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POETIQUE : palimpsestes ; la littérature au second degré
Gérard Genette
- Seuil
- Poétique
- 25 July 2014
- 9782021184006
Un palimpseste est, littéralement, un parchemin dont on a gratté la première inscription pour lui en substituer une autre, mais où cette opération n'a pas irrémédiablement effacé le texte primitif, en sorte qu'on peut y lire l'ancien sous le nouveau, comme par transparence. Cet état de choses montre, au figuré, qu'un texte peut toujours en cacher un autre, mais qu'il le dissimule rarement tout à fait, et qu'il se prête le plus souvent à une double lecture où se superposent, au moins, un hypertexte et son hypotexte - ainsi, dit-on ,l'Ulysse de Joyce et l'Odyssée d'Homère. J'entends ici par hypertextes toutes les œuvres dérivées d'une œuvre antérieure, par transformation, comme dans la parodie, ou par imitation, comme dans le pastiche. Mais pastiche et parodie ne sont que les manifestations à la fois les plus visibles et les plus mineures de cette hypertextualité, ou littérature au second degré, qui s'écrit en lisant, et dont la place et l'action dans le champ littéraire - et un peu au-delà - sont généralement, et fâcheusement, méconnues. J'entreprends ici d'explorer ce territoire.
Un texte peut toujours en lire un autre, et ainsi de suite jusqu'à la fin des textes. Celui-ci n'échappe pas à la règle : il l'expose et s'y expose. Lira bien qui lira le dernier.
G. G.
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POETIQUE : l'absolu littéraire ; théorie de la littérature du romantisme allemand
Philippe Lacoue-labarthe, Jean-Luc Nancy
- Seuil
- Poétique
- 15 July 2021
- 9782021488944
Avant de faire époque dans la littérature et dans l’art, avant de représenter une sensibilité ou un style (dont on annonce régulièrement le « retour »), le romantisme est d’abord une théorie. Et l’invention de la littérature. Il constitue même, très exactement, le moment inaugural de la littérature comme production de sa propre théorie – et de la théorie se pensant comme littérature. Par là, il ouvre l’âge critique auquel nous appartenons encore.
Poétique où le sujet se confond avec sa propre production, et Littérature close sur la loi de son propre engendrement, le romantisme (nous, en somme), c’est le moment de l’absolu littéraire.
Cela s’est joué vers 1800, à Iéna, autour d’une revue (l’Athenaeum) et d’un groupe (celui des frères Schlegel). Or, depuis bientôt deux cents ans que ce moment a eu lieu, pratiquement aucun des textes majeurs où s’est effectuée une telle opération n’a été traduit en français. La première ambition de ce livre est, par conséquent, de donner à lire certains d’entre eux.
Mais comme la contrainte que le romantisme exerce sur nous est à proportion de la méconnaissance où il a été tenu, on a voulu, chaque fois, accompagner ces textes et en prendre, à notre usage, la mesure théorique. Question, tout simplement, de vigilance : car au fond « l’absolu littéraire », n’est-ce-pas ce qui hante, encore aujourd’hui, notre demi-sommeil théorique et nos rêveries d’écritures ?
Ph. L.-L. et J.-L. N.
La traduction et l’annotation des textes ont été assurées avec la collaboration de Anne-Marie Lang.
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Revue poétique : pourquoi la fiction ?
Jean-marie Schaeffer
- Seuil
- Poétique
- 15 July 2021
- 9782021489002
Jamais l'humanité n'a consommé autant de fictions que de nos jours, et jamais elle n'a disposé d'autant de techniques différentes pour étancher cette soif d'univers imaginaires. En même temps, comme en témoignent les débats autour des « réalités virtuelles », nous continuons à vivre à l'ombre du soupçon platonicien : la mimèsis n'est-elle pas au mieux une vaine apparence, au pire un leurre dangereux ?
