« Imagine toi riche de possibilités insoupçonnées. Rêve haut et fort, place les barres sur des hauteurs venteuses, fais-toi peur, ne te limite pas, explore et tremble. »
Philippe Torreton, dans une longue lettre émouvante et poétique, livre sa passion pour le théâtre. Il parle de ces sentiers que le futur comédien aura à défricher, raconte le trac, les découragements, les joies et les doutes, la solitude, la ténacité mais aussi le goût pour l'inattendu et l'éphémère. Un cheminement comme une longue quête de connaissance de soi grâce aux autres. Il nous dit l'importance du texte, remet en cause la notion même de personnage et invite à nous concentrer sur « l'impérieux souci de dire quelque chose à quelqu'un ». Il évoque ses rencontres avec comédiens et metteurs en scène pour mieux partager son expérience. Voici une déclaration d'amour au métier d'acteur, une formidable transmission autant qu'une leçon de vie généreuse et inspirante pournous tous.
Quatre cents ans après sa naissance, Molière continue de nous toucher, de nous fait rire, de nous surprendre, de nous éclairer, comme si ses pièces avaient été écrites hier. Qu'il nous soit tellement proche ajoute à son mystère. Par quelle magie, quand l'humour de tous les autres grands auteurs ne cesse de s'affadir avec le temps, sa force comique conserve-t-elle, aujourd'hui encore, toute sa puissance ? Pourquoi ses héros, réduits à quelques traits ou traversés d'aspirations contradictoires, animés par des lubies, aveugles à eux-mêmes, parviennent-ils à nous révéler des dimensions insoupçonnées de la condition humaine ? Comment le pur plaisir du jeu théâtral et de ses variations, premier moteur de ses pièces, devient-il, sous sa plume, un instrument de précision capable de dévoiler les motivations les plus secrètes des personnages ?
C'est que Molière est le seul auteur (hormis peut-être, à ce niveau, Charlie Chaplin) dont le génie découle entièrement de celui qu'il avait comme acteur. Au demeurant, si l'on veut en révéler toute la profondeur, il faut aborder ses comédies comme des partitions musicales : pour nous faire ressentir les vrais enjeux de la pièce, les acteurs doivent y déchiffrer les émotions, sans cesse changeantes et surprenantes, qu'ils auront à vivre sur la scène. Chez Molière, en effet, ce sont les émotions qui révèlent et jugent ce que les actes, les pensées et les paroles des personnages travestissent.
Sous cet angle, l'originalité de Molière apparaît avec une évidence et une simplicité nouvelles : les milliers d'ouvrages brillants qui lui ont été consacrés ont eu tendance à estomper les intentions du dramaturge, à force d'interprétations conceptuelles, morales, esthétiques ou historiques. Ce retour amoureux au Molière des origines, qui est le Molière de toujours et de demain, est celui que nous propose ici le 463e Sociétaire de la Comédie française, Francis Huster.
Transformer le théâtre, c'est aussi révolutionner notre vie. Publié en 1938, alors qu'il vient d'être interné, Le Théâtre et son double est un recueil de conférences, articles et lettres dans lequel Artaud entend "briser le langage pour toucher la vie". Il y développe notamment, en deux célèbres manifestes, son concept de "théâtre de la cruauté". Il y défend la dimension sacrée du théâtre, la prééminence du langage du corps sur le texte, et accorde au metteur en scène ("maître de cérémonies sacrées") plus d'importance qu'à l'auteur. Il y montre aussi que le théâtre est comme une seconde réalité, une "réalité virtuelle".
Avec une préface de Pacôme Thiellement.
Un des plus grands comédiens français vivants raconte sa vie de compagnonnage avec Molière, et rend hommage à son génie
Depuis son apparition dans
Le Tartuffe en 1944, Michel Bouquet n'a plus quitté le répertoire de Molière. Il revient ici sur ces soixante-dix-sept années de compagnonnage durant lesquelles il a incarné de manière inoubliable plusieurs grands rôles, comme Harpagon ou Argan, et explique en quoi jouer Molière est aussi difficile qu'exaltant.
Ce livre raconte aussi la vie de Molière : son apprentissage, son rôle de chef de troupe, ses rapports avec Louis XIV, ses combats, sa vie intime, son mariage avec Armande Béjart, de vingt ans sa cadette, sa puissance de travail qui fit surgir, au milieu d'innombrables soucis, une succession de chefs-d'œuvre.
