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Republique des Lettres
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Marie-Antoinette
Stefan Zweig
- République des lettres
- Les Cahiers Rouges
- 2 January 2024
- 9782824905822
«Écrire l'histoire de Marie-Antoinette, c'est reprendre un procès plus que séculaire, où accusateurs et défenseurs se contredisent avec violence. Le ton passionné de la discussion vient des accusateurs. Pour atteindre la royauté, la Révolution devait attaquer la reine, et dans la reine la femme. Or, la vérité et la politique habitent rarement sous le même toit, et là où l'on veut dessiner une figure avec l'intention de plaire à la multitude, il y a peu de justice à attendre des serviteurs complaisants de l'opinion publique. On n'épargna à Marie-Antoinette aucune calomnie, on usa de tous les moyens pour la conduire à la guillotine; journaux, brochures, livres attribuèrent sans hésitation à la «louve autrichienne» tous les vices, toutes les dépravations morales, toutes les perversités; dans l'asile même de la justice, au tribunal, le procureur général compara pathétiquement la «veuve Capet» aux débauchées les plus célèbres de l'Histoire, à Messaline, Agrippine et Frédégonde.» - Stefan Zweig.
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«Le mystère qui entoure la vie de Marie Stuart a été l'objet de représentations et d'interprétations aussi contradictoires que fréquentes: il n'existe peut-être pas d'autre femme qui ait été peinte sous des traits aussi différents, tantôt comme une criminelle, tantôt comme une martyre, tantôt comme une folle intrigante, ou bien encore comme une sainte. [...] Marie Stuart appartient à ce type de femmes très rares et captivantes dont la capacité de vie réelle est concentrée dans un espace de temps très court, dont l'épanouissement est éphémère mais puissant, qui ne dépensent pas leur vie tout au long de leur existence, mais dans le cadre étroit et brûlant d'une passion unique. Jusqu'à vingt-trois ans son âme respire le calme et la quiétude; après sa vingt-cinquième année elle ne vibrera plus une seule fois intensément; mais entre ces deux périodes un ouragan la soulève et d'une destinée ordinaire naît soudain une tragédie aux dimensions antiques, aussi grande et aussi forte peut-être que l'Orestie.» - Stefan Zweig
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Erasme - grandeur et decadence d'une idee
Stefan Zweig
- République des lettres
- 2 January 2024
- 9782824903972
"Érasme, Grandeur et décadence d'une idée" est d'abord une biographie historique du plus célèbre des humanistes de la République des Lettres, que Stefan Zweig suit depuis sa jeunesse jusqu'à sa mort. Mais plus que le récit linéaire d'une vie, ce qui l'intéresse, c'est de mettre en lumière les idées, la mission d'Érasme, ce qu'il appelle son «legs spirituel»: un idéal de tolérance qui s'oppose au fanatisme sous toutes ses formes, religieux, national ou philosophique. A travers Érasme, c'est la Renaissance qu'il évoque, et aussi la Réforme, formidables bouleversements dans l'histoire des idées. Mais surtout, en 1935, quand ce livre sort en français, Stefan Zweig vit en exil à Londres, et il voit se profiler sur son pays, l'Autriche, puis sur toute l'Europe, la menace du cataclysme qui, déclenché par Hitler, ne va pas tarder à s'abattre. Sa méditation sur l'humanisme d'Érasme vaincu par le fanatisme de Luther prend alors toute sa force et sa dimension tragique. Achevant son livre, l'écrivain, voulant une dernière fois croire en la raison et en la justice, écrivait: «Ils seront toujours nécessaires ceux qui indiquent aux peuples ce qui les rapproche par-delà ce qui les divise et qui renouvellent dans le coeur des hommes la croyance en une plus haute humanité.»
