« Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes. »
Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au coeur du val d'Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard, c'est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé - et son avenir.
Dans une langue pure et poétique, Paolo Cognetti mêle l'intime à l'universel et signe un grand roman d'apprentissage et de filiation.
Traduit de l'italien par Anita Rochedy
« L'auteur de Rien de grave aime Blonde parce que c'est l'une de ses obsessions : avoir tout et finir avec rien. »
Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche, 17 juillet 2008.
Blonde ne ressemble à aucun livre de Joyce Carol Oates. Avec cette oeuvre monumentale et baroque, qu'elle compose à partir des fantasmes que lui inspire Marylin Monroe, l'écrivain a ainsi marqué de son empreinte un genre inédit : la « bio-fiction ». Construite en cinq actes, cette tragédie est écrite sur deux modes : l'un narratif et réaliste, l'autre surréaliste, fait de visions et d'hallucinations. Un peu comme si la folie d'une Marylin starifiée venait interrompre les voix de différents personnages tentant de raconter son histoire. Au sein de ce choeur, on entend le souffle gracile et timide de Norma Jean, l'enfant blessée et perdue que Marylin a dû être, obsédée par le pouvoir de destruction et la fragilité de sa mère.
C'est donc la part d'ombre de ce personnage devenu mythique qui a inspiré Joyce Carol Oates : « Je n'ai pas décidé de faire un livre sur Marilyn Monroe. C'est en découvrant une photo de Norma Jean prise en 1944 quand elle avait dix-sept ans que j'ai eu envie d'écrire sur cette jeune fille ordinaire, quelconque, une Américaine typique avec ses cheveux foncés et son visage rond, qui ne ressemblait en rien à Marilyn Monroe. [...] C'est grâce et à cause d'Hollywood qu'elle s'est métamorphosée, qu'elle est devenue un miracle. Ce qui compte pour moi, c'est la vie privée de Norma Jean, comment cette vie privée s'est transformée en produit. »
Quand on sait que c'est à sa mère que Joyce Carol Oates a pensé en découvrant cette photo des jeunes années de Marilyn, on a très envie d'entendre l'auteur de Mauvaise fille nous raconter en quoi la lecture de Blonde a été pour elle d'une telle importance.
« J'ai fini par y aller vraiment, dans l'Himalaya. Non pour escalader les sommets, comme j'en rêvais enfant, mais pour explorer les vallées. Je voulais voir si, quelque part sur terre, il existait encore une montagne intègre, la voir de mes yeux
avant qu'elle ne disparaisse. J'ai quitté les Alpes abandonnées et urbanisées et j'ai atterri dans le coin le plus reculé du Népal, un petit Tibet qui survit à l'ombre du grand, aujourd'hui perdu. J'ai parcouru 300 kilomètres à pied et franchi huit cols à plus de 5 000 mètres, sans atteindre aucun sommet. J'avais, pour me tenir compagnie, un livre culte, un chien rencontré sur la route, des amis : au retour, il me restait les amis. »
Paolo Cognetti
Traduit de l'italien par Anita Rochedy
Ali, un soldat de l'armée syrienne de 19 ans, gît à quelques pas d'un arbre. Il a une vision, celle d'un enterrement. S'agit-il du sien ? Tandis qu'il reprend ses esprits, Ali se souvient : c'étaient les funérailles de son frère. Il y a un an peut-être.
Ali comprend alors qu'il a dû être blessé par une bombe et tente de localiser la douleur, d'identifier la blessure. Son désir le plus cher est de s'envoler jusqu'à l'une des branches de l'arbre. Les arbres ont toujours été son refuge, sa maison. Ils n'ont pas de secret pour lui. Là-haut, il serait également à l'abri des animaux sauvages après le coucher du soleil.