Pour répondre au soupçon antimimétique et mieux comprendre l'attrait universel des fictions, il faut remonter au fondement anthropologique du dispositif fonctionnel. On découvre alors que la fonction est une conquête culturelle indissociable de l'humanisation, et que la compétence fictionnelle joue un rôle indispensable dans l'économie de nos représentations mentales. Quant aux univers fictifs, loin d'être des apparences illusoires ou des constructions mensongères, ils sont une des faces majeures de notre rapport au réel. Et cela vaut pour toute fiction. Les oeuvres d'art mimétiques ne s'opposent donc pas aux formes quotidiennes plus humbles de l'activité fictionnelle : elle en sont le prolongement naturel. -
POETIQUE : qu'est-ce qu'un genre littéraire ?
Jean-marie Schaeffer
- Seuil
- Poétique
- 15 July 2021
- 9782021488982
Rien de plus simple, et en même temps de plus trompeur, qu’un énoncé rapportant un texte à « son » genre. C’est ainsi que, d’Aristote à Brunetière en passant par Hegel, les poéticiens ont poursuivi le mirage d’une théorie unitaire des genres littéraires. Or, dire que La Princesse de Clèves est un récit, ou Le Parfum un sonnet, c’est certes nommer et classer ces textes, mais selon des logiques très différentes – le premier cas mettant en jeu l’exemplification d’une propriété, et le second l’application d’une règle.
Cette simple remarque laisse entrevoir la conclusion radicale et dérangeante de ce livre : la pluralité des logiques « génériques » est irréductible. Par là, Jean-Marie Schaeffer tourne une page de l’histoire de la poétique. Désormais, on ne pourra plus faire comme si un texte n’était pas, d’abord et avant tout, un acte de langage, comme si la théorie littéraire n’avait rien à attendre de la philosophie.
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Revue poétique : fait et fiction : pour une frontière
Françoise Lavocat
- Seuil
- Poétique
- 17 March 2016
- 9782021242737
Les frontières entre fait et fiction, réalité et imaginaire, ont la réputation d'être désormais brouillées. Pourquoi les défendre ? Parce qu'elles sont une nécessité cognitive, conceptuelle et politique ; parce que leur disparition élimine le plaisir de passer d'un monde à l'autre. Françoise Lavocat propose ici de repenser les frontières de la fiction dans la littérature, le cinéma, le théâtre et les jeux vidéo.
La première ambition de son livre réside dans le bilan très complet qu'il dresse des controverses anciennes et récentes sur le statut de la fiction dans les domaines de la théorie littéraire, du droit, de la
psychanalyse et des sciences cognitives. À la faveur des ces éclairages multiples, l'ouvrage prend notamment en compte le phénomène du storytelling, l'histoire des rapports entre Histoire et poésie, la
question du blasphème. Le parti pris de distinction qu'il adopte, tout en défendant l'idée d'une hybridité essentielle de la fiction, en constitue le second intérêt et la stimulante nouveauté. Les conditions de possibilité d'une culture de la fiction sont interrogées, ainsi que ses limites. Le point de vue défendu renouvelle entièrement les termes du débat : l'auteur s'emploie en effet à définir la fiction comme un monde possible possédant son ontologie propre, en concentrant l'intérêt sur la relation aux personnages, la question des paradoxes et de la métalepse, cette figure qui confirme la frontière entre les mondes en donnant l'illusion de la franchir.
Françoise Lavocat est professeur de littérature comparée à l'université Paris 3-Sorbonne nouvelle et membre de l'Institut universitaire de France. Elle a déjà publié de nombreux ouvrages et récemment dirigé La Théorie littéraire des mondes possibles (CNRS Éditions, 2010) et Interprétation littéraire et sciences cognitives (Hermann, 2016).
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Revue poétique : nouveau discours du récit
Gérard Genette
- Seuil
- Poétique
- 25 October 2014
- 9782021228281
Depuis la publication, en 1972, de Figures III, l'étude des structures et techniques narratives s'est largement développée dans le monde entier sur la base de ce que Gérard Genette avait proposé comme "discours du récit".
Après dix ans de réflexion, l'auteur revient ici sur ses traces, proposant à la fois une relecture critique de son essai de méthode, et le bilan d'une décade de recherches en narratologie - en particulier sur le terrain crucial des rapports entre choix de mode ("point de vue") et de voix ("personne"), qui déterminent l'essentiel d'une situation narrative.
