque à l'appel. Gaud prie et espère longtemps, contre tout espoir. Mais Yann ne reviendra pas. Sur ce thème extrêmement simple, Loti a construit un roman plein d'une singulière puissance d'évocation où la véritable héroïne est la mer. Lui-même marin il sait la rendre toujours présente. Sa technique procède de celle des impressionnistes: elle vise non à reproduire le détail précis, mais à créer une atmosphère. Les paysages (départ des barques de pêche pour l'Islande, rencontre de Yann et de Gaud dans la lande bretonne, tempête en mer, etc.) sont empreints de la poésie la plus prenante et la plus vraie. "Pêcheur d'Islande" passe, à juste titre, pour un des meilleurs romans de Pierre Loti.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon Daudet. Co-fondateur et directeur du quotidien monarchiste "L'Action française", collaborateur entre autres du "Figaro", de "Germinal", du "Gaulois", de la "Libre Parole", satiriste politique, critique littéraire, farouche polémiste, virulent pamphlétaire nationaliste et antidreyfusard, auteur de 130 livres et plus de 9000 articles en 45 ans de journalisme, Léon Daudet s'attache ici à raconter "avec délices" l'engagement dans son métier, son pays et son époque - la France de 1900 à 1930. "L'âme du journalisme, c'est la bonne foi", proclame-t-il avec un rien de féroce ironie.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Eluard. "L'Amour la Poésie", ce "livre sans fin", est dédié à Gala, la compagne de Paul Eluard. Nous retrouvons dans les premiers poèmes du recueil l'inspiration amoureuse qui embrase la fin de "Capitale de la douleur". Mais maintenant, l'amour a exorcisé l'univers, conjuré les puissances malfaisantes et rendu "la confiance dans la durée". Dès lors vivre est possible, tout est possible: "Mes rêves sont au monde / Clairs et perpétuels / Et quand tu n'es pas là / Je rêve que je dors je rêve que je rêve." Apparaissent alors quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour de la poésie française, tel entre autres "Je te l'ai dit". Cependant, cette vision d'un monde transparent suscitée par l'amour, ne saurait, de même que l'amour, être immuable, assurée, possédée définitivement. Aussi le recueil contient-il à côté des clairs poèmes du bonheur nombre d'autres poèmes où le désespoir retrouve son ancienne puissance. Mais, au fond même de l'amertume, le poète reste constamment passionné, conscient de l'urgence qu'il y a à exprimer les révoltes encore muettes: "Entendez-moi / Je parle pour les hommes qui se taisent / Les meilleurs."
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Eluard. "Capitale de la douleur", publié en 1926, contient deux groupes de poèmes déjà publiés sous les titres de "Répétitions" (1922) et "Mourir de ne pas mourir" (1924). Il se termine sur des poèmes plus récents: "Les Petits Justes" et "Nouveaux poèmes". Dans "Répétitions", les domaines du rêve et de la réalité se confondent et se mêlent étroitement. Les mots, les membres de phrases se heurtent, se contredisent et parviennent à faire fleurir d'énigmatiques images. La matière se refuse à toute espèce de définition rationnelle, cohérente, elle n'obéit qu'aux lois mystérieuses de l'inconscient et irradie d'admirables éclairs poétiques. Dans "Mourir de ne pas mourir", les textes expriment la solitude, notamment celle du rêve et du rêveur. Le poète est clos dans son univers onirique, les êtres qui le hantent ne sauraient se dissocier de sa personne, atteindre la réalité objective. Le monde extérieur est inaccueillant, plein de chausse-trapes. Le poème est souvent, aussi, constat d'un malheur immuable, absolu, dans lequel l'homme est muré en tous temps et lieux. Les "Nouveaux poèmes" poursuivent la transcription des aventures intérieures du poète. Paul Éluard sort de sa "saison en enfer", le désespoir qui nourrit "Mourir de ne pas mourir" semble, pour un moment, conjuré. Nous assistons à un défilé d'images superbes et insolites, les textes baignent dans une atmosphère chaude et lumineuse, ont la pureté et l'allégresse d'une "invention du monde". Les derniers poèmes achèvent cette évolution et nous en donnent la clé. Ce sont des poèmes d'amour dans lesquels la femme aimée et exaltée est une médiatrice qui permet au poète de sortir de sa prison intérieure et lui rend la possession du monde.