Tout en essayant péniblement de s'en rapprocher, Ali se remémore différents épisodes de sa vie, de sa naissance auréolée de mystère à la gardienne presque centenaire du sanctuaire de son village qui l'initie à leur foi ancestrale, jusqu'à son arrivée au poste de contrôle de l'armée où il est enrôlé de force.
Enfant silencieux et contemplatif, inadapté à l'école, Ali est d'une rare force et agilité. Sa sensibilité ainsi que son amour et sa profonde compréhension de la nature lui confèrent une aura presque mystique. Son chemin semblait tout tracé, menant ultimement au sanctuaire et aux arbres qui l'ont vu naître. Mais la guerre en a décidé autrement...
Dans La Demeure du vent, Samar Yazbek explore avec force et poésie la puissance de la nature, et la vanité des hommes. Elle révèle la richesse de la foi alaouite et sa relation aux éléments. Au coeur du roman, un appel universel au retour à la terre au sens le plus primitif.
Un grand texte sur la beauté et l'âpreté de la vie. Traduit de l'arabe (Syrie) par Khaled Osman et Ola Mehanna
Qui n'a pas entendu parler d'Ulysse et de ses sirènes ? De l'amour fou d'Orphée pour Eurydice ? Ou de la mystérieuse boîte de Pandore ?
Depuis des milliers d'années nous lisons avec délice les aventures des dieux et déesses de la mythologie grecque. Dans ces récits, la force et le courage sont l'apanage des hommes tandis que les femmes sont trop souvent cantonnées aux rôles de jeunes filles sans défense ou d'épouses jalouses éconduites. Ces mythes continuent pourtant de forger notre représentation du monde.
Inspirés par l'incroyable succès du Bel au Bois dormant, Karrie Fransman et Jonathan Plackett ont donc décidé de ressortir leur baguette magique et de dépoussiérer tout cela en intervertissant - à l'aide de leur malicieux algorithme - le genre des personnages, sans rien modifier d'autre.
Ainsi, le pauvre Perséphon se fait enlever par la puissante Hadéesse, Théséa triomphe de la terrifiante Minogénisse tandis que Circé le magicien transforme allègrement les compagnes d'Ulyssa en truies...
Subliment illustré par Karrie, L'Enlèvement de Perséphon deviendra à coup sûr le nouveau livre de chevet de toute la famille. Un roman d'une impressionnante puissance littéraire et une révélation de cette rentrée.
Traduit de l'anglais par Marguerite Capelle et Hélène Cohen
« Qu'allais-tu faire là-bas ? Tes amis te le demandaient souvent : pourquoi encore cette ville ? Pourquoi tout ce temps ? Qu'y a-t-il à New York que tu ne connais pas déjà ? Parfois tu te le demandais aussi. Tu l'avais arpentée en long, en large et en travers, si bien que tu la connaissais mieux que ta ville natale. "Pour écrire" était la réponse qui coupait court à toute question. Mais il y avait quelque chose d'autre de trop difficile à expliquer. »
En 2003, Paolo Cognetti, âgé de 25 ans, se rend à New York pour réaliser une série de films documentaires sur la littérature américaine. Le jeune écrivain tombe sous le charme de la ville qui ne dort jamais et, pendant dix ans, il n'aura de cesse d'y retourner. Ces Carnets de New York sont le récit de ses multiples allers-retours dans la ville « des chasseurs de fortune, des souffleurs de bulles de savon et des rêves brisés ».
Dans cette langue qui n'appartient qu'à lui - divin mélange de simplicité et de poésie -, il nous entraîne sur les pas de ses héros littéraires, Melville, Whitman, Ginsberg, Capote ou encore Paley, Salinger et Kerouac. Il déambule dans Brooklyn, « la ville des écrivains », erre entre les gratte-ciel de Manhattan, traîne sa solitude le long de l'Hudson ou de l'East River, fait une pause chez Ozzie's pour noircir les pages de son carnet. Comme toujours avec Paolo Cognetti, il n'est de voyage sans rencontres et nouvelles amitiés : à chaque retour à New York, le voilà qui retrouve ses amis italo-américains, Bob, son « oncle de Brooklyn » qui doit ses rudiments d'italien à lecture de Moravia et Jimmy, qui nourrit une passion pour Mussolini et n'a jamais mis les pieds en Italie.