Bien au-delà du modèle initial demandé à La Recherche du temps perdu, il ouvre l'enquête à tous les possibles du récit passé, présent et à venir, convaincu avec Borges que tout livre concevable, voire inconcevable, doit se trouver sur quelque rayon inconnu de l'infini littéraire. "Que vaudrait la théorie, demande-t-il, si elle ne servait aussi à inventer la pratique?" De sorte que ce Nouveau discours du récit est aussi un discours en attente de nouveaux récits : "Les critiques n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter la littérature, il s'agit maintenant de la transformer".
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POETIQUE : poétique de la critique littéraire ; de la critique comme littérature
Florian Pennanech
- Seuil
- Poétique
- 23 May 2019
- 9782021399745
On considère habituellement qu'il y a d'un côté la littérature, de l'autre la critique : d'un côté l'écrivain, de l'autre le commentateur. Pour cette raison, s'il existe de nombreuses études sur l'art du romancier, du dramaturge ou du poète, il n'en existe guère sur celui du critique. On envisagera ici, au rebours d'une telle tradition, la critique comme de la littérature.
Si la critique littéraire est un genre parmi d'autres, il n'y a plus aucune raison de se priver du plaisir (car c'en est un) de porter sur elle un regard de poéticien : on cherchera ainsi à forger une poétique de la critique – " poétique " devant s'entendre comme théorie générale des formes, et " critique " comme commentaire d'un texte particulier. On explorera ainsi les procédés d'écriture et de réécriture propres au discours critique, en laissant à d'autres, s'ils le souhaitent, le soin de se prononcer sur leur validité.
D'Homère commenté par Zoïle ou Aristarque, jusqu'à Proust commenté par Barthes, Richard ou Starobinski, des scolies antiques et médiévales jusqu'aux recommandations du Monde des livres, des manuscrits grecs, byzantins ou chinois jusqu'aux réseaux sociaux, on arpentera tout un domaine jusqu'ici fâcheusement délaissé par la poétique.
Il en résultera peut-être quelques conséquences imprévues – car, dès lors que la critique est envisagée comme une écriture, au même titre que son objet, il est bien possible que les textes critiques nous parlent autant d'eux-mêmes, si ce n'est plus, que des textes derrière lesquels ils prétendent généralement s'effacer.
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Revue poétique : la mesure du monde ; représentation de l'espace au Moyen Age
Paul Zumthor
- Seuil
- Poétique
- 25 November 2015
- 9782021180848
La perception que nous avons de l'espace ne constitue pas tout à fait une donnée naturelle. Elle est fortement influencée par notre environnement culturel.
À l'espace homogène que nous percevons aujourd'hui, où seules varient les distances, s'oppose l'espace hétérogène du Moyen Âge, senti comme de nature différente selon qu'il est proche ou lointain. De cette distinction, illustrée par les arts figuratifs, la cartographie, la littérature, le langage même, découlent des conséquences qui embrassent notre civilisation entière : celle-ci, en dix siècles, glisse d'un modèle à l'autre, au prix d'un bouleversement de ses valeurs sensorielles et symboliques.
Paul Zumthor retrace cette histoire de quatre points de vue convergents : par rapport à l'idée de " lieu " et de stabilité, à celle de " dimension " et de mouvement, à celle d'inconnu désirable et de " découverte ", enfin dans les représentations imagées. Le moment critique, où l'on bascule du monde ancien à la modernité, n'est pas identique dans ces diverses perspectives. Du moins une période tournante se dessine-t-elle entre 1450 et 1550 : emblématiquement, l'équipée de Christophe Colomb en marque le centre.
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Revue poétique : poétique du drame moderne ; de Henrik Ibsen à Bernard-Marie Koltès
Jean-pierre Sarrazac
- Seuil
- Poétique
- 8 November 2012
- 9782021095456
Cet ouvrage s'attache à définir le nouveau paradigme de la forme dramatique qui, apparaissant dans les années 1880, se perpétue jusque dans les dramaturgies contemporaines. Un pont est ainsi jeté entre les premières pièces de la modernité du théâtre, celles d'Ibsen, Strindberg, Tchekhov, et les plus récentes, qu'il s'agisse des œuvres de Heiner Müller, de Bernard-Marie Koltès ou de Jon Fosse. Jean-Pierre Sarrazac met en évidence la dimension rhapsodique du drame moderne : une forme ouverte, profondément hétérogène, où les modes dramatique, épique et lyrique, voire argumentatif (le dialogue philosophique contaminant le dialogue dramatique) ne cessent de s'ajointer ou de se chevaucher. Loin de souscrire aux idées de " décadence " (Lukács), d'obsolescence (Lehmann) ou de mort du drame (Adorno), Poétique du drame moderne dessine les contours, toujours en mouvement, d'une forme la plus libre possible, mais qui n'est pas l'absence de forme.