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Inspirée à Rachilde par un texte de Grégoire de Tours, "Le Meneur de louves" est une légende qui mêle à la profondeur d'une pensée chrétienne la verve, la truculence et la grâce naïve des grandes épopées médiévales. Un berger, Harog, après avoir bravement délivré Poitiers d'un loup qui y répand la terreur, retrouve une jeune fille qu'il avait connu enfant, Basine. Celle-ci ne répondant pas à son désir, il la quitte et cherche dans la guerre un apaisement à son amour déçu. De son côté, Basine, dans son couvent, se dit fille du roi Chilpéric et reine de Neustrie, réclamant les égards dus à son rang. Se considérant comme recluse, elle s'enfuit pour aller se plaindre à la reine Chrodielde. L'évêque Gundégisil de Bordeaux la ramène à la raison. Rentrant enfin dans le devoir, Basine s'humilie devant l'abbesse qui lui pardonne d'avoir violé les règles, cependant qu'Harog est tué en pénètrant dans le couvent pour délivrer la jeune fille. Basine part alors au hasard, et nul ne sait ce qu'il advint d'elle.
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«Entre tous les exploits des hardis conquistadores, celui qui fit la plus forte impression sur moi fut le voyage de Ferdinand Magellan, qui partit de Séville avec cinq pauvres cotres pour faire le tour de la terre - la plus magnifique odyssée, peut-être, de l'histoire de l'humanité que ce voyage de deux cent soixante-cinq hommes décidés dont dix-huit seulement revinrent sur un des bâtiments en ruines, mais avec la flamme de la victoire flottant au sommet du grand mât. [...] En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d'après les documents qu'il m'a été donné de rassembler, j'ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j'aurais inventée, d'exprimer l'un des plus grands rêves de l'humanité. Car il n'y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l'histoire, il y a toujours, parce qu'ils s'élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d'incompréhensible; mais ce n'est que grâce aux exploits incroyables qu'elle accomplit que l'humanité retrouve sa foi en soi.» - Stefan Zweig
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«Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas des hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l'emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, - ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés. Si donc, réellement, comme le disait déjà Napoléon, la politique est devenue « la fatalité moderne », nous voudrions essayer, pour nous défendre, de découvrir les hommes qu'on trouve derrière cette puissance et ainsi le redoutable secret de leur pouvoir. Je présente donc l'histoire de Joseph Fouché comme une utile et très actuelle contribution à la psychologie de l'homme politique.» - Stefan Zweig
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"La Construction de la Tour de Babel" est un brillant essai littéraire de l'écrivain espagnol Juan Benet (1927-1993), auteur de "L'Air d'un crime" et traducteur de William Faulkner, mais aussi ingénieur des Ponts et Chaussées de profession. Dans son style aussi exubérant que complexe, aussi scientifique que poétique, il y analyse l'énigmatique tableau de Pieter Brueghel l'Ancien, "La Tour de Babel" (1563), sous toutes ses facettes historiques, mythologiques, linguistiques, architecturales et picturales. Le texte est accompagné de onze dessins de l'auteur. Quatre autres essais complètent ce volume: "Sur la nécessité de la trahison", "Trois dates (La Guerre civile espagnole)", "Picaresque et Non sens" et "Les limites de la littérature médiévale".
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Quatre portraits d'écrivains et d'amis - Caneja Juan Manuel, Signe de Baroja, Le Madrid d'Eloy, Luis Martin-Santos, un memento - qui dessinent autant de figures de Madrid. Juan Benet, qui a grandi dans un Madrid familial et provincial d'un demi-million d'habitants à peine, un Madrid qui était encore chemin de transhumance dans les années 1950, partagé entre la peur et la pénurie, offre dans ces pages, par le biais d'une observation sagace, d'un art nuancé du portrait, d'une interprétation littéraire perspicace ou d'anecdotes pittoresques, le panorama nostalgique de ces années sombres où commençaient à briller quelques lueurs d'espoir.