Illustré de neuf cartes dessinées par l'auteur, ces carnets sont une ode à New York, « ses ponts, ses îles, ses automnes, ses habitants mi-réels, mi-fantastiques ».
Traduit de l'italien par Anita Rochedy
Nietzsche est l?un des trois essais biographiques que compte Le Combat avec le démon, écrit par Stefan Zweig en 1925. Il s?agit d?une interprétation personnelle mais argumentée de la vie du célèbre philosophe allemand. Les premières touches de ce portrait laissent entrevoir un être déraciné, quasi-aveugle, tourmenté par de violentes migraines et de terribles maux d?estomac, qui mène une existence solitaire dans des pensions anonymes. Mais ce quotidien austère, fait de souffrances, n?intéresse Zweig que dans la mesure où il est, selon lui, indissociable du cheminement intellectuel de Nietzsche. En effet, si la condition physique du philosophe a influencé sa réflexion, lui soufflant des concepts aussi fondamentaux que la volonté de puissance, sa pensée a en retour façonné sa façon d?être au monde et aux autres. Car relativiste, amoral, Nietzsche l?a été jusque dans sa vie, dans ses rapports à autrui. Mû par une passion excessive de la vérité qui excluait toute concession, laissant sans cesse derrière lui ses croyances perdues, il est allé jusqu?à sacrifier ses amitiés au nom de son insatiable besoin de connaissances et de nouveauté. Cette course vers l?abîme, Stefan Zweig en exprime toute la profondeur, toute la beauté à travers les événements et les oeuvres qui jalonnent la vie de Nietzsche.
« En l'an de grâce 1894, je devins une hors-la-loi. »À dix-sept ans, la vie semble sourire à Ada : elle vient d'épouser le garçon qu'elle aime et son travail de sage-femme aux côtés de sa mère la passionne. Mais les mois passent et le ventre de la jeune femme ne s'arrondit toujours pas. Dans cette petite ville du Texas où la maternité est portée plus haut que tout, et la stérilité perçue comme un signe de sorcellerie, les accusations à l'encontre d'Ada ne tardent pas à se multiplier. Bientôt sa vie même est menacée et elle n'a d'autre choix doit que de partir, renonçant à tout ce qu'elle avait construit.Elle trouve refuge au sein du tristement célèbre gang du Hole-in-the-Wall, une bande de hors-la-loi dirigée par un leader charismatique : le Kid. Le Kid rêve de créer un havre de paix pour les femmes marginalisées et rejetées par la société en raison de leurs différences.À ses côtés, Ada apprend à monter à cheval, à tirer et à maîtriser l'art de se déguiser en homme pour piller des diligences ou voler du bétail. Mais le Kid veut aller plus loin et échafaude un plan qui pourrait bien leur être fatal. Ada est-elle prête à risquer sa vie pour un monde meilleur ?Hors-la-loi dépoussière avec fracas le mythe du Far West et brosse le portrait d'une héroïne inoubliable, portée par une soif de vérité et de justice. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Le 24 février 2022, quand l'armée russe a envahi l'Ukraine, la stupeur et la tristesse ont saisi le monde entier. Ont commencé à affluer dans nos médias des noms qui, jusqu'ici, ne nous étaient guère familiers, teintés de la couleur des combats et de la tragédie : Boutcha, Marioupol, Kharkiv, la mer d'Azov, Dnipro...