Né en 1946, Jean-Pierre Sarrazac est auteur dramatique et universitaire. Professeur émérite d'études théâtrales à Paris III-Sorbonne nouvelle et professeur invité à l'université de Louvain-la-Neuve, il a fondé à Paris-III le Groupe de recherche sur la Poétique du drame moderne et contemporain.
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Sinuant à travers des thèmes aussi variés que les fonctions de la critique, la Poétique d'Aristote, la cathédrale gothique, la comédie américaine, l'Esthétique de Hegel, le western classique, le jazz, la série télévisée, le réalisme et le romanesque, le détail et l'exception, le comique et le tragique, l'humour et l'ironie, Vermeer, l'art moderne et contemporain, les Mémoires d'outre-tombe, ce volume évoque à sa façon, volontairement rhapsodique, la relation, toujours instable ou ambiguë, entre les œuvres et les genres, littéraires et autres. Ses rubriques désignent des séquences plus ou moins continues de pages plus ou moins autonomes, et diversement enchaînées, avec ou sans transition. Davantage qu'un saut d'objet, chaque césure marque un suspens d'écriture et suggère à la lecture une pause à durée variable, entre soupir et point d'orgue.
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Revue poétique : est-il je ? roman autobiographique et autofiction
Philippe Gasparini
- Seuil
- Poétique
- 25 June 2015
- 9782021291322
Si le lecteur se pose la question "Est-il je ?", c'est que le romancier la lui souffle en combinant délibérément deux registres incompatibles : la fiction et l'autobiographie. Il donne au héros des traits d'identité qui lui appartiennent en propre. Il sème le paratexte d'indices contradictoires. Il cultive l'ambivalence des citations, des commentaires et des mises en abyme. Il raconte des souvenirs improbables, tantôt à la première, tantôt à la troisième personne. Il se représente en enfant, en adolescent, en écrivain, en voyageur, en amant, en dépression, au tribunal, au confessionnal ou sur le divan... sans jamais dire qui il est.
Cette stratégie de l'ambiguïté est constitutive d'un genre littéraire mal connu qui fut d'abord nommé roman personnel, puis roman autobiographique, avant d'être rebaptisé récemment, et hâtivement, autofiction. On tente ici non seulement d'inventorier les procédés qu'il met en oeuvre mais aussi de retracer son histoire, d'expliquer son infortune critique et de comprendre comment il fonctionne. Avec la conviction qu'il détient une part de notre avenir littéraire.
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Revue poétique : la littérature au quotidien ; poétiques journalistiques au XIX siècle
Marie-Eve Thérenty
- Seuil
- Poétique
- 1 October 2009
- 9782021009187
La mondialisation et le développement des réseaux d'information bouleversent à ce point nos codes de communication, notre langage et notre littérature, que nous oublions que le XIXe siècle, avec le brutal essor de la presse, fut plongé dans un bouleversement comparable.
Cet essai revient sur la naissance de cette civilisation du journal qui entraîna la France dans l'ère médiatique. Paradoxalement, la littérature se trouve au cœur de ce changement : alors qu'elle semble submergée par ce nouveau régime communicationnel, elle constitue en effet le seul réservoir de formes poétiques disponible pour inventer l'écriture journalistique. Nourris par la matrice littéraire et informés par les exigences médiatiques, de nouveaux genres apparaissent alors dans les quotidiens, tels la chronique, le reportage, l'interview...
Or ces genres manifestent un nouveau rapport au réel, à la fiction, à l'écriture de soi. La première révolution médiatique est donc également à l'origine de la plupart des grandes mutations littéraires du XIXe siècle, depuis l'invention du réalisme jusqu'à la naissance d'une poésie du quotidien.