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Le sacrement de l'amour - ou l amour de mitia
Bounine
- République des lettres
- 2 January 2024
- 9782824902241
Mitia, un étudiant moscovite, est éperdument amoureux de la ravissante Katia. Celle-ci, qu'amuse la gaucherie du garçon, fréquente un milieu d'artistes bien supérieurs à Mitia et souffre de sa jalousie qui empoisonne leurs relations. Pour échapper à sa jalousie maladive, Mitia retourne dans le village de son enfance mais son obsession ne fait que grandir. L'image de Katia ne lui laisse aucun répit, même lorsqu'il a une aventure éphémère avec une villageoise. Une lettre de rupture définitive de Katia le pousse au suicide. Le roman ne s'attarde pas sur l'intrigue mais sur le complet anéantissement de l'âme de Mitia par la jalousie, véritable démon qui lorsqu'il effleure un être, ne l'abandonne qu'après l'avoir terrassé. La figure de Katia suggère elle l'indéfinissable mystère de l'amour.
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Romancière «fin de siècle» associée à toute la vie littéraire de son temps, Rachilde traite ici de façon bouleversante le thème de la solitude à travers l'histoire sulfureuse de deux gardiens de phare: le vieux Mathurin Barnabas et le jeune Jean Maleux qui vient l'aider. Leur phare, c'est le phare d'Ar-men, le plus haut des phares bretons. La mer alentour, au rythme de laquelle oscille la construction, ne se fait jamais oublier. Rachilde raconte la prise de possession de Jean Maleux par ce phare qui exsude un démon de la solitude au pouvoir dissolvant. Dans cette ambiance confinée et morbide, il découvre le pitoyable secret de Barnabas. Le vieux gardien de phare voue en effet un culte aux femmes noyées lors des tempêtes et les guette pour pouvoir les aimer. Une sorte d'entente muette s'établit entre les deux hommes jusqu'à la mort de Barnabas.
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Jay Gatsby - en réalité James Gatz - jeune américain ambitieux issu d'un milieu modeste, est un aventurier romanesque. Sorti major de la guerre de 1917-18, il devient bootlegger riche et puissant, mais il est quelque peu mélancolique et sa personnalité reste mystérieuse aux yeux de tous. «Je crois, murmure une jeune femme, qu'il a tué un homme...» Dans sa luxueuse propriété de Long Island où il reçoit toute la haute société de New York, il donne des fêtes éblouissantes. Au zénith de sa magnificence, il meurt assassiné par un arrogant milliardaire dont il courtise la femme. "Gatsby le Magnifique" est la satire mordante d'une certaine société américaine aussi riche que méprisante. On y retrouve toute l'amertume de l'auteur qui a essuyé son mépris et fut, après la Première Guerre mondiale, le porte-parole de la génération perdue des «roaring twenties».
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Disciple d'Émile Durkheim, co-fondateur de l'Institut d'Ethnologie, principal rédacteur de "L'Année sociologique", Marcel Mauss est considéré comme l'un des pères de l'anthropologie sociale. Toute son oeuvre tend à unir sous une même interprétation les phénomènes sociaux et les phénomènes religieux. Parmi les premiers il a démontré que, dans les sociétés primitives comme dans la nôtre, le champ du Sacré est celui où l'on trouve les expressions les plus explicites et en même temps les plus symboliques et transcendantes du tissu psychosociologique d'un groupe. C'est dans son "Essai sur le don" que sa notion de «fait social total» revêt sa forme la plus élaborée. Il y traite notamment du concept de «mana», c'est-à-dire d'une force qui contient le Sacré et qui est pour lui présente dans toutes les formes archaïques de don et d'échange. Que ce soit dans le processus d'accumulation et de destruction de biens (le potlatch des populations indigènes d'Amérique du Nord) ou dans les échanges de dons de l'aire polynésienne (le kula décrit par Bronislaw Malinowski), il s'agit d'identifier «quelle force présente dans l'objet donné pousse le donateur à le rendre». Cette force n'est pas une valeur matérielle ni économique, elle est en elle-même la raison d'être de l'échange fondamental qui se fait avec les esprits des morts et des dieux. Outre son apport incontournable aux sciences sociales, l'"Essai sur le don" influencera nombre d'intellectuels et d'écrivains comme entre autres Claude Lévi-Strauss, Roger Caillois, Georges Bataille,...