Mais que connaissons-nous vraiment de ce pays voisin ? Terre d'au-delà des Carpates, où les rivières coulent à travers des forêts et des steppes, l'Ukraine est aussi un pays à la culture millénaire, doté d'une scène littéraire foisonnante, encore trop peu connue en France. Nous avons donc demandé à quinze autrices et auteurs ukrainiens, de tous âges, tous milieux et toutes régions, russophones et ukrainophones, de nous raconter le lieu qui, pour eux, symbolise « leur » Ukraine.
Ainsi, Kateryna Babkina nous parlera de Bakota, un village partiellement englouti par un lac de barrage dans la région de Ternopil. Artem Tchekh confrontera la Polésie, région du nord de l'Ukraine où il combat aujourd'hui et celle de Tcherkassy où il a grandi, l'enfance et l'âge adulte, la guerre et la paix. Le poète Boris Khersonsky évoquera la ville d'Odessa tandis que Lyubko Deresh nous entraînera dans la péninsule de Trakhtemyriv, sur le Dniepr, connue pour être l'Atlantide ukrainienne. Anastasia Levkova racontera la Crimée à travers les témoignages qu'elle a recueillis des Tatars de Crimée réfugiés en Ukraine depuis l'annexion de 2014. Petro Yatsenko brossera le portrait de Kriukivshchyna, une de ces villes cossues de la banlieue ouest de Kyiv qui représentaient une forme de rêve ukrainien et qui se sont retrouvées confrontées en quelques jours à la violence de l'invasion russe. Et bien d'autres encore...
Dirigé par Emmanuel Ruben et remarquablement traduit par Iryna Dmytrychyn, ce recueil de textes inédits permettra aux lecteurs français d'appréhender l'Ukraine contemporaine à travers la littérature. Traduit de l'ukrainien et du russe par Iryna Dmytrychyn
Préface d'Emmanuel Ruben et Iryna Dmytrychyn
Ouvrage publié sous la direction d'Emmanuel Ruben
À 39 ans, Frances Jellico s'apprête à vivre son premier été de liberté. Enfin délivrée de son tyran de mère, Frances a été missionnée pour faire l'état des lieux du domaine de Lyntons. Jadis somptueuse propriété au coeur de la campagne anglaise, Lyntons est désormais un manoir délabré qui peine à se relever des années de guerre.
Dès son arrivée, Frances réalise qu'elle n'est pas la seule occupante des lieux : Peter et Cara, un couple aussi séduisant que mystérieux, sont déjà installés. Lorsqu'elle découvre un judas dans le plancher de sa chambre - qui lui offre une vue plongeante sur leur salle de bains - sa fascination pour eux ne connaît plus de limites.
Ses voisins se montrent très amicaux, et plus les jours passent, plus Frances se rapproche d'eux. À mesure que l'été se consume, que les bouteilles de vin se vident et que les cendres de cigarettes se répandent sur le vieux mobilier, Frances commence à entrevoir le passé tourmenté de Cara et Peter. La vérité laisse place au mensonge, les langues se délient, les souvenirs ressurgissent, au risque de faire basculer cet été 1969.