Texte intégral révisé suivi de "Poésie et Vérité 1942" et d'une biographie de Paul Eluard. "Au rendez-vous allemand" et "Poésie et Vérité 1942", publiés clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, rassemblent les poèmes qui ont été directement inspirés à Paul Eluard par les luttes de la Résistance française. Le sens de "Poésie et Vérité 1942", qui s'ouvre sur le superbe et provocant "Liberté", ne peut guère laisser de doute sur le but poursuivi dans les deux recueils: retrouver sa liberté d'expression pour mieux nuire à l'occupant nazi. "Mais fallait bien que la poésie prît le maquis" écrit le poète. Paul Éluard fut le grand poète de la Résistance. Ses poèmes de combat, simples, directs, bouleversants, sont certainement les plus célèbres de son oeuvre et ceux qui firent le plus pour sa gloire. Selon Claude Roy, "De 1940 à 1944, des millions d'hommes et de femmes ont été véritablement amoureux de la liberté. Ils ont lu et compris "Liberté" comme on lit et comprend une déclaration d'amour".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Marie Bashkirtseff. Commencé en 1873, le "Journal" autobiographique de Marie Bashkirtseff se poursuit jusqu'à sa mort en 1884. Dès les premières pages, on surprend l'extraordinaire vie intérieure de cette enfant de treize ans qui, déjà mûre, aborde avec une simplicité pensive les problèmes les plus graves. Puis le tableau s'enrichit d'instantanés sur son existence de jeune fille cosmopolite belle, riche, libre et courtisée, artiste cultivée à l'esprit vif et brillant, amie des écrivains et des peintres, voyageant partout en Europe. Elle séjourne avant tout à Nice qu'elle adore et décrit admirablement, mais aussi à Rome, Naples, Florence, Paris, Saint-Pétersbourg, etc., entre deux passages au domaine familial de Gavrontsi (Russie). Elle dresse les portraits de ses contemporains et de ses amis, rend compte de ses études et de ses lectures, confie ses révoltes, ses ambitions artistiques, ses rêves de gloire. Elle relate aussi ses histoires sentimentales avec des courtisans qu'elle rejette les uns après les autres. Mais sous ce voile de vie mondaine, apparait cependant une personnalité complexe, ardente et inquiète, où la passion pour l'art revêt la plus grande importance. Phtisique, elle sent déjà qu'elle n'aura pas le temps de mûrir sa recherche. Elle se débat contre l'idée de la mort, ne veut rien perdre de ce que la vie peut donner. Aussi intelligente et lucide qu'ingénue, elle confie à ce journal intime une expérience vécue avec la plus grande fraîcheur d'âme.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Lyman Frank Baum. En 24 chapitres qui sont autant d'aventures, "Le Magicien d'Oz" relate l'histoire de Dorothée, une jeune orpheline qui vit avec son oncle Henry, sa tante Em et son chien Toto dans une petite ferme du Kansas. Un jour, un cyclone inouï balaie la maison où se trouvent la petite fille et son chien. La maison tournoie dans les airs et atterrit le lendemain dans un lieu féérique, le Pays d'Oz. Une fois la surprise passée, Dorothée se met en quête du chemin pour retourner au Kansas. C'est le début d'une série de péripéties où l'héroïne rencontrera diverses créatures fantastiques qui deviendront ses compagnons de route: un Épouvantail, un Bûcheron en fer blanc, un Lion poltron, une Sorcière du Nord et une du Sud, des Arbres combattants, des Singes ailés, une Reine des souris, un Gardien des Portes ou encore des Muntchkinz, des Ouinkiz et des Kouadlingz. Finalement, au coeur de la Cité d'Émeraude, après avoir traversé le Pays de porcelaine, elle tombe sur le Grand Magicien d'Oz dans la Salle du Trône de son palais, mais celui-ci n'est qu'un homme ordinaire sans