Michel Bouquet rend hommage à cet esprit courageux qui dénonça les hypocrisies de son époque et défendit la cause des femmes ; il célèbre aussi, avec jubilation, le génie comique du plus grand dramaturge français.
Redécouvrir Molière : tel est le propos de cet ouvrage porté par l'admiration contagieuse d'un comédien libre, d'une inaltérable jeunesse.
Quatrième volume des carnets de Patrice Chéreau (1944-2013), acteur, scénariste, metteur en scène de théâtre et d'opéra, réalisateur, qui permet au lecteur de pénétrer le laboratoire de création de l'artiste et de prendre la mesure de sa désillusion politique.
Comédien né, acteur fétiche du Roi-Soleil, metteur en scène et auteur de génie, Molière (1622-1673) ne vécut que par et pour les planches. Le Tartuffe, Les Précieuses ridicules, Le Malade imaginaire, L'Avare, Dom Juan... 400 ans après sa naissance, nous nous régalons encore de ses textes et de leur étonnante modernité.
Pourquoi une telle postérité ? Parce qu'au milieu du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Poquelin invente la comédie sociale qui met à la portée du peuple, en le faisant à la fois rire et réfléchir, les grandes questions qui résonnent encore de notre temps : la relation au pouvoir, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, la santé, la religion... Sur chacune de ces interrogations, Molière agit en pionnier, presque en révolutionnaire caché sous les masques de la commedia dell'arte. Il explore les arcanes de la société et de la nature humaine avec une causticité nouvelle. La vanité, l'avarice, le désir, l'hypocrisie, l'ambition sont mis à nu et donnent à ses pièces une puissance universelle et philosophique. Tartuffe, par laquelle il secoue la religion, sera le combat de sa vie, un chapitre éminent pour la liberté de conscience. À travers ces « farces profondes », le dramaturge rassemble et unifie. C'est pourquoi nous parlons tous la « langue de Molière », constitutive aujourd'hui de l'identité française et de notre patrimoine. En maestro amoureux des lettres et du théâtre, Christophe Barbier nous fait redécouvrir les mille et une facettes du plus intemporel de nos auteurs.
Prolifique et brillant dramaturge, écrivain, scénariste et cinéaste, Sacha Guitry a dominé son temps par ses dialogues et ses célèbres aphorismes. Son oeuvre reste un bréviaire pour qui veut briller dans les dîners ou clore un discours par un mot d'esprit !
De sa plume au scalpel, Guitry gratte la psychologie, le couple ou la vie en société pour en tirer bons mots ou sagesses cruelles. Car le monde de Sacha Guitry, c'est un passé glorieux, un certain art de vivre mais c'est avant tout l'homme... et surtout la femme ! Les qualités, les vices, les charmes, les horreurs, l'intangible comme l'éphémère, l'éternel féminin ou le mortel masculin, la morale comme l'instinct : tout passe sur le divan du docteur Guitry - un divan convertible en lit, bien sûr.
Homme de plume et amoureux du théâtre, Christophe Barbier nous emmène pour un savoureux voyage dans l'univers de celui qui semble avoir dédié sa vie à l'esprit français.
« 21 février 1945 : j'ai cinquante-dix ans. »
« J'ai déchiré le testament que je venais d'écrire. Il faisait tant d'heureux que j'en serais arrivé à me tuer pour ne pas trop les faire attendre. »
« Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures, si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales.
Horatio est un personnage d'Hamlet, de William Shakespeare. Il est l'ami loyal du prince Hamlet, apparaît souvent à ses côtés et se trouve chargé de raconter son histoire après sa mort. Georges Banu, spectateur inlassable de la scène européenne, a entendu les voix essentielles des grands metteurs en scène de sa génération. Il revient sur leurs rencontres, l'amitié qu'ils ont partagée, la façon dont ils se sont dévoués, ensemble, au théâtre. L'auteur esquisse ici un livre autobiographique.
Dans une suite de récits souvenirs sur son expérience des plateaux, Nicolas Bouchaud revient sur tous les moments qui rythment sa vie d'acteur et le constitue. Pourquoi jouer ?
"J'aurais pu appeler ce livre Faux Souvenirs. Non que je veuille consciemment dire des mensonges mais, en écrivant, je m'aperçois que le cerveau ne dispose pas d'une chambre froide où conserver nos souvenirs intacts, il est plutôt un réservoir de signaux fragmentaires qui attendent que le pouvoir de l'imagination leur donne vie - et ceci, en un sens, est une bénédiction".