« Un page-turner à l'atmosphère déroutante, sombre et épineuse. » Gabriel Tallent, (My Absolute Darling)
À la mort de sa tante, Maria Stepanova se retrouve à vider un appartement plein de photographies surannées, de vieilles cartes postales, de lettres, de journaux intimes et de souvenirs : les vestiges d'un siècle de vie en Russie.Cette découverte déclenche chez elle un irrésistible besoin d'explorer les archives dont elle a hérité. Et de retracer l'histoire de sa famille et de l'Europe depuis la fin du XIXe siècle, en révélant les non-dits, les mensonges, les faux-fuyants.Comment faire émerger la vérité et retranscrire ce passé familial ? Doit-elle privilégier une simple description des archives ? Ou s'atteler à la rédaction d'une fiction ?Puisant dans diverses formes - essai, fiction, mémoire, récit de voyage et documents historiques -, Maria Stepanova donne vie à un vaste panorama d'idées et de personnalités et propose une exploration entièrement nouvelle et audacieuse de la mémoire - ou de son impossibilité. Comment assembler les morceaux épars de l'histoire personnelle et ceux de la grande histoire ? À l'ère du selfie, la mémoire n'est-elle pas évincée par la pseudo-éternité de l'image ? Au gré des chapitres, les portraits de ses ancêtres de l'époque tsariste ou de l'ère stalinienne côtoient de grandes figures, comme celles de Walter Benjamin, Charlotte Salomon ou Francesca Woodman. Convoquant des écrivains comme Roland Barthes, W. G. Sebald, Susan Sontag et Ossip Mandelstam, Maria Stepanova signe un grand texte littéraire, empreint d'une rare curiosité intellectuelle, d'une portée universelle. Traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard
Marta et Andrea. Laura et Piero. Deux couples. Quatre amis inséparables qui ont partagé chaque moment clef de leur vie : rencontre, mariage, enfants. Quand, à l'approche de la soixantaine, leurs mariages respectifs volent en éclats au même moment, c'est la sidération. Il y a d'abord Marta qui décide de partir, sans raison véritable, si ce n'est cette envie irrépressible d'être enfin seule. Puis c'est au tour de Piero, mari chroniquement infidèle, de quitter Laura, son épouse dévouée, sous prétexte qu'il ne se sent plus aimé.
Comment vit-on la séparation après vingt-cinq ans de vie commune ? Que reste-t-il de toutes ces années passées ensemble ? Comment apprivoiser et profiter de cette solitude nouvelle ?
Dans cette comédie douce-amère aux accents de Woody Allen, les quatre protagonistes prennent la parole à tour de rôle pour revisiter leur histoire, du mariage à la séparation et raconter cette nouvelle vie qui s'offre à eux et qu'il faut avoir l'audace de saisir.
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz
« Soeurs, encore un chef-d'oeuvre de Daisy Johnson. » Elle
Juillet a une soeur de dix mois son aînée, Septembre. Elles sont inséparables. Mais Septembre peut se montrer terrifiante. Elle pousse Juillet à faire des choses qu'elle ne veut pas. Et, comme hypnotisée par le regard noir de sa soeur, Juillet obéit.Depuis « l'incident », tout a changé. Elles ont dû déménager loin d'Oxford avec leur mère Sheela, écrivaine pour enfants, dans une vieille maison au bord de la mer, qui, si l'on tend bien l'oreille, semble animée d'une vie propre. Le sommeil y est impossible et les rêves sans fin. L'atmosphère devient brumeuse et étouffante pour Juillet. Tandis que les deux adolescentes font leurs premiers pas dans le monde du désir et de la sexualité, un vent de violence se lève.À mesure que le lecteur remonte le fil jusqu'à ce fameux incident, l'auteure fait germer une cruelle pensée dans la tête du lecteur : et si Juillet n'obéissait finalement qu'à elle-même ?Daisy Johnson nous plonge dans un univers gothique, âpre et ardent où explose la fureur de l'adolescence. Traduit de l'anglais par Lætitia Devaux
À la mort de son père, fuyant New York, la narratrice s'installe à La Haye pour devenir interprète à la Cour internationale. Femme anonyme, trilingue, perdue dans cette ville où rien ne dépasse, elle est la recherche d'un chez-soi, d'une stabilité, qu'elle trouve notamment dans son travail qui demande extrême rigueur, neutralité et concentration. Elle semble se contenter de ce quotidien sans éclats. Mais, comme de légers soubresauts, quelques vibrations viennent perturber cette routine. Adriaan, son amant néerlandais, fraîchement séparé de sa femme, ne peut se résoudre à divorcer. Son amie Jana est témoin d'une agression en bas de chez elle qui l'obsède et la narratrice se retrouve au beau milieu d'une crise politique, alors qu'elle doit interpréter pour un ancien président, accusé de crimes de guerre.