aucun pouvoir magique, un Charlatan. Avec ce captivant récit humoristique, certes inspiré des traditionnels contes de fées européens comme "Blanche-Neige" des frères Grimm, "La Petite Sirène" d'Andersen ou "Alice au pays des merveilles" de Lewis Carroll, mais à l'origine destiné à ses propres enfants, L. Frank Baum a magistralement renouvelé le genre de la littérature américaine de jeunesse. Publié en 1900, "Le Magicien d'Oz" n'a pris aucune ride et reste encore très agréable à lire pour le public d'aujourd'hui, même adulte. Au fil du temps, il est devenu un grand classique de la littérature pour enfants. Livre culte et best-seller mondial, il a fait l'objet de très nombreuses adaptations au cinéma, au théâtre, à la télévision, en bande dessinée et en comédie musicale. L'auteur a poursuivi la saga littéraire du Pays d'Oz avec 13 suites au roman, et plusieurs écrivains tels entre autres Ruth Plumly Thompson, Jack Snow, Rachel Cosgrove, Dick Martin, Sherwood Smith, Roger Stanton Baum, Philip José Farmer, Gregory Maguire, Stephen King ou Alexander Volkov, ont également publié leurs propres versions du roman.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "Ferragus, chef des Dévorants" est le premier des trois romans de l'"Histoire des Treize", inclus dans les "Scènes de la vie parisienne", "Études de moeurs" de "La Comédie humaine". L'action de "Ferragus" se situe en 1820. Le colonel de Maulincour aime Mme Desmarets. Un jour, il croit découvrir qu'elle rend secrètement visite à un amant. En réalité, elle va voir, en cachette de son mari dont elle ne veut pas compromettre la carrière, son père, Bourignard, ex-forçat, dit "Ferragus", chef de la secte des Dévorants. Celui-ci cherche à supprimer Maulincour, qui parvient à échapper trois fois à la mort avant d'être finalement empoisonné grâce à la complicité des treize membres d'une étrange franc-maçonnerie. Le roman est dédié à Hector Berlioz.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "Massimilla Doni" fait partie des "Études philosophiques" de "La Comédie humaine". Comme dans "Gambara", Balzac dépeint dans ce bref roman une Italie d'avant le Risorgimento, noble, pauvre, plongée dans un monde de rêveries où l'amour et la musique tiennent la première place. L'épouse du duc de Cataneo, Massimilla Doni, qui appartient à une vieille famille florentine, s'éprend d'Emilio Memmi, prince (dépossédé) de Varèse. L'idylle a pour décor les spectacles d'opéra donnés au théâtre de la Fenice à Venise. Massimilla quitte l'Italie pour vivre à Paris avec son amant. Là, le couple fait la connaissance de Paolo Gambara, le musicien réduit à chanter dans les rues avce sa compagne Marianna.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "Gambara" fait partie des "Études philosophiques" de "La Comédie humaine". Andrea Marcosini, jeune comte milanais banni de sa patrie, s'éprend de Marianna, une jeune femme croisée dans la rue. Il la retrouve dans un modeste restaurant pittoresque, accompagnée par son mari, Gambara, un musicien à demi fou, à demi génial. Pour détacher cette femme de son mari, Andrea s'insinue dans la vie des artistes ratés qui composent la clientèle du restaurant en prenant le rôle d'un riche mécène. Il s'aperçoit alors que le musicien invente et construit des instruments sur lesquels les compositions deviennent admirables et les harmonies célestes. Gambara n'accède à son don que lorsqu'il est ivre, aussi Andrea lui fait prendre goût aux meilleurs vins d'Italie, mais ses excès de boisson lui font perdre l'amour de Marianna qui s'enfuit avec Andrea. Six ans plus tard, elle réapparaît, seule, abêtie et vieillie. Ce n'est plus qu'une ruine que recueille Gambara, vieil artiste resté inconnu qui a été contraint de vendre tous ses instruments de musique. Tous deux s'en vont mendier en chantant dans les rues.