Ce premier volume se consacre aux années de jeunesse de Patrice Chéreau, de sa première mise en scène en 1963 (L'Intervention de Victor Hugo) à la création du Prix de la révolte au marché noir au Théâtre de la Commune à Aubervilliers en 1968. Pendant ces cinq ans, le lecteur suivra les réflexions du metteur en scène depuis ses débuts dans le groupe théâtral du Lycée Louis-le-Grand au Festival d'Erlangen (1963-65), de Gennevilliers à Sartrouville (1966-69). Devant cette oeuvre monumentale aux fabuleux travaux préparatoires, conservés à l'IMEC, il a fallu renoncer à l'exhaustivité. Voici une sélection de notes, restituées chronologiquement, dans lesquelles le metteur en scène pense son travail, analyse une pièce, cherche son geste et évoque ses collaborations. Dès ses premières mises en scène, Patrice Chéreau prend l'habitude de dater ses notes, couchées à la hâte, le plus souvent sur des feuilles volantes qu'il émaille de nombreux croquis. On y lit qu'il travaille simultanément sur différents projets, que l'artiste change de paradigme médiatique, pensant d'abord le théâtre avec la grammaire de la peinture avant de lui préférer celle du cinéma. En parcourant ces écrits et ces dessins, c'est la pensée, la définition de l'esthétique, le discours sur le monde du metteur en scène et les questions politiques de son temps qui apparaissent au lecteur. Ces écrits sont aussi la trace de ses lectures marxistes à partir desquelles il analyse les oeuvres littéraires et les rapports de forces dans les sociétés. On y retrouve enfin l'admiration de Patrice Chéreau pour Bertolt Brecht et le Berliner Ensemble, sa tentative d'un théâtre militant à Sartrouville qui précède un intérêt marqué pour la troupe américaine du Bread and Puppet Theatre.
Dans cet essai innovant, Blandine Masson explique les manières de mettre en ondes des fictions radiophoniques et retrace l'histoire de la réalisation sonore.
Dans ce second volume du Journal de travail, Patrice Chéreau ne se définit plus comme celui qui "sait", mais comme un élève qui entrevoit tout ce qui lui reste à découvrir. De Paris à Milan, au théâtre, à l'opéra, comme au cinéma, les expériences se multiplient et l'art du jeune metteur en scène s'affirme.
Une succession de définitions comme autant de réflexions sur le travail d'Olivier Py.
Jean-Louis Barrault, figure majeure de la vie théâtrale du XXe siècle, a assis le nouveau métier de metteur en scène et son art de façon novatrice en centrant le travail sur l'espace scénique et le corps de l'acteur. Le corpus de textes réunis ici, et écris par Barrault lui-même, vise à redécouvrir son approche pour saisir le théâtre d'aujourd'hui dans une généalogie.
Textes et entretiens sont réunis ici par Geroges Banu pour mettre en lumière et retracer de la façon la plus exhaustive qui soit le travail, considérabe et majeur dans la scène contemporaine mondiale, de Thomas Ostermeier - un des plus grand metteur en scène de sa génération.
"Être libre dans le travail." Voilà les quelques mots qui inaugurent les notes de travail de l'année 1972. Le retour en Italie et les prémices de l'aventure du Théâtre national Populaire de Villeurbanne, où il est directeur associé, correspondent en effet à l'expérience d'une nouvelle liberté. Qu'elle soit artistique, intellectuelle ou politique, elle a pour perspective une thématique déjà abordée dans les mises en scène de Patrice Chéreau : la recherche de l'affirmation de sa souveraineté.
Analyse textuelle, art de l'interprétation, esthétique de la réception, tels sont les différents modes d'approche du phénomène théâtral, qui sont dictés à chacun d'eux, tant par la problématique de la période à laquelle ils appartiennent que par leur pratique personnelle, philosophique, littéraire ou scénique.
Accompagné d'un glossaire, d'une chronologie sur les théoriciens de l'esthétique théâtrale et d'un index des noms d'auteurs, ce livre constitue un outil de référence pour les étudiants de lettres, les candidats aux concours de recrutement, les élèves des cours d'art dramatique et pour tous ceux qui s'intéressent au théâtre.
