Cinquante ans après la mort du très grand écrivain Aldous Huxley, son chef-d'oeuvre, Le Meilleur des Mondes, se lit et se relit, intemporel, visionnaire, absolument génial.
632 après Ford : désormais on compte les années à partir de l'invention de la voiture à moteur. La technologie et la science ont remplacé la liberté et Dieu. La vie humaine, anesthésiée, est une suite de satisfactions, les êtres naissent in vitro, les désirs s'assouvissent sans risque de reproduction, les émotions et les sentiments ont été remplacés par des sensations et des instincts programmés. La société de ce Meilleur des mondes est organisée, hiérarchisée et uniformisée, chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies. Chacun concourt à l'ordre général, c'est-à-dire travaille, consomme et meurt, sans jamais revendiquer, apprendre ou exulter. Mais un homme pourtant est né dans cette société, avec, chose affreuse, un père et une mère et, pire encore, des sentiments et des rêves. Ce " Sauvage ", qui a lu tout Shakespeare et le cite comme une Bible, peut-il être un danger pour le " monde civilisé " ?
Réédition d'un grand classique de la science-fiction épuisé. 50e anniversaire de la mort d'Aldous Huxley.
En l'an 2108, la Troisième Guerre mondiale a pris fin depuis déjà plus d'un siècle mais les stigmates de ses destructions atomiques n'ont pas disparu et l'humanité, décimée par les massacres chimiques et bactériologiques, a subi une irréversible mutation. C'est à la découverte de cette nouvelle espèce animale dont l'instinct sexuel est devenu saisonnier que va se lancer le professeur Poole, spécialiste néo-zélandais de botanique, dont l'île-continent a été miraculeusement épargnée. À travers la fiction littéraire d'un scénario de film providentiellement sauvé du désastre, Aldous Huxley évoque avec un brio insurpassable l'un des " avenirs de cauchemars " qui peuplent peut-être le troisième millénaire.
« Le respect de la vérité présente un déclin associé de près à la régression en charité. Il n'est point de période de l'histoire du monde où le mensonge organisé ait été pratiqué d'une façon aussi éhontée, ou, grâce à la technologie moderne, aussi efficacement et sur une aussi vaste échelle, que par les dictateurs politiques et économiques du siècle présent. La majeure partie de ce mensonge organisé prend la forme de propagande, inculquant la haine et la vanité, et préparant l'esprit des hommes à la guerre. Le but principal des menteurs est la suppression des sentiments et de la conduite charitables dans le domaine de la politique internationale. [...]
Tel est le monde dans lequel nous nous trouvons, - monde qui, jugé d'après le seul critère acceptable du progrès, est manifestement en régression. L'avance technologique est rapide. Mais sans progrès en charité, l'avance technologique est inutile. Elle est même pire qu'inutile. Le progrès technologique nous a simplement fourni des moyens plus efficaces pour reculer.
Comment cette régression en charité que nous vivons actuellement, et dont chacun de nous est responsable dans une certaine mesure, peut-elle être enrayée et inversée ? Comment la société existante peut-elle se transformer en la société idéale décrite par les prophètes ? Comment l'homme sensuel moyen et l'exceptionnel (et plus dangereux) homme ambitieux peuvent-ils se transformer en ces êtres sans attache, qui seuls sont capables de créer une société sensiblement meilleure que la leur ? Ce sont là les questions auxquelles j'essaierai de répondre dans le présent volume. »