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "La Vieille Fille" est intégré dans "Les Rivalités", "Scènes de la vie de province" des "Études de moeurs" de "La Comédie humaine". Dans ce court roman, Balzac peint d'abord le portrait d'un curieux personnage, le chevalier de Valois. Vieillard de l'Ancien Régime apparenté aux rois de France, il vit sans fortune à Alençon. Demeuré cependant fort galant, il reçoit la visite de Suzanne, une jeune femme qui prétend qu'il est responsable de la courbure exagérée de sa silhouette. Il renvoie la futée chez Du Bousquier, spéculateur et louche espion politique, qui pourrait être aussi coupable que lui. Ce dernier est très embarrassé car il aspire à la main d'une vieille fille, Mlle Cormon, beauté un peu mûre mais très fortunée et très respectée dans la ville. Balzac s'attache alors à décrire minutieusement la vie de Mlle Cormon, son intérieur, ses réceptions, ses prétendants. Un troisième personnage, M. de Troisville, vient s'installer à Alençon. Aussitôt, toute la ville marie ce militaire à la pauvre vieille fille qui commence à y croire elle-même. Hélas, M. de Troisville est déjà marié et a des enfants. Déçue et effrayée par la perspective d'une vieillesse solitaire, Mlle Cormon se décide à brusquer les choses et épouse Du Bousquier, qui va bientôt la tyranniser. Elle n'éprouve guère les satisfactions qu'elle espérait du mariage. Avec ses descriptions et son analyse aussi profonde que nuancée, "La Vieille Fille" est l'un des tableaux les plus réussis de la vie de province.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "Le Bal de Sceaux" est intégré dans les "Scènes de la vie privée" des "Études de moeurs" de "La Comédie humaine". Le vieux comte de Fontaine, fidèle royaliste héros de la guerre de Vendée, s'emploie auprès de Louis XVIII à restaurer sa fortune, complètement détruite pendant la Révolution. Il organise de bons mariages pour ses trois filles, mais la dernière, Emilie, déclare ne vouloir épouser qu'un pair de France. En se promenant à Sceaux, elle est conquise par la grâce d'un jeune homme, Maximilien Longueville, qui se révèle être noble. Elle est convaincue d'avoir trouvé son idéal. Rentrée à Paris, elle découvre cependant que Maximilien n'est qu'un employé de commerce. Elle rompt. Plus tard, elle le rencontre à un bal à Sceaux. Torturée entre son orgueil et son amour, elle hésite mais finit par renoncer définitivement à lui et se défend de tout repentir en épousant un de ses vieux cousins, l'amiral de Kergarouët. Avec la Révolution de 1830, Maximilien obtient les plus hautes distinctions. Il devient député puis pair de France.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carlo Collodi. Roman-feuilleton pour la jeunesse publié partiellement à Florence dans le "Journal des enfants" en 1878, puis en un volume complet de 36 chapitres en 1883 sous le titre "Les Aventures de Pinocchio, Histoire d'une marionnette". L'histoire nous raconte comment maître Cerise, menuisier, trouve un morceau de bois qui parle, rit et pleure comme un enfant. Il en fait cadeau à son ami Geppetto, qui le prend dans l'intention de fabriquer une marionnette merveilleuse qui saurait danser, faire de l'escrime et exécuter des sauts périlleux. Mais à peine Geppetto a-t-il fini d'ébaucher les yeux et la bouche que déjà ceux-ci s'animent en lui adressant les plus vilaines grimaces. Pinocchio est rempli de bonnes intentions mais ses bonnes intentions ne résistent pas à tous les pièges de la vie lorsqu'on est une marionnette. Au fil des chapitres, il lui arrive de nombreuses mésaventures plus ou moins fantastiques et il commet involontairement de nombreuses gaffes. Particularité: son nez s'allonge lorsqu'il ment. Finalement, un beau matin, il découvre sa propre dépouille en bois, toute désarticulée et pantelante, car il est devenu un vrai petit garçon en chair et en os. "Les Aventures de Pinocchio" ont connu un immense succès dès leur parution et les rééditions n'ont jamais cessé depuis 150 ans. Chef-d'oeuvre mondial de la littérature pour enfants, il a été très souvent adapté au théâtre, à la télévision et au cinéma, entre autres par Walt Disney en 1940 et par Luigi Comencini en 1972. Il faut noter le parallèle entre le Pinocchio de Carlo Collodi et le Peter Pan de J. M. Barrie, autre célèbre personnage aimé des enfants, ainsi que la célèbre image de la marionnette créée par le peintre Attilio Mussino en 1911.