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Republique des Lettres
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Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
- République des Lettres
- 10 August 2024
- 9782824907765
Écrite en 1940, publiée à titre posthume en 1950, cette brève "Note sur la suppression générale des partis politiques" offre une analyse politique pénétrante de Simone Weil sur les partis politiques. Pour l'auteure de "La Condition ouvrière", les partis politiques sont d'abord des machines à fabriquer des passions collectives, ce qui ne répond pas au besoin de démocratie qui doit dépendre avant tout de la volonté humaine. Leur véritable objectif, mortifère pour le bien commun sous couvert d'une illusion démocratique, est de générer sans limite leur propre croissance en aliénant la raison de leurs membres. «La tendance des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre», affirme-t-elle. Elle suggère la mise en place d'un autre système d'organisation, fondé sur des revues et des groupes d'écriture, sans candidats à présenter aux élections. Les mérites de ce point de vue radical ont été défendus entre autres par André Breton pour qui ce pamphlet relève d'une nécessaire «entreprise de désabusement collectif». Le texte est suivi d'une biographie de Simone Weil.
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"Traité de la vie élégante" fait partie des essais de "Pathologie de la vie sociale" inclus dans les "Études analytiques" de "La Comédie humaine". Dans ce petit guide mi-railleur mi-sceptique pour aspirants au dandysme, Balzac entend établir une véritable esthétique de la vie mondaine. Avec une rigueur toute philosophique, il y divise le corps social en trois types d'individus: le travailleur, le penseur et le glandeur, correspondant chacun à une forme vie: la vie occupée, la vie d'artiste et la vie élégante. Pour lui, qui mit quelque temps en pratique les principes qu'il expose ici, seule la dernière est digne d'être vécue. Définitions, subtiles distinctions, aphorismes et maximes abondent dans ce texte, suivi ici d'une biographie de Balzac et d'un dossier sur "La Comédie humaine".
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"Traité des excitants modernes" fait partie des essais de "Pathologie de la vie sociale" inclus dans les "Études analytiques" de "La Comédie humaine". Publié en appendice à une édition de la "Physiologie du goût" de Brillat-Savarin, ce petit traité étudie cinq susbstances: l'alcool, le sucre, le thé, le tabac et le café, analysant aussi bien leurs effets sur l'organisme humain - et donc leur potentiel pouvoir à changer le monde - que le développement de leur usage dans l'Europe des 18e et 19e siècle. Balzac étant lui-même consommateur immodéré de café, il livre aussi quelques critiques sur l'addiction à ces produits. Le texte est suivi d'une biographie de Balzac et d'un dossier sur "La Comédie humaine".
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Tragédie en cinq actes écrite vers 1606 et imprimée en 1623, "Macbeth" raconte l'histoire de Macbeth, général de Duncan, roi d'Écosse. Revenant avec le général Banquo d'une campagne victorieuse contre des rebelles, il rencontre sur une lande trois sorcières. Celles-ci prophétisent que Macbeth deviendra roi et que Banquo engendrera des rois. Poussé par son épouse machiavélique, Macbeth assassine alors Duncan pendant son sommeil afin de s'emparer de la couronne. Il tente ensuite de tuer Banquo et son fils, Fléance, mais ce dernier parvient à s'enfuir. Poursuivi par le spectre de Banquo, Macbeth consulte les sorcières qui lui disent de se méfier de Macduff, un noble écossais qui s'unit à Malcolm, fils de Duncan, pour lever une armée. Lady Macbeth perd bientôt la raison et meurt. Macbeth est tué par Macduff. Malcolm devient roi. La prophétie est accomplie. Intrigues, trahisons et meurtres se succèdent dans cette célèbre «histoire pleine de bruit et de fureur, contée par un idiot, et qui ne veut rien dire.»