Dans notre environnement médiatique, cet essai témoigne de la capacité de la littérature à se réinventer.
Marie-Eve Thérenty, professeur de littérature française à l'université de
Montpellier 3 et membre de l'Institut universitaire de France, est spécialiste des relations entre presse et littérature.
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Lire la poésie, la réciter, l’étudier, l’interpréter, ce n’est pas seulement savoir en compter les syllabes et s’assurer de la conformité du poème à l’idée que l’on se fait de la justesse métrique. C’est surtout en comprendre les mécanismes de fabrication les plus profonds, saisir les choix individuels et collectifs qui y président, considérer les négociations d’un poète avec les traditions formelles qui encadrent son écriture, savoir comment s’articulent langue et poésie.
Ce livre retrace l’histoire du vers français, de la fin du XVe siècle à aujourd’hui. Alliant perspectives d’ensemble et microlectures, il offre un regard renouvelé sur de nombreux poèmes, canoniques ou non. On y trouvera aussi un examen des théories savantes de la versification et des représentations subjectives dont le vers peut être l’objet. Enfin, on y verra comment des usages ont pu devenir des principes, et comment peuvent naître toujours de nouvelles formes.
Guillaume Peureux est maître de conférences à l’université de Rennes-2 et Associate Professor à l’université de Californie à Davis. Il est spécialiste de la littérature française du XVIIe siècle et des formes poétiques. Il a notamment publié un ouvrage sur Saint-Amant ( Le Rendez-vous des enfans sans soucy. La poétique de Saint-Amant, Champion, 2002), édité La Mariane de Tristan l’Hermite (GF, 2003) et les Poésies de Pierre Motin (STFM, 2006). -
Pages, paysages : les divers essais ici rassemblés obéissent, comme ceux qui les ont précédés, à un désir double. On y tente une lecture qui se fonderait à la fois sur l'essence verbale des oeuvres littéraires (ce qui les constitue en pages), et sur les formes, thématico-pulsionnelles, par où s'y manifeste un univers singulier (ce qui les organise en paysages). Ajoutons que, dans leurs dispositifs littéraux, leurs reliefs ou pentes d'écriture, les pages peuvent se contempler comme des paysages; et les paysages à leur tour, à travers leurs configurations sensorielles, leur logique, leur ordre secret, se comprendre, se lire comme autant de pages.
témoignent ici quelques pa(ysa)ges de Baudelaire, Corbière, Laforgue, Flaubert, Huysmans, Segalen, Perse, Colette, Giono, Gracq, Ponge et Barthes. Plus un dernier texte non moins subtil : celui que tracent, à même le sol, sous les platanes, la course et le choc de quelques boules en quête d'un même bouchon.
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POETIQUE : l'oeuvre sans qualités ; rhétorique de Samuel Beckett
Bruno Clément
- Seuil
- Poétique
- 15 July 2021
- 9782021488869
De quoi donc peut-on parler encore ?
Quelle forme élaborer pour accommoder le gâchis ?
Comment mal dire ?
Où ? Quand ? Quoi ?
D'où vient la notion d'ancêtre ?
Ces questions, beckettiennes par excellence, correspondent aussi aux cinq catégories antiques de la technè rhètorikè ; et c'est sous l'angle rhétorique qu'en cinq sections distinctes elles sont ici envisagées.
L'oeuvre de Samuel Beckett est d'abord, par cette démarche, située dans une tradition à laquelle elle entend donner une inflexion décisive. Mais l'outil rhétorique permet aussi de reconstituer le travail d'un texte dans lequel le discours critique ordinaire, qui parle d'une oeuvre ratée, informe, neutre, humaine, classique, trouve à la fois son origine et son alibi.