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1880, "Nana", suite de "L'Assomoir", constitue le neuvième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Nana, fille de Gervaise et de Coupeau, a fui la terrible misère de sa famille pour vivre sur le trottoir. Sans vrai talent, elle est cependant engagée au Théâtre des Variétés pour son corps, objet de tous les désirs. Elle devient vite l'une des filles galantes les plus en vue du Second Empire, débauchant et croquant les fortunes des fils de famille et des grands bourgeois de Paris. Partie du taudis ouvrier de la Goutte d'Or, elle habite désormais avenue de Villiers un splendide hôtel particulier dont la chambre est un véritable lieu de culte. En juillet 1870, pourrie par la vérole, elle meurt, à dix-neuf ans à peine, dans une chambre du Grand Hôtel de Paris, tandis que résonnent les cris "À Berlin ! À Berlin !". Zola a voulu ici désacraliser le mythe romantique de la fille galante et dire la vérité sur le monde de la prostitution dont il fait une véritable étude sociologique. Au passage, il restitue l'atmosphère du célèbre Théâtre des Variétés, débauché et hypocrite, lieu de toutes les promiscuités, à l'image même de la cour de Napoléon III. Mais "Nana" est aussi et surtout le "poème des désirs du mâle, ce grand levier qui remue le monde".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1874, "La Conquête de Plassans" constitue le quatrième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Le thème de l'usurpation unit les divers sujets développés dans cette remarquable scène de la vie de province. Prêtre bonapartiste, l'abbé Faujas est envoyé à Plassans pour reconquérir la ville passée au légitimisme. Il loge chez le couple Mouret et prend peu à peu possession de l'esprit de la femme. Il parvient à faire enfermer le mari à l'asile des Tulettes puis devient maître la ville. Le roman est une violente satire contre le renouveau clérical et contre l'ordre moral qui sévit en 1874. Zola y dévoile magistralement les machinations et les pouvoirs occultes de l'Église sur les affaires politiques. Les dernières pages du livre frappent le lecteur: Mouret s'échappe de l'asile, cherche à étrangler Faujas, met le feu à la maison et roule avec lui dans l'escalier embrasé tandis que les voisins contemplent le drame grandiose qui se déroule sous leurs yeux.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1873, "Le Ventre de Paris" constitue le troisième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Le récit se déroule dans les Halles de Paris nouvellement construites par Victor Baltard. Florent, rêveur inoffensif, arrêté par erreur au lendemain du coup d'État du 2 décembre 1851, est déporté au bagne de Cayenne. Il parvient à s'évader et revient à Paris. Sur les injonctions du charcutier Quenu, mari de Lisa Macquart, il remplace un employé au pavillon de la marée. Il est mal à l'aise au milieu de ce temple de la nourriture. Le soir, il anime une petite société secrète préparant naïvement une insurrection contre le régime de Napoléon III. Dénoncé par les "gras" des Halles, il est de nouveau arrêté et renvoyé à Cayenne. À côté de la mise en accusation de l'ordre moral des "honnêtes gens", "Le Ventre de Paris" vaut aussi pour ses évocations d'un quartier complètement transformé par les travaux du baron Haussmann et l'architecture de verre et de fer des pavillons Baltard. Zola s'y révèle un grand peintre de Paris et de la modernité.