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L'étrange cas du Dr. Jekyll et de M. Hyde
Robert Louis Stevenson
- République des Lettres
- 15 April 2024
- 9782824907727
Le célèbre docteur Jekyll pense qu'en tout individu cohabitent deux êtres, l'un bon, l'autre mauvais. Il cherche et trouve le moyen de les dédoubler physiquement. Grâce à une potion chimique, il peut à son gré devenir tantôt l'un tantôt l'autre de ces deux «moi». Il prend d'extrêmes précautions pour que son entourage ne découvre pas qu'il se transforme la nuit tombée en un monstre hideux, Mr Hyde, qui attaque les passants dans les rues sordides de Londres. Mais son secret est découvert par son notaire qui force bientôt la porte de son cabinet. La potion est devenue inefficace et Jekyll-Hyde, incapable de reprendre son «moi» naturel de brave homme, choisit alors de se donner la mort. "L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde" est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature d'épouvante.
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Une comète s'abat dans la région de Londres. Il ne s'agit pas d'un météorite, mais d'un gigantesque vaisseau extra-terrestre où l'on constate des signes de vie. Une dizaine d'engins semblables ont été lancés de Mars sur la Terre. Une délégation de terriens est alors envoyée pour communiquer avec les martiens mais elle est décimée par un puissant rayon laser. L'armée se mobilise contre les tripodes tentaculaires qui sortent des vaisseaux et détruisent tout sur leur passage. La population fuit, impitoyablement poursuivie par les machines de guerre. À Londres, la panique règne. Le narrateur se réfugie plusieurs jours dans la cave d'un pavillon de banlieue avec un pasteur qui perd bientôt la raison. Il parvient à sortir de la ville et monte sur une colline d'où il découvre alors que les martiens meurent, infectés par les microbes de notre planète. La nouvelle de la délivrance se répand. Ce célèbre roman d'anticipation d'H. G. Wells, à l'atmosphère aussi horrifiante que pessimiste sur l'avenir de l'humanité malgré la défaite finale des envahisseurs, a été adapté à de nombreuses reprises au cinéma.
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Par une claire matinée de juin 1923, Clarissa Dalloway sort de chez elle pour acheter des fleurs. Elle en profite pour effectuer une promenade à travers Londres. Virginia Woolf l'accompagne, recueillant les images qui s'offrent à ses yeux, les pensées et les sentiments qui la traversent. L'esprit de Clarissa est empli de l'image de Peter Walsh, un ami d'enfance qu'elle avait rêvé d'épouser, de son mari Richard, de son amie Elisabeth, de Sally devenue mère de cinq enfants,... Les impressions et les souvenirs affluent. Le récit se développe, allant du passé au présent, entremêlant l'un à l'autre, Virginia Woolf déroulant son roman comme une composition musicale en mettant à profit l'expérience littéraire novatrice de James Joyce. Dans la soirée, les personnes à qui Mrs Dalloway a pensé sont présentes à la petite fête qu'elle organise chez elle.
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Al Capone arrive en 1893 à New York et ne tarde pas à faire partie des bandes de jeunes voyous de Brooklyn. Au cours d'une bagarre, il récolte sa célèbre balafre (d'où son surnom de «Scarface») puis construit un véritable empire dans le crime organisé. À la faveur de la prohibition, il devient l'un des chefs les plus redoutés de la mafia de Chicago, contrôle tous les trafics (alcool, jeux, prostitution, drogues, courses, rackets,...), corrompt et manipule politiciens, magistrats, policiers et journalistes. Accusé plusieurs fois de meurtres, il n'est jamais condamné mais finit par tomber en 1931 pour fraude fiscale grâce aux enquêtes des incorruptibles Eliot Ness et Frank J. Wilson. Il écope de 17 années de prison dont 11 ferme. Incarcéré en 1934, il purge une partie de sa peine au pénitencier d'Alcatraz. Libéré sous conditions en 1939, il termine sa vie en paisible retraité, toutefois gravement syphilitique, et meurt en 1947 dans sa luxueuse propriété de Miami Beach. Si on est aujourd'hui abondamment documenté sur ses années criminelles, on connaît moins les "Mémoires" qu'il a fait publier avant de mourir, tout comme un chef d'Etat ou un écrivain célèbre. "Ma vie" en est le récit, rédigé d'abord sous forme d'entretiens publiés dans la presse avant d'être rassemblés en volume. Pas toujours fidèle à la réalité biographique mais précurseur de la légende, cet autoportrait du plus célèbre gangster d'Amérique se lit comme un polar.