Le parti, résolument technique, de cette lecture n'exclut pas, loin de là, tout souci métaphysique (« c'est la même chose, disait Roland Barthes, que de parler technique ou métaphysique ») ; mais la métaphysique dont il est question ici diffère sensiblement de celle que confesse le texte beckettien et qu'il oeuvre, avec succès semble-t-il, à faire recevoir. -
Revue poétique : métalepse ; de la figure à la fiction
Gérard Genette
- Seuil
- Poétique
- 1 October 2009
- 9782021009149
La rhétorique classique définissait la métalepse comme la désignation figurée d'un effet par sa cause ou vice versa, et plus spécifiquement la métalepse "de l'auteur" comme une figure par laquelle on attribue à l'auteur le pouvoir d'entrer lui-même dans l'univers de sa fiction, comme lorsqu'on dit que Virgile "fait mourir Didon" au IVe livre de l'Énéide. De cette façon de dire, la narratologie moderne s'est autorisée pour explorer sous ce terme les diverses façons dont le récit de fiction peut enjamber ses propres seuils, internes ou externes : entre l'acte narratif et le récit qu'il produit, entre celui-ci et les récits seconds qu'il enchâsse, et ainsi de suite. Mais la fiction littéraire n'a pas le monopole de ces pratiques transgressives, et l'on tente ici d'en évoquer quelques effets, désinvoltes ou inquiétants, qu'on trouve à l'oeuvre dans d'autres arts : en peinture, au théâtre, au cinéma, à la télévision, partout en somme où la représentation du monde, d'Homère à Woody Allen, se met elle-même en scène, en jeu, et parfois en péril.
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Microlectures : petites lectures ? Lectures du petit ? Les deux choses à la fois sans doute. Les études ici rassemblées visent, dans l'oeuvre, des unités relativement minimes : un motif (le métro, ou le casque chez Céline, l'étoile apollinarienne, l'aliment pour Huysmans), un personnage (Javert), une image (dans le sonnet en Yx de Mallarmé), voire un mot : mot de passe, patronyme, pseudonyme. La lecture y est le plaisir d'une lenteur. Elle fait confiance au détail, ce grain du texte.
Cette myopie n'allait pourtant pas sans ambition. J'avais ici pour désir de comprendre comment une certaine disposition d'humeur (l'ordre thématisé d'un paysage) pouvait se lier à une certaine exposition libidinale (le travail du désir, la scène du fantasme) et à un certain dispositif formel (le champ de la lettre, le lieu du poétique), pour produire ce que nous nommons un texte. Puis de lire celui-ci dans sa poussée, dans sa suite (son ensuite), dans la logique de sa successivité : d'où cinq commentaires tentés sur cinq courts passages de Hugo, de Michelet, de Gracq, de Claudel. Il m'a semblé ainsi, à l'expérience, qu'à partir du plus petit, c'était le plus précieux, en tout cas le plus singulier d'une oeuvre qui pouvait être lu et dit.
Jean-Pierre Richard
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Revue poétique : introduction à l'étude des textes
Michel Charles
- Seuil
- Poétique
- 28 May 2018
- 9782021405767
Pour la théorie littéraire, un texte n'est jamais qu'un exemple et elle laisse le commentateur s'abîmer dans une glose infinie en quête d'une richesse unique. Mais lorsqu'on a un texte à étudier, le consensus sur son insaisissable particularité n'est en aucun cas une réponse satisfaisante à la question : et maintenant, que fait-on ?
La méthode exposée, mise au point sur un vaste corpus (de Rabelais à Proust), fait intervenir des critères simples, telles l'élégance et l'efficacité des hypothèses, ou la distinction entre la cohérence du texte et la cohérence de l'analyse. Le modèle rationnel qu'elle dessine rend compte des textes comme objets instables et lieux de puissants investissements individuels et collectifs.
Dans l'étude des textes, on se pose plus souvent la question du comment que celle du pourquoi. Or les deux sont inséparables. Aussi le discours sur la méthode est-il ici doublé d'une réflexion sur les enjeux, envisagés dans la perspective d'une critique de l'interprétation et d'un rapport résolument actif à la littérature.
L'étude des textes manque sans doute aujourd'hui et de méthode et de légitimité. Avec cette Introduction et les instruments de travail qu'elle propose, on a essayé de faire d'une pierre deux coups.
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La composition d'une œuvre désigne à la fois son élaboration, ses parties et leur agencement, autant dire son tout, mais vu sous un angle particulier : comme un assemblage. Or, elle règle aussi et surtout les allures : le lecteur est emporté, pris dans le défilé des lieux et des scènes ; il subit la scansion des affects, les changements de régime, les variations de vitesse et de lumière ; il éprouve dans le temps la forme du texte. Comment traiter de la composition sans rien perdre de ce mouvement ?