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1871, "La Fortune des Rougon" constitue le premier volume du cycle des "Rougon-Macquart". C'est le roman des origines de la famille, dont le berceau est Plassans, et des origines du régime impérial au moment du coup d'État du 2 décembre 1851 par lequel Louis-Napoléon Bonaparte s'empare du pouvoir. Le récit est nourri des années passées par Émile Zola à Aix-en-Provence, ville qui sert ici de modèle à Plassans, avec ses rancoeurs contre cette petite ville bourgeoise et conservatrice et ses émois d'adolescent. On y découvre Adélaïde Fouque, hystérique fille de riches maraîchers des faubourgs, épousant d'abord un Rougon, paysan mal dégrossi dont elle a un fils, Pierre, puis très vite veuve qui prend pour amant en 1789 un braconnier, "ce gueux de Macquart". Elle donne naissance à deux bâtards, Antoine et Ursule, à la lourde hérédité. Pierre s'empare des biens de sa mère, spoliant ses demi-frère et soeur, première étape de l'ascension de la famille dans la société de l'époque. Image symbolique de la prise du pouvoir par une classe sociale, mais aussi du détournement des acquis de la Révolution. À travers la bande grotesque de ces premiers Rougon-Macquart, c'est la clique de Napoléon III qui est visée par l'écrivain. En contrepoint de ce récit grinçant, se développe cependant une belle histoire d'amour et de mort entre Miette et Silvère, "deux grands enfants avides d'amour et de liberté".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1882, "Pot-Bouille" constitue le dixième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Le récit se déroule presque entièrement à l'intérieur d'une maison bourgeoise nouvellement bâtie rue de Choiseul à Paris. Zola en fait le symbole de la petite bourgeoisie dont il entreprend la satire: belle façade, vestibule luxueux, belles portes, mais derrière les apparences: le pot-bouille, une cuisine quotidienne plus que louche, et une arrière-cour où les bonnes déversent les révélations sur leurs maîtres en même temps que les détritus. Octave Mouret, jeune homme tout juste arrivé de son Midi natal, y loue une chambre de bonne et découvre peu à peu l'immeuble où tout n'est que ménage à trois, couples désunis, adultères, luttes féroces autour d'héritages, misère morale ou matérielle cachée, lamentables liaisons et conduites honteuses des notables les plus respectables. "Pot-Bouille" est un véritable règlement de compte après les scandales soulevés dans la bonne société par "L'Assomoir" et "Nana".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1876, "Son excellence Eugène Rougon" constitue le sixième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Empereur et cour impériale, ministres, députés, clans,... le roman a pour cadre le monde politique du Second Empire. Il donne à voir le pouvoir dans ses actes officiels comme dans ses arcanes et ses intrigues. Au centre de ce monde, Eugène Rougon, le fils de Pierre et Félicité, qui monte au sommet du pouvoir. Homme chaste qui a peur des femmes, il se heurte à une belle aventurière, Clorinde, aussi ambitieuse que lui et qui cherche à l'épouser. Il la marie à un de ses obligés. Clorinde ne rêve alors plus que de vengeance. Elle devient la maîtresse de l'Empereur et fait nommer son mari ministre de l'Intérieur à la place de Rougon. Inspiré par des personnages et des faits réels, "Son excellence Eugène Rougon" s'attache à étudier l'homme de pouvoir, les mécanismes de la dictature policière et la collusion entre le monde des affaires et de la politique.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1891, "L'Argent" constitue le dix-huitième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Éloigné de Paris depuis plusieurs mois, Saccard, le spéculateur de "La Curée", revient dans la capitale, bien décidé à refaire fortune à la Bourse. Il fonde la Banque Universelle et monte au sommet de la puissance et de la gloire dans le Paris de l'exposition universelle de 1867. Il mène alors une terrible bataille contre le banquier juif Gundermann qui finit par l'emporter. Par sa faillite, Saccard ruine des milliers de petits épargnants. Condamné, il fuit en Belgique. Zola s'inspire de l'aventure du catholique Bontoux et de sa lutte contre les Rothschild lors du krach de sa banque, l'Union Générale. Il pénètre les mécanismes de la Bourse, opposant à la richesse d'hier, la fortune domaniale, la forme moderne de la spéculation usant de cet argent "qui pénètre partout", à la fois corrupteur, destructeur et sang vivifiant nécessaire au progrès.