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Dans cette synthèse de sa philosophie, Emmanuel Mounier esquisse une approche de la «personne», principe ontologique fondamental, et de la réalité personnelle dans sa dimension communautaire. Selon lui, ce qui caractérise la personne est d'être la seule réalité que nous puissions connaître par le dedans, avec le regard intérieur. Mais la personne n'est pas un «moi» idéal et transcendant. Sa valeur étant d'origine chrétienne suppose la notion d'incarnation. La personne est corps autant qu'esprit, indestructible unité d'existence, ce qui implique à la fois le rejet de l'idéalisme et celui du matérialisme. La personne est essentiellement «une présence dirigée vers le monde», mais elle ne peut cependant être réduite uniquement à cela et sa réalité politique ne peut être échangée contre aucune autre. Le Personnalisme, dit «social» ou «communautaire» d'Emmanuel Mounier, inspiré par l'existentialisme et le spiritualisme chrétien, est un effort pour ramener l'individualisme moderne à l'acceptation du monde et d'autrui tout en affirmant l'importance fondamentale de la liberté personnelle dans la marche de l'Histoire. «L'univers de la personne, c'est l'univers de l'homme», dit le fondateur de la revue "Esprit".
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Introduction aux Existentialismes
Emmanuel Mounier
- République des lettres
- 1 December 2023
- 9782824903132
«L'histoire de la pensée est jalonnée d'une série de réveils existentialistes, qui ont été pour la pensée autant de conversions à elle-même, de retours à sa mission originelle. C'est l'appel de Socrate opposant aux rêveries cosmogoniques des physiciens d'Ionie l'impératif intérieur du «Connais-toi toi-même». C'est le message stoïcien, rappelant à la maîtrise de soi, à l'affrontement du destin, ces Grecs infatigables dans les jeux légers du sophisme et de la dialectique. C'est saint Bernard partant en croisade au nom d'un christianisme de conversion et de salut contre la systématisation de la foi par Abélard. C'est Pascal se dressant au seuil de la grande aventure cartésienne contre ceux qui approfondissent trop les sciences et s'inquiètent à peine du tout de l'homme, de sa vie et de sa mort. Mais avec Pascal, nous voici déjà à l'existentialisme moderne. Il a tracé tous les chemins, il a frappé presque chaque thème. Toutefois, Kierkegaard apparaît comme le père en titre de l'école. Il se dresse contre le système de Hegel, le Système absolu, systématisation du système, auquel il oppose l'Existence absolue. À partir de ce moment, le tronc de l'existentialisme se sépare en deux branches. L'une se greffe immédiatement au vieux tronc chrétien. Y a-t-il climat ontologique qui soit mieux préparé à recevoir l'exigence existentialiste ? Ne faut-il pas dire tout simplement que l'existentialisme est une autre manière de parler le christianisme ? Un grand isolé, Nietzche, se dresse au départ du second courant, créant une ligne de l'existentialisme athée qui va de Heidegger à Sartre, et que l'on prend abusivement aujourd'hui pour le tout de l'existentialisme.» - Emmanuel Mounier.
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Considéré comme l'un des meilleurs romans français du XXe siècle, le "Journal d'un curé de campagne" est aussi l'une des oeuvres les plus émouvantes de Georges Bernanos. Un jeune prêtre catholique est nommé curé d'Ambricourt, une petite paroisse rurale du nord de la France. Son amour des âmes et son zèle de pasteur se heurtant à l'indifférence et à la vulgarité, il trouve un apaisement en confessant le trop plein de son coeur dans un journal intime. Relatant méticuleusement la vie quotidienne de ses paroissiens, il découvre aussi leurs turpitudes et la complexité des relations qui les lient. La voix d'un autre prêtre, son confident, répond tout au long du journal à ses doutes et à ses faiblesses. La peur, qui est au centre de toute l'oeuvre de Bernanos, compose un accompagnement sourd au monologue du jeune prêtre qui succombera finalement à un cancer.