Femme silencieuse, à la passion tranquille, qui se laisse porter par le courant, la voici maintenant plongée dans une tempête où se mêlent trahison, amour, chagrin et violence, la forçant à décider de sa propre vie.
Écrit tout en nuances, Intimités est un roman magnifique sur le pouvoir des mots et le sentiment d'appartenance. Katie Kitamura dissèque ces légères mais insistantes perturbations créées par l'Autre, comme une caresse répétée qui, peu à peu, devient une gêne sur notre peau. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy
« Hertz Minsker était arrivé à New York en 1940, amenant avec lui une nouvelle épouse qui avait abandonné un mari - et deux enfants - à Varsovie. On racontait qu'il travaillait depuis des années à un chef-d'oeuvre qui éblouirait le monde, mais jusque-là, personne n'en avait rien vu. »
Hertz Minsker, pseudo-philosophe, pseudo-sociologue et véritable charlatan, vit aux crochets de son ami d'enfance, Morris Calisher, magnat de l'immobilier. Hertz, séducteur invétéré, a pour quatrième femme la ravissante Bronia, qui ne se remet pas d'avoir laissé derrière elle ses deux jeunes enfants, désormais prisonniers du ghetto de Varsovie. Morris, lui, est marié à la plantureuse Minna.
Depuis des mois, Hertz et Minna entretiennent une liaison passionnée au nez et à la barbe de leurs conjoints respectifs. Quand l'ex-mari de Minna fait irruption dans leurs vies et décide de vendre à Morris des Picasso et des Chagall - tous faux, bien entendu -, le château de cartes s'écroule et les péripéties s'enchaînent.
Avec ce nouveau roman inédit, Singer nous offre une formidable histoire menée tambour battant, mais aussi un grand livre sur l'exil, le déracinement, et la douleur de l'incertitude quant au sort de ceux qui sont restés en Pologne.
« Un Docteur Jivago iranien. » Margaret Atwood
« Je vais t'appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. »
Téhéran, 1953. Par une nuit enneigée, Behrouz, humble chauffeur de l'armée, entend des pleurs monter d'une ruelle. Au pied d'un mûrier, il découvre une petite fille aux yeux bleus, âgée de quelques jours. Malgré la croyance populaire qui veut que les yeux clairs soient le signe du diable, il décide de la ramener chez lui, modifiant à jamais son destin et celui de l'enfant, qu'il nomme Aria.
Alors que l'Iran, pays puissant et prospère, sombre peu à peu dans les divisions sociales et religieuses, trois figures maternelles vont croiser la route d'Aria et l'accompagner dans les différentes étapes de sa vie : la cruelle Zahra - femme de Behrouz -, qui la rejette et la maltraite, la riche veuve Fereshteh qui l'adopte et lui offre un avenir, et la mystérieuse Mehri, qui détient les clefs de son passé.
À l'heure où le vent du changement commence à souffler sur l'Iran, Aria, désormais étudiante, tombe amoureuse de Hamlet, un jeune Arménien. Mais, lorsque la Révolution éclate, les espoirs des Iraniens sont rapidement balayés par l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeini et la vie d'Aria, comme celle du pays tout entier, s'en trouve à jamais bouleversée.
Traduit de l'anglais (Canada) par Marc Amfreville
« À trente-deux ans, Yarmi comptait déjà quatre séjours à la prison de Pawiak pour vol - sa spécialité étant de forcer les serrures. Il avait aussi été arrêté plusieurs fois pour traite des blanches. À vingt-neuf ans, Keila la Rouge s'était successivement distinguée dans trois bordels, un rue Krochmalna, un rue Smocza et un rue Tomkes. » Dans ce grand roman inédit, le conteur malicieux de la rue Krochmalna, le magicien des synagogues et des bordels, ressuscite le monde disparu de la culture yiddish, un monde de couleurs vives qui devint après la guerre un monde gris de cendres.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay
« Je ne savais pas qu'on tuerait mon père. Aucun enfant ne peut imaginer une chose pareille. Mais ça arrive. J'ai encore du mal à croire qu'à peine trente-cinq grammes d'acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l'atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne. »
À onze ans, Sara Jaramillo Klinkert perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Rien ne sera plus jamais comme avant. La petite fille privilégiée, élevée par des parents aimants dans une somptueuse villa entourée de végétation luxuriante, est soudain obligée de quitter l'enfance.