La collection "3 minutes pour comprendre" a le désir de tenter un pari fou ! Rien ne ressemblera à ce qui avait été fait auparavant sur le théâtre ! Francis Huster ne respecte aucune règle car le théâtre doit rester ce cheval indomptable, qui refuse depuis des siècles de se soumettre ! Ne dit-on pas : "coups de théâtre" ? Sur un ton vivant et audacieux, ce livre met en lumière les pièces les plus illustres du théâtre français : Le Cid, Tartuffe, Le Barbier de Séville, Lorenzaccio, Cyrano de Bergerac, mais aussi Marius, Partage de midi... Et, dans ces pièces, les rôles de trente magnifiques héroïnes, expliqués, révélés, mis à nu, sous la plume scalpel de l'auteur qui les admire et les critique aussi. Chimène éprise de Rodrigue, ou Phèdre d'Hippolyte, Elvire affrontant Don Juan, ou Hélène enlevée par Pâris... et bien d'autres surprises. Femmes et hommes purs ou impurs, criminels ou sacrifiés, adorés ou détestés, reines, rois, esclaves, soubrettes ou valets, tous crient vengeance, meurent d'amour ou s'abandonnent sous nos yeux ! L'ouvrage truffé de somptueuses photos d'actrices et d'acteurs de légende bouscule toutes les idées reçues, les a priori, voire les mensonges colportés de siècle en siècle, pour rendre justice à tous ces héros au coeur de feu et les pièces qu'ils incarnent !
Ça ira (1) Fin de Louis : reprise du spectacle du 13 avril au 28 juillet 2019 au théâtre de la Porte Saint-Martin (Paris).
Ça ira (1) Fin de Louis, fiction politique contemporaine inspirée de la Révolution française, écrite et mise en scène par Joël Pommerat en 2015. Marion Boudier revient sur sa genèse à travers les étapes du processus d'écriture, décrites et théorisées de son double point de vue de dramaturge et chercheuse en Arts du spectacle. Elle montre comment la "dramaturgie prospective" et la "documentation au plateau" ont été des outils pour nourrir les imaginaires et accompagner l'écriture.
À travers des exercices d'improvisation, Alain Knapp propose une démarche graduelle et méthodique pour inviter les comédiens à se poser les bonnes questions face un canevas et à faire preuve de créativité sans pour autant tomber dans différents écueils tels que le pittoresque, l'anecdotique, le spectaculaire ou le "théâtral" à tout prix.
En juillet 1994, le Festival d'Avignon rendit hommage à l'oeuvre d'Antoine Vitez. Une demi journée d'étude (l'après-midi du 18 juillet) fut consacrée à sa pratique traductive. Il s'agissait à la fois d'évoquer l'importance que Vitez accordait à la traduction, son goût et sa passion des langues, son intérêt spécifique pour les domaines russe, hellénique et allemand. La qualité des communications présentées ce jour-là - interventions, témoignages, analyses - fit alors l'objet d'une publication.
Vingt ans plus tard, la pensée du grand metteur en scène continue de résonner : dans cette édition revue et augmentée, la traduction de théâtre s'interroge, se scrute, s'analyse, et son enjeu, saisir le geste qui institue l'oeuvre et commande la parole théâtrale, s'impose. Comme disait alors Antoine Vitez : "Traduire, c'est mettre en scène."
Valérie Dréville est à l'affiche du Récit d'un homme inconnu d'Anton Tchekhov dans une mise en scène d'Anatoli Vassiliev du 8 au 21 mars 2018 au Théâtre national de Strasbourg, puis du 27 mars au 8 avril 2018 à la MC93 de Bobigny.
Texte/journal de travail à propos de la (re)création de Médée-Matériau de Heiner Müller dans la mise en scène d'Anatoli Vassiliev.
Dominique Bruguière est une figure majeure de la création théâtrale. Une figure de l'ombre car son métier d'éclairagiste est méconnu du grand public, mais ses longs compagnonnages avec des metteurs en scène d'exception (Claude Régy, Jérôme Deschamps ou Patrice Chéreau, entre autres) ont tracé un parcours artistique singulier. Elle a su fonder au cours de multiples créations son propre langage dramaturgique sous l'angle de la lumière : fondre sa sensibilité dans celle du collectif et rendre compte de ce que le récit parfois dissimule.
Dans cet essai issu d'une série d'entretiens avec Chantal Hurault, chargée de communication au théâtre du Vieux-Colombiers, la lumière de spectacle est dépeinte d'une manière à la fois sensorielle et émotive, au travers des souvenirs de Dominique Bruguière ; mais aussi d'un point de vue technique, avec le souci de clarté et l'exigence qui caractérisent son travail. Le lecteur prend alors conscience de la lente maturation nécessaire à la réalisation d'un éclairage appuyant à la fois la scénographie, le jeu des acteurs et les ambitions du metteur en scène. Ce travail de l'ombre se révèle captivant, riche et signifiant.