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Charles Péguy, pour qui «tout commence par la mystique et finit en politique», auteur de plusieurs "Jeanne d'Arc" et infatiguable éditeur des "Cahiers de la Quinzaine", rejoint avec allégresse son affectation de lieutenant d'infanterie aux premiers jours de la Grande Guerre. Un mois plus tard, le samedi 5 septembre 1914, veille de la bataille de la Marne, il meurt à Villeroy, tué d'une balle au front à l'âge de 41 ans. En dressant son portrait, c'est à ce Péguy mort au champ d'honneur, représentant emblématique d'une certaine mystique républicaine et patriotique française, que son ami André Suarès rend ici un vibrant hommage. «C'est vers Péguy que je me tourne. C'est lui que je visite. Entre les saints de la Marne, c'est lui que j'ai le mieux connu et que je vis le dernier. Et en célébrant la plus grande victoire de tous les temps, la plus pure et la plus belle, c'est Péguy que je célèbre.» Le texte est suivi des biographies de Charles Péguy et André Suarès.
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Dictionnaire philosophique
Voltaire
- République des lettres
- Folio Classique
- 1 December 2023
- 9782824904795
Le "Dictionnaire philosophique" est un recueil de notes philosophiques rangées par ordre alphabétique condensant l'essentiel des idées philosophiques, morales, politiques et religieuses de Voltaire. De «Abbé» à «Vertu» en passant par «Amour», «Dieu», «Égalité», «Idolâtrie», «Fanatisme» ou encore «Tyrannie», on y trouve dans le plus pur esprit des Lumières des anecdotes, de la théologie, des sciences, de l'histoire, de la musique, des vers ou encore des dialogues qui se révèlent toujours d'actualité plus de deux siècles et demi après leur publication. La doctrine voltairienne contre «L'Infâme» donne une unité à l'ensemble et la forme du «dictionnaire» convient très bien à l'auteur de "Candide". En 1764 paraît d'abord un premier volume de 73 articles intitulé "Dictionnaire philosophique portatif". Publié anonymement, il est condamné, mis à l'index et brûlé par la censure. Vinrent ensuite jusqu'en 1769 plusieurs éditions successives enrichies de nouveaux articles (jusqu'à 118 au total) et intitulées "Questions sur l'Encyclopédie" et "La raison par l'alphabet". Le tout sera enfin fondu en 1785, après la mort de Voltaire, dans le "Dictionnaire philosophique" de la Société Littéraire Typographique de Kehl.
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Sous-titré "Portraits symbolistes" et accompagné des trente «masques» d'écrivains dessinés par Félix Vallotton pour l'édition originale, le "Livre des Masques" est une galerie de monographies composée, dans cette première série, de trente écrivains français symbolistes de la fin du XIXe siècle: Francis Poictevin, André Gide, Maurice Maeterlinck, Pierre Louÿs, Emile Verhaeren, Rachilde, Henri de Régnier, J.-K. Huysmans, Francis Vielé-Griffin, Jules Laforgue, Stéphane Mallarmé, Jean Moréas, Albert Samain, Stuart Merrill, Pierre Quillard, Saint-Pol-Roux, A.-F. Herold, Robert de Montesquiou, Adolphe Retté, Gustave Kahn, Villiers de l'Isle-Adam, Paul Verlaine, Laurent Tailhade, Jules Renard, Louis Dumur, Georges Eekhoud, Paul Adam, Lautréamont, Tristan Corbière et Arthur Rimbaud. Sans prétendre à la critique littéraire, Rémy de Gourmont excelle dans ce genre du portrait littéraire, guidé par l'idée qu'une oeuvre n'est pas sans rapport avec le caractère de son auteur. Les études psychologiques sont fouillées, les figures sont brossées d'une main sûre, les talents et les traits caractéristiques de chaque écrivain apparaissent immédiatement, et ce sont moins des masques que de très véridiques portraits. Une bibliographie des trente auteurs et une biographie de Remy de Gourmont complètent le volume.