Comment devenir adulte lorsque la violence a terrassé l'innocence ? Comment parler à sa mère, qui doit élever seule ses cinq enfants ?
Loin de la plainte et de la lamentation, l'autrice remonte le fleuve de ses souvenirs d'enfant pour affronter ses traumatismes et ceux de ses frères. Chapitre après chapitre lui revient l'odeur capiteuse du manguier qui trônait dans son jardin, le crépitement des galettes de maïs de sa mère, la cabane aux longues branches construite par son père, transformant le chagrin en force, la reconstruction et la résilience en un cri universel.
Porté par une langue à la fois sobre et sensuelle, Comment j'ai tué mon père se lit en un seul souffle et laisse le lecteur sans voix.
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Anne Plantagenet
Toute sa vie Lucy a suivi une route tracée d'avance, notamment en matière d'amour. Elle a rencontré un homme qui lui ressemblait : même âge, même parcours, mêmes rêves ; ils se sont mariés et ont eu deux enfants. Mais voilà, aujourd'hui, Lucy est une enseignante de quarante et un ans, divorcée, avec deux fils à charge, et la route débouche sur un carrefour. Quelle direction prendre ? Lucy sent ses certitudes vaciller... Serait-ce le parfait timing pour un coup de foudre ?Lorsqu'elle rencontre Joseph derrière le comptoir de la boucherie de son quartier bobo londonien, elle ne cherche pourtant pas l'amour, loin de là. Plutôt un baby-sitter de confiance, pour pouvoir sortir de temps à autre. Et puis Joseph a vingt-deux ans, habite chez sa mère, cumule les petits jobs et rêve de devenir DJ. Pire encore, il a voté LEAVE. Disons-le, il n'a rien du candidat idéal. Mais parfois, il s'avère que la personne qui peut vous rendre le plus heureux est celle à laquelle vous vous attendez le moins ! Même si cela peut générer quelques complications...Entre comédie sociale et romantique, sur fond de Londres déchirée par le Brexit, Nick Hornby nous offre un roman de notre époque qui nous rappelle que pour vivre ensemble il faut savoir dépasser ses préjugés et accepter les différences. En amour comme en politique. Traduit de l'anglais par Christine Barbaste
Fausto a quarante ans, Silvia en a vingt-sept. Il est écrivain, elle est artiste-peintre. Tous deux sont à la recherche d'un ailleurs, où qu'il soit. Alors que l'hiver s'installe sur la petite station de ski de Fontana Fredda, au coeur du val d'Aoste, ils se rencontrent dans le restaurant d'altitude Le Festin de Babette. Fausto fait office de cuisinier, Silvia, de serveuse. Ils se rapprochent doucement, s'abandonnant petit à petit au corps de l'autre, sans rien se promettre pour autant. Alors qu'arrive le printemps et que la neige commence à fondre, Silvia quitte Fontana Fredda pour aller toujours plus haut, vers le glacier Felik, tandis que Fausto doit redescendre en ville rassembler les morceaux de sa vie antérieure et finaliser son divorce. Mais le désir de montagne, l'amitié des hommes et des femmes qui l'habitent et le souvenir de Silvia sont trop forts pour qu'il résiste longtemps à leur appel.
Après le succès mondial des Huit Montagnes, Paolo Cognetti revient sur ses sommets bien-aimés avec un éblouissant roman d'amour, véritable ode à la montagne tour à tour apaisante, dangereuse, imprévisible et puissante.