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Discours sur les sciences et les arts
Jean-Jacques Rousseau
- République des Lettres
- 17 March 2024
- 9782824907680
Le "Discours sur les sciences et les arts", publié en 1751, est l'occasion pour Jean-Jacques Rousseau d'exposer ses idées sur l'homme et la société. Il y développe déjà la base de toute son oeuvre future, à savoir: la nature avait fait l'homme bon, la société l'a fait méchant; l'homme était libre et heureux, la société le rend esclave et misérable. La tare de la société est l'inégalité. Plus l'état social est avancé, plus il est corrompu.
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Virginia Woolf raconte ici ce qui arrive à Jacob, d'abord pendant son enfance, puis à l'université de Cambridge, pendant sa vie adulte à Londres, puis sa disparition pendant la première Guerre mondiale, laissant au final une chambre vide. Il n'y a pas d'action, pas de trame, pas de scènes, mais une simple présence de Jacob au sein de la société anglaise de son temps. Ce sont ses connaissances, ses amis, les femmes qui l'ont connu, telles la sage Clara et la délurée Florinda, qui le décrivent sous leurs différents points de vue. Le récit agit comme une sorte de jeu musical subtil, parfois fébrile, toujours d'une complexité raffinée, entre la personnalité intime de Jacob et la réalité du monde.
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Tout le monde connaît Sappho mais ce n'est pas l'unique poétesse lesbienne antique. Renée Vivien nous présente dans "Les Kitharèdes" d'autres auteures à l'identité féminine rayonnante, rassemblant et traduisant du grec les fragments retrouvés des oeuvres amoureuses de Korinna (Corinne De Tanagre, célébrée dans "Corinne ou l'Italie" de Germaine de Staël), Myrtis (poétesse lyrique qui s'affirma en joutes poétiques devant Pindare), Télésilla (héroïne guerrière), Érinna (dont les strophes sont comparées aux chants d'Homère), Nossis (disciple de Sappho), Praxilla (auteure de chansons à boire), Damophyla de Pamphylie (qui ouvrit une école de poésie pour filles), Anyta (une «Homère féminine» nommée parfois Anyté De Tégée ou Anyta De Mytilène) et Moïrô (poétesse byzantine rangée par Antipatros de Thessalonique parmi les neuf muses terrestres). Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar et de nombreuses autres écrivaines contemporaines, ont loué cette anthologie qui marque une étape importante dans l'histoire de la poésie et du féminisme.
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"Mourir" raconte la lente agonie et la mort de Félix, un jeune phtisique qui n'a près de lui que sa maîtresse, Marie. Apprenant qu'il ne lui reste plus qu'un an à vivre, il tente d'abord de faire face stoïquement mais il jalouse de plus en plus la santé et la jeunesse de Marie. Il ne conçoit bientôt d'accepter sa mort que si Marie l'accompagne jusqu'au bout. Sincèrement désespérée, totalement bouleversée, elle jure de l'aimer «à en mourir». Mais au fur et à mesure qu'approche l'issue fatale, elle réalise qu'elle aime trop la vie pour se sacrifier à son compagnon. Elle l'aime et le soigne avec dévouement mais elle est déchirée par ce cruel et impossible choix entre l'amour et la mort. À travers ce court roman sans pathos, dépouillé de tout motif sentimental et de toute portée moralisante, au ton de sobre et lucide objectivité, Schnitzler nous montre l'évolution de la relation entre Marie et Félix, nous révèlant par là-même toute la profondeur de la faiblesse humaine devant la mort.