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Un pauvre provincial âgé de vingt ans, Pierre Hardy, récemment monté à Paris, occupe un petit emploi tout en poursuivant ses études. Un soir, il échange quelques mots avec une jeune fille, Berthe Méténier, et couche avec elle. Berthe est toutefois la maîtresse d'un mauvais garçon, Maurice Bélu, dit Bubu de Montparnasse, proxénète rusé qui l'exploite grâce à son charme et son autorité. Berthe et Pierre commencent à s'aimer mais Berthe sent qu'elle ne peut échapper au mâle dominateur et volontaire qu'est Maurice, alors que Pierre se montre faible. Elle tombe malade et doit être hospitalisée. Pierre, qui fait tout ce qu'il peut pour lui venir en aide, et Maurice, qui vient d'être emprisonné pour vol, ressentent à leur tour les symptômes de la maladie. Le malheur et la souffrance partagés rapprochent encore plus Pierre et Berthe. Celle-ci s'en trouve guérie et apaisée, mais Bubu sort de prison et l'oblige à reprendre la vie d'autrefois. Sur ce fond élégiaque et sentimental de souffrance désespérée des humbles, se détache avec un relief extraordinaire le héros de mauvaise vie, Bubu, qui fraye son chemin avec cruauté, triomphant des femmes et des faibles.
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Physiologie du goût
Jean Anthelme Brillat-Savarin
- République des lettres
- 1 December 2023
- 9782824907581
Principal ouvrage du magistrat Jean Anthelme Brillat-Savarin, publié d'abord anonymement en 1825, "Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante" est un chef-d'oeuvre d'humour, d'esprit, de philosophie et d'art culinaire. Composé à la façon d'un traité mêlant aphorismes, maximes, méditations et leçons professorales de cuisine, son intérêt tient dans la légèreté avec laquelle les diverses questions culinaires sont présentées et dans l'ironie constante qui traverse tout l'ouvrage. Les réflexions du facétieux auteur sur les hommes et les choses se mêlent à une continuelle verve descriptive, qui sait demeurer cependant toujours savante, précise et évocatrice. Le lecteur passe de la «Théorie de la friture» aux digressions sur les plaisirs de la table, de l'«Histoire philosophique de la cuisine» (Méditation XXVII) aux anecdotes des «Variétés». Ses aphorismes sont aujourd'hui célèbres: «Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es», «La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent», «Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un oeil»; «On devient cuisinier, mais on naît rôtisseur», etc. Au fil des ans, "Physiologie du goût" sera si apprécié par les gastronomes que plusieurs produits culinaires (gâteau, fromage,...) seront baptisés du nom de Brillat-Savarin.
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Étonné que le dixième anniversaire de l'Affaire Dreyfus passe inaperçu, un des amis de Péguy, Daniel Halévy, rédige une "Apologie pour notre passé". Péguy, la jugeant insuffisante, y répond le 17 juillet 1910 par "Notre jeunesse". Un texte où sont révélés les rapports d'une famille républicaine avec Quinet, Fourier, Blanqui, Raspail, etc. sert de point de départ à sa réflexion sur la République du temps de sa jeunesse et sur celle du jour. Selon lui, il y a eu perte de la mystique républicaine: «Tout commence en mystique et finit en politique», dit-il. Le différend n'est pas entre la France monarchiste d'avant 1789 et celle qui suivit la Révolution, mais entre l'ancienne France païenne, chrétienne, royaliste, révolutionnaire, d'une part, et la France dominée depuis 1881 par le «parti intellectuel». À la lumière de ce principe, il passe en revue les grands évènements de l'Histoire de France, du XVIIIe au XXe siècle. Après quelques pages sur Bernard Lazare, sur le «parti juif» et sur la «vocation d'Israël», il en vient à définir sa propre doctrine socialiste. Sa vision attaque alors frontalement celle de Jean Jaurès, qui selon lui aurait fait du dreyfusisme une idéologie anti-catholique et anti-patriotique. Péguy termine enfin son texte par une exaltation de la République, «régime de la liberté de conscience».
