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LAURENCE DYEVRE
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En 1914, Ernest Shackleton partait à bord de L'Endurance pour un voyage en Antarctique qui resterait dans l'histoire par sa tournure tragique et sa fin miraculeuse. Un siècle plus tard, un équipage polonais prend la mer pour refaire le parcours de l'expédition légendaire. Mateusz Janiszewski, tout jeune chirurgien, voyageur et écrivain, en est l'un des capitaines. Depuis la Patagonie, à travers les mers les plus effroyables, le périple, qui ne devait durer que quelques mois, se révèle pour l'auteur une expérience à la fois terrifiante et initiatrice.
Janiszewski interroge ses souvenirs de lecture de Melville et Conrad, à mesure qu'il affronte la rudesse du paysage patagon, les vents glacés de l'océan Austral et, surtout, ses propres faiblesses. Il est parfois submergé par l'euphorie (« Accroché au gouvernail, je ne sais plus qui dirige qui. Mais dans cette danse, je suis à ma place »), et peu après il éprouve un immense désarroi devant l'inanité des ambitions humaines.
Avec ce grand reportage littéraire, empreint de poésie et de réflexion philosophique, Janiszewski nous entraîne dans un monde extrêmement hostile, « capable de vous tuer », mais aussi de vous révéler à vous-même. -
Au début du XXe siècle, Nathan Stramer revient des États-Unis dans sa ville natale de Tarnów, une ville industrielle du sud de la Pologne, où la moitié de la population est juive. Il y rencontre sa femme, Rywka, et devient le père de six enfants que l'on va voir grandir : à peine sortie de l'enfance, Rena tombe amoureuse d'un homme marié ; Rudek fait des études de philologie classique, mais, réaliste, il dégote un emploi au syndicat de la bougie ; Hesio et Salek succombent à leur fascination pour l'idée du communisme et sont menacés d'arrestation, tandis que les plus petits, Wela et Nusek, bouillonnent d'impatience.
Cette histoire intime, extrêmement attachante, est interrompue de plus en plus fréquemment par la marche sanglante de l'histoire. Les Stramer peuvent-ils deviner ce qui les attend ? Comme la écrit le grand poète Adam Zagajewski : "Cette histoire semblerait condamnée à une tristesse incurable et à la fin que nous connaissons tous. Pourtant, Mikolaj Lozinski a réussi à effacer la noirceur qui teinte notre mémoire de cette époque. Les protagonistes n'ont aucune idée de ce qui les attend, alors que nous ne le savons que trop bien. L'auteur permet à ses personnages de faire des erreurs, de commettre des bévues ; il leur insuffle la vie." -
La fascination pour les oiseaux qui accompagne l'auteur depuis son enfance (une maladie qu'il appelle Birding Compulsive Disorder) est devenue un prétexte pour écrire sur l'art, la littérature, l'histoire et le cinéma. De quel oiseau-roi Mitterrand a-t-il voulu faire son dernier repas ? Quel est le lien de l'agent 007 avec l'ornithologie ? À quoi pensaient les oiseaux d'Hitchcock ? Quel effet l'amour de Jonathan Franzen pour les oiseaux a-t-il eu sur sa prose ?Bien entendu, l'auteur ne s'inspire pas uniquement de ses lectures ! C'est un homme de terrain et son texte est nourri de toutes ses expériences dans la nature, mais aussi en ville.Il y a désormais des millions de gens qui s'adonnent à l'observation des oiseaux. Pour beaucoup, c'est une passion dévorante et les cas d'agression, d'évanouissement ou de crise cardiaque ne sont pas rares sur le terrain. Lubie´nski n'a encore tabassé personne, son coeur est heureusement en bon état, mais comme son amour des oiseaux est tout aussi excessif, il affronte sans se plaindre les conditions les plus inconfortables, jusqu'à être victime de la « malédiction du bruant », un mal qui frappe les amis des oiseaux...Stanislaw Lubie´nski est né en 1983. Après des études en anthropologie de la culture, il a collaboré à la plupart des magazines culturels de Pologne. Auteur d'un essai historique sur l'anarchiste ukrainien Nestor Makhno (Le Pirate des steppes), il a reçu de nombreux prix pour son livre Douze pies par la queue, dont le prestigieux Nike dans la catégorie « Choix du public ». Sa passion pour les oiseaux détermine la plupart de ses voyages, mais aussi son engagement de citoyen. Il vit à Varsovie, où vient de paraître son nouvel essai : Le livre des déchets, qui traite de la gestion catastrophique de nos ordures comme d'un problème de civilisation.
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Dans un vieux numéro du Times, l'auteur retrouve un écho d'une affaire qui avait fait grand bruit dans son enfance ; c'était quelque chose comme une affaire Dreyfus russe, mais il n'y avait eu aucun Émile Zola, alors, pour prendre la défense de l'homme qu'on accusait. Voici un roman dans lequel personnages et événements sont authentiques, presque documentaires, et qui est en même temps une grande réussite littéraire. Au début de la Grande Guerre, Sergueï Miassoïedov, colonel de la gendarmerie tsariste et petit entrepreneur privé, se trouve accusé d'espionnage pour le compte de l'Allemagne : en coulisse, la police politique est en proie à des luttes intestines entre les antisémites et leurs adversaires. Condamné à mort par une cour martiale, Miassoïedov est exécuté à Varsovie en 1915. Et c'est alors que commence une seconde affaire, moins retentissante et peut-être plus cruelle encore : son épouse, d'origine juive, est inquiétée à son tour, d'abord par la police tsariste, qui obtiendra sa condamnation, puis par les services soviétiques. Des pogroms de 1903 jusqu'au bombardement de Dresde par les Alliés, c'est toute la noirceur et la violence du demi-siècle qui se montre à nos yeux.