Afin de pimenter la chose avec des mises à l'épreuve un peu fortes, on a privilégié, pour l'irrégularité du genre, des textes romanesques. Mme de Lafayette, Prévost, Stendhal, Balzac, Flaubert, Proust apportent des éclairages particuliers aux questions générales : la construction d'une forme au fil du texte, l'opposition lecture de loin/lecture de près, la coexistence de cohérences multiples, le détail. Des points sensibles de l'art du roman sont examinés : les ouvertures, les descriptions, les transitions, la gestion de l'information, l'usage d'architectures modulaires.
Hypothèses théoriques, lectures pas à pas, expérimentations diverses, changements de point de vue et d'échelle, on propose des instruments capables de décrire les configurations mouvantes du matériau, fausses pistes et vraies surprises. On n'a pas cherché à effacer les traces de ces itinéraires aventureux, mais à composer un livre qui associât le lecteur à l'enquête.
Michel Charles a enseigné la littérature française et la théorie littéraire à l'École normale supérieure. Il dirige la revue Poétique. Il est l'auteur, dans la même collection, de Rhétorique de la lecture (1977), L'Arbre et la Source (1985) et Introduction à l'étude des textes (1995).
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Revue poétique : les brouillons de soi
Philippe Lejeune
- Seuil
- Poétique
- 28 October 2015
- 9782021305777
La vie est une longue série d'essayages et de retouches : on " bâtit " peu à peu son identité, en suivant la mode, en cherchant son style. Un des apprentissages essentiels de la petite enfance est celui de l'identité narrative : savoir dire " je ", se construire une histoire, avoir ses mythes fondateurs et son système de valeurs. Au lieu d'observer cette construction de l'identité dans l'enfance, on peut la saisir dans l'écart entre les brouillons d'une autobiographie et son texte final. C'est l'objet de ce livre. Il explore d'abord les coulisses de l'acte autobiographique : l'influence des textes déjà lus, les doutes sur les souvenirs d'enfance, les rêveries sur les possibles inaccomplis et les tournants décisifs... Puis il examine en détail, brouillons à l'appui, la genèse des trois " classiques " du récit d'enfance ou d'adolescence : Les Mots de Sartre, Enfance de Nathalie Sarraute et le Journal d'Anne Franck.
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"Toute méthode est une fiction", dit quelque part Mallarmé. Et Descartes ne propose en effet son Discours de la méthode que "comme une histoire, ou, si vous l'aimez mieux, que comme une fable".
La proposition certes ne va pas de soi: qu'est-ce que la méthode peut bien devoir à la fiction? À la fable? Avec quelles conséquences, d'ailleurs, sur la pensée qu'elle est censée permettre? C'est à partir de récits que cette face ordinairement cachée de la méthode est ici explorée. Car il est remarquable que celui qui cherche à s'expliquer sur sa méthode le fasse presque toujours en racontant une histoire - et même son histoire. Le philosophe, sans doute, mais le romancier tout aussi bien, ou le critique littéraire, ou l'anthropologue, le poète même, sont intéressés à cette question. Et les enjeux du présent travail touchent autant à la pensée qu'on dit parfois "abstraite" qu'au récit configuré.
Dans la méthode, roman et traité sont bien près de se toucher.
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Revue poétique : inventer en littérature ; du poème en prose à l'écriture automatique
Jean-Pierre Bertrand
- Seuil
- Poétique
- 5 November 2015
- 9782021234237
Peut-on inventer en littérature ? Et qu'invente-t-on précisément ? Si ces questions, posées en regard de ce qui s'est produit à la même époque dans les sciences ou les techniques, ne cessent d'être désavouées dans leur pertinence par les inventeurs eux-mêmes, probablement au nom d'une conception magique ou sacrée du littéraire, elles participent néanmoins d'une esthétique nouvelle qui se met en place au XIXe siècle. En effet, une théorie et une pratique de l'invention littéraire – et pas simplement de l'inventivité – apparaissent bel et bien, qui dépassent les dogmes anciens de l'imitation et de l'imagination comme principes organisateurs de la production artistique. Comme dans les sciences naturelles et les arts et métiers, on se met à inventer en littérature et à penser l'invention. On invente ainsi des cadres nouveaux – genres, formes ou techniques – qui se réclament d'un certain " progrès " de l'activité littéraire. En nous faisant assister à la naissance du poème en prose, du vers libre, du monologue intérieur, du calligramme et de l'écriture automatique, le présent essai cherche à comprendre les raisons pour lesquelles ces inventions deviennent les emblèmes des mouvements littéraires de la fin du romantisme à la naissance du surréalisme, mais également ce qui les relie et les sépare.