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Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
l'Abbé Prévost, Antoine François Prévost d'Exiles
- République des lettres
- 28 November 2023
- 9782824907635
Publié en 1731, l'"Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut", constitue à l'origine le dernier volume des amples "Mémoires et aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde". Détaché du roman en 1733 puis corrigé et augmenté en 1753, il relate l'histoire de deux amants proscrits sous le règne de Louis XIV. Des Grieux rencontre Manon Lescaut, une jeune femme d'origine modeste abandonnée à elle-même. Il est trop jeune pour l'épouser. Attirée par Paris, elle le renvoie pour suivre un autre amant. Les deux jeunes gens renouent plus tard. Des Grieux renonce au séminaire pour elle. Dans une situation très précaire, ils doivent recourir aux expédients: vols, escroqueries, prostitution... Ils se retrouvent en prison. Manon est déportée en Amérique avec d'autres prostituées. Des Grieux la suit. Là-bas, ils subissent la persécution du gouverneur et s'enfuient dans le désert où Manon meurt d'épuisement, laissant des Grieux inconsolable. La fascination exercée par le récit repose sur le comportement de des Grieux qui sacrifie toute sa vie à sa passion amoureuse. Il subit les infidélités et la recherche étourdie des plaisirs et de l'argent de Manon jusqu'à leur déchéance sociale et morale, mais justifie son amour en contestant les valeurs morales de la religion, de la famille et de la société qu'il rend en partie responsables de leur malheur. À l'époque de sa publication, le livre a été jugé scandaleux et condamné à être brûlé avant de connaître le succès jusqu'à éclipser le reste de l'oeuvre de Prévost, pourtant l'une des plus importantes des Lumières en France.
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En 1866, après avoir voyagé dans le Midi, Alphonse Daudet commence à écrire avec Paul Arène une série de contes publiés en feuilleton dans "L'Évènement" sous le titre de "Chroniques provençales". Remaniés, complétés et rassemblés en recueil, ces récits deviendront en 1869 les fameuses "Lettres de mon moulin" qui fonderont la réputation de l'auteur. Au début du recueil, un préambule nous apprend que le narrateur a acquis un vieux moulin provençal. C'est de là qu'il griffonne la trentaine d'histoires dont se compose le volume. Parmi ces lettres de Provence, certains petits chefs-d'oeuvre comme "La Chèvre de monsieur Seguin", "Les Trois Messes basses", "Le Curé de Cucugnan", "Le Secret de maître Cornille", "Le Sous-Préfet aux champs", "La Mule du pape" ou encore "L'Élixir du révérend père Gaucher", sont restés parmi les plus populaires de la littérature française. Outre les paysages et caractères méridionaux, le lecteur y goûte surtout un mélange incomparable de malice, de bonhomie, d'humour cocasse, de verve, d'émotion et parfois de la truculence d'un "Tartarin de Tarascon".
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Le jeune Français André Stévenol croise une très belle andalouse au carnaval de Séville, Conchita Pérez. Il parvient à obtenir un rendez-vous, mais son ami don Matéo Diaz lui déconseille très vivement de s'y rendre. Pour éclairer le jeune homme plein d'illusions, il se décide à lui raconter sa propre histoire. Lui-même est tombé amoureux de Conchita mais s'est heurté à l'inébranlable résistance de la jeune femme qui, tout en disant l'aimer, lui refuse ses faveurs. En jouant un jeu savant où alternent tendresse et refus, elle l'a emprisonné dans les filets d'un esclavage passionné et désespéré, une sorte de psychose obsessionnelle qui détruit sa vie. Ayant obtenu en cadeau une maison et une dot, elle l'invite à passer une nuit chez elle mais l'arrête bientôt en lui déclarant cruellement qu'elle n'éprouve pour lui que de la haine, puis se donne devant lui à un autre homme. Elle continue ainsi à torturer Matéo qui ne parvient pas à la quitter. Stévenol part le lendemain avec Conchita. Pierre Louÿs développe ici à la perfection un drame passionnel dans l'incohérence de la vie elle-même où le coeur humain semble entraîné dans un pitoyable jeu de marionnettes. "La Femme et le Pantin" offre un des plus beaux exemples de la littérature amoureuse fin de siècle. Le roman a magnifiquement été adapté sur grand écran par Luis Bunuel sous le titre: "Cet obscur objet du désir".