En douze chants, Gogol conte l'épopée du vieux Tarass Boulba et de ses deux fils, Ostap et André, partis de l'Ukraine avec tous les Cosaques zaporogues dans une guerre sans merci contre les Polonais. Mais André rêve secrètement de la belle Polonaise qu'il a jadis entrevue...
« Tarass Boulba est un fragment, un épisode de la grande épopée de tout un peuple. » (V. Biélinski)
Traduction intégrale de Marc Semenoff (1949), accompagnée d'illustrations de Viktor Vasnetsov.
EXTRAIT
« Allons, tourne-toi, mon fils ! Dieu, que tu es drôle ! Pourquoi diable portez-vous ces soutanes de pope ? Tout le monde s'habillerait-il ainsi à l'académie ? » Telles sont les paroles avec lesquelles le vieux Boulba aborda ses deux enfants, élèves du collège de Kief, qui revenaient à la maison chez leur père.
Ses fils venaient de descendre de leurs montures. C'étaient deux robustes garçons qui jetaient encore des regards en dessous sur le monde, à la manière des élèves frais émoulus du séminaire. Leurs visages, qui respiraient la force et la santé, se couvraient de ce premier duvet que le rasoir n'avait pas encore touché. L'accueil de leur père les décontenançait ; aussi demeuraient-ils immobiles, les yeux baissés.
« Un instant, un instant ! Que je vous regarde bien ! continua Boulba, les tournant et retournant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nikolaï Vassiliévitch Gogol est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe d'origine ukrainienne, né à Sorotchintsy dans le gouvernement de Poltava le 19 mars 1809 et mort à Moscou le 21 février 1852.
Écrits entre 1860 et 1906, ces récits illustrent la lutte contre le pouvoir despotique du tsar. Tolstoï y dénonce la violence militaire (Après le bal raconte le désamour du narrateur pour une jeune fille dont il a surpris le père, colonel, organisant la bastonnade d'un soldat) et s'interroge sur la violence révolutionnaire - notamment celle des "décembristes", auteurs de la tentative de coup d'État du 14 décembre 1825. À la fin de sa vie le ton se fait religieux, exprimant le besoin de repentir (Notes posthumes... reprend la fameuse légende du tsar Alexandre Ier se faisant passer pour mort et allant finir sa vie en Sibérie, sous un faux nom, par expiation volontaire). Comment construire une société plus juste, une société meilleure? Tolstoï exprime ici un engagement philosophique, littéraire et moral : l'engagement d'une vie.