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Vie des formes ; Eloge de la main
Henri Focillon
- République des Lettres
- 7 January 2024
- 9782824907642
Dans cet essai majeur d'histoire de l'art, Henri Focillon développe dans une grande clarté une interprétation personnelle et non schématique de la «pure visibilité», synthétisant l'héritage de l'école historique et les découvertes bergsoniennes sur l'évolution et l'élan vital appliquées à l'esthétique. En cinq chapitres: «Le monde des formes», «Les formes dans l'espace», «Les formes dans la matière», «Les formes dans l'esprit» et «Les formes dans le temps», il rejette l'opposition scolaire entre «fond» et «forme» et met en évidence que la forme s'identifie à la pensée même de l'artiste. L'étude des formes est selon lui indissociable de l'étude des styles. Qu'elle soit de Piranèse, Hokusai ou Rodin, il part toujours de la réalité de l'oeuvre d'art et privilégie l'expérience esthétique de chaque oeuvre dans sa forme singulière, avec ses données matérielles, spatiales, temporelles, visuelles et mentales autonomes, plutôt que sa signification. Cette édition est complétée d'un "Éloge de la main" où il montre que le geste créateur de la main de l'homme, en exerçant une action sur la vie intérieure, transfigure la forme tout en métamorphosant la matière.
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Jay Gatsby - en réalité James Gatz - jeune américain ambitieux issu d'un milieu modeste, est un aventurier romanesque. Sorti major de la guerre de 1917-18, il devient bootlegger riche et puissant, mais il est quelque peu mélancolique et sa personnalité reste mystérieuse aux yeux de tous. «Je crois, murmure une jeune femme, qu'il a tué un homme...» Dans sa luxueuse propriété de Long Island où il reçoit toute la haute société de New York, il donne des fêtes éblouissantes. Au zénith de sa magnificence, il meurt assassiné par un arrogant milliardaire dont il courtise la femme. "Gatsby le Magnifique" est la satire mordante d'une certaine société américaine aussi riche que méprisante. On y retrouve toute l'amertume de l'auteur qui a essuyé son mépris et fut, après la Première Guerre mondiale, le porte-parole de la génération perdue des «roaring twenties».
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«Écrire l'histoire de Marie-Antoinette, c'est reprendre un procès plus que séculaire, où accusateurs et défenseurs se contredisent avec violence. Le ton passionné de la discussion vient des accusateurs. Pour atteindre la royauté, la Révolution devait attaquer la reine, et dans la reine la femme. Or, la vérité et la politique habitent rarement sous le même toit, et là où l'on veut dessiner une figure avec l'intention de plaire à la multitude, il y a peu de justice à attendre des serviteurs complaisants de l'opinion publique. On n'épargna à Marie-Antoinette aucune calomnie, on usa de tous les moyens pour la conduire à la guillotine; journaux, brochures, livres attribuèrent sans hésitation à la «louve autrichienne» tous les vices, toutes les dépravations morales, toutes les perversités; dans l'asile même de la justice, au tribunal, le procureur général compara pathétiquement la «veuve Capet» aux débauchées les plus célèbres de l'Histoire, à Messaline, Agrippine et Frédégonde.» - Stefan Zweig.
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Mitia, un étudiant moscovite, est éperdument amoureux de la ravissante Katia. Celle-ci, qu'amuse la gaucherie du garçon, fréquente un milieu d'artistes bien supérieurs à Mitia et souffre de sa jalousie qui empoisonne leurs relations. Pour échapper à sa jalousie maladive, Mitia retourne dans le village de son enfance mais son obsession ne fait que grandir. L'image de Katia ne lui laisse aucun répit, même lorsqu'il a une aventure éphémère avec une villageoise. Une lettre de rupture définitive de Katia le pousse au suicide. Le roman ne s'attarde pas sur l'intrigue mais sur le complet anéantissement de l'âme de Mitia par la jalousie, véritable démon qui lorsqu'il effleure un être, ne l'abandonne qu'après l'avoir terrassé. La figure de Katia suggère elle l'indéfinissable mystère de l'amour.