« Un vrai chef-d'oeuvre. Une merveille.
J'espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. »
Nancy HustonEn 1992, l'union soviétique s'effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu'elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l'occupation soviétique et l'amour qu'Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix.
Sofi Oksanen s'empare de l'Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d'Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ?
Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.
Varsovie, début du XXe siècle. Après avoir fait fortune en Argentine, Max et Flora rentrent au pays chercher de la « marchandise » pour leur fabrique de sacs à mains, qui n'est autre que le bordel local. La marchandise - c'est-à-dire des filles -, Flora, experte en la matière, la choisira, et Max s'assurera qu'elle a bien toutes les qualités requises... À peine arrivés, ils renouent avec leurs vieux amis, Meir et Leah, membres éminents de la pègre de Varsovie, tout disposés à les aider dans leur recherche. Quand Meir présente à Max une très jeune fille innocente et pleine de grâce, Rashka, Max est sous le charme. Le seul problème étant que, finalement, il aimerait bien la garder pour lui seul. Flora, sentant venir le danger, renoue avec un ancien amant tandis que Max promet mariage et enfant à Rashka - passant sous silence le fait qu'il est déjà marié - et la convainc de s'enfuir avec lui à Paris. Paris, qui se transforme très vite en Otwock, petite bourgade sans intérêt à deux pas de Varsovie. Malgré les qualités de sa jeune maîtresse, Max ne tarde pas à s'ennuyer de ses amis truands, de leurs combines louches et des tavernes de la rue Krochmalna, et décide de rentrer à Varsovie, quitte à devoir affronter la justice et l'ire de Flora. Est-ce-que tout cela peut bien finir ? Non, certainement pas, sinon ça ne serait pas du Singer ! Dans ce nouveau roman inédit, Singer renoue avec ses thèmes de prédilections et signe un texte foisonnant et haut en couleurs - avec le noir en dominante - qui n'est pas sans rappeler l'univers de Keila la Rouge. Traduit de l'anglais par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay
Rima aime les livres, surtout Le Petit Prince et Alice au pays des merveilles, le dessin et... marcher. La jeune fille, qui ne parle pas, souffre d'une étrange maladie : ses jambes fonctionnent indépendamment de sa volonté, dès qu'elle se met à marcher elle ne peut plus s'arrêter.
Un jour d'août 2013, alors qu'elle traverse Damas en bus, un soldat ouvre le feu à un check-point. Sa mère succombe sous les balles et Rima, blessée, est emmenée dans un hôpital pénitencier avant que son frère ne la conduise dans la zone assiégée de la Ghouta. Et c'est là, dans cet enfer sur terre, que Rima écrit son histoire.
À travers la déambulation vive et poétique de cette adolescente singulière dans l'horreur de la guerre, Samar Yazbek continue son combat pour exposer aux yeux du monde la souffrance du peuple syrien.
Traduit de l'arabe (Syrie) par Khaled Osman
« Il existe dans le Sud un fort où, voici quelques années, un meurtre fut commis. Les acteurs de ce drame furent deux officiers, un soldat, deux femmes, un Philippin et un cheval. »
Au début du siècle dernier, dans une garnison isolée du sud des États-Unis, le hasard tisse entre deux femmes et trois hommes des relations singulières. Rapports d'autorité et conflits sexuels sont au coeur de l'intrigue que Carson McCullers développe avec cette exquise subtilité qui lui est propre. Coloré tour à tour de lyrisme, de suspense et d'humour, ce roman dévoile les modalités d'un drame imputable moins au hasard des situations qu'à la psychologie des personnages et aux ressorts inconscients qui inspirent souvent notre conduite.
Reflets dans un oeil d'or a été adapté au cinéma dans un film culte de John Huston avec Marlon Brando et Elizabeth Taylor dans les rôles principaux.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Nordon postface de Tennessee Williams.