Jean-Pierre Bertrand, spécialiste de l'histoire des formes littéraires au XIXe siècle, enseigne la littérature des XIXe et XXe siècles et la sociologie de la littérature à l'université de Liège. Il a notamment publié, en collaboration, Les Poètes de la modernité. De Baudelaire à Apollinaire (" Points essais ", 2006) et Les 100 mots du surréalisme (" Que sais-je ? ", 2014).
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Revue poétique : la fenêtre ; sémiologie et histoire de la représentation littéraire
Andrea Del lungo
- Seuil
- Poétique
- 3 April 2014
- 9782021162738
À quoi servent les fenêtres en littérature ? Comment et à quelles fin encadrent-elles si souvent les aventures des personnages de fiction ou les contemplations des poètes, depuis le courtois Moyen Âge jusqu'aux plus urbains XIXe et XXe siècles ? Seuil à double sens entre l'intérieur et l'extérieur, mais aussi entre le sujet et le monde, la fenêtre rapporte l'identité individuelle au surgissement de l'altérité ; en même temps qu'elle ouvre l'espace fini d'une représentation, elle facilite l'accès à la connaissance.
Par ses multiples fonctions, la fenêtre est ici conçue moins comme un objet référentiel ou un thème littéraire que comme un objet théorique, défini par la notion d'hypersigne : c'est-à-dire comme un noyau de la représentation, qui préside au système de signes instauré par l'œuvre, opérant une densification du sens et fondant les modèles herméneutiques de son déchiffrement. Le pari de cet ouvrage consiste à proposer une vision renouvelée du concept de représentation, par la définition d'une approche inédite, appelée " sémiologie historicisée ", susceptible de conjuguer la théorie et l'histoire de la littérature.
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Revue poétique : logiques du brouillon ; modèles pour une critique génétique
Daniel Ferrer
- Seuil
- Poétique
- 26 March 2018
- 9782021049404
Pourquoi se préoccuper des brouillons, de tous ces manuscrits de travail illisibles qu'ont laissés derrière eux les écrivains ? N'y a-t-il pas assez de livres à lire ? Ne posent-ils pas suffisamment de problèmes en eux-mêmes ?
L'idée d'une génétique littéraire, voire d'une critique génétique fondée sur l'étude des brouillons, laisse perplexe. On se demande si une telle bizarrerie peut revendiquer sérieusement le statut d'une véritable discipline.
Pour répondre à ces interrogations, ce livre propose une série de modèles, empruntés aux domaines les plus divers, de la recette des œufs brouillés aux truffes au transfert freudien, de la bathmologie barthésienne à la sémantique des mondes possibles, qui s'efforcent de rendre compte, de manière à la fois rigoureuse et imagée, des enjeux de la genèse et des logiques qui lui sont propres –; car, malgré les apparences, l'univers des brouillons n'est pas chaotique, il est régi par des logiques qui ne sont pas les mêmes que celles du texte achevé.
Ces modèles sont la trace de l'expérience que représente la plongée dans les manuscrits d'écrivains, à la fois expérience vécue, dont on ressort avec un regard transformé, et pratique expérimentale d'une discipline encore neuve. C'est à partir de là qu'on peut espérer apporter une réponse à la plus difficile des questions : " à quoi bon ? " et montrer ce que la dimension génétique apporte à l'expérience de la littérature et, plus généralement, de l'œuvre d'art.
Daniel Ferrer est directeur de recherche au CNRS (ITEM), directeur de la rédaction de la revue Genesis et éditeur des carnets de Finnegans Wake. Il a publié plusieurs ouvrages sur James Joyce, Virginia Woolf et sur la critique génétique.