Józef Mackiewicz est né en 1902 à Saint-Pétersbourg. Il prit part à la guerre contre les bolcheviks. Après avoir étudié la philosophie à Varsovie, il a été journaliste, puis rédacteur en chef d'un quotidien polonais de Vilnius. Durant la guerre, il travailla de ses mains, ouvrier, bûcheron. Probablement à l'instigation d'un agent soviétique, il fut condamné à mort par la résistance polonaise : faute de motif réel, rien ne fut tenté contre lui. Témoin capital des événement de son siècle (il était présent, en particulier, lors de l'exhumation des victimes du massacre de Katyn et fut l'un des premiers à alerter l'opinion internationale sur ce crime soviétique), il s'est attaché toute sa vie à faire entendre des « vérités inconfortables ». Il parvint à passer à l'Ouest en 1945 : Rome, puis Londres et enfin Munich, où il mourut en 1985. Il est l'auteur de six romans. -
Andrzej Bobkowski est une figure mythique des lettres polonaises. Le journal qu'il a tenu à Paris sous l'Occupation (En guerre et en paix) a donné la mesure de son style mordant : « Le véritable écrivain n'est pas celui qui écrit bien : c'est celui qui perçoit davantage. »
Les Notes de voyage d'un Cosmopolonais s'ouvrent en 1947. Après la Libération, Bobkowski travaille à Paris dans un atelier de réparation de vélos, et il observe le coq humilié qui s'efforce de remettre de l'ordre dans son plumage. Suivent une excursion au pays basque, un séjour à Lourdes, et les préparatifs du départ pour le Guatemala. 1948, Bobkowski traverse l'Atlantique sur une Arche étrange, où l'espérance le dispute à la nostalgie. Sa femme et lui ont 180 dollars en poche. « Et mes deux bras », ajoute Bobkowski. Débute alors une lutte acharnée pour l'existence : il va monter un atelier d'aéromodélisme, puis ouvrir un magasin, le Guatemala Hobby Shop. Les petits avions de balsa le rendent populaire parmi la jeunesse locale et lui permettent bientôt de voyager : les États-Unis, la Suède, et la France à nouveau. Bobkowski, qui est d'abord un écrivain, perçoit les convulsions du monde : aux USA, on chasse les sorcières, tandis que l'Amérique centrale s'embrase, avec le coup d'État américain au Guatemala de 1954. Au dernier chapitre, luttant contre le cancer qui l'emportera, Bobkowski réaffirme ses convictions, dont le socle a toujours été : la liberté de l'individu.
À la fois journal intellectuel et série de reportages du quotidien, ces Notes de voyage ravivent de façon passionnante la France de l'après-guerre et le Nouveau Monde, entre républiques bananières et maccarthysme virulent.
Admirateur fou de Conrad, frère spirituel de Gombrowicz, Bobkowski a forgé un terme qui les définit tous les trois : le Cosmopolonais, un homme qui, ayant surmonté son héritage national, porte sur le monde un regard nouveau.
Né en 1913, Andrzej Bobkowski se trouve bloqué à Paris, en route vers l'Amérique latine au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate. II est chargé de I'assistance sociale aux ouvriers polonais et commence à rédiger un journal dans lequel il note ses réflexions et observations. En 1947, il émigre au Guatemala avec son épouse, y lance la construction de modèles réduits d'avions et initie des jeunes au sport de l'aéromodélisme. II continue à écrire en polonais des articles et des essais dont le dernier est consacré au grand écrivain anglo-polonais Joseph Conrad qu'il considérait comme son maître. A. Bobkowski meurt d'un cancer en 1961 à l'âge de 47 ans. -
Roman traduit du polonais par : Laurence DyèvreÀ New York, le narrateur, Janusz, écrit, à la demande d'un industriel allemand, Klaus Werner, prêt à jouer les producteurs, le scénario d'un film sur Jerzy (Djerzi) Kosinski, l'auteur de l'Oiseau bariolé (roman qui apporta à l'auteur une renommée internationale jusqu'à ce que celui-ci reconnaisse que, contrairement à ce qu'il avait toujours prétendu, l'histoire de ce pauvre enfant juif martyrisé pendant la guerre par des paysans polonais n'était que pure fiction). Il est lui-même fasciné par le personnage, qu'il a connu. Jerzy exerce une fascination extrême sur les femmes comme sur les hommes.
Qui était Jerzy Kosinski ? Un affabulateur ? Un grand mystificateur ? Un psychopathe, aux nerfs d'acier, dépourvu de sentiments ?
Good night, Djerzi ! est un roman qui envoûte le lecteur par la force de ce personnage tragique pris au piège de son propre mensonge si facilement mis en place auprès des media. Différents aspects du monde d'après-guerre sont évoqués : New York; Moscou et la Russie ; la Pologne et sa complexité (accusé en Pologne de plagiat d'un roman à succès de l'entre-deux-guerres pour son livre Bienvenue Mister Chance et, surtout, d'avoir terni l'image des Polonais dans l'Oiseau bariolé, Jerzy Kosinski y a été officiellement interdit de publication pendant des années). Derrière tout cela se cache une dénonciation des sociétés qui savent brûler ce qu'elles ont eu besoin d'adorer, avec d'autant plus de violence que l'adoration a été puissante