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1893, "Le Docteur Pascal" constitue le vingtième volume du cycle des "Rougon-Macquart". Ce dernier roman de la série clôt l'histoire de la famille. Le fils de Pierre et Félicité Macquart, médecin à Plassans, a recueilli chez lui Clotilde, la fille de son frère, alors qu'elle avait à peine sept ans. Biologiste dont le renom est inconnu dans la ville où il est le médecin des pauvres, Pascal poursuit des recherches sur l'hérédité. Sa famille, avec laquelle il n'a pas d'affinités, est son sujet d'étude privilégié. Elle lui offre en raccourci l'histoire de l'humanité. Clotilde, endoctrinée par sa grand-mère, traverse une crise de mysticisme. Elle tente de détruire les recherches sur sa famille mais le docteur Pascal la surprend et lui explique le sens de son travail. L'oeuvre devient alors un vaste résumé et commentaire de l'ensemble de la fresque d'Émile Zola. Finalement séduite par ces recherches sur les lois de la vie, Clotilde délaisse l'église pour aider son oncle et devient sa maîtresse. Le docteur Pascal meurt. Elle met au monde un fils. Le livre et la fresque se terminent sur une image d'espoir, celle d'une jeune mère allaitant son enfant.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1877, "L'Assomoir" constitue le septième volume du cycle des "Rougon-Macquart". C'est le roman qui a fait d'Émile Zola le chef de file de l'école naturaliste. L'intrigue se déroule dans le quartier populaire de la Goutte d'Or, qui n'était à l'époque pas encore rattaché à la ville de Paris. Gervaise, la fille d'Antoine Macquart, a quitté Plassans avec son amant, Auguste Lantier, un ouvrier chapelier, et leurs deux enfants. Ils logent dans un misérable meublé. Lantier abandonne bientôt sa famille, emportant ce qui reste de leurs maigres économies. Courageuse, Gervaise travaille alors comme blanchisseuse. Elle épouse un ouvrier zingueur, Coupeau, et donne naissance à une fille. Mais Coupeau se casse la jambe en tombant d'un toit où il travaille. Gervaise le soigne, dépensant les économies du ménage. Il devient paresseux et se met à boire. Elle parvient cependant, grâce à son voisin qui est amoureux d'elle, à acheter une petite blanchisserie qui devient prospère. Lantier revient et s'installe chez le couple, les deux hommes vivant du travail de Gervaise. Perdant son courage, celle-ci se laisse aussi aller à la paresse, à la gourmandisme et à l'alcoolisme. Elle doit abandonner sa boutique et son foyer. Sa déchéance morale s'accompagne d'une déchéance physique. Réduite à dormir dans une niche sous un escalier, on la retrouve morte de faim et de misère. Coupeau meurt lui aussi, dans une crise de delirium tremens. OEuvre de pitié, "L'Assomoir" est surtout une oeuvre de vérité: "le premier roman sur le peuple ayant l'odeur du peuple".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Zola. Publié en 1887, "La Terre" constitue le quinzième volume du cycle des "Rougon-Macquart". L'intrigue se déroule dans un village de la Beauce, Rognes. Zola y peint la vie et le travail des paysans, ce "duel terrible et de chaque jour" avec la terre qui est aussi une passion. Passion qui, à travers la famille Fouan, va jusqu'au crime. Contre cette oeuvre violente et provocatrice par ses outrances, notamment sa manière de montrer sans fard le désir et l'acte sexuel des paysans dans leur réalité brutale (inceste, viol,...), plusieurs auteurs de l'époque dont Edmond de Goncourt et Alphonse Daudet, écrivirent un manifeste injurieux contre Zola, le "Manifeste des Cinq". "La Terre" contient pourtant des pages magnifiques sur le grand cycle des saisons, l'alternance de la vie et de la mort et l'effort du paysan pour posséder cette terre qu'il aime comme une maîtresse.