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Romancière «fin de siècle» associée à toute la vie littéraire de son temps, Rachilde traite ici de façon bouleversante le thème de la solitude à travers l'histoire sulfureuse de deux gardiens de phare: le vieux Mathurin Barnabas et le jeune Jean Maleux qui vient l'aider. Leur phare, c'est le phare d'Ar-men, le plus haut des phares bretons. La mer alentour, au rythme de laquelle oscille la construction, ne se fait jamais oublier. Rachilde raconte la prise de possession de Jean Maleux par ce phare qui exsude un démon de la solitude au pouvoir dissolvant. Dans cette ambiance confinée et morbide, il découvre le pitoyable secret de Barnabas. Le vieux gardien de phare voue en effet un culte aux femmes noyées lors des tempêtes et les guette pour pouvoir les aimer. Une sorte d'entente muette s'établit entre les deux hommes jusqu'à la mort de Barnabas.
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Inspirée à Rachilde par un texte de Grégoire de Tours, "Le Meneur de louves" est une légende qui mêle à la profondeur d'une pensée chrétienne la verve, la truculence et la grâce naïve des grandes épopées médiévales. Un berger, Harog, après avoir bravement délivré Poitiers d'un loup qui y répand la terreur, retrouve une jeune fille qu'il avait connu enfant, Basine. Celle-ci ne répondant pas à son désir, il la quitte et cherche dans la guerre un apaisement à son amour déçu. De son côté, Basine, dans son couvent, se dit fille du roi Chilpéric et reine de Neustrie, réclamant les égards dus à son rang. Se considérant comme recluse, elle s'enfuit pour aller se plaindre à la reine Chrodielde. L'évêque Gundégisil de Bordeaux la ramène à la raison. Rentrant enfin dans le devoir, Basine s'humilie devant l'abbesse qui lui pardonne d'avoir violé les règles, cependant qu'Harog est tué en pénètrant dans le couvent pour délivrer la jeune fille. Basine part alors au hasard, et nul ne sait ce qu'il advint d'elle.
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Érasme : Grandeur et décadence d'une idée
Stefan Zweig
- République des Lettres
- 2 January 2024
- 9782824903972
"Érasme, Grandeur et décadence d'une idée" est d'abord une biographie historique du plus célèbre des humanistes de la République des Lettres, que Stefan Zweig suit depuis sa jeunesse jusqu'à sa mort. Mais plus que le récit linéaire d'une vie, ce qui l'intéresse, c'est de mettre en lumière les idées, la mission d'Érasme, ce qu'il appelle son «legs spirituel»: un idéal de tolérance qui s'oppose au fanatisme sous toutes ses formes, religieux, national ou philosophique. A travers Érasme, c'est la Renaissance qu'il évoque, et aussi la Réforme, formidables bouleversements dans l'histoire des idées. Mais surtout, en 1935, quand ce livre sort en français, Stefan Zweig vit en exil à Londres, et il voit se profiler sur son pays, l'Autriche, puis sur toute l'Europe, la menace du cataclysme qui, déclenché par Hitler, ne va pas tarder à s'abattre. Sa méditation sur l'humanisme d'Érasme vaincu par le fanatisme de Luther prend alors toute sa force et sa dimension tragique. Achevant son livre, l'écrivain, voulant une dernière fois croire en la raison et en la justice, écrivait: «Ils seront toujours nécessaires ceux qui indiquent aux peuples ce qui les rapproche par-delà ce qui les divise et qui renouvellent dans le coeur des hommes la croyance en une plus haute humanité.»
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"La Construction de la Tour de Babel" est un brillant essai littéraire de l'écrivain espagnol Juan Benet (1927-1993), auteur de "L'Air d'un crime" et traducteur de William Faulkner, mais aussi ingénieur des Ponts et Chaussées de profession. Dans son style aussi exubérant que complexe, aussi scientifique que poétique, il y analyse l'énigmatique tableau de Pieter Brueghel l'Ancien, "La Tour de Babel" (1563), sous toutes ses facettes historiques, mythologiques, linguistiques, architecturales et picturales. Le texte est accompagné de onze dessins de l'auteur. Quatre autres essais complètent ce volume: "Sur la nécessité de la trahison", "Trois dates (La Guerre civile espagnole)", "Picaresque et Non sens" et "Les limites de la littérature médiévale".
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Quatre portraits d'écrivains et d'amis - Caneja Juan Manuel, Signe de Baroja, Le Madrid d'Eloy, Luis Martin-Santos, un memento - qui dessinent autant de figures de Madrid. Juan Benet, qui a grandi dans un Madrid familial et provincial d'un demi-million d'habitants à peine, un Madrid qui était encore chemin de transhumance dans les années 1950, partagé entre la peur et la pénurie, offre dans ces pages, par le biais d'une observation sagace, d'un art nuancé du portrait, d'une interprétation littéraire perspicace ou d'anecdotes pittoresques, le panorama nostalgique de ces années sombres où commençaient à briller quelques lueurs d'espoir.
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«Le mystère qui entoure la vie de Marie Stuart a été l'objet de représentations et d'interprétations aussi contradictoires que fréquentes: il n'existe peut-être pas d'autre femme qui ait été peinte sous des traits aussi différents, tantôt comme une criminelle, tantôt comme une martyre, tantôt comme une folle intrigante, ou bien encore comme une sainte. [...] Marie Stuart appartient à ce type de femmes très rares et captivantes dont la capacité de vie réelle est concentrée dans un espace de temps très court, dont l'épanouissement est éphémère mais puissant, qui ne dépensent pas leur vie tout au long de leur existence, mais dans le cadre étroit et brûlant d'une passion unique. Jusqu'à vingt-trois ans son âme respire le calme et la quiétude; après sa vingt-cinquième année elle ne vibrera plus une seule fois intensément; mais entre ces deux périodes un ouragan la soulève et d'une destinée ordinaire naît soudain une tragédie aux dimensions antiques, aussi grande et aussi forte peut-être que l'Orestie.» - Stefan Zweig
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«Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas des hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l'emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, - ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés. Si donc, réellement, comme le disait déjà Napoléon, la politique est devenue « la fatalité moderne », nous voudrions essayer, pour nous défendre, de découvrir les hommes qu'on trouve derrière cette puissance et ainsi le redoutable secret de leur pouvoir. Je présente donc l'histoire de Joseph Fouché comme une utile et très actuelle contribution à la psychologie de l'homme politique.» - Stefan Zweig
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«Entre tous les exploits des hardis conquistadores, celui qui fit la plus forte impression sur moi fut le voyage de Ferdinand Magellan, qui partit de Séville avec cinq pauvres cotres pour faire le tour de la terre - la plus magnifique odyssée, peut-être, de l'histoire de l'humanité que ce voyage de deux cent soixante-cinq hommes décidés dont dix-huit seulement revinrent sur un des bâtiments en ruines, mais avec la flamme de la victoire flottant au sommet du grand mât. [...] En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d'après les documents qu'il m'a été donné de rassembler, j'ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j'aurais inventée, d'exprimer l'un des plus grands rêves de l'humanité. Car il n'y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l'histoire, il y a toujours, parce qu'ils s'élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d'incompréhensible; mais ce n'est que grâce aux exploits incroyables qu'elle accomplit que l'humanité retrouve sa foi en soi